APE (Accords
de partenariat économique) : Les ONG françaises dénoncent les pressions de
l'Europe
Source :
http://www.presseafricaine.info/article-23193263-6.html
Samedi 27 septembre
2008
AITEC / OXFAM
FRANCE - AGIR ICI / PEUPLES SOLIDAIRES
Communiqué de
presse - 26 septembre 2008
Diffusion
immédiate
APE : LES ONG FRANCAISES DENONCENT LES
PRESSIONS DE LA COMMISSION EUROPENNE
DANS LES NEGOCIATIONS CARAIBES
Journée mondiale de mobilisation contre
les Accords de partenariat économique
Les associations
françaises de solidarité internationale engagées contre les Accords de
partenariat économique (APE) entre l'Union européenne et les pays
Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) se sont réunies le 24 septembre à l’Assemblée
nationale à Paris en amont de la journée mondiale de mobilisation contre les
APE, le 27 septembre, qui marque symboliquement l’anniversaire du début des
négociations en 2001.
En présence de
Christiane Taubira, députée de Guyane et de Mamounata Cissé, Secrétaire générale
adjointe de la
Confédération syndicale internationale, ces organisations ont
rappelé leur opposition aux APE tels qu'ils sont proposés aujourd'hui par
la
Commission européenne aux pays ACP. « En organisant cette
journée de débat à l’Assemblée nationale, nous exprimons notre soutien aux
mouvements sociaux et citoyens qui luttent, en Afrique et aux Caraïbes, contre
ces accords. Nous montrons également au gouvernement français notre
détermination à influencer le processus actuel » explique Benjamin Peyrot des
Gachons, de Peuples Solidaires.
Les promesses de
développement associées aux APE sont aujourd'hui très largement mises en doute
et la plupart des ACP qui avaient accepté de parapher des accords intérimaires
reviennent sur leurs engagements et demandent le temps de l'analyse et de la
consultation ainsi que la renégociation de certaines clauses, mais
la
Commission européenne se montre intransigeante.
La
Commission cherche à précipiter le processus dans la
région Caraïbes
Sans considération
pour les vives réserves émises par le Guyana et Haïti contre l'APE proposé au
Cariforum (1), la
Commission a fixé la date du 15 octobre pour la signature
officielle de l'Accord. Si le président du Guyana a déclaré (2) ne souhaiter
signer qu'un accord sur les marchandises, la Commission européenne poursuit ses
pressions pour forcer le pays à accepter un accord complet. Elle laisse
notamment entendre que l'aide européenne prévue par la voie du Fonds européen de
développement (FED) pourrait être amputée en cas de non-signature, cette aide
étant partiellement affectée à l'accompagnement de la mise en œuvre des APE.
« De telles pressions
sont inacceptables ; elles témoignent du mépris de la Commission pour la souveraineté
des Etats ACP et discréditent profondément l'Union européenne vis-à-vis de ses
partenaires ACP » souligne Jean-Denis Crola, d’Oxfam France – Agir ici. Mardi
soir, devant la 63ème Assemblée générale des Nations unies à New York, le
Président guyanais Bharrat Jagdeo dénonçait une fois de plus l’utilisation de la
force de négociation de l’Union européenne et son recours aux menaces pour
amener les pays ACP à signer.
Les organisations
françaises appellent les Etats membres de l'UE à mettre tout en œuvre, d'ici la
signature officielle de l'Accord UE-Cariforum le 15 octobre prochain, pour
rappeler la
Commission européenne à ses devoirs (3), en premier lieu celui
du respect de la souveraineté de ses partenaires et de ses engagements en
matière d'aide au développement.
« La France, en tant qu’actuelle
présidente du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, doit prendre
ses responsabilités et accepter les demandes de dialogue formulées
officiellement par plusieurs représentants de la région Caraïbes » explique
Amélie Canonne du réseau Seattle to Brussels. « Au lieu de cela, par la voix de
son Secrétaire d’Etat au Commerce, la France propose au Guyana de signer
d’abord… et de discuter ensuite : cette intransigeance est inacceptable »
poursuit-elle.
« Il est intolérable
que la
Commission européenne ne propose pas une alternative au Guyana
; cela va à l’encontre des ses engagements pris dans l’Accord de Cotonou,
ratifié par les Parlementaires français et européens (4) » conclut Jean-Denis
Crola.
NOTES
(1) Le Cariforum est l'interlocuteur de
l'Union européenne afin de mener à bien les négociations sur l'Accord de
Partenariat Economique dans la région Caraïbes. Il comprend Antigua et Barbuda,
Bahamas, Barbade, Belize, République dominicaine, Dominique, Grenade, Guyana,
Haïti, Jamaïque, Saint-Christophe et Nievès, Saint-Vincent et les Grenadines,
Suriname, Trinidad et Tobago, République Dominicaine.
(2) Lors d’une réunion
le 10 septembre dernier à La
Barbade, le Guyana exprime sa volonté de ne signer qu’un accord
sur les marchandises, pour être en conformité avec les règles de l’Organisation
du commerce (OMC).
(3) La Commission européenne
négocie sous mandat donné par les Etats membres.
(4) Les dispositions de
l'article 37.6 de l'Accord de Cotonou engagent la Commission européenne à offrir aux
Etats ACP qui ne seraient pas en mesure de conclure un APE un cadre de rechange
de nature à leur garantir des préférences au moins équivalentes à celles dont
ils bénéficient actuellement.
Contacts presse
- Magali Rubino, Oxfam
France – Agir ici : 06 30 46 66 04
- Amélie Canonne,
Réseau Seattle to Brussels : 06 24 40 07 06
- Benjamin Peyrot des
Gachons, Peuples Solidaires : 06 82 31 30 88
Les négociations UE-ACP vivement remises
en cause – Rapport
David
Cronin
http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=4139
BRUXELLES, 8
juillet (IPS) - L'approche adoptée par l'Union européenne (UE) dans le cadre des
négociations commerciales en vue des Accords de partenariat économique avec les
pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique est vivement remise en cause dans
un rapport de la députée française Christiane Taubira, alors que la France assume pour six mois
la présidence tournante de l'UE.
La députée de
Guyane, Christiane Taubira, avait été chargée en avril dernier par le président
français Nicolas Sarkozy d'une mission d'étude destinée à définir la position
française dans le cadre des négociations de libre-échange menées depuis plus de
cinq ans entre la
Commission européenne et les pays du groupe Afrique, Caraïbes
et Pacifique (ACP).
Remis en toute
discrétion à la mi-juin au gouvernement français, ce rapport de 191 pages n'a
pas encore fait l'objet d'une publication officielle. Il contient en effet de
vives critiques au sujet des efforts entrepris par la Commission européenne pour
convaincre ces pays de signer des accords de libre-échange, qui les obligent à
renoncer aux taxes douanières à l'importation sur les produits en provenance
d'Europe, pour se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC).
Dans ce document,
Taubira propose notamment de redéfinir intégralement le mandat confié à
la
Commission européenne dans le cadre de ces négociations
commerciales, que Bruxelles mène au nom des 27 Etats membres, et de repenser
complètement la base qui sous-tend ces pourparlers, en y favorisant davantage le
développement économique et social des pays concernés.
La députée
française souligne également que les recettes fiscales douanières représentent
parfois près de 40 pour cent des ressources budgétaires des pays ACP, et que ces
Accords de partenariat économique (APE) pourraient fragiliser encore plus leurs
institutions nationales.
"La Commission européenne
estime que ces APE permettront à l'Afrique d'accroître le volume de ses
exportations vers l'Europe, mais pour les agriculteurs et les compagnies qui
souhaitent faire du commerce avec l'UE, les standards en matière de sécurité
alimentaire appliqués au sein de l'union constituent davantage un obstacle que
les tarifs douaniers", explique-t-elle. Pour Taubira, ces APE risquent en outre
d'altérer considérablement les relations politiques entre les pays européens et
leurs anciennes colonies.
Les accords de
Cotonou, signés en 2000, marquaient un tournant en matière de partenariat entre
l'UE et les pays ACP, et prévoyaient d'aider ces Etats à enrayer la pauvreté.
Or, pour la députée, "Il convient donc à présent, à l'échelon politique, de dire
clairement si les APE s'inscrivent dans l'Accord de Cotonou, si l'Accord de
Cotonou reste l'engagement réciproque de l'Union européenne et des pays ACP, ou
s'il s'agit d'abandonner le développement comme un dangereux mirage et d'inviter
les pays ACP à se jeter dans la grande kermesse du libre commerce",
précise-t-elle.
Un pavé dans la
marre
Le rapport de
Taubira embarrasse quelque peu l'Union européenne et l'Elysée à l'heure où
la France vient
de prendre, au 1er juillet et pour six mois, les rênes de la présidence
tournante de l'UE. Toutefois, ce document reflète des préoccupations défendues
depuis plusieurs mois par des diplomates français en poste à
Bruxelles
"Il ne serait pas
approprié de commenter un rapport commandé par la France et dont la version finale ne
nous a pas encore été transmise officiellement", a récemment indiqué à Bruxelles
Peter Power, le porte-parole de Peter Mandelson, le commissaire européen en
charge du commerce. "Nous entretenons un dialogue franc avec la présidence
française au sujet des APE et nous discuterons de toute recommandation qu'elle
pourra nous soumettre", a souligné le porte-parole.
Trente-cinq pays de
la zone ACP ont conclu un nouvel Accord de partenariat économique avec l'UE
avant le 31 décembre 2007, date butoir qui avait été fixée par la Commission européenne.
La plupart ne sont cependant que des accords dits "intérimaires", qui ne
concernent uniquement que le commerce de biens et de marchandises. Mais les
négociations se poursuivent et la commission espère bien finaliser ces
pourparlers d'ici à la fin de l'année 2009. D'autres secteurs de l'économie
doivent encore être visés par des APE, comme les investissements, la concurrence
ou les marchés publics.
De leur côté, les
ONG de développement ou de lutte contre la pauvreté ont dores et déjà salué les
recommandations du rapport Taubira, diffusées dans un communiqué de la députée
française. "La
Commission européenne a usé de pressions immodérées dans le
cadre de ces négociations, en menaçant notamment de réduire son aide aux pays
ACP ou d'augmenter ses taxes à l'importation de denrées s'ils ne signaient pas",
souligne Jean-Denis Crola, responsable de campagne pour l'ONG Oxfam à Paris.
"Personne, du
paysan à l'entrepreneur, n'ignore les conséquences qu'auront ces accords en
termes de survie de leur économie, de pauvreté et de lutte contre la faim.
Personne non plus n'ignore les tactiques, les pressions, l'attitude paternaliste
et les menaces employées par la commission pour imposer son point de vue et ses
propres intérêts", a-t-il ajouté. (FIN/2008)
Actualité
internationale et africaine de sangonet