Les retombées
du premier Sommet Inde Afrique (échos de la presse)
Sommet Inde-Afrique : l'Inde doublera ses crédits
financiers à l'Afrique
NEW DELHI, 9 avril 2008 (Xinhua) -
L'Inde augmentera ses crédits financiers à l'Afrique de 2,15 à 5,4 milliards de
dollars dans les cinq années à venir, a annoncé le Premier ministre indien
Manmohan Singh, lors du premier sommet Inde-Afrique clos mercredi à New Delhi.
L'Inde accordera unilatéralement
l'accès aux marchés aux produits africians, conformément à un plan de préférence
en faveur des pays les moins développés, a indiqué M. Singh.
Dans le but de renforcer le
partenariat stratégique et économique indo-afrique, ce plan de préférence,
proposé par l'Inde, permettra de lever les tarifs douaniers aux produits
africains.
Le Premier ministre indien a annoncé
une quote-part élargie de 1.600 candidatures africaines à ses programmes de
formation technique.
Le volume du commerce entre l'Inde
et l'Afrique a augementé de 285% pour atteindre 25 milliards de dollars ces
quatre dernières années. Selon le dernier sondage réalisé par la Fédération des
Chambres indiennes du commerce et de l'industrie, la part de l'Afrique dans les
échanges commerciaux indiens est passée de 5,8% durant l'exercice fiscal
2002-2003 jusqu'à 8% 2006-2007.
Le sommet Inde-Afrique, tenu du 8 au
9 avril à New Delhi, a regroupé l'Algérie, le Burkina Faso, la République
démocratique du Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, le Ghana, la Libye, le Kenya, le
Nigeria, le Sénégal, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la
Zambie.
Le Premier
ministre indien au sommet Inde-Afrique :
«Promouvoir une
mondialisation qui soit égale pour tous»
Le
sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Inde et d’Afrique, qui se teint
dans la capitale indienne, depuis hier, et pour deux jours, ouvre la voie à
l’arrivée de l’Inde sur le continent africain et offre à celui-ci un autre
partenaire et pas des moindres pour négocier de meilleurs
affaires.
Un sommet dont les
travaux s’annoncent fructueux pour les deux parties. Ceci au vue de certaines
décisions prises avant même la tenue dudit sommet et l’annonce, hier, du
doublement des prêts consentis à l’Afrique qui sont de 5,4 milliards de
dollars pour les cinq prochaines années, contre 2,1 milliards durant les cinq
années précédentes. S’agissant des décisions prises avant la tenue du Sommet,
celles-ci ont trait à celles prises par l’entreprise de formation technologique
et de solutions informatiques basée à Mumbai, d’aider à développer la capacité
du continent africain dans le secteur des technologies de l’information et de la
communication. Ceci se traduira par l’implication de l’institut des technologies
de l’information (NIIT) qui fera profiter «des compétences de haute qualité» ont
déclaré les responsables de l’entreprise indienne précitée. Et d’indiquer aussi
à la vielle de la tenue du Sommet Inde-Afrique l’implication de «d’autres
acteurs compétents» du secteur indien en vue d’aider précisément
notre continent à développer son capital huamain dans les TIC. Cependant, si ces
décisions ont été prises à quelques heures de la tenue du Sommet, ceci
renseigne, on ne peut mieux, sur l’écoute indienne aux besoins africains
dont le thème «science, technologie et recherche scientifique pour le
développement», a été le thème du 8e sommet de l’Union africaine, tenu à
Addis-Abeba pour rappel. La portée de ce Sommet dans les relations
indo-africaine en particulier et au niveau de la coopération Sud-Sud en
général casse, après la Chine, l’exclusivité de coopération des anciennes
puissances coloniales du continent africain. Les perspectives du partenariat
entre l’Inde et Afrique s’annoncent d’or et déjà fructueuses à la vue des
objectifs assignés à ce Sommet, dont le resserrement des liens historiques
des deux parties est de mise. A ce propos, le premier ministre indien, Manmohan
Singh, a soutenu hier, devant ses homologues africains, que son pays «souhaite
que le 21e siècle soit celui de l’Asie et de l’Afrique» en précisant «que les
peuples des deux continent travaillent de concert pour promouvoir une
mondialisation qui soit égale pour tous». Il a rappeler que le défunt Gandhi,
considéré comme le père de la lutte antiapartheid en Afrique du Sud par le
soutien que l’Inde a apporté durant les années 1960 et 1970 aux mouvements
indépendantistes du continent africain constitue un atout pas moindre
pour ce partenariat. «Un partenariat dynamique, une vision partagée», a
déclaré le ministre des Affaires étrangères indien, Shri Anand Sharma, à propos
des visés du Sommet en question.
Il est à noter que le développement
économique du géant indien et ses besoins énergétiques croissant en
sont, certes, des motivations pas moindre pour la dynamisation de son
partenariat avec les pays africains. Ces derniers, vu leur partenariat
avec d’autres groupements étrangers, dont l’Union européenne demeurant encore en
deçà d’un partenariat d’intérêts réciproques, opèrent par la multiplication des
partenaires et, par conséquent, négocient de meilleurs affaires sur fond
de leurs besoins présents et futures. A ce propos, Henri Elie Ngoma Binda,
professeur de philosophie politique à l’université de Kinshassa en République
démocratique, a évoqué le partenariat Afrique-Chine et Afrique-Inde. Il a
soutenu que «la chine et l’Inde s’offrent aux africains comme des partenaires à
la fois proches de leurs préoccupations et susceptibles de leur apporter», et de
préciser : «sans trop d’exigences des possibilités de croissance
économique», conclut-il. Une croissance économique africaine qui, pour rappel, a
été saluée par les organismes internationaux, malgré la persistance de bon
nombres de problèmes freinant encore l’essor africain en la mettent devant
des défis à relever avec pertinence.
Ceci en est,
d’ailleurs, l’esprit même de la stratégie du Nepad, initié par l’Afrique du Sud,
l’Algérie, l’Egypte, le Nigeria et le Sénégal dont le Sommet aborde,
et ce, sur fond de la coopération déjà existante appeler à se consolider
pour assurer les points focaux d’un développement durable. Ceci a été au
cœur des propos tenus par le ministre indien des affaires étrangères en
rappelant la mise en place depuis 2004 d’un satellite et d’un réseau de
fibre optique pour relier 53 pays du continents africain.
Le réseau de
fibre optique assure l’alimentation des centres d’enseignement et
d’hôpitaux spécialisés – indiens et africains – ainsi que des hôpitaux implantés
dans des sites reculés d’Afrique.
A cela, vient
s’ajouter des échanges en termes d’éducation et de partage de technologie pour
ne citer que ces derniers.
La Nouvelle
République (lanouvellerepublique.com) - 09-04-2008
Karima
Bennour
NEW DELHI, 8 avril 2008 (Xinhua) -
Le développement scientifique et technologique des pays africains devrait être
mis en relief dans la coopération Afrique-Inde, a dit le président du Ghana,
John Agyekum Kufuor, au sujet du premier sommet Inde-Afrique qui s'est ouvert
mardi à New Delhi.
"L'Afrique est avide de
développement scientifique et technologique pour son objectif de modernisation
et d'amélioration de la qualité de vie de ses populations", a souligné le
président.
D'après lui, l'Afrique est
impressionnée par la Révolution verte qui a permis à l'Inde de nourrir sa
population, ainsi que par la maîtrise de l'Inde des technologies de
l'information et de la communication (TIC) et de l'ingénierie au sens large.
Il a souhaité que les résultats de
ce sommet concernent particulièrement le développement des ressources humaines,
le renforcement des capacités institutionnelles et l'intensification de la
coopération économique dans l'intérêt des partenaires.
Le Sommet du forum Inde-Afrique, le
tout premier organisé, a été lancé mardi à New Delhi et il vise la mise en place
d'un partenariat plus moderne dans des secteurs clé comme le commerce, l'énergie
et la coopération sur les questions globales telles que les réformes de l'ONU,
le terrorisme et les changements
RETOMBEES DU SOMMET INDE-AFRIQUE : Delhi annonce un
régime de préférence tarifaire hors taxe pour les pays africains
Le Soleil - Sénégal (lesoleil.com) -
Edition du Mercredi 09 Avril 2008
Une déclaration et un cadre de
coopération sont attendus aujourd’hui, à la clôture du premier sommet
Inde-Afrique. Mais les hôtes du forum sont allés plus vite que d’éventuelles
requêtes africaines en proposant une corbeille de mesures destinées à renforcer
le dynamisme économique de l’Afrique en y installant la paix, la stabilité et
l’autosuffisance alimentaire. Réagissant à cette décision, le président de la
République, Me Abdoulaye Wade, invité en tant que co-initiateur du Nepad, l’a
qualifiée de « révolution » hier à Delhi.
Le matin tant attendu. Dans la salle
de conférences, affluent des délégations reflétant la diversité du forum
Inde-Afrique, le premier du genre. Ce mardi 8 avril 2008, sur écran géant, une
puissante voix commente des images sur cette terre africaine qui, selon elle, a
vu naître « l’aube de l’humanité ». D’un côté, un Africain et de l’autre, un
Indien. Ils battent, ensemble, les tambours de la concorde. La même musique. Un
symbole. Le message est dans le rythme et dans la fusion des cultures. Le
message est aussi dans cette corbeille de bonnes nouvelles que le Premier
ministre indien, le Dr Manmohan Singh, a voulu déposer à la table qui accueille
les présidents Abdoulaye Wade du Sénégal, John Kufuor du Ghana, Thabo Mbeki
d’Afrique du Sud, Yoweri Museveni d’Ouganda, Jakaya Mriso Kikwete, de Tanzanie
Joseph Kabila de la République démocratique du Congo et Alpha Oumar Konaré,
président sortant de l’Union africaine.
Le Nigeria et la Zambie étaient
représentés par leurs vice-présidents, Goodluck Jonathan et Ruypiah Banda. Le
président Blaise Compaoré du Burkina Faso s’est fait représenter par le Premier
ministre Tertius Zongo, tandis que l’ancien chef du gouvernement algérien
participe au sommet au nom du président Abdel Aziz Bouteflika. Enfin, le Dr Ali
Abdul Salam Altreki, Secrétaire des Affaires de l’Union africaine de la Libye,
Moses Wetangula, ministre des Affaires étrangères du Kenya et Mme Fayza Abou El
Naga, ministre de la Coopération internationale de la République d’Egypte sont
les autres témoins et destinataires de ces bonnes
nouvelles.
Première bonne nouvelle : l’Inde
annonce un régime de préférence tarifaire hors taxe pour les pays les moins
développés. Ce pays du sous-continent asiatique fournira, de manière
unilatérale, l’accès préférentiel au marché pour les exportations d’au moins 50
pays les moins développés. Les 34 se trouvent en Afrique. Les produits ciblés
ont une importance dans les transactions, d’où un impact certain sur les
économies des futurs pays exportateurs. « Le programme couvrira 94% des lignes
tarifaires de l’Inde. Spécifiquement, l’Inde fournira l’accès préférentiel au
marché sur des lignes tarifaires qui comprennent 92,5% des exportations
mondiales de l’ensemble des pays les moins développés », explique le Premier
ministre, le Dr Manmohan Singh.
La ligne du pragmatisme et de
l’efficacité
Dans l’immédiat, des produits sont
identifiés comme dignes de bénéficier de cette mesure d’urgence : le coton, le
cacao, le minerai d’aluminium, le minerai de cuivre, les noix de cajou, la canne
à sucre, le prêt-à-porter, les filets de poisson et les diamants non
industriels.
L’Inde veut « inclure, de manière
active, le commerce et l’industrie dans le processus de la croissance et du
développement de l’Afrique » et compte, pour cela, s’appuyer sur son vécu dans
l’exécution des projets, de même que sur les lignes de crédits concessionnels
accordés par Exim Bank. Cette institution bancaire vient d’ouvrir son deuxième
bureau africain à Dakar, après Johannesburg.
Deuxième bonne nouvelle : le
passage, du simple au double, du volume des crédits. « Jusqu’à maintenant et
pour les périodes 2003-2004 et 2008-2009, souligne le Premier ministre, nous
avons accordé des lignes de crédit dont la valeur s’élève à 2,15 milliards de
dollars (soit 893,4 milliards de francs Cfa). Durant les cinq prochaines années,
nous allons doubler ce montant et offrir des lignes de crédit supplémentaires
dont la valeur s’élèvera à 5,4 milliards de dollars (2.245 milliards de francs
Cfa) ». Ces lignes de crédit seront disponibles dans le cadre des relations
bilatérales. Elles sont aussi élargies aux Communautés économiques régionales de
l’Afrique.
La nouvelle architecture des
relations
La Communauté économique des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Communauté pour le développement de
l’Afrique australe (Sadc), la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale
(Ceeac), le Marché commun pour l’Afrique orientale et australe (Comesa),
l’Autorité Intergouvernementale pour le développement (Igad) et la Communauté de
l’Afrique de l’Est (Eac) ont pris part à ce sommet.
L’Inde adopte la ligne du
pragmatisme et de l’efficacité. Elle croit aux infrastructures dans les domaines
des chemins de fer ; elle a foi aussi aux Technologies de l’information et de la
communication ou encore en la production d’énergie électrique. Ces priorités
sont, selon le Premier ministre, des cadres d’expression des ressources humaines
qu’il faudra préparer à une marche résolue vers le progrès technologique,
économique et social. Dans le cadre de l’aide au développement, l’Inde compte
initier et réaliser des projets d’une valeur de plus de 500 millions de dollars
(208 milliards de francs Cfa). De même, des institutions régionales et
panafricaines d’Enseignement supérieur seront mises sur pied avec une nette
préférence pour les domaines de la science, des technologies de l’information,
la recherche, l’agriculture et les énergies renouvelables.
Toujours dans le renforcement des
capacités, l’Inde veut doubler le nombre de bourses jusqu’ici accordé aux
étudiants africains. De 4.000 selon nos sources, ces bourses devraient passer à
8.000. Dans le cadre de l’assistance technique également, le nombre de places
mises à la disposition du continent passera de 1.100 à 1.600 par
an.
Enfin, un Corps de volontaires
Inde-Afrique sera créé. Sa mission sera d’identifier des projets pilotes en
matière de santé publique, d’enseignement non formel et d’autonomie économique
de la femme. Cette dernière proposition se justifie par une ressource
essentielle, selon le Premier ministre indien : « l’Inde et l’Afrique sont
bénies en disposant d’une population jeune. C’est seulement en investissant dans
l’énergie créatrice de nos jeunes que nous pourrons pleinement exploiter le
potentiel de notre partenariat ».
C’est un nouvel horizon qui
s’annonce dans le cadre de la coopération entre l’Inde et l’Afrique. Des
expressions, sous forme de professions de foi, reviennent sans cesse dans le
discours du Dr Manmohan Singh : égalité, respect mutuel, vision partagée sur un
monde plus juste grâce à des régimes politiques et une économie mondiale plus
équitables, faire face à des défis collectifs comme la sécurité alimentaire, la
sécurité énergétique, les pandémies, le terrorisme international, les
changements climatiques, etc. Elles sont les charpentes de ce que l’Inde appelle
« la nouvelle architecture » de ses relations avec l’Afrique. Les deux
partenaires concentrent deux milliards d’habitants de cette
planète.
LE PRESIDENT WADE SUR LES MESURES
TARIFAIRES PRISES PAR L’INDE : « C’est une révolution car l’exportation est le
moteur du développement »
L’Afrique, lieu des paradoxes. Le
Secrétaire d’Etat aux Affaires extérieures de l’Inde, Anand Sharma, trouve des
mots pour décrire l’anomalie qui voudrait que l’Afrique soit riche de sa faune,
sa flore, son sous-sol et reste confinée dans les bas-fonds de la pauvreté,
sujette aux caprices du marché mondial comme c’est le cas avec le pétrole -
globalement avec l’énergie - ou toutes les autres matières premières. L’intérêt
prémonitoire de Mahatma Gandhi pour le continent africain anime encore ses
héritiers, comme au plus fort des combats contre la décolonisation et
l’Apartheid. Les images projetées sur écran l’ont affirmé : « l’Afrique est le
berceau de l’humanité ». Anand Sharma prédit un destin exceptionnel : «
l’Afrique est le continent de l’avenir, une Afrique vivante économiquement et
pacifiée ».
Les citoyens d’un pays qui compte
1,2 milliard d’habitants (deuxième marché au monde) et fort d’une croissance
économique régulière de plus de 8% trouvent là une plage de convergence avec
l’un des initiateurs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(Nepad).
Invité à la tribune, le président de
la République, Me Abdoulaye Wade, se félicite des nombreuses affinités que
l’Afrique et l’Inde ont en commun. « Feu Cheikh Anta Diop et mon illustre
prédécesseur, le président Léopold Sédar Senghor, tous deux éminents
intellectuels et hommes de Culture, ont soutenu la thèse d’une parenté entre les
civilisations dravidienne et africaine. Gandhi et Nehru sont respectés en
Afrique pour leur contribution aux luttes qui ont engagé ce continent. Le film
montre d’ailleurs que Gandhi était à la fois africain et indien »,
souligne-t-il. Ce passé, fait de luttes pour la libération des peuples du Sud,
de la revendication d’une plus grande équité au sein de l’Organisation des
Nations-unies, de la mise en place du Mouvement des non-alignés, alimente un
futur. Et un mot est essentiel aux yeux de Me Wade : la solidarité. « Ce sommet
s’inscrit dans le sens de la solidarité. L’indépendance politique, comme une
symphonie inachevée, restera toujours incomplète sans la souveraineté économique
», explique-t-il. La solution est là, il suffit de s’en saisir : « il faut bâtir
un partenariat mettant en valeur nos ressources mutuelles
».
Cette invitation à l’initiative a
trouvé un écho, quelques minutes plus tôt, avec les mesures annonçant un régime
de préférence tarifaire hors taxe pour les pays africains. « L’exportation vers
l’Inde, sans droits de douane et sans contingentement, est une opportunité que
nos peuples sauront apprécier. C’est une révolution car l’exportation est le
moteur du développement. L’Afrique saura en profiter pour amorcer un tournant
dans son modèle de développement qui pourra s’accélérer grâce à la production.
Celle-ci s’est toujours heurtée à des obstacles tarifaires, non tarifaires et au
contingentement », se félicite-t-il. Il a fait des propositions, notamment
l’adoption d’un plan d’action clair, précis et applicable en vue de
redressements. Il s’est aussi réjoui de la pérennisation du sommet et de la
décision de le tenir alternativement en Inde et en Afrique. « C’est une occasion
de traduire en actes notre philosophie de coopération égalitaire et profitable à
tous », ajoute-t-il.
Le Sénégal est riche d’un vécu dans
ce domaine, indique Me Wade. « La coopération entre le Sénégal et l’Inde est
exemplaire. Elle est bâtie sur la base de la complémentarité dans des secteurs
comme l’agriculture avec l’objectif de l’autosuffisance, les Industries
chimiques du Sénégal (Ics) à travers les phosphates, le montage de véhicules et
l’exploitation du minerai de fer. Le Sénégal abrite la station terrienne du
Panafricain e-Network qui développera la télémédecine la télé-éducation et
rendra possibles les conférences. Il y a aussi le deuxième bureau de Exim Bank
en Afrique, après celui ouvert à Johannesburg », dit-il. L’exigence de tels axes
de coopération, estime-t-il, est d’« apporter une valeur ajoutée aux formes
classiques de coopération ».
Le chef de l’Etat, en se félicitant
de ce partenariat, invite à faire mieux : une plus grande ouverture aux privés.
Il fournit la recette : « c’est par des mesures incitatives des gouvernements et
des contrats directs avec le privé que nous pouvons faire plus ». Le cas du
Sénégal est assez incitatif. « Les échanges avec l’Inde ont été triplés entre
2002 et 2007 et l’Inde est le premier partenaire du Sénégal dans nos
exportations », se réjouit le président de la République. Selon lui, l’Inde a
les possibilités de faire de la technologie à moindre coût. Avec un avantage : «
en même temps que l’Inde transférait des équipements, elle mettait à notre
disposition les connaissances ».
ALPHA OUMAR KONARE, PRESIDENT DE LA
COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE : « Dialoguer à égalité avec toutes les
puissances du monde »
Il est encore une voix du continent,
dans sa diversité : les Africains d’origine noire, arabe, asiatique, européenne.
A une vingtaine de jours de son dernier mandat à la tête de la Commission de
l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré s’est illustré par la portée de son
discours. La conviction était dans le ton et dans les mots. L’historien, doublé
d’homme d’Etat qu’il est, se signale aux politiques et aux économistes : « il ne
s’agit pas, véritablement, de retrouvailles. L’Inde et l’Afrique ont toujours
été ensemble. L’Océan indien n’a jamais été une barrière. C’est une voie de
passage et de coopération. Quand Vasco de Gama passait le Cap de l’Espérance, il
a fallu quelqu’un pour lui montrer la route des Indes. De même, la côte Est de
l’Afrique est une terre d’accueil pour l’Inde ». Ce point d’histoire éclaire
aussi sur les luttes menées par Gandhi de l’Inde, Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah,
Ahmed Ben Bella, Gamal Abdel Nasser, entre autres leaders de l’Afrique, dans le
cadre de la dénonciation de la colonisation à l’Onu, la révolution algérienne,
la nationalisation du Canal de Suez, le non-alignement ou encore la condamnation
de l’Apartheid. Aujourd’hui, souligne le président Konaré, « de grands champs
d’action s’ouvrent pour nous. L’Afrique, avec le Nepad, a posé des jalons dans
des domaines où l’Inde a enregistré des succès ».
La révolution verte est, selon lui,
le symbole de l’agriculture performante de l’Inde. De grands acquis ont aussi
été réalisés dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, de la Santé,
de la consolidation des capacités, de la science, des Technologies de
l’information et de la communication et l’industrialisation. Dans ces domaines,
« l’Afrique veut un partenariat pluriel parce qu’il lui est nécessaire pour
changer les choses ». Sa philosophie, il la veut claire : « ce n’est pas la
politique de la main tendue. Non, nous ne mendions pas ! Nous ne voulons pas
d’une assistance ! Nous voulons traiter en toute égalité, dans le souci que
chacun y gagne quelque chose. Nous ne voulons pas de saupoudrage ; nous voulons
des investissements réels », scande-t-il. A son avis, « l’Ua parle au nom d’une
Afrique responsable et qui entend dialoguer à égalité avec toutes les puissances
du monde selon le concept gagnant-gagnant ». Pour lui, « c’est le combat de
l’avenir » parce que, dans quarante ans, l’Inde et l’Afrique réunies abriteront
4 milliards d’habitants. « Quel chantier alors, quel champ d’échanges
d’expériences, de richesses et de force spirituelle ! », clame M.
Konaré.
Le mode de coopération doit
absolument être différent car, avertit-il, « il ne s’agit pas de faire comme
d’autres ». « Il faut, poursuit-il, écouter les aspirations profondes de notre
continent qui n’est pas pauvre, qui a une richesse et qui est disposée à les
partager. Il faut sortir du système colonial, du système d’économie de traite
avec des matières premières souvent achetées à vil prix. Il faut corriger car ce
que nous produisons va dehors et pour notre propre nourriture, nous sommes
dépendants. L’Inde a réussi sa sécurité alimentaire ». Des choix décisifs sont à
faire, en allant au-delà de l’étape des Objectifs du millénaire pour le
développement (Omd) sur des questions comme la grave crise financière dans le
monde, les menaces de famine, la flambée des cours du pétrole et des céréales. «
Ce sont de graves menaces pour nos Etats. La solution n’est pas seulement
indienne ; elle est indienne et africaine. Il faut que les décisions soient
suivies d’effets. Les investissements, sans aucun doute, sont un soutien au
processus démocratique. Avec l’Inde, nous éviterons un écueil : la mise à
disposition de ressources que nous ne pouvons pas utiliser à cause des multiples
conditionnalités », développe-t-il.
De notre envoyé
spécial : Habib Demba FALL (Le Soleil – Sénégal)
Actualité internationale et
africaine de sangonet