Jean-Marie Bockel rappelle au
président ses promesses sur l'Afrique
Jean-Marie Bockel, figure de
l'ouverture voulue par Nicolas Sarkozy, ferait-il des appels du pied à
l'électorat de gauche à l'approche des municipales ? Le secrétaire d'Etat à la
Coopération et maire sortant de Mulhouse a, pour la première fois, égratigné
hier le président de la République en estimant que la rupture « n'a que trop
tardé » dans les relations franco-africaines. En mai 2006, le candidat UMP à la
présidentielle avait promis à Cotonou, la capitale béninoise, « une relation
nouvelle, équilibrée, débarrassée des scories du passé » entre la France et
l'Afrique. « Moi qui suis là depuis six mois, qui ai le temps de regarder, de
poser mon diagnostic, d'écouter la société africaine et pas seulement les
dirigeants, j'attends maintenant de lui qu'il confirme cette option et qu'il
nous permette d'agir », a-t-il expliqué. Le secrétaire d'Etat assure toutefois
ne pas faire de « reproche » à Nicolas Sarkozy. « C'est un président
réformateur, avec beaucoup de priorités qu'il met en oeuvre en même temps (...)
», a-t-il dit.
http://www.lesechos.fr/info/france/4673086.htm 16/01/08
Jean-Marie Bockel veut signer l’acte de décès de la
Françafrique
Critique de la gestion des revenus
pétroliers en Afrique
http://www.afrik.com/article13384.html
- mardi 15 janvier 2008, par Panapress
Le Secrétaire d’Etat français à la
Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel, a vivement critiqué mardi à
Paris la gestion des revenus pétroliers en Afrique avant d’annoncer "le décès de
la Françafrique".
"L’un des premiers freins au
développement de l’Afrique, c’est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des
fonds publics, l’incurie des structures administratives défaillantes, la
prédation de certains dirigeants", a-t-il déclaré lors de la présentation de ses
vœux à la presse. "Tout le monde le sait, bien peu le disent", a dit M. Bockel
en évoquant très longuement le cas particulier des pays africains producteurs du
pétrole dans un contexte marqué par l’enchérissement du cours du baril sur le
marché international.
"Quand le baril est à 100 dollars,
et que d’importants pays producteurs ne parviennent pas à se développer, la
gouvernance est en question. Quand les indicateurs sociaux de ces pays stagnent
ou régressent tandis qu’une minorité mène un train de vie luxueux, la
gouvernance est en question", s’est emporté le Secrétaire d’Etat
français.
Il s’est ensuite longuement
interrogé sur l’usage des revenus tirés du pétrole en estimant que la France ne
doit plus attribuer son aide au développement aux Etats africains qui gaspillent
leurs ressources.
"Que deviennent ces revenus
pétroliers ? Pourquoi la population n’en bénéficie-t-elle pas ? Est-il légitime
que notre aide au développement soit attribuée à des pays qui gaspillent leurs
propres ressources ?", a-t-il lancé au public composé essentiellement de
fonctionnaires français en charge de la coopération
franco-africaine.
"En tant que responsable politique,
je suis comptable de la bonne utilisation des deniers du contribuable. J’ai le
droit, j’ai même le devoir de poser ces questions. Ce n’est pas de l’ingérence :
c’est être fidèle au principe de solidarité qui guide notre action", s’est
défendu Bockel.
Prenant ses distances avec la
politique africaine du président Nicolas Sarkozy, le Secrétaire d’Etat français,
entré au gouvernement comme « ministre d’ouverture", a dit que "la rupture
annoncée se fait encore attendre six mois après". "Je veux le redire clairement
: ces changements sont nécessaires et ils auront lieu. (…) Le poids des
habitudes est un obstacle à ce changement, la rupture annoncée à Cotonou tarde à
venir", a dit M. Bockel qui est par ailleurs maire de la ville de Mulhouse, dans
l’Est de la France.
"Je veux que cessent les
interférences de ceux que le président Sarkozy a qualifiés à Cotonou
d’émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent.
C’est une nécessité pour tenir un discours exigeant aux Africains", a poursuivi
le Secrétaire d’Etat français.
"Aujourd’hui, devant vous, je vais
signer l’acte de décès de la Françafrique. Je veux tourner la page de pratiques
d’un autre temps, d’un mode de relations ambigu et complaisant dont certains,
ici comme là-bas, tirent profit au détriment de l’intérêt général et du
développement", a-t-il martelé, suscitant interrogations et scepticisme au
milieu d’un auditoire où l’Afrique était très peu
représentée.
Pierre Freyburger a présenté samedi matin sa liste PS
aux élections municipales à Mulhouse
Pierre Freyburger prépare son projet
depuis septembre 2007 et représentera les socialistes face à Jean-Marie Boeckel
et sa gauche Moderne à Mulhouse. Freyburger a présenté les 55 membres de sa
liste pour les prochaines municipales dans son nouveau QG de campagne. Une liste
ouverte à la société civile mais aussi au PC et aux Verts.
La présentation a débuté par une
photo de famille. 55 personnes sont inscrites sur la liste du Parti Socialiste
emmenée par Pierre Freyburger à Mulhouse. Chose novatrice, trente d'entre elles
font partie de la société civile. Ce n'est pas un hasard, Freyburger l'a voulu
pour prouver aux électeurs sa volonté de ne pas tourner en rond et de coller au
plus près des besoins des citoyens.
"Un nouveau souffle pour Mulhouse",
c'est le slogan choisi par le Parti Socialiste pour ces municipales. L'important
pour Pierre Freyburger, rester fidèle aux valeurs portées par la gauche et se
relever du séisme provoqué le 19 juin 2007, lorsque Jean-Marie Bockel a rejoint
Nicolas Sarkozy. Parmi les membres de la liste, certains ont été approchés par
la gauche moderne de jean-Marie Bockel, et sont finalement restés au PS. Le
projet du PS sera révélé samedi prochain, dans le nouveau local de campagne
situé en plein coeur de Mulhouse.
http://alsace.france3.fr/ 12/01/2008
| 17:15
Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat
français à la coopération :
"Je veux signer l'acte de décès de la "Françafrique""
LE MONDE | 15.01.08 | 13h44 • Mis à
jour le 15.01.08 | 13h44
Six mois après l'élection de Nicolas
Sarkozy, il semble que rien n'ait changé dans les relations entre la France et
l'Afrique, contrairement aux promesses de rupture faites pendant la campagne
électorale. Le ministre d'ouverture que vous êtes accepte-t-il ce statu quo
?
C'est justement parce que je suis un
ministre d'ouverture et que j'ai adhéré au discours de Nicolas Sarkozy sur
l'Afrique que je souhaite que les choses changent. Or la rupture tarde à venir.
Il y a encore trop de rentes de situation, trop d'intermédiaires sans utilité
claire, trop de réseaux parallèles pour permettre un partenariat assaini,
décomplexé, d'égal à égal. La "Françafrique" est moribonde. Je veux signer son
acte de décès. Il ne s'agit pas de faire la morale, mais d'aider au
développement. Or, à cause de défauts de gouvernance dans certains pays, notre
politique de coopération, malgré de multiples réalisations, ne permet pas des
progrès à la hauteur des efforts consentis.
Comment expliquez-vous ce manque
d'efficacité ?
La mauvaise gouvernance, le
gaspillage des fonds publics, l'incurie de certaines structures administratives
ou politiques, la prédation de certains dirigeants, tout le monde connaît ces
facteurs ou les imagine. Au total, sur 100 milliards de dollars annuels d'aide
pour l'Afrique, 30 milliards s'évaporent. Certains pays ont d'importantes
ressources pétrolières, mais leur population n'en bénéficie pas. Est-il légitime
que notre aide soit attribuée à des pays qui gaspillent leurs propres ressources
? Il faut donc revoir les conditionnalités, évaluer l'efficience de notre
aide.
A quels pays pensez-vous
?
Je ne suis pas là pour montrer du
doigt tel ou tel chef d'Etat. Ce serait contre-productif. Mais il serait
intéressant d'écouter non seulement les dirigeants, mais aussi les sociétés
civiles dire ce qu'elles pensent de l'efficacité de notre
aide.
Justement, le régime gabonais d'Omar
Bongo vient de "suspendre" les organisations de la société civile qui critiquent
l'opacité de sa gestion des revenus pétroliers...
Le président du Gabon est un ami de
longue date de la France. Sur la liste des pays problématiques, je ne le
placerais pas en tête. Mais, sous réserve de vérification, je regrette cette
décision.
Que pensez-vous de la décision du
parquet de Paris de stopper l'enquête sur les "biens mal acquis" par certains
chefs d'Etat africains ?
Pour faire évoluer les choses, on
peut provoquer le conflit. Ma méthode est différente, forte et pédagogique, non
idéologique. Il s'agit de conditionner notre aide à une bonne gouvernance, faire
comprendre à l'opinion et aux dirigeants que ce serait plus efficace. Dans les
accords de partenariat, nous pouvons demander un engagement de transparence sur
l'utilisation des ressources en matières premières, exiger qu'une partie de la
rente pétrolière soit utilisée dans les projets que nous aidons. Encore faut-il
qu'on se tienne à cette ligne. Je suis en dialogue avec le président de la
République à ce propos. Le moment est venu que je sois soutenu jusqu'au
bout.
Auriez-vous du mal à vous faire
entendre ?
Le président a fixé un cadre au
niveau du discours. Le moment est venu d'une piqûre de rappel pour aller plus
loin dans la démarche de rupture et mettre nos principes en actes. Tuer les
petites pratiques moribondes et renouveler notre manière de dialoguer avec les
Africains. Le président sera en Afrique à la fin de février : c'est le bon
moment.
L'un de vos prédécesseurs,
Jean-Pierre Cot, ministre de la coopération, a dû démissionner, en 1982, après
avoir cherché en vain à changer les relations entre la France et l'Afrique. Ne
courez-vous pas le même risque ?
C'est un vieil ami. Il s'est vite
isolé et n'a pas forcément fait la bonne analyse. Moi, je suis avant tout un
pragmatique. Je sais gérer les gens, les budgets, les contradictions. Je sais
qu'on ne décalquera pas du jour au lendemain notre morale en Afrique. Je sais
aussi que l'Afrique est le continent de demain, et qu'il en va de l'intérêt de
la France de mettre en oeuvre cette rupture. La jeunesse africaine l'attend.
Propos recueillis par Philippe
Bernard
Article paru dans l'édition du
16.01.08
Actualité
internationale et africaine de sangonet