Le Secrétaire général des Nations UNies, Ban Ki-moon, estime "essentielle" la coopération du Soudan à la nouvelle force conjointe déployée au Darfour

 

Khartoum (Soudan), AP, 4 septembre 2007 - Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a estimé mardi que le moment était particulièrement critique et que la coopération du gouvernement soudanais était "essentielle" pour permettre un déploiement rapide et réussi de la force hybride ONU/Union africaine au Darfour.

Ban a précisé que le président soudanais Omar el-Béchir a réagi positivement et réaffirmé que son pays était disposé à coopérer. "Le temps est compté. Et la coopération du gouvernement est essentielle dans plusieurs domaines pratiques", a souligné Ban.

"Le président Béchir a affirmé son engagement et sa volonté d'apporter tout le soutien administratif et logistique nécessaire et j'apprécie sa volonté de coopérer pleinement", a dit le secrétaire général de l'ONU à l'aéroport de Khartoum d'où il devait s'envoler pour Juba, dans le sud du Soudan. Il doit y évaluer l'application de l'accord de paix qui a mis fin à 21 ans de guerre civile entre le pouvoir musulman au nord et les rebelles du Sud majoritairement chrétien.

Ban Ki-moon était arrivé lundi au Soudan pour demander le déploiement rapide de la force hybride ONU/Union africaine approuvée par le Conseil de sécurité et l'ouverture de nouvelles négociations en vue de mettre un terme au conflit qui a fait plus de 200.000 morts depuis 2003 au Darfour. Il a dîné dans la soirée avec le président soudanais Omar el-Béchir.

Mercredi, il est attendu au Darfour, où il visitera un camp abritant quelques unes des 2,5 millions de personnes déplacées par le conflit dans cette province de l'ouest du Soudan. Lors de sa visite cette semaine, il se rendra également au Tchad et en Libye. AP

 

 

Ban Ki-moon dans le sud Soudan pour revigorer un accord de paix crucial

Par Par Herve COUTURIER AFP

 

Khartoum (Sopudan), AFP, 4 sept 2007 - Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se rend mardi à Juba, dans le sud du Soudan, pour revigorer un accord de paix jugé essentiel pour l'ensemble de l'action internationale au Soudan, y compris au Darfour, et qui donne des signes inquiétants de fragilité.

Arrivé lundi à Khartoum, M. Ban effectue une visite de trois jours au Soudan pour faire avancer la cause de la paix dans toutes les régions troublées du pays, en premier lieu dans la province du Darfour, dans l'ouest du pays, dossier dont il a fait sa priorité dès son entrée en fonctions en janvier.

L'Accord de paix global (CPA) de janvier 2005 entre le gouvernement soudanais et les ex-rebelles sudistes du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SPLM/A) du colonel John Garang -décédé depuis- avait mis fin à une guerre civile de 21 ans qui avait fait environ 1,5 million de morts.

Reposant principalement sur un principe de partage des ressources et des pouvoirs entre le nord et le sud, il doit servir de modèle à un accord définitif de paix au Darfour (ouest du Soudan), où sévit depuis quatre ans une guerre civile qui a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés, selon l'ONU.

L'éventuel effondrement du CPA serait "un cauchemar", à cause de l'"énorme impact" qu'il aurait sur le processus de paix au Darfour dans lequel l'ONU et l'Union africaine (UA) ont investi beaucoup d'efforts, a déclaré à la presse un haut responsable onusien qui voyage avec le secrétaire général.Selon ce responsable, qui a souhaité garder l'anonymat, on n'en est pas encore là mais l'accord "est fragilisé". M. Ban, a-t-il dit, "est très préoccupé de la situation dans le sud", c'est pourquoi il se rend à Juba pour "renforcer les divers éléments du CPA".

Parmi les signes de cette fragilité, les responsables de l'ONU citent le fait que le retrait des forces soudanaises du sud, qui aurait dû être effectif depuis le 9 juillet, n'est pas fait. En outre, la mise en place d'unités mixtes (armée soudanaise et ex rebelles) dans les zones pétrolières du sud n'est pas encore effectuée et un désaccord frontalier subsiste sur la limite géographique entre le sud et le nord, dans une zone à gisements pétroliers.

Enfin, le volet politique du CPA est aussi à la traîne avec le retard sur le calendrier des préparatifs des élections soudanaises prévues pour 2009, notamment le recensement des électeurs, ainsi que dans les contributions financières, prévues par l'accord, du gouvernement soudanais à ces préparatifs. Le CPA prévoit en outre en 2011 un référendum dans le sud pour savoir si la population veut ou non l'indépendance. Or selon ce responsable, "il y a une vraie crainte de désintégration du Soudan au sein du gouvernement", c'est pourquoi l'ONU a souligné que tant au sud qu'au Darfour, elle "oeuvre uniquement sur la base de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Soudan".

A Juba, M. Ban doit rencontrer notamment Salva Kiir, président du gouvernement autonome du sud Soudan et successeur de John Garang à la tête du SPLM/A. Il doit déposer une gerbe sur la tombe de Garang, mort à l'été 2005 dans un accident d'avion. Il doit aussi visiter les locaux de la Minus, la mission de l'ONU d'environ 10.000 Casques bleus qui veille au respect du CPA, et faire un discours à l'Université de Juba devant des représentants des communautés du sud.

Lundi soir, il a eu un dîner, suivi d'un entretien de 30 minutes en tête-à-tête avec le président soudanais Omar el-Béchir.

 

 

OCHA : le Soudan et l'Iraq parmi les deux plus graves crises humanitaires dans le monde

New York, Nations Unies, 31 août 2007 – La Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence de l'ONU, Margaretha Wahlström, a fait aujourd'hui un bilan des opérations humanitaires au Darfour, soulignant que si « les souffrances humaines ne pouvait pas être comparées », les crises au Darfour et en Iraq méritaient toutes deux une égale attention de la part de la communauté internationale.

« La violence continue au Darfour ». « Les chiffres sont frappants : il y a eu 55.000 nouveaux déplacés entre le mois de juin et le 21 août. Près de 250.000 nouveaux déplacés depuis le début de l'année », a-t-elle précisé lors d'une conférence de presse à New York (webcast).

« L'opération au Darfour reste l'opération humanitaire la plus importante des Nations Unies depuis trois ans. Au total, sur une population totale de 6,4 millions, 2,2 millions sont déplacés, et 4 millions dépendent d'une assistance humanitaire », a dit Margaretha Wahlström.

« La situation des travailleurs humanitaires, en termes de violence et des obstacles administratifs, n'est pas positive, alors que les incidents à leur encontre ont augmenté de 150% ». « Les convois sont attaqués, pillés, les travailleurs doivent se retirer de certaines zones : 24 fois cette année seulement », a-t-elle signalé.

« On constate de plus en plus 'd'hors-la-loi' et la multiplication des armes », a-t-elle souligné.

Interrogée sur « l'obligation qui pèse sur le gouvernement du Soudan de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) l'ancien ministre des affaires humanitaires inculpé de crimes contre l'humanité », Margaretha Wahlström a souligné que le Procureur de la CPI rendait régulièrement compte de ses activités au Conseil de sécurité, et que l'ONU soutenait la juridiction internationale.

Elle a souligné que la seule exception à l'interruption des poursuites par la CPI serait le cas où les autorités nationales seraient en mesure de juger l'individu en question. « Ce n'est pas le cas encore au Soudan », a-t-elle affirmé.

Margaretha Wahlström a évoqué la détérioration de la situation alimentaire : pour la première fois en trois ans, que l'on dépasse le seuil de 15% de malnutrition dans certaines zones. « Ces chiffres sont corroborés par une étude du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) », a-t-elle précisé, ce qui montre une véritable tendance dans les trois Etats du Darfour.

La responsable d'OCHA a expliqué que c'était la première fois que l'on constatait un tel phénomène, même en dépit de la saison maigre habituelle au Darfour.

« En définitive, les attentes du déploiement de l'Opération hybride UA-ONU au Darfour (MINUAD) sont très importantes », a-t-elle affirmé (dépêche du 31.07.2007), ajoutant qu'il faudra sans aucun doute poursuivre les opérations humanitaires au long de l'année 2008.

Interrogée par ailleurs sur l'Iraq, Margaretha Wahlström a souligné qu'il « n'y avait pas de pression politique pour qu'OCHA étende ses opérations dans le pays ».

La pression, a-t-elle souligné, existe quant à la façon dont les Nations Unies peuvent agir dans le pays sans se trouver davantage exposées.

« L'ONU continuera à travailler notamment par l'intermédiaire des ONG, locales et internationales ». « Déjà avant la dernière guerre, les infrastructures étaient endommagées et 70% de la population n'avait pas accès à l'eau potable », a dit la responsable d'OCHA. « Aujourd'hui évidemment c'est encore bien pire ».

« Près de 8 millions de personnes en Iraq sont maintenant touchées par l'assistance humanitaire, notamment l'aide médicale », a-t-elle fait observer.

En réponse à une question, Margaretha Wahlström a souligné que le plus grand déplacement de personnes dans l'histoire récente était celui qui avait résulté de la partition entre l'Inde et le Pakistan. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) estime à 4,2 millions le nombre d'Iraquiens déplacés.

« Les souffrances humaines ne peuvent pas être comparées », a-t-elle souligné, avant de reconnaître que le nombre de personnes déplacées et de réfugiés ayant quitté l'Iraq fait que la situation en Iraq et la crise au Darfour sont « toutes deux d'ampleur égales et requièrent toutes deux l'attention de la communauté internationale ».

« L'impact des violences commence à se faire sentir bien au-delà », a-t-elle conclut.

 

 

La protection des populations au centre de la visite de Ban Ki-moon au Soudan, au Tchad et en Libye

New York, Nations Unies, 28 août 2007 – Le Secrétaire général insistera auprès des autorités soudanaises sur le respect de la présence de la communauté humanitaire lors de son prochain voyage dans le pays au mois de septembre, a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse à New York à la veille d'un voyage qui le mènera du Soudan au Tchad puis en Libye.

« Le Conseil de sécurité a approuvé la résolution 1769 qui prévoit l'envoi de quelque 19.555 casques bleus au Darfour. Nous avons une 'occasion historique' et il faut la saisir », a dit le Secrétaire général, qui a déclaré vouloir constater directement sur le terrain les difficultés que rencontreront les casques bleus (webcast).

Lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, à New York, Ban Ki-moon a déclaré vouloir aussi jeter les bases d'une solution durable au conflit qui oppose plusieurs groupes rebelles dans la région de l'Ouest du pays au gouvernement central de Khartoum.

Il s'est dit à cet égard très préoccupé par la recrudescence de la violence, notamment les attaques contre des villages qui ont fait des centaines de morts ces dernières semaines seulement, y compris au Sud-Soudan. « Ces actes sont tout simplement inacceptables », a-t-il affirmé, avant d'appeler toutes les parties à cesser le feu immédiatement.

Ban Ki-moon a proposé de commencer par le déploiement des casques bleus. « Cela requiert un effort logistique massif. Il s'agira d'une des Missions les plus importantes et les plus complexes jamais déployées par les UN, avec l'Union africaine (UA) », a-t-il rappelé.

Il a souligné à cet égard que « de nombreux pays avaient déjà fait des engagements fermes ». Mais dans certains domaines critiques, il existe encore des carences, notamment dans le transport aérien », a-t-il expliqué.

« Les soldats seront principalement africains. Il est même possible que l'offre dépasse la demande. Mais il nous faut encore l'expertise dont ne disposent pas les pays africains », a-t-il poursuivi, ajoutant que « tout cela ne réussira pas sans l'aide du gouvernement soudanais ».

Par ailleurs, « le maintien de la paix ne sera pas suffisant », a-t-il fait observer, réitérant son appel au progrès des négociations de paix dans la foulée des pourparlers tenus en Tanzanie.

Il a proposé une conférence de paix à la fin de l'été en ce sens.

Le Secrétaire général se rendra aussi à Juba, capitale du Sud-Soudan, afin de « pousser au respect des accords de paix Nord-Sud, notamment sur la question du partage du pouvoir et des ressources naturelles, afin que des élections nationales pleinement représentatives puissent avoir lieu en 2009 comme prévu ».

Troisième point de son plan d'action : des solutions visant les causes fondamentales du conflit. « Toute véritable solution implique le développement durable ». « Il faut y réfléchir dès maintenant », a-t-il souligné, évoquant des programmes de reconstruction des infrastructures, des transports et des équipements médicaux et sanitaires.

Il a notamment évoqué la possibilité de procéder à des forages pour retrouver l'eau qui pourrait se trouver dans un ancien lac situé dans le sous-sol du Darfour. Une équipe d'ingénieurs des Nations Unies se trouve déjà sur le terrain, a-t-il annoncé.

Ban Ki-moon a évoqué par ailleurs les efforts de la Libye pour rapprocher les rebelles au Darfour. Son voyage se terminera donc par une visite à Tripoli, a-t-il expliqué.

Interrogé sur la série de responsables humanitaires expulsés du Soudan, le Secrétaire général s'est déclaré préoccupé par ces actes. « Nous avons soulevé la question à travers le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) », a-t-il affirmé, précisant qu'il le ferait de nouveau directement auprès du président soudanais Omar Hassan El Béchir.

Mais il a écarté pour l'instant l'opportunité de sanctions à l'encontre le Soudan.

Interrogé sur la mise en oeuvre des deux mandats d'arrêts lancés par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de responsables de crimes contre l'humanité, le Secrétaire général a souligné qu'il rencontrerait le président de la CPI aujourd'hui même.

Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a appelé au mois de juin, devant le Conseil de sécurité à New York, à l'arrestation d'Ahmad Harun, ex-ministre d'État chargé de l'Intérieur au sein du gouvernement soudanais et actuellement ministre d'Etat chargé des Affaires humanitaires, et d'Ali Kushayb, un dirigeant de miliciens/Janjawid (dépêche du 7.06.2007).

A la question de savoir si les discussions d'Arusha avaient permis d'apporter des résultats, le Secrétaire général a souligné qu'il « s'agissait d'un processus extrêmement difficile ». « Cela requiert énormément de patience », a-t-il souligné, rappelant que le dernier cycle de pourparlers s'était conclu par une déclaration promettant un nouveau cycle dans les deux ou trois mois.

Il a aussi rappelé qu'il s'entretiendrait avec le président Deby du Tchad, sur la question des réfugiés et sur les relations entre le Tchad et le Soudan.

Le Secrétaire général a par ailleurs annoncé que le 21 septembre, à son retour du Darfour, aura lieu une réunion de suivi de la réunion de Paris en présence du président de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré. Le 14 septembre aura lieu aussi la première réunion du Comité directeur ONU/UA sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Le Secrétaire général a révélé qu'il comptait annoncer la nomination d'un nouveau Représentant spécial pour le Soudan, à la veille de son départ pour le Soudan, alors que ce poste était vacant depuis le mois de décembre dernier, suite à l'expulsion du dernier représentant en date, le hollandais Jan Pronk.

Enfin, le Secrétaire général a annoncé la tenue de réunions de haut niveau sur l'Iraq et l'Afghanistan à la veille du début de l'Assemblée générale, ainsi qu'une réunion du Quatuor pour le Moyen-Orient.

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