Manifeste Culturel
Centrafricain
L'article intitulé " Mort Subite de la Musique Centrafricaine
" paru dans le journal le Confident du 22 juin 2006 attire toute mon
attention. L'auteur de cet écrit met le doigt sur une crise profonde qui frappe
la Musique
Centrafricaine. La Fête de la Musique organisée le 21 juin 2006 à Bangui et qui
n'a pas mobilisé la foule du fait de la pauvreté du programme constatée est
sans doute révélatrice de cette crise identitaire. Selon l'auteur, quelques
concerts organisés ça et là à cette occasion à Bangui manquent de qualité, mais
demeurent cependant excellents en bruit.
Aussi, ce moment festif permet aux Centrafricains de s'interroger sur " la Mort Subite " de
leur Musique qui a longtemps animé la vie de la cité. Le Confident déplore le
manque de la relève, c'est-à-dire, l'absence d'une pépinière pouvant assurer la
continuité des anciennes gloires de la Musique Centrafricaine.
Une autre raison avancée par l'auteur de l'article est l'absence d'une volonté
Politique de la Jeunesse
affichée par le pouvoir en place. C'est-à-dire que la Jeunesse Centrafricaine
est abandonnée à elle-même.
A vrai dire, cet article vient confirmer mon analyse qui date déjà de quelques
années sur la situation globale de la Musique Centrafricaine.
D'ailleurs, c'est l'une des raisons qui a motivé la création du Site Maziki.net
consacré à la
Musique Centrafricaine que j'anime. Cet espace permet non
seulement de promouvoir la Culture Centrafricaine dans sa globalité, mais
aussi d'apporter un regard sur cet aspect de notre société. Le site permet
également de faire la promotion de notre Musique longtemps méconnue et "
Ghetthoïsée ". La création d'une Radio-Web dénommée " Centrobec
Maziki " associée à ce site permet de faire davantage la promotion de
notre riche patrimoine sur le plan mondial.
De plus, mon engagement au
sein du 3 CF (Communauté Culturelle Centrafricaine de France ) qui est une
nouvelle association regroupant des artistes et sympathisants de la Culture Centrafricaine
dont le but est la promotion de notre Culture dans son ensemble vient confirmer
ma démarche militante dans ce domaine. Par ailleurs, il importe de signaler que
je ne suis pas un militant politique, mais je suis un artiste, un patriote qui
aime son pays, quelqu'un d'engagé sur le plan Social et Culturel.
A mon avis, l'heure est
grave et si rien n'est fait ici et maintenant, nous ne pourrons qu'accompagner
notre Culture, l'âme de tout notre peuple au cimetière, à une période de la
mondialisation où la bataille sur "l'Exception Culturelle" oppose la Puissante Culturelle
Américaine à la France. Le
risque de ce Combat Identitaire est l'Uniformisation Culturelle imposée par le
plus fort, c'est-à-dire le pays de l'oncle Sam. Ainsi, ne pas exister
culturellement correspond sans doute à une autre " Mort Subite " de
tout un peuple. Outre ses missions régulatrices, la Culture est sans doute un
vecteur du développement et peut contribuer aux transformations des mentalités
d'un peuple. Pour illustrer mon propos, la République Centrafricaine
meurtrie par plusieurs années de guerres civiles et de crises sociales a besoin
de la Musique
pour se réconcilier avec elle-même. Pour ma part, et en ma qualité d'artiste
Centrafricain, je refuse que les pouvoirs publics Centrafricains provoquent sans
arrêt " la Mort
Subite " de notre Culture. C'est pourquoi, je lance un
Manifeste pour ramener nos autorités à la raison, c'est-à-dire à redéfinir une
Politique Culturelle Centrafricaine véritable avec l'octroi des moyens
nécessaires.
Considérant le manque de volonté politique de l'Etat
Centrafricain lié au développement de la Culture Centrafricaine
dans sa globalité,
Considérant le blocage lié à la mise en place et au fonctionnement du BUCADA (
Bureau Centrafricain des Droit d'Auteur ) orchestré par des fonctionnaires
Centrafricains véreux qui trouvent leur compte dans cette situation malheureuse
ne permettant pas aux artistes Centrafricains de toucher leurs droits d'Auteur,
Considérant l'absence de soutien de l'Etat à l'endroit de l'ensemble de nos artistes
ayant des fonctions sociales au pays et dont la majorité vit dans une pauvreté
totale,
Considérant l'absence d'une réglementation relative à la Protection de
l'ensemble du Patrimoine Culturel Centrafricain dans la mesure où nos œuvres
sont régulièrement pillées par l'extérieur,
Je demande et j'exige :
1/ La redéfinition d'une Politique Culturelle
Centrafricaine avec l'implication des principaux acteurs concernés dans
l'élaboration d'un document à cet effet.
2/ La mise en place d'une structure de Gestion Autonome pouvant gérer le BUCADA
avec un Conseil d'Administration composé des artistes concernés,
3/ L'accession des artistes Chanteurs, Musiciens, Comédiens, Plasticiens,
Peintres, Cinéastes et Ecrivains à un statut reconnu pouvant leur permettre de
bénéficier des soins médicaux et d'une retraite,
4/ L'élaboration d'un texte de loi pouvant régir la protection de l'ensemble du
Patrimoine Culturel Centrafricain.
5/ L'affectation à la Culture
d'1 % du Budget National pour permettre son développement.
6/ La Séparation
des entités Culture et Sports pour permettre la meilleure gestion de chaque
Ministère et aussi de mettre en application la recommandation du Dialogue
National sur cette question.
7/ La création d'une Victoire de Musique Centrafricaine pour encourager les
artistes et les nouveaux talents
8/ L'introduction de la
Musique dans les écoles Centrafricaines afin de consolider la Culture Musicale
de la
Génération Future.
Enfin, j'attends vos
soutiens à ce manifeste pour qu'ensemble nous puissions amener l'Etat
Centrafricain à changer de Politique Culturelle dans notre pays.
Sultan Zembellat ( maziki@free.fr )
Regards et points de vue Centrafrique de sangonet