Festivités des 50 ans d’indépendance du Bénin : entre réjouissances et scandale financier ICC Services (à la une)

 


 

A la Une : le cinquantenaire de l’indépendance du Bénin sur fond de scandale financier

 

RFI - Revue de presse Afrique

Lundi 02 août 2010

Par Frédéric Couteau

La fête du cinquantenaire célébrée ce dimanche 1er août 2010 a été en effet quelque peu ternie par ce scandale qui secoue le pouvoir à Cotonou depuis ces dernières semaines. C’est la fameuse affaire ICC Services, du nom de cette société de placement de fonds qui a ruiné plus de 200.000 épargnants béninois.

Dernier épisode en date : 50 députés, sur les 83 que compte le Parlement, demandent la mise en accusation du président Yayi Boni pour forfaiture et parjure. Ils reprochent au chef de l’Etat d’avoir favorisé les activités de ICC Services. Et c’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé… Car comme le rappelle le quotidien Le Pays au Burkina , « candidat indépendant, Yayi Boni, ancien banquier, (…) avait été élu en mars 2006 avec plus de 70% des votes, (…) avec un programme qui visait la restauration des valeurs républicaines, principalement la lutte contre la corruption qui gangrenait alors l’administration en place. » Résultat, quatre ans après, remarque le journal, le président béninois « aura dérangé bien du monde sur son parcours. Surtout dans sa croisade anti-corruption. En revanche, il n’est pas certain, note le journal, que dans l’aventure, le chef de l’Etat ait été particulièrement bien entouré. En témoignent ceux dont il a dû se défaire. » Allusion notamment au limogeage du ministre de l’Intérieur, il y a trois semaines. « En tout cas, poursuit Le Pays, l’ironie du sort a voulu qu’en fin de mandat, il doive lui-même batailler fort pour se sortir de scandales financiers. Aura-t-il la sérénité nécessaire pour sauver sa présidence s’il aspire vraiment à se succéder à lui-même ? », s’interroge le quotidien burkinabé.

Emporté par le scandale ?

Que va-t-il se passer maintenant ? C’est ce que se demande le site d’information Fasozine  : « toute la question est maintenant de savoir comment sera traitée la requête du "Groupe des 50" (députés), convaincu que le chef de l’Etat, "économiste et banquier de profession, a trahi son serment de défendre le peuple béninois et la nation". Yayi Boni sera-t-il mis en accusation et/ou emporté par le scandale ICC Services ? Le moins que l’on puisse dire, affirme Fasozine, c’est que, quel que soit l’épilogue de cette affaire, le bras de fer entre le chef de l’Etat béninois et les forces de l’opposition, entre dans une nouvelle dimension à la veille de la prochaine élection présidentielle. La sanction viendra-t-elle de la représentation nationale, de la Haute cour de justice ou des urnes? C’est un Yayi Boni ceinturé par ces trois feux qui doit à présent chercher une parade juste et honorable, après la fête du cinquantenaire, pour éviter une cuisante défaite personnelle et politique. En attendant, conclut Fasozine, les lendemains du cinquantenaire de l’indépendance promettent d’être bien chauds au Bénin, en ce mois pluvieux d’août… »

Sur place, au Bénin, les journaux sont partagés… Certains, comme Aube Nouvelle , accordent des circonstances atténuantes au président : « avec sa vision prospective, il a mis tout le pays en chantier et est toujours à la recherche de financements auprès des bailleurs de fonds pour les nombreux programmes ambitieux qu’il a pour le développement du Bénin. (…) Malheureusement, remarque le quotidien béninois, ces efforts sont annihilés par les actes de corruption et de mal gouvernance qui sont deux fléaux qui minent le développement économique du pays. »

« Populisme, scandales à gogo et dérives »

D’autres journaux, à l’instar de La Tribune pour qui « populisme, scandales à gogo et dérives » caractérisent les quatre années de présidence de Yayi Boni. Et 24 Heures de dénoncer « le contrôle des médias tant publics que privés, les prises répétées d’ordonnances par le Chef de l’Etat, le contrôle des institutions de la République, les nominations fantaisistes, politiques et régionalistes, le nombre très élevé de conseillers, de chargés de missions, d’institutions superfétatoires (…), les interdictions de marches des travailleurs ou centrales syndicales, ou encore l’octroi de microcrédits à visée électoraliste. Bref, la coupe est pleine, s’exclame le quotidien béninois. Même si l’on devait dire que le pouvoir du Changement (la dénomination de l’actuel pouvoir) a le mérite d’exister et d’avoir réalisé certaines choses, on doit à la vérité de dire, conclut 24 Heures, qu’il a échoué, qu’il a déçu et que le populisme, les scandales et les dérives en sont ses principales caractéristiques. »

 

 

 


 

 

Cinquantenaire sur fond de scandales financiers
"Le Pays",
Dimanche 1er août 2010

http://www.lepays.bf/spip.php?article2302

A Porto Novo, la capitale, on a fêté hier les cinquante ans de l’accession du Bénin à l’indépendance. Toutefois, cette commémoration a lieu dans un climat quelque peu morose du fait des scandales financiers qui étouffent le régime du président Yayi Boni. En effet, 50 députés sur les 83 que compte le parlement, ont adressé une requête au président du parlement en vue de mettre en accusation le chef de l’Etat pour "forfaiture et parjure" dans l’affaire des "Madoff béninois" dite ICC. Issus de l’opposition et d’une dissidence de la mouvance présidentielle, ces députés voudraient ainsi « inviter la représentation nationale et, à travers elle, la nation béninoise tout entière à un sursaut salutaire compte tenu de la déconfiture morale que vit notre pays". Dans leur correspondance, ils reprochent au président Yayi Boni d’avoir favorisé les activités de ICC Services.

Candidat indépendant, Boni Yayi, un ancien banquier, avait su rallier la plupart des ténors de la politique béninoise et bénéficier des consignes de vote de presque tous ses concurrents du premier tour. Il avait été élu en mars 2006 avec plus de 70% des votes contre son poursuivant immédiat Me Adrien Houngbédji. Son programme visait la restauration des valeurs républicaines, principalement la lutte contre la corruption qui gangrenait l’administration en place.

L’homme s’est toujours refusé à faire de la politique politicienne, arguant être venu pour « produire de la richesse », et refusant de constituer un « gouvernement de remerciement ». Il se serait contenté de demander aux partis politiques de lui proposer des cadres pour la formation du gouvernement. L’on se souvient qu’en début de mandat, le président Yayi Boni avait lui-même pris la tête d’une marche contre la corruption dans le pays. Des luttes intenses ont été menées dans ce sens. Des intérêts ont certainement été compromis. On le sait : une bonne partie de l’élite politique est très corrompue. Yayi a sans doute le tort de ne pas disposer de parti politique. Et contrairement à d’autres dirigeants de ce continent, il n’appartient pas à l’armée. Il ne peut donc tenir en respect des opposants qui savent user des règles du jeu démocratique pour le déséquilibrer. Il doit faire face à des professionnels de la politique qui veulent récupérer leur « chose ». Même si le Bénin fait de réels pas vers le progrès, ils n’attendent pas de lui un bilan. Jamais donc ils ne lui laisseront le temps de s’organiser, d’atteindre ses objectifs.

Décidement, la gestion du pays n’aura pas été aussi facile pour le banquier Yayi Boni qui ne provient pas du sérail politique habituel. Indépendant parvenu au pouvoir grâce à une coalition de partis, l’on peut deviner qu’il a cherché à appliquer un remède de cheval à une économie pratiquement en ruines. Par conséquent, il aura dérangé bien du monde sur son parcours. Surtout dans sa croisade anti-corruption. En revanche, il n’est pas certain que dans l’aventure, le chef de l’Etat ait été particulièrement bien entouré. En témoignent ceux dont il a dû se défaire.

Le 7 juillet dernier, le chef de l’Etat béninois avait lui-même limogé le ministre de l’Intérieur Armand Zinzindohoué et le Procureur général près la Cour d’appel de Cotonou dans le cadre des scandales évoqués. Il a ordonné une enquête et selon une source proche de la commission d’enquête, l’un des cousins du président a été arrêté dans la foulée et est détenu à la maison d’arrêt de Cotonou. On connaît assez la frugalité et l’arrogance de la meute de courtisans qui entourent habituellement les chefs d’Etat africains. Certains sont de véritables potentats qui parlent et agissent même au nom du prince. Et comme généralement celui-ci manque de fermeté à l’égard de ses proches, arrive toujours ce qui doit arriver. Le président Yayi a-t-il toujours été bien inspiré dans ses prises de décisions ?

En tout cas, l’ironie du sort a voulu qu’en fin de mandat, il doive lui-même batailler fort pour se sortir de scandales financiers. Aura-t-il la sérénité nécessaire pour sauver sa présidence s’il aspire vraiment à se succéder à lui-même ? Toujours est-il qu’il n’aura finalement jamais eu de répit depuis son avènement à la tête du Bénin. La volonté n’aura pas manqué ; mais l’homme a perdu bien des forces sur le parcours. Saura-t-il rattraper les choses et sauver sa présidence ? Dans sa recherche désespérée de le déstabiliser, l’opposition qui tient le président Yayi Boni moralement responsable des scandales, semble tenir le bon bout. Selon elle, il ne saurait continuer à diriger le pays. L’occasion est fort belle et la période bien favorable car la présidentielle se rapproche.

Considéré comme un modèle en matière de démocratisation et surtout d’alternance, le Bénin, à l’instar du Mali et du Ghana, également cités en exemple, doit donc faire face à une double crise : structurelle et conjoncturelle.

En tout cas, le Bénin, par ces derniers soubresauts, confirme bien qu’il est bien un véritable laboratoire de la démocratie sur le continent. Les difficultés actuelles sont la preuve d’une réelle vitalité démocratique. Et loin de nous inquiéter, l’effervescence qui habite la classe politique béninoise doit être considérée comme le signe d’un nouveau départ en Afrique.

Le nouveau cinquantenaire s’amorce ainsi sous le signe d’une responsabilité qui doit s’assumer tant chez les élus, les dirigeants que chez l’ensemble des citoyens. C’est en effet réconfortant de savoir que des parlementaires sont aujourd’hui prêts à prendre le risque de poursuivre le président et son entourage lorsque les valeurs républicaines sont en péril. Au seuil du troisième millénaire, l’Afrique ne pouvait avoir meilleur cadeau. Ce qui se passe aujourd’hui au Bénin doit faire réfléchir sur la marche de la démocratie en Afrique. En particulier sur les défis à relever par les candidatures indépendantes. D’où l’intérêt de beaucoup travailler à l’élévation de la prise de conscience au niveau du citoyen électeur, et d’injecter une dose d’éthique chez les élites politiques. Suffisamment pour mettre le continent à l’abri des surprises désagréables.

 

 


 

 

Bénin : une démocratie inébranlable malgré les « doses de venin » !

 

AfriSCOOP, lundi 2 août 2010  par Edem GADEGBEKU,

http://www.afriscoop.net/journal/spip.php?article2011

Cinquantenaire de l’indépendance au Bénin (photo : republicoftogo.com)

 

Le surnom de « Quartier latin » de l’Afrique occidentale collé au Bénin depuis le 20ème siècle (en référence au grand nombre de cadres qu’il a livrés à l’Aof, Afrique occidentale française) lui a-t-il porté chance sur le plan démocratique ? A l’heure du nécessaire bilan du cinquantenaire de l’indépendance de l’ancien Royaume du Dahomey (le 1er août), on peut l’affubler de tous les adjectifs « négatifs » dans divers domaines, sauf en matière de mise en place d’un « pouvoir du peuple par et pour le peuple ». Des mérites que doivent jalouser au Bénin bien de Républiques francophones au Sud du Sahara qui, tout comme la terre natale de Mathieu Kérékou, ont vu le jour dans les années 60…

 

Les visiteurs de la patrie de la célèbre chanteuse Angélique Kidjo sont généralement estomaqués par l’insolent exercice de la démocratie au Bénin. Lorsqu’on a visité d’autres capitales francophones d’Afrique sub-saharienne comme Lomé, Ouagadougou, Niamey, Abidjan, etc. avant de poser ses valises en terre béninoise, on est davantage surpris par la donne précitée. « Quel est bien le secret des descendants du roi Béhanzin ? », se questionnent certains Africains. Rares sont en effet les anciennes colonies de la France ou encore des Territoires placés sous sa tutelle dans lesquels les habitants ont la latitude de traiter de tous les noms d’oiseau leurs dirigeants, et à longueur de journées. Même le président de la République n’échappe pas à cet « engrenage » de la démocratie au Bénin. Les compatriotes de Paul Biya, Blaise Compaore, Faure Gnassingbé, Laurent Gbagbo, Idriss Déby Itno, Sassou Nguesso, Ali Ben Bongo, etc. remueraient ciel et terre avant de prendre le contre-pied de cette affirmation. C’est dire que le « Quartier latin » de l’ancienne Aof n’a pas été pour rien la première ancienne colonie de la France à inaugurer le cycle de l’organisation des célèbres « Conférences nationales » en Afrique. En l’espace de quelques jours, les Béninois avaient réussi en février 1990 à curer dans leur patrie les hétéroclites différends issus de précédentes et diverses formes de gouvernance imprimées à leur pays !! Une prouesse historique qui leur permettra de se doter en décembre 1990 d’une constitution répondant aux standards de la démocratie représentative reconnus aux quatre coins du globe. Et surtout un texte fondamental qui tient toujours la route ! Malgré la chirurgie politique qu’avait voulu lui faire subir au cours du premier trimestre 2006 le président Mathieu Kérékou qui était pourtant à la fin de son deuxième mandat constitutionnel. Sans compter les 18 années qu’il avait passées au sommet de son pays, avant ses deux baux constitutionnels de 1996 et de 2001.

 

La démocratie béninoise vient aussi de loin et doit mieux faire

Mathieu Kérékou est l’archétype du politique béninois capable du pire comme du meilleur !! C’est sous le manteau de colonel qu’il accéda au pouvoir en 1972 en renversant un triumvirat civil composé de Marcellin Apithy, Hubert Maga et Justin Tometin Ahomadegbé. C’est également sous l’ère Kérékou que le Bénin vivra « le marxisme-léninisme » fait de hauts et de bas dans son adaptation à l’africaine. L’ancien Dahomey prendra même le nom de « République populaire du Bénin » en 1975 et vivra l’époque du parti unique symbolisé par le Prpb (Parti de la révolution populaire du Bénin). Avant le passage de M. Kérékou à la tête de cet Etat qui s’étend sur 112.622 km², le Bénin a vécu sous la coupe d’une instabilité politique chronique marquée par une kyrielle de coups d’Etat et une succession de régimes différents les uns des autres ; d’Hubert Maga en 1960 au triumvirat cité dans les lignes antérieures. Les hommes en kaki auront écrit d’importantes pages de ce pan sombre de l’histoire politique du Bénin.

C’est dire que la mutation politique qu’a connue la terre natale de Mme A. Kidjo à la faveur de la première élection démocratique de 1991 qui y a été organisée et qui a vu la victoire historique de Nicéphore Soglo est un sacré pied de nez au passé sombre du pays des « Amazones » (troupes de guerrières qui ont servi sous le roi Agadja du royaume d’Abomey). Les Béninois ont compris depuis lors que la démocratie ne se donne et ne se décrète pas ; mais qu’elle s’arrache au prix de sacrifices, parfois hyper douloureux. Reste que « le pouvoir du peuple par et pour le peuple » ne remplit pas le ventre !! Il suffit de penser au récent « scandale d’Icc-Services » qui a appâté des milliers de Béninois et dans lequel 100 milliards de fcfa ont été « dilapidés » pour s’en convaincre. Cette même démocratie n’apaise pas la faim, mais ses multiples enfantements ont changé la face des infrastructures de base du « Quartier latin » de l’ex Aof. Le Bénin de 2001 sous Kérékou n’a rien de commune mesure avec celui de Boni Yayi depuis 2006, si nous restons dans la logique des exemples sus-cités. La consolidation de ces acquis démocratiques dans les urnes l’année prochaine à la faveur de la présidentielle ne souffre presque d’aucun doute. Cependant, il est tout simplement grand temps que le Bénin s’élève d’un point de vue économique au niveau du Ghana !

 

 


 

 

Bénin : cinquantenaire de l’indépendance sur fond de scandale financier

Par VOA | Washington, D.C. Lundi, 02 Août 2010

Le Bénin, premier Etat d'Afrique francophone à avoir entamé un changement pacifique du pouvoir au début des années 1990, est dirigé depuis mars 2006 par Thomas Boni Yayi. Mais celui-ci est éclaboussé par un vaste scandale financier qui vient d’éclater dans le pays. Une cinquantaine de députés sur les 83 que compte le parlement demandent que le président soit mis en accusation dans l’affaire des placements d’argent illégaux.

Le Bénin a célébré le cinquantenaire de son indépendance dimanche, par un grand défilé auquel ont pris part quelque 3500 personnes en présence d’une dizaine de chefs d’Etat africains dans la capitale Porto-Novo. Le Bénin, premier Etat d'Afrique francophone à avoir entamé un changement pacifique du pouvoir au début des années 1990, est dirigé depuis mars 2006 par Thomas Boni Yayi.

Mais celui-ci est éclaboussé par un vaste scandale financier qui vient d’éclater dans le pays. Une cinquantaine de députés sur les 83 que compte le parlement demandent que le président soit mis en accusation dans l’affaire des placements d’argent illégaux.

Pour Me Sadikou Alao, président du Groupe d’études et de recherches sur la démocratie et le développement économique et Social (GERDDES), le président  Boni Yayi est accusé de négligence. D’aucuns pensent que ses proches et de nombreux responsables gouvernementaux ont profité des placements frauduleux d’argent.

 

 


 

 

Cinquantenaire de l’indépendance du Bénin

Afrique Actu (http://afriqueactu.net/), 01. août, 2010

Des milliers de personnes et dix chefs d’Etat africains ont participé dimanche à Porto-Novo au défilé de commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Bénin, un pays de l’Afrique de l’Ouest, membre de la CEDEAO. Le Bénin a accédé à l’indépendance complète le 1er août 1960, sous la dénomination de République du Dahomey, avant de prendre son nom actuel en 1975. Les pouvoirs furent transmis au président Hubert Maga par le ministre d’État français Louis Jacquinot. La capitale officielle est Porto-Novo, Cotonou étant la capitale économique.

La république d’Afrique de l’Ouest célèbre à son tour le cinquantenaire de son accession à la souveraineté. Le Franco-béninois Lionel Zinsou, en revanche, a une vision de l’Afrique particulièrement optimiste. Le président du comité exécutif du Fonds d’investissement français PAI Partners et conseiller spécial du président béninois souligne entre autres l’émergence d’une élite africaine dans le monde, mais aussi sur place. Il est au micro de notre correspondante à Paris, Anne-Julie Martin.

Dix chefs d’Etat africains ont participé dimanche aux célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du Bénin. Etaient présents aux côtés de Yayi Boni dans la tribune d’honneur, les présidents Abdoulaye Wade du Sénégal), François Bozizé de la République centrafricaine, Amadou Toumani Touré du Mali, Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, Teodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Denis Sassou-Nguesso du Congo-Brazaville, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Idriss Deby Itno du Tchad et Goodluck Jonathan du Nigeria. Le grand absent est le président Paul Biya du Cameroun.

L’actuel président Yayi Boni, ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), et son prédécesseur Mathieu Kérékou, ont la particularité d’être des chrétiens évangéliques.

 

 


 

 

Bénin: défilé de 3.500 personnes pour les 50 ans de l'indépendance

PORTO-NOVO (Bénin), AFP, 01/08/2010 - Plus de 3.500 personnes et dix chefs d'Etat africains ont participé dimanche dans la capitale, Porto-Novo, à un immense défilé, point d'orgue des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance du Bénin, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le défilé, incluant militaires et civils, s'est ouvert sur une chorégraphie d'artistes chinois, mise en scène par de jeunes béninois. Il a fait l'éloge du passé glorieux des amazones et des rois guerriers du Dahomey, ancien Bénin, puis évoqué le Bénin du futur.

A la suite de cette chorégraphie, neuf pays africains ont ouvert le défilé militaire, avec la participation de la France et dans lequel le détachement militaire ghanéen a exécuté l'hymne des festivités.

Aux côtés du président béninois Boni Yayi, avaient pris place dans la tribune d'honneur sur une artère principale de Porto-Novo, les présidents François Bozizé (Centrafrique), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale) , Goodluck Jonathan (Nigeria), Idriss Deby Itno (Tchad), Amadou Toumani Touré (Mali), Abdoulaye Wade (Sénégal).

Parmi les autres personnalités figuraient notamment: le ministre français de l'intérieur Brice Hortefeux, ou les anciens présidents béninois Emile Zinsou (1968-1969), Mathieu Kérékou (1972-1991 et 1996-2006) et Nicéphore Soglo (1991-1996).

Le Bénin, premier Etat d'Afrique francophone à avoir entamé un changement pacifique du pouvoir au début des années 1990, est dirigé depuis mars 2006 par Thomas Boni Yayi.

Celui-ci a succédé au général Mathieu Kérékou, qui a dominé la vie politique du pays pendant 30 ans.

Petit pays d’Afrique de l’Ouest de 9 millions d’habitants, il a été gouverné, de 1960 à 2006, par 14 présidents dont deux qui ont exercé la fonction pendant 24 heures seulement.

 

 


 

 

Bénin : 50 ans d’indépendance… politique

http://www.rfi.fr/afrique/20100731-benin-50-ans-independance-politique

Par Didier Samson

 

Anniversaire des indépendances africaines - 

Article publié le : samedi 31 juillet 2010 - Dernière modification le : dimanche 01 août 2010

Un contingent féminin de l'armée béninoise défilant sur les Champs-Elysées, à Paris, le 14 juillet 2010.

Reuters/Gonzalo Fuentes

 

La République du Bénin fête en grande pompe, le 1er août à Porto Novo, la capitale, le cinquantième anniversaire de son accession à l’indépendance. Née Dahomey cette république s’est rebaptisée Bénin, précédé à un moment, du qualificatif populaire pour bien marquer sa période révolutionnaire en rupture avec son passé. Son histoire est un mélange de prestige et de désordre politique qui à l’arrivée ne distinguent pas ce pays, autrefois appelé quartier latin de l’Afrique, des autres Etats africains.

La fastueuse célébration du cinquantenaire de l’indépendance n’est pas à l’image de la réussite du pays. Constitué autour du royaume du Dahomey (Dan-Homè), ce petit pays n’a jamais pu se défaire de son passé esclavagiste qu’il traîne comme un boulet. Le nouvel ordre colonial français vécu par les citoyens de cet espace comme une échappatoire avait fourni aux bourreaux et aux victimes de bonnes raisons d’occulter le passé en succombant aux sirènes de l’inconnu. L’instruction y a trouvé son compte.

En effet, ce petit pays a fourni à l’administration coloniale la petite main serviable et de nombreux cadres dans tous les pays constituant l’ancienne Afrique occidentale française, AOF. Ils étaient enseignants, fonctionnaires, cadres médicaux… Et, la perspective de l’autonomie des territoires augurait d’un avenir brillant pour ce pays qui faisait de son armée d’intellectuels une force de décollage sans risque. Mais très vite, ce qui apparaissait comme une chance a été une force bruyante et dispersée ; comme dans une cour de récréation avec des enfants qui s’amusent à se faire peur. « Des intellectuels tarés », disait le général président Mathieu Kérékou qui n’était pas lui non plus exempt de tout reproche, lui qui avait installé un pouvoir autoritaire de 17 ans (1972-1989). Une dictature marxiste-léniniste qui a conduit le pays à la ruine.

La refondation

Les militaires qui avaient pris le pouvoir en 1972 voulaient en finir avec l’instabilité politique et les coups d’Etat dont le Dahomey s’était fait une spécialité. Toutes les combinaisons politiques de l’histoire de la République en France ont été testées en moins de douze années d’indépendance. Même si les officiers dahoméens avaient pris exemple sur son coup d’Etat, Napoléon Bonaparte se serait certainement étonné du montage, qui, à l’inverse de lui, instaurait un Directoire militaire en décembre 1969 au Dahomey.

Contrairement au Directoire en France (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799) où l’exécutif est exercé par un collège de 5 directeurs et où chaque année le Conseil des anciens désignait un chef, (présidence tournante), le directoire militaire dahoméen, lui, confiait ce fonctionnement aux anciens leaders politiques dans un Conseil présidentiel. L’échec de toutes ces expériences politiques a conduit le Dahomey sur la voie de la révolution, tout à rebrousse poils de l’expérience française.

Dès octobre 1972, le pays s’est engagé dans une refondation totale jusqu’au changement de nom, le Bénin, en 1975, seul héritage politique de cette période que les Forces vives de la nation, appelées à la rescousse en 1989, ont gardé. Le marxisme-léninisme, adopté en 1974, a été jeté aux orties, oublié très vite comme un mauvais rêve. C’est du Bénin qu’est parti le « vent du renouveau démocratique » en Afrique qui a progressivement mis fin aux régimes de parti unique. Les conférences nationales censées mettre fin aux dictatures y ont vu le jour. La petite expérience démocratique de ce pays qui a connu la cohabitation et l’alternance politique est souvent citée en exemple.

La politique sans l'économie

Aux montages politiques s’étaient adonnés les Béninois au détriment des vraies questions de développement. Producteurs d’huile de palme, par exemple, référencé au début des années 60 en Afrique, le Bénin est tombé dans les abîmes du classement mondial. A titre de comparaison, la Malaisie et l’Indonésie qui n’étaient que de modestes producteurs dans les années 60-70 occupent aujourd’hui les premières places reléguant les pays africains à des distances respectables : plus de 19 millions de tonnes pour l’Indonésie en 2008 contre quelque 910 000 tonnes pour le Nigéria, premier producteur africain. Cet exemple est à l’image de la réussite du secteur industriel.

Même si dans la plupart des pays africains on se réjouit de fêter 50 années d’indépendance, force est de constater qu’en matière de développement, le chantier est encore loin d’être entamé. Les voies de communications laissent encore à désirer. Au Bénin, l’unique chemin de fer censé se prolonger jusqu’au Niger enclavé, ne fonctionne quasiment plus. Il date de l’ère coloniale. Les délestages et autres coupures d’eau font partie du folklore local et en rajoutent aux approximations qui font le lit à la débrouillardise généralisée.

Heureusement que, face au « rien n’est fait » reste une lueur d’espoir pour le « tout est à faire ». Croire en l’avenir est encore ce que les politiques vendent de mieux.

 

 


 

 

Yayi Boni poursuivi par le scandale ICC

 

BBC Afrique

http://www.bbc.co.uk/french/news/story/2010/07/100731_benin_icc_yayi.shtml

 

© D.R. Le président béninois, Yayi Boni

 

Virgile Ahissou

 

L'actualité au Bénin reste dominée par cette affaire ICC du nom de cette structure illégale de placement d'argent qui a fonctionné pendant quatre ans en promettant à ses épargnants des taux d'intérêt à trois chiffres allant parfois jusqu'à 200%.

Une vaste escroquerie qui affecte plusieurs dizaines de milliers de personnes spoliées de près de 100 milliards de Fcfa. Le pot aux roses a été découvert avec l’incapacité de la société de rembourser les déposants.

Près de la moitié des 83 députés à l’assemblée nationale ont entamé une démarche auprès du président du parlement pour demander que le Président de la République Boni Yayi soit poursuivi pour forfaiture et parjure.

C’est à l’initiative de deux députés, Janvier Yahouédéhou et Sacca Fikara, qu’une demande de poursuite du président de la république Boni Yayi et chef du gouvernement devant la Haute cour de justice, circule dans les couloirs de l’Assemblée nationale depuis le 26 juillet dernier.

Le président coupable de laisser-faire

De source parlementaire, le projet aux allures d’une pétition a déjà enregistré les signatures d’au moins 42 députés soit plus de la moitié des 83 élus. Selon le document publié par plusieurs quotidiens vendredi et dont le contenu n’a été jusqu’ici réfuté par aucun des initiateurs, les signataires estiment que le chef de l’Etat a favorisé les activités de ICC-Services. Entre autres griefs, la protection des lieux de travail et des résidences des responsables de la société par des agents des forces de sécurité publique.

On évoque également le financement d’activités politiques de partis et organisations de la mouvance présidentielle par ICC-Services avec la fabrication de matériel de propagande à l’effigie de Boni Yayi. « En les laissant sévir ainsi, poursuit le document, le président de la république, économiste et banquier de profession, a trahi son serment de défendre le peuple béninois et la nation ».

Selon l’article 137 de la constitution du Bénin, « la décision de poursuite puis la mise en accusation du président de la république et des membres du gouvernement devant la Haute cour de justice est votée a la majorité des deux tiers des députés composant l’assemblée nationale ». Ce qui revient à dire que l’adhésion de 56 députés est nécessaire. Voila qui justifie peut-être la chasse aux signatures actuellement en cours à l’hémicycle de Porto-Novo. Et après avoir franchi cet obstacle de la majorité, les députés frondeurs pourraient être confrontés à une autre épreuve : celle de la promptitude ou non à convoquer une session extraordinaire du parlement par son président. Mathurin Nago est de ceux qui constituent aujourd’hui l’aile dure de la mouvance présidentielle.

Du culte à l'argent du culte

La société « ICC-Services » exerçait à sa création des activités liées aux soins de santé, à l’assistance en informatique et à la formation des jeunes diplômés. Aux dires de ses responsables, les activités de placement d’argent autrement dit d’épargne rémunérée étaient à l’origine destinées à l’église du Christianisme céleste à laquelle appartiennent les promoteurs. Le placement d’argent aurait été par la suite ouvert au grand public en violation de toute réglementation en la matière. Toujours est-il que la structure a fonctionné quatre ans durant avant que n’apparaissent les premières difficultés de payement des épargnants.

Les premières révélations dans ce scandale dévoilent des connections entre politique, religion et argent. L'affaire "ICC-Services" a déjà été à la base du limogeage de l'ancien ministre de l'Intérieur Armand Zinzindohoué, pourtant inconditionnel de Boni Yayi. Autre tête qui est tombée dans la tourmente, celle de Constant Georges Amoussou, procureur général près la cour d'appel de Cotonou relevé ses fonctions et actuellement en détention préventive. Les deux hauts fonctionnaires auraient eu des "atomes crochus" avec les cerveaux de l'escroquerie.

Des responsables syndicaux pointent un doigt accusateur vers le gouvernement qui selon eux aurait consciemment ou inconsciemment rendu ICC-Services crédible.

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