Le centre de
rétention administratif (CRA) de Vincennes, touché par un incendie, le 22 juin
2008.
©AFP - Pierre Verdy
Après des opérations de
recomptage effectuées dimanche dans la soirée, sur les 249 retenus présents dans
le centre d'une capacité de 280 places au moment de l'incendie, seules 14
personnes manquaient à l'appel lundi matin et se seraient
enfuies.
Dimanche, la préfecture de
police avait tout d'abord évoqué le chiffre "d'au moins une trentaine" avant de
parler d'une "cinquantaine".
Le centre de
rétention de Vincennes détruit par le feu. Durée:
1mn15.
©afp.com
Dans le nuit de dimanche à
lundi les retenus, qui avaient été regroupés dans le gymnase de l'école de
police
proche du CRA, ont été transférés
vers d'autres centres en France situés à Lille (Nord), Nîmes (Gard), Palaiseau
(Essonne) et Oissel (Seine-Maritime).
Sur les dix-huit blessés
légers dénombrés lors de cet incendie et qui avaient été conduits à l'hôpital
parisien de l'Hôtel-Dieu, dix s'y trouvaient toujours lundi matin. Ils devaient
sortir dans la matinée, selon
L'incendie de
Vincennes relance le débat sur la rétention
LE MONDE - 23 juin 2008,
10h53
Théâtre de vives tensions depuis
plusieurs mois, le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes
(Val-de-Marne), le plus grand de France, a été ravagé par les flammes, dimanche
22 juin. L'établissement, qui hébergeait 249 étrangers en instance d'expulsion,
était hors d'usage dimanche soir.
Le sinistre a eu
lieu au lendemain de la mort d'un Tunisien, âgé de 41 ans, qui a succombé à une
crise cardiaque dans ce centre, samedi 21 juin en fin d'après-midi. A l'annonce
de son décès, les autres retenus ont, selon la préfecture de police,
"légitimement souhaité connaître la situation". Et, "malgré la
tentative d'incendie d'un matelas, le centre est demeuré globalement calme toute
la soirée" de samedi.
C'est le dimanche en
milieu d'après-midi, selon les témoignages de retenus recueillis par
Selon la préfecture
de police de Paris, "plusieurs foyers d'incendie volontaire" sont
détectés à 15 h 45. Malgré l'intervention rapide des secours, le feu détruit les
deux enceintes de 140 places chacune qui composaient le CRA. L'une était ouverte
depuis à peine plus d'un an et l'autre avait été réhabilitée après un premier
incendie en janvier 2007.
Si la plupart des
retenus ont pu être rapidement évacués et réunis au sein du gymnase de l'école
de police voisine, dix-huit d'entre eux, intoxiqués par les fumées, ont dû être
hospitalisés. Sur les 249 étrangers présents dans le centre, 193 ont été
transférés dans la nuit de dimanche à lundi vers d'autres CRA, à Lille (Nord),
Nîmes (Gard), Palaiseau (Essonne) et Oissel (Seine-Maritime). Quatorze
manquaient à l'appel lundi matin, ayant vraisemblablement pris la fuite dans la
panique.
Pour
"DÉTRESSE ET
SOLITUDE"
Autorisé à entrer
dans l'enceinte du centre sinistré, dimanche soir, avec d'autres élus, le
sénateur socialiste de Paris David Assouline considérait que cet incident était
lié à la "détresse et à la solitudede gens qui voient leur vie s'effondrer en
étant arrêtés en emmenant leurs enfants à l'école". A ses côtés, le maire PS
du 11e arrondissement et député, Patrick Bloche, regrettait "le
manque de transparence dans les critères de régularisation" qui voit
certaines familles obtenir des papiers et d'autres non, "sans qu'on en
comprenne réellement les raisons".
Pour sa part, le
ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Brice Hortefeux, en
déplacement au Cap-Vert, n'a pas tenu dimanche à commenter plus avant ce qui
était, selon lui, "une des nombreuses illustrations des conséquences
dramatiques de l'immigration irrégulière". Le porte-parole de l'UMP,
Frédéric Lefebvre, a quant à lui estimé "pas tolérables" les
"provocations" des collectifs d'aide aux sans-papiers tel RESF, les
désignant implicitement comme responsables des incidents.
Une enquête pour
déterminer les causes de l'incendie a été confiée à la 1re division de police
judiciaire. L'autopsie du Tunisien décédé samedi a "écarté la présence de
traces suspectes", indiquait dimanche en fin de journée la préfecture de
police de Paris, en précisant que "l'homme se trouvait seul au moment du
décès".
"Retenue en
application d'une interdiction définitive du territoire français (…), cette
personne était connue pour des faits de délinquance graves et réitérés,
notamment en matière de trafic de stupéfiants, de violence et de
viol", ajoutait la
préfecture. Elle rappelait que l'homme "avait été vu par un médecin les 17 et
19 juin et qu'à ces deux occasions son état avait été jugé compatible avec la
rétention".
Le député (Verts) de
Gironde, Noël Mamère, a réclamé une commission d'enquête parlementaire "pour
déterminer les conditions réelles de [cette] mort". Son parti a
appelé le contrôleur des lieux de privation de libertés, Jean-Marie Delarue, à
"se saisir en urgence de la situation des retenus de
Vincennes".
Laetitia Van
Eeckhout et Elise Vince
Chiffres
Locaux de rétention.
Etrangers. Les
centres comptent 1 700 places. En 2007, 35 000 étrangers ont transité en
rétention, dont 242 enfants, selon
Actualité
internationale et africaine de sangonet