Arche de Zoé: Fin des
auditions des Français et du pilote belge. Divergences entre la France et le
Tchad sur le lieu d'un futur procès. (journée du 06 novembre
2006)
Le président de l'Arche de Zoé Eric
Breteau, le 3 novembre à N'Djamena
©AFP - Sonia Rolley
Nicolas Sarkozy a déclaré mardi
matin qu'il irait "chercher tous ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait" au
Tchad, où sont encore détenus six bénévoles français dans le cadre de ce
dossier.
Mais le président tchadien Idriss
Deby Itno a réplique que la justice se ferait "au Tchad", estimant qu'il n'était
"pas question pour le moment" d'extrader les six membres français de cette
association incarcérés dans son pays.
"Il ne me semble pas nécessaire
(...) que ces membres de l'ONG soient expatriés ailleurs pour faire la justice.
La justice se fera ici au Tchad", a affirmé le président Deby à des journalistes
à N'Djamena.
Le ministre tchadien de
Mardi matin déjà, dans une interview
au quotidien français Le Parisien, le ministre tchadien de l'Intérieur, Ahmat
Mahamat Bachir avait estimé qu'"un procès en France constituerait une insulte
pour le peuple tchadien".
"Quand nos délinquants se font
arrêter chez vous, ils ne sont pas amenés ici", avait-il ajouté. "Les faits ont
été commis au Tchad. C'est pourquoi ces bandits doivent être jugés et condamnés
ici".
Arche de Zoé :
chronologie
©AFP/infographie - Patrice Deré
Dimanche, le président Sarkozy avait
ramené de N'Djamena, après une courte visite, trois journalistes français et
quatre hôtesses de l'air espagnoles d'un avion affrété par l'Arche de Zoé, tout
juste libérés par la justice tchadienne après une procédure
express.
Après avoir d'abord très sévèrement
critiqué l'opération de l'Arche de Zoé, M. Sarkozy avait "souhaité" à N'Djamena
que les Français inculpés puissent être jugés en France.
Mais Ahmat Mahamat Bachir a estimé
mardi que les éventuels condamnés devraient "également purger leur peine dans
une prison tchadienne" avant d'être expulsés.
"Ce que le ministre (de l'Intérieur)
a dit correspond au sentiment général des Tchadiens", a réagi un magistrat
tchadien souhaitant garder l'anonymat.
"On veut que le jugement se passe
ici. Si cela doit se passer en France, ce sera malgré la volonté des Tchadiens",
a-t-il expliqué, tout en estimant que "la raison d'Etat (risquait) de
s'imposer".
Plusieurs Tchadiens, interrogés par
l'AFP, ont confirmé cette opinion. "Le crime a été commis ici, au Tchad, contre
les enfants tchadiens. Si les autorités de notre pays laissent ces Français
partir, le pays ne pourra plus se regarder en face", a estimé Djamous, un
fonctionnaire.
Philippe Van Winkelberg, médecin
membre de l'Arche de Zoé, à N'Djamena le 6 novembre 2007
©AFP - Issouf
Sanogo
"Peu importe les retombées
diplomatiques, c'est important pour nous qu'ils soient jugés ici", a affirmé de
son côté un général.
"Même s'il y a eu des arrangements
entre les deux pays, même Brahim Deby (le fils du président, depuis décédé) a
été jugé (et condamné en juin 2006 à six mois de prison avec sursis) en France
(...) pour trafic de drogue. Ici, ils sont accusés de trafic d'enfants", note
Miriama, une étudiante.
"On doit nous laisser les juger et
ils pourront toujours aller purger leur peine dans leur pays", nuance-t-elle
néanmoins.
Seule voix discordante, Mahamat,
jeune professeur d'école: "si la justice tchadienne était compétente, si elle ne
se laissait pas manipuler, ils pourraient être jugés ici. Mais dans ces
conditions et avec les conditions de détention au Tchad (...) ce n'est pas
souhaitable".
Les auditions des inculpés encore
incarcérés au Tchad ont repris mardi à N'Djamena.
Cinq des six membres de l'Arche de
Zoé ont été conduits au palais de justice ainsi que le pilote belge Jacques
Wilmart, 75 ans, qui a convoyé des enfants de la frontière tchado-soudanaise à
Abéché (est du Tchad) d'où ils devaient être embarqués pour
Le président de l'association, Eric
Breteau, entendu samedi par le juge, est resté dans sa
cellule.
Il a clamé son innocence dans un
entretien publié mardi par le quotidien régional français Sud Ouest: "on parle
de moi comme d'un criminel, alors que je suis le seul à avoir essayé de faire
quelque chose pour le Darfour", a-t-il déploré.
Arche de Zoé: fin des auditions des
Français et du pilote belge
AFP06 novembre 2007,
17h01 – Le Monde.fr - Les auditions de cinq membres de
l'association française Arche de Zoé, inculpés et incarcérés au Tchad, qui
avaient repris mardi matin au palais de justice de N'Djamena, se sont achevées
dans l'après-midi, a-t-on appris de sources judicaires.
Cinq des six membres de
l'association, qui avait tenté d'emmener en France 103 enfants depuis le Tchad,
ont été entendus ainsi que le pilote belge Jacques Wilmart, âgé de 75 ans,
a-t-on précisé de mêmes sources.
Ils ont tous été reconduits à la
maison d'arrêt de N'Djamena où ils sont incarcérés.
Le pilote belge a acheminé une
partie des enfants depuis la frontière tchado-soudanaise jusqu'à Abéché, dans
l'est du Tchad, d'où ils devaient partir pour
Le président de l'Arche de Zoé, Eric
Breteau, avait été, quant à lui, entendu samedi par le
juge.
Quatre responsables tchadiens de
l'est du pays impliqués dans ce dossier seront entendus mercredi.
"Eventuellement, il est prévu une confrontation" jeudi entre les six bénévoles
de l'Arche de Zoé et les quatre Tchadiens, a-t-on précisé de source
judiciaire.
Le pilote belge, qui souffre du
coeur, devrait passer un électrocardiogramme, a indiqué son défenseur tchadien,
Me Jean-Bernard Padaré.
Le pilote, le copilote et le steward
espagnols de l'avion qui devait transporter les enfants le 25 octobre, quand les
autorités tchadiennes sont intervenues pour interrompre l'opération sur
l'aérodrome d'Abéché, ont été entendus lundi et n'étaient pas présents mardi au
palais de justice.
Me Padaré, également défenseur des
trois Espagnols, a confirmé qu'une demande de liberté provisoire avait été
introduite pour eux. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel
Moratinos, avait mentionné auparavant l'introduction d'une telle
demande.
Les six Français bénévoles de
l'Arche de Zoé, ainsi que les trois journalistes rapatriés en France, sont
inculpés d'"enlèvement de mineurs" et "escroquerie".
Les trois membres espagnols
incarcérés de l'équipage de l'avion et les quatre hôtesses rentrées en Espagne,
ainsi que le pilote belge et les quatre responsables tchadiens, sont poursuivis
pour "complicité" de ces infractions.
Les hôtesses espagnoles et les
journalistes français, qui restent tous inculpés au Tchad, ont été libérés et
rapatriés en Europe dimanche.
Les 21 inculpés dans cette affaire
encourent au Tchad des peines de cinq à vingt ans de travaux forcés.
Sarkozy
veut "aller chercher" les autres Français au Tchad
PARIS, Reuters, mardi
6 novembre - Nicolas
Sarkozy s'est engagé à rapatrier pour qu'ils soient jugés en France les
membres de l'Arche de Zoé poursuivis au Tchad pour enlèvements d'enfants et
escroqueries, une hypothèse fermement rejetée par
N'Djamena.
"J'irai chercher
ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait (...) le rôle du président est de
prendre en charge tous les Français", a déclaré le président français en marge
d'un déplacement en Bretagne.
Le Tchad revendique
contre Paris le droit de juger sur son territoire les membres de l'ONG, contre
lesquels la justice française fait état de nouveaux éléments à
charge.
Le ministre de
l'Intérieur et de
"Les faits ont été
commis au Tchad. C'est pourquoi ces bandits doivent être jugés et condamnés ici.
Ils doivent aussi purger leur peine dans le pays : qu'ils goûtent à nos prisons
! Et une fois qu'ils auront purgé leur peine, nous les expulserons du pays une
bonne fois pour toutes", dit-il.
Dix Européens - les
six membres français de l'Arche de Zoé, trois stewards espagnols et le pilote
belge qui devait ramener en France 103 enfants africains - sont inculpés et
écroués au Tchad pour enlèvement et escroquerie.
Le président
français Nicolas Sarkozy et la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade
ont déjà exprimé leur préférence pour un procès en France, ce qui est
techniquement possible aux termes d'une convention
bilatérale.
"UNE INSULTE AU
PEUPLE TCHADIEN"
"Nous avons une
justice compétente et un procès en France constituerait une insulte pour le
peuple tchadien", dit-il. "Quand nos délinquants se font arrêter chez vous, ils
ne sont pas amenés ici. Soyons sérieux, ces inculpés doivent être jugés au
Tchad", insiste Ahmat Mahamat Bachir.
Signe de la colère
qui gronde chez certains N'Djaménois - un habitant de la capitale, qui s'est
contenté de donner son prénom, Abderamane, a déclaré mardi à Reuters à propos de
l'ONG française: "On les a pris la main dans le sac. Ce sont des bandits qui ont
essayé de voler nos enfants pour les envoyer en France".
Certains Tchadiens
sont même partisans d'une justice expéditive. "Il faudrait les exécuter. Il n'y
a pas besoin de les juger", suggère un autre habitant, Abdoulaye
Kadi.
La justice
française, qui a ouvert fin octobre une information judiciaire pour "exercice
illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption", possède aussi
des éléments à charge contre les membres de l'Arche de
Zoé.
Alors qu'il est déjà
établi que l'association a caché au Tchad son projet d'emmener les enfants en
France, il apparait que son président, Eric Breteau, a menti à la police
française, a-t-on appris de source judiciaire à Paris.
Interrogé le 10 août
par
Ce nom était en fait
celui adopté au Tchad par les membres de l'Arche de Zoé. Par ailleurs, Eric
Breteau s'est vu lors de cette audition de police adresser une mise en garde
officielle contre la mise en oeuvre de son projet, mise en garde mentionnée sur
le procès-verbal, qui a été signé par Eric Breteau.
BRETEAU CLAME SON
INNOCENCE
Saisi par le Quai
d'Orsay le 24 juillet, le parquet a ouvert une enquête préliminaire, ce qui a
débouché sur un rapport de police remis le 5 septembre.
Selon le parquet de
Paris, il n'était pas possible juridiquement d'engager des mesures coercitives
contre les membres de l'Arche de Zoé avant qu'ils aient concrètement exécuté
leur projet concernant les enfants.
L'information
judiciaire a été confiée à deux juges d'instruction de Paris, qui vont
centraliser les plaintes déposées partout en France par les familles qui avaient
financé l'Arche de Zoé en vue de l'accueil d'un enfant.
Eric Breteau clame
son innocence dans un entretien au journal Sud-Ouest publiée mardi. "La seule
chose que j'ai faite, c'est que j'ai voulu sauver des enfants qui sont dans la
détresse. Aujourd'hui, on parle de moi comme d'un criminel, alors que je suis le
seul à avoir essayé de faire quelque chose pour le Darfour", indique-t-il au
journaliste qui l'a rencontré lundi après-midi dans sa
cellule.
L'enquête menée par
les organisations internationales montre que les enfants que l'association a
failli ramener en France n'étaient pas soudanais mais tchadiens et que leur très
grande majorité n'étaient pas orphelins, puisqu'ils pouvaient citer au moins une
personne qu'ils considéraient comme leur parent.
Eric Breteau
reproche à la presse sa couverture des événements. "Vous n'avez pas été très
sérieux dans votre manière de couvrir cette affaire",
estime-t-il.
Arche de Zoé: le ministre
tchadien de l'intérieur rejette un procès en France
Paris, AFP, Le mardi 06 novembre
2007 - Les
auditions des membres de l'Arche de Zoé inculpés et incarcérés au Tchad ont
repris mardi au palais de justice de N'Djamena devant le juge d'instruction en
charge du dossier de cette association.
Cinq des six membres de
l'association, qui a tenté d'emmener en France 103 enfants depuis le Tchad, ont
été conduits au palais de justice ainsi que le pilote belge Jacques Wilmart, âgé
de 75 ans.
Ce dernier, qui souffre du coeur,
avait été examiné lundi par un médecin tchadien à la maison d'arrêt où il est
incarcéré comme les autres inculpés, a indiqué un responsable de
l'administration pénitentiaire tchadienne à l'AFP.
De son côté, le président français
Nicolas sarkozy a assuré qu'il irait "chercher tous ceux qui restent quoi qu'ils
aient fait" au Tchad.
"Le rôle du chef de l'Etat est de
prendre en charge tous les Français", a assuré M. Sarkozy, deux jours après une
visite éclair à N'Djamena au cours de laquelle il a rapatrié trois journalistes
français et quatre hôtesses de l'air espagnoles inculpés au
Tchad.
"J'irai également chercher ceux qui
restent, quoi qu'ils aient fait", a-t-il indiqué après une réunion avec
marins-pêcheurs en Bretagne (ouest).
Après s'être désolidarisé de
l'opération de l'Arche de Zoé, M. Sarkozy avait "souhaité" dimanche à N'Djamena
que les ressortissants français puissent être jugés en
France.
Les six membres français de
l'association, ainsi que les trois journalistes rapatriés en France, sont
inculpés d'"enlèvement de mineurs" et "escroquerie".
Sept Espagnols -dont les quatre
hôtesses de l'air rapatriés-, un Belge et quatre Tchadiens sont poursuivis pour
"complicité" dans la tentative de transport vers
M. Ahmat Bachir évoque quant à lui
"une justice" tchadienne "compétente" et explique qu'"un procès en France
constituerait une insulte pour le peuple tchadien". "Quand nos délinquants se
font arrêter chez vous, ils ne sont pas amenés ici", précise-t-il. "Les faits
ont été commis au Tchad. C'est pourquoi ces bandits doivent être jugés et
condamnés ici", insiste-t-il.
Les membres inculpés de Children
Rescue, l'opération controversée montée par l'ONG l'Arche de Zoé et destinée à
amener en France une centaine d'enfants, "doivent aussi purger leur peine dans
le pays: qu'ils goûtent à nos prisons!", s'exclame le ministre tchadien de
l'Intérieur.
"Et, une fois qu'ils auront purgé
leur peine nous les expulserons du pays une bonne foi pour toute", affirme le
ministre.
Le président de l'Arche de Zoé, Eric
Breteau regrette qu'"on parle de (lui) comme d'un criminel" alors qu'il estime
être "le seul à avoir essayé de faire quelque chose pour le
Darfour".
"On n'a pas de raison de se
plaindre. Le seul problème est qu'on est détenus alors que nous sommes
innocents", déclare Eric Breteau, rencontré lundi après-midi dans sa cellule par
un correspondant du quotidien régional français Sud Ouest, qui publie mardi ses
propos.
Arche de Zoé: Sarkozy entend "chercher ceux qui sont
restés là-bas" au Tchad
LE GUILVINEC, Finistère, AP, mardi 6
novembre 2007 - Le
président Nicolas Sarkozy a indiqué mardi à propos des Français inculpés au
Tchad dans l'affaire de l'Arche de Zoé qu'il entendait "chercher ceux qui sont
restés là-bas quoi qu'ils aient fait". "Il y a des accords de coopération
judiciaire" franco-tchadiens, a-t-il rappelé en ajoutant: "Moi, je préfère
qu'ils rentrent".
En marge d'un déplacement au
Guilvinec (Finistère), M. Sarkozy s'est à nouveau justifié sur les raisons de
son déplacement à N'Djamena dimanche dernier. "C'est du rôle du chef de l'Etat
de prendre en charge tous les Français quels qu'ils soient (...) même s'ils ont
fait des erreurs".
Le ministre tchadien de
Le ministre tchadien de l'Intérieur,
Ahmat Mahamat Bachir, a prévenu de son côté qu'un procès en France
"constituerait une insulte au peuple tchadien". "Les faits ont été commis au
Tchad. C'est pourquoi ces bandits doivent être jugés et condamnés ici",
lance-t-il dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France". Et d'ajouter: "Une fois
qu'ils auront purgé leur peine, nous les expulserons du pays une bonne fois pour
toute". AP
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