Accord de partage du pouvoir enfin
conclu au Zimbabwe sous l'égide président sud-africain Thabo
Mbeki
Par
Clément Daniez (avec agence) – Le Point.fr
15/09/2008
Le président
Robert Mugabe (gauche) et le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai (droite)
ont signé lundi dans l'hôtel Rainbow Towers d'Harare un accord historique de
gouvernement d'union © TSVANGIRAYI MUKWAZHI/AP/SIPA
Pour la première fois depuis 1980,
Robert Mugabea cédé une partie de son pouvoir. Le président zimbabwéen et le
leader de l'opposition et nouveau Premier ministre Morgan Tsvangirai ont signé
lundi dans l'hôtel Rainbow Towers d'Harare un accord historique de gouvernement
d'union. Sous les applaudissements, cette signature et une poignée de main ont
mis fin à cinq mois d'une grave crise politique, débutée lorsque le Mouvement
pour le changement démocratique (MDC) a renversé la majorité à
"Moi, le Premier ministre du
Zimbabwe appelle
Dans son discours, le président Mugabe s'est engagé à faire fonctionner ce gouvernement et a une nouvelle fois mis en garde contre toute interférence étrangère dans son pays. "Soyons alliés", a-t-il lancé à l'adresse du président du MDC, qu'il a longtemps traité par le mépris. "Maintenant, nous partageons la même destinée, le temps est venu de reconnaître que nous sommes liés." Il a remercié son homologue sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans ce dossier. Ce dernier a néanmoins souligné que le gouvernement d'union n'était pas finalisé lundi au moment de la cérémonie de signature, appelant les protagonistes à se mettre d'accord "le plus vite possible"
.
Un
gouvernement sous double contrôle
Le texte a également été signé par
Arthur Mutambara, leader d'une petite faction dissidente de l'opposition. Une
dizaine de dirigeants africains ont assisté à la cérémonie. Selon la presse
d'État, les deux dirigeants se sont mis d'accord samedi sur un gouvernement de
31 ministres, placés sous double contrôle. Chef de l'État, Robert Mugabe
dirigera le gouvernement, tandis que Morgan Tsvangirai prendra la tête d'un
conseil des ministres restreint qui participera à l'élaboration des politiques
et en surveillera la mise en oeuvre.
L'accord
devrait ouvrir la voie à une aide internationale massive, dont le pays, enfoncé
dans un marasme économique sans précédent, a un besoin urgent. Les capitales
occidentales ont commenté l'événement avec prudence. Ancienne puissance
coloniale,
L'opposition zimbabwéenne aura la majorité des
ministères
Par Cris Chinaka Reuters -
HARARE (Reuters), Vendredi 12
septembre 2008 -
Les différentes forces d'opposition au Zimbabwe disposeront d'un ministère de
plus que la Zanu-PF du président Robert Mugabe dans le futur gouvernement issu
de l'accord de partage du pouvoir, a déclaré vendredi un sénateur de
l'opposition.
Mugabe, au pouvoir depuis
l'indépendance en 1980, présidera ce gouvernement tandis que l'opposant Morgan
Tsvangirai présidera, lui, le conseil des ministres, a précisé le sénateur David
Coltart.
Dans un communiqué, il dit que 13
ministères seront attribués au Mouvement pour le changement démocratique (MDC)
de Tsvangirai, trois iront à la faction dissidente du MDC à laquelle il
appartient et 15 seront réservés à la Zanu-PF.
Selon lui, les pouvoirs du président
seront considérablement réduits au profit de ceux de Tsvangirai qui n'aura
cependant pas, a-t-il souligné, un pouvoir absolu.
David Coltart, chargé des affaires
juridiques de la faction du MDC conduite par Arthur Mutambara, a précisé que
l'accord permettra au gouvernement de lancer des réformes constitutionnelles,
processus qui devrait aboutir dans un an et demi à une nouvelle constitution et
à des élections.
Morgan Tsvangirai informera le
président de toutes les nominations, notamment celles des
juges.
Le sénateur Coltart a ajouté que
deux membres de la Zanu-PF occuperaient les postes largement protocolaires de
vice-présidents, que le parti de Mugabe aura en outre huit vice-ministres, le
MDC six et la faction de Mutambara un.
"Si les deux factions du MDC
travaillent ensemble, ce qu'ils doivent faire dans l'intérêt national, elles
auront la majorité au gouvernement", a-t-il dit.
A la suite de cet accord politique,
l'Union européenne, qui envisageait d'annoncer lundi prochain de nouvelles
sanctions contre la Zanu-PF, a décidé de réétudier la question, a fait savoir à
Bruxelles la présidence française de l'UE.
PLUSIEURS MOIS DE
CRISE
L'accord tant attendu entre Mugabe
et Tsvangirai est censé mettre fin à la crise post-électorale dans laquelle est
plongé le pays depuis plusieurs mois. Selon le président sud-africain Thabo
Mbeki, qui servait de médiateur, le gouvernement d'union nationale devrait être
présenté lundi prochain.
"Je ne pense pas que nous soyons
sortis de l'auberge", a cependant déclaré Martin Rupiyah, directeur du
département en recherches africaines à l'université de Cranfield. "Il y a de
nombreuses pièces (du puzzle) qui doivent encore trouver leur place. L'une
d'elles est la question du rôle de l'armée."
"Les infrastructures permettant une
violence au service de l'Etat restent en place", a-t-il
ajouté.
Pour John Makumbe, un analyste
politique critique vis-à-vis de Mugabe, l'accord ne sera couronné de succès que
si Morgan Tsvangirai se voit confier d'importants
pouvoirs.
"Tsvangirai a besoin de pouvoirs
exécutifs significatifs et il doit avoir les mains dans la machinerie de l'Etat,
notamment les services de sécurité", a-t-il dit.
La crise actuelle est née de
l'élection présidentielle. Tsvangirai, qui avait devancé Mugabe au premier tour
le 29 mars, s'était retiré du second tour organisé en juin en invoquant des
violences et des manoeuvres d'intimidation visant ses
partisans.
Seul en lice, Mugabe, a été proclamé
vainqueur du scrutin mais cette réélection contestée lui a valu les foudres des
chancelleries occidentales et de nouvelles sanctions
internationales.
Le pays espère que l'accord
politique permettra de redresser une économie en lambeaux. L'inflation dépasse
11 millions de pour cent au Zimbabwe, qui est en proie à de graves pénuries de
produits alimentaires et de carburant.
Cette situation a poussé des
millions d'habitants à chercher de quoi subsister dans les pays voisins, ce qui
a créé des tensions avec les populations locales.
Le ministère sud-africain des
Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à apporter "son
soutien sans équivoque au peuple du Zimbabwe qui se lance sur une nouvelle
voie".
Avec Jeremy Lovell à Londres et David
Brunnstrom à Bruxelles, version française Philippe Bas-Rabérin, Clément Dossin,
Henri-Pierre André et Guy Kerivel
Un accord de partage du pouvoir conclu au Zimbabwe,
dit Mbeki
Par Cris Chinaka et MacDonald
Dzirutwe
HARARE (Reuters), Vendredi 12
septembre 2008 - Le président zimbabwéen Robert Mugabe
et l'opposant Morgan Tsvangirai ont conclu un accord de partage du pouvoir qui
pourrait mettre fin à la crise post-électorale dans laquelle est plongé le
pays.
Le président sud-africain Thabo
Mbeki, qui joue un rôle de médiateur dans les pourparlers, a déclaré que la
Zanu-PF de Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de
Tsvangirai s'étaient mis d'accord sur toutes les questions litigieuses et qu'ils
présenteraient un gouvernement d'union nationale lundi.
Mbeki a ajouté que la cérémonie de
signature officielle se déroulerait en principe lundi à Harare en présence de
dirigeants régionaux.
"Je suis absolument certain que les
dirigeants du Zimbabwe sont décidés à appliquer ces accords (...)", a dit Mbeki,
tout en appelant la communauté internationale à "respecter le fait que le peuple
du Zimbabwe ait pris une décision au sujet de son pays".
Aucune précision n'a été apportée
sur les termes de l'accord et les concessions accordées par Mugabe à Tsvangirai.
Or, cette question centrale déterminera pour nombre d'analystes la viabilité de
l'accord.
"PAS ENCORE SORTIS DE
L'AUBERGE"
"Je ne pense pas que nous soyons
sortis de l'auberge", a déclaré Martin Rupiyah, directeur du département en
recherches africaines à l'université de Cranfield. "Il y a de nombreuses pièces
(du puzzle) qui doivent encore trouver leur place. L'une d'elles est la question
du rôle de l'armée."
"Les infrastructures permettant une
violence au service de l'Etat restent en place", a-t-il
ajouté.
Pour John Makumbe, un analyste
politique critique à l'égard de Mugabe, l'accord ne sera couronné de succès que
si Tsvangirai se voit confier d'importants pouvoirs.
"Tsvangirai a besoin de pouvoirs
exécutifs significatifs et il doit avoir les mains dans la machinerie de l'Etat,
notamment les services de sécurité", a-t-il dit.
La crise actuelle est née de
l'élection présidentielle. Tsvangirai, qui avait devancé Mugabe au premier tour
le 29 mars dernier, s'était retiré du second tour organisé en juin en invoquant
des violences et des manoeuvres d'intimidation visant ses
partisans.
Seul en lice, Mugabe, chef de l'Etat
depuis 1980, a été proclamé vainqueur du scrutin mais cette réélection contestée
lui a valu les foudres des chancelleries occidentales ainsi que de nouvelles
sanctions internationales.
Le pays espère que l'accord
politique permettra de redresser une économie en lambeaux. L'inflation dépasse
11 millions de pour cent au Zimbabwe, qui est en proie à de graves pénuries de
produits alimentaires et de carburant.
Cette situation a poussé des
millions d'habitants à chercher de quoi subsister dans les pays voisins, ce qui
a créé des tensions avec les populations locales.
Le ministère sud-africain des
Affaires étrangères a immédiatement appelé la communauté internationale à
apporter "son soutien sans équivoque au peuple du Zimbabwe qui se lance sur une
nouvelle voie".
Version française Philippe
Bas-Rabérin et Clément Dossin
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