XIIIe
(13e) Sommet de
- Discours à l'occasion du XIIIe
Sommet de
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Sommet de
DISCOURS DE M.
Nicolas SARKOZY, PRÉSIDENT DE
XIIIème Sommet de
Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,
Mes premiers mots
seront pour vous remercier, Madame
Le premier capital
que chaque être humain reçoit, c'est sa langue, la langue que lui enseignent ses
parents, la langue que lui enseignent ses professeurs. La langue française,
c'est notre trésor, un trésor commun. Mais la langue française n'est pas
simplement un outil de travail. Elle véhicule des valeurs, des valeurs qui lui
sont propres, les valeurs de l'humanisme, de la liberté, de l'égalité -- quelle
que soit la couleur de sa peau, quelles que soient ses origines --, de la
fraternité. La langue française est un instrument d'incarnation et elle est un
instrument de transmission des valeurs.
Dans un monde où
progresse le risque -- car c'est un risque -- du monolinguisme, au fond de
l'uniformité, je voudrais dire de l'aplatissement, se battre pour notre langue
et pour les valeurs qu'elle porte, c'est se battre pour la diversité culturelle.
Que serait notre monde s'il n'était fait que d'une seule langue, d'une seule
culture ? Que serait notre monde si la diversité n'y avait plus le droit de
cité.
La francophonie,
c'est donc une solidarité au service de cette diversité. En février, elle s'est
exprimée auprès du peuple d'Haïti, confronté à la pire catastrophe de son
histoire. Notre organisation a su se mobiliser. Je veux rendre hommage à son
action humanitaire, comme je veux saluer son engagement croissant dans le
règlement des crises politiques et l'observation des élections : hier en
Mauritanie, aujourd'hui en Guinée, demain je l'espère au Niger, en Côte d'Ivoire
-- oui, où il doit y avoir des élections comme partout ailleurs dans le monde
--, à Madagascar.
Depuis la première
réunion des pères fondateurs, à Niamey, il y a 40 ans, la francophonie n'a cessé
d'étendre le champ de son action. Aujourd'hui, avec 70 États membres ou
observateurs dans notre organisation, nous représentons plus du tiers des
membres des Nations Unies. Et parfois je me demande si nous sommes conscients de
la force que nous représentons. Si nous en sommes conscients, nous pourrons
exercer cette force.
Je veux remercier
notre ami le Président Abdou Diouf de conduire avec talent et avec sagesse les
destinées de notre organisation.
Mes chers amis, il y
a deux ans, lors du sommet si réussi de Québec, nos débats ont été dominés par
la crise financière. Je me souviens très bien qu'avec votre soutien, je m'étais
rendu directement de Québec à Camp David pour convaincre le Président Bush
d'accepter ce sommet. Un mois plus tard, le G20 tenait sa première réunion à
Washington. C'était un mois après le sommet de
Mais aujourd'hui,
que devons-nous faire du G20 ? Un calme relatif est restauré et une tentation,
mauvaise, existe de borner les ambitions du G20 à l'application des décisions
prises, complétées par quelques mesures utiles. Et je veux souligner devant vous
ce paradoxe, il était plus facile d'être audacieux lorsque le monde était au
bord du précipice, parce qu'on n'avait pas le choix. C'était avancer, c'était
changer, c'était réformer ou c'était mourir. Aujourd'hui, nous commettrions une
très grave erreur si nous pensions que les problèmes sont réglés et que les
mêmes causes ne risquent pas de produire les mêmes effets. Nous ne pouvons pas
nous arrêter sur la route du changement et de la réforme.
Madame
Mais quels sont ces
chantiers décisifs qu'il nous faut faire avancer dès l'année 2011 ?
Le premier, c'est
celui de la réforme du système monétaire international. Qui, aujourd'hui,
pourrait se lever pour me dire que l'instabilité des changes ne fait pas peser
une lourde menace sur la croissance mondiale ? Est-ce que l'on va continuer à se
faire des reproches, à s'envoyer des anathèmes, à dénoncer des attitudes
unilatérales alors que ne nous sommes pas capables de définir un système
multilatéral ? Nous nous en sortirons tous ensemble ou nous échouerons tous
ensemble.
A quoi sert de
parler de stabilité si l'instabilité des changes s'étale aux yeux du monde
entier chaque jour qui passe ?
Il y a un deuxième
chantier que
Qui ne se souvient
des « émeutes de la faim » à Haïti ou en Afrique quand les prix de certains
produits alimentaires ont brutalement explosé en 2008 ? Est-ce qu'on a déjà
oublié cela ? Combien faudra-t-il d'émeutes, de guerres, de drames pour que nous
comprenions que nous ne pouvons pas laisser faire cela ? On vient me dire : «
mais c'est la loi du marché ». Non justement, ce n'est pas la loi du marché,
c'est la loi de la spéculation, c'est la loi du refus de la transparence, c'est
la loi de l'intérêt de quelques uns sans que personne ne puisse dire où vont des
milliards de dollars qui sont soustraits aux États, aux producteurs et aux pays
? Cette situation ne peut pas durer parce qu'elle générera des guerres et des
affrontements.
A-t-on déjà oublié
les conséquences dramatiques pour l'économie mondiale des hausses brutales des
prix du pétrole et du gaz, suivies de baisses tout aussi rapides ? Avec un prix
du baril de Brent, qui en quelques mois, passe de 40$ à 140$. Et n'opposons pas
les pays consommateurs d'énergie et les pays producteurs d'énergie, ils ont en
vérité le même intérêt : des prix trop bas de l'énergie sont une catastrophe,
mais des prix trop élevés et c'est la mort pour tout le monde. Là encore, ayons
le courage de dire que le marché ne fonctionne pas, parce que les prix des
matières premières sont pris en otage par des mouvements spéculatifs que
personne ne maitrise. C'est à nous de prendre les voies et les moyens pour qu'au
minimum il y ait la transparence sur la formation des prix et sur l'arrivée des
bénéfices considérables qui sont réalisés.
Alors qui osera dire
que le sujet est trop difficile et qu'il vaut mieux ne rien faire ? Qui peut
penser que quand on n'évoque pas les sujets difficiles, il ne vous rattrapent
pas de la pire des façons ?
Le troisième
chantier que
Depuis lors,
Est-il normal qu'il
n'y ait aucun membre permanent du Conseil de Sécurité émanant de l'Afrique ? Un
milliard d'habitants, dans trente ans deux milliards d'habitants, qui n'ont pas
de représentation permanente. C'est un scandale.
Est-il normal qu'il
n'y ait pas de représentant permanent du continent sud-américain au Conseil de
sécurité ? Pas un seul ! Est-il normal qu'un pays comme l'Inde, qui sera bientôt
le pays le plus peuplé du monde, n'y soit pas ? Et même, est-il normal que des
pays soient absents alors qu'ils pèsent dans l'économie du monde -- je pense au
Japon, je pense à l'Allemagne --, parce que leurs dirigeants avaient fait le
mauvais choix au moment de
J'ai entendu, Madame
Je poserai également
un quatrième sujet qui est passionnant et qui concerne la francophonie au
premier plan, c'est celui des financements innovants. Il y a quelque chose
auquel je suis très attaché et qui à mes yeux compte plus que tout, c'est le
respect de la parole donnée. Quand on n'est pas d'accord, il faut dire non ;
quand on est d'accord il faut dire oui ; mais on ne peut pas dire oui et faire
non. Vous voulez savoir où je veux en venir ? Je m'explique.
A Copenhague, nous
avons apposé notre signature sur un document qui prévoit 100 milliards à partir
de 2020 pour l'Afrique et pour las pays les plus pauvres. Qui va oser dire à
l'Afrique que nous serons au rendez-vous de ces sommes colossales en faisant
simplement appel à nos budgets qui sont tous, sans exception, en déficit ? Si on
veut tenir notre parole -- et il faut la tenir -- à l'endroit de l'Afrique,
alors il faut poser la question des financements innovants. Peu importe que ces
financements innovants soient une taxe sur les transactions financières, une
taxe sur les containers de bateaux, une taxe sur les connections internet. Mais
qui ne voit que si nous ne donnons pas les moyens aux pays les plus pauvres de
construire les fondements de leur croissance, c'est nous, les pays les plus
riches, qui serons les premiers à payer la facture en ne maitrisant pas les
courants migratoires et en affrontant, avec le changement climatique, de
véritables guerres qui seront les guerres de la faim et les guerres de l'eau.
Nous n'avons pas le
choix. Nous ne pouvons pas, quelles que soient les conséquences de la crise,
réduire notre aide au développement. La question des financements innovants est
une question centrale. Je sais qu'elle divise entre nous mais enfin, mes chers
amis, si nous ne parlions que des sujets sur lesquels nous sommes spontanément
d'accord, on peut lever la séance tout de suite et profiter de Montreux ! Je
n'ai pas compris que les sommets ne devaient servir qu'à parler des sujets qui
n'intéressent personne. La question du développement est un sujet majeur,
absolument majeur.
Voilà, vous avez
compris que cela me tenait à cœur, du coup j'ai complètement perdu la suite de
mon papier ! Cela n'a aucune espèce d'importance.
Je voudrais terminer
en vous disant deux choses.
La première, c'est
que pèse sur nous, chefs d'État, chefs de gouvernement, ministres, dirigeants,
une responsabilité historique. Nous sommes face à un changement du monde
technologique. Nos sociétés civiles l'ont parfaitement compris, elles changent.
Est-ce que nous nous allons être les seuls à ne pas comprendre la nécessité de
changer ? Voilà la question qui se pose aujourd'hui. Est-ce que la classe
politique dans son ensemble, va être en retard ou va accompagner ces changements
pour les maitriser ? C'est cela qui est en cause et ce n'est pas en cause dans
deux ans, dans trois ans, c'est en cause tout de suite, maintenant. Il faudra
faire des compromis, il faudra se comprendre, mais sur la marche du changement,
nous ne pourrons pas faire l'économie de ces débats.
Enfin, sur ces
débats il faudra qu'on arrive à avoir une position commune entre nous, les pays
francophones et les pays attachés à la francophonie. Plutôt que d'avoir des
positions défensives et frileuses, nous devons avoir des positions courageuses
et offensives pour montrer le chemin, pour montrer la voie.
Voilà tout ce que je
souhaite pour notre sommet de Montreux.
Je vous remercie.
Discours
prononcé par d M. Abdou Diouf,
le Secrétaire général de
« Résolus à
renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie,
l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,
Déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et
l’équité, Conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs
responsabilités envers les générations futures, Sachant que seul est libre qui
use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du
plus faible de ses membres, » Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de
gouvernement, Ces engagements, ces ambitions, ces valeurs pourraient
intégralement figurer dans
Eh bien, ces
engagements, ces ambitions, ces valeurs, sont ceux que s’assignent le peuple et
les cantons suisses dans le Préambule de leur
Constitution.
Alors par-delà les
remerciements et les marques de profonde gratitude que je veux vous adresser,
Madame
Mesdames et Messieurs
les chefs d’État et de gouvernement, Le navire-monde tangue sous l’effet d’une
crise économique et financière dont les répercussions se feront sentir de longs
mois encore, sous l’effet d’une crise alimentaire, énergétique, environnementale
et de conflits persistants auxquels les plus vulnérables payent, encore et
toujours, le plus lourd tribut, sous l’effet, enfin, de menaces qui se jouent du
droit et des frontières.
C’est dans ce
contexte que nous nous sommes attachés à tenir le cap et à honorer, avec un
souci de rigueur et d’efficacité accrues, avec un souci constant de solidarité,
la feuille de route que vous nous aviez tracée lors du Sommet de Québec, mais
aussi à réagir dans l’urgence, comme ce fut le cas au lendemain de la tragédie
qui a frappé nos frères haïtiens.
Cela suffira-t-il à
garantir l’avenir de
C’est à vous,
Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement, qu’il reviendra de
répondre, ici, à cette question de confiance fondamentale.
A vous de nous dire,
quarante ans après la signature du traité de Niamey, dix ans après l’adoption de
A vous de nous dire
si le forum singulier que nous constituons, parce que représentatif de la
diversité géographique, économique, politique, religieuse, culturelle du monde
mais soudé par des valeurs et une langue, peut devenir plus encore que ce lieu
où, déjà, se transcendent les clivages et se dégagent des
consensus.
A vous de nous dire
s’il peut devenir le lieu où s’élaborent des prises de position que nous nous
engagerons à porter, unis, dans les instances de négociations et de décisions
internationales, Au service d’une gouvernance économique mondiale plus
équitable, qui ne saurait prendre acte, seulement, de l’interdépendance entre
les plus puissants, mais qui doit tirer les conséquences de notre
interdépendance intégrale, singulièrement en termes de solidarité, Au service
des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui ne se réaliseront pas sur
la base de promesses renouvelées, mais d’engagements tenus et de financements
innovants, Au service d’une démocratisation des relations internationales et
d’un multilatéralisme équilibré, qui ne pourra s’accommoder plus longtemps d’une
sous-représentation de l’Afrique dans les organes où se prennent les décisions
qui la concernent pourtant directement, qui ne pourra s’accommoder, non plus,
d’un glissement de pouvoir de l’ONU vers le G20 ou vers des coalitions
d’intérêt qui ne manqueront pas de se former, si plutôt que de mettre en
œuvre, sans délai, les réformes nécessaires, nous continuons à pointer les
carences et les dysfonctionnements.
Au service, enfin,
d’une diversité culturelle respectée et pacifiée, vouée à nourrir et à enrichir
l’universalité, plutôt qu’à la révoquer, sous peine de perdre la dimension de
fraternité, d’utopie qui nous oblige sans cesse à dépasser les affres de la
réalité. A vous de nous dire si la diffusion de ces engagements et de ces idéaux
peut se concevoir sans une langue française assumée par tous, forte et
compétitive au regard, notamment, des stratégies offensives adoptées, à
l’échelle mondiale, par d’autres grandes langues, repoussant par là même, et
c’est tant mieux, le spectre d’un monolinguisme
réducteur ?
Virgile
écrivait : « Ils peuvent parce qu’ils croient
pouvoir. »
Nous avons la
conviction, la passion, l’énergie, la force des valeurs et de la langue qui les
porte, mais nous pourrons d’autant plus, que vous, chefs d’État et de
gouvernement, croirez que nous pouvons.
Je vous
remercie.
XIIIe
Conférence
des Chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en
partage
Montreux (Suisse), 23-24 octobre 2010
Département fédéral
des affaires étrangères
Communiqué de presse
Clôture du XIIIe Sommet de
24.10.2010
Le XIIIe Sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement de
Réunies pendant deux
jours à Montreux sous la présidence de Mme Doris Leuthard, Présidente de
Le XIIIe Sommet salue
la création, sous l'impulsion de
Le XIIIe Sommet de
Montreux a réaffirmé la place, la visibilité et la valeur ajoutée de
Les thématiques du
Sommet ont été rendues accessibles au public au travers d'une douzaine de tables
rondes qui ont porté sur des sujets tels que la sécurité alimentaire, l'eau ou
encore le sida. Elles ont été complétées par une dimension conviviale au travers
du "Village de
Le XIIIe Sommet de
Actualité
africaine et internationale