La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton
achève sa tournée africaine par le Cap-Vert, où 7 (sept) pays ont été visités en
dix jours
Hillary Clinton a achevé sa tournée en Afrique au Cap-Vert
La secrétaire d'Etat américaine
Hillary Clinton et le Premier ministre du Cap-Vert Jose Maria Neves, le 14 août
2009 à Sal. – AFP
PRAIA, AFP - 15 août 2009 -
La secrétaire d'Etat
américaine Hillary Clinton a achevé vendredi au Cap-Vert une tournée dans sept
pays d'Afrique où elle a porté un même message: les Africains se doivent d'abord
d'assumer leurs problèmes.
"Je quitte l'Afrique encore plus
stimulée par ce qui nous attend. L'administration Obama, tant dans le discours
de la présidence qu'au cours de ma visite, a délivré un message d'amour qui
exclut la permissivité" a assuré Mme Clinton, vendredi à Sal, l'une des îles de
l'archipel Cap-Vert.
"Nous n'édulcorons pas les
problèmes, nous ne reculons pas devant eux, notre préoccupation est d'aider à
canaliser les espoirs et aspirations des populations de l'Afrique, dans une voie
qui change la direction de leurs pays" a-t-elle insisté, à côté du Premier
ministre cap-verdien Jose Maria Neves.
Au cours de son voyage de onze jours
- le plus long depuis sa prise de fonction, en janvier, comme chef de la
diplomatie américaine - Mme Clinton s'est arrêtée dans une clinique rurale de
lutte contre le sida en Afrique du Sud ou dans l'est de
A chaque étape, Mme Clinton a
suggéré que les Africains prennent le destin de leur continent en mains et que
les Etats-Unis, même s'ils étaient prêts à travailler avec eux, ne disposaient
d'aucune "baguette magique" contre leurs problèmes
endémiques.
Elle relayait ainsi le message
diffusé le mois dernier au Ghana par le président Barack Obama, premier chef
d'Etat afro-américain.
Pour Tom Wheeler, chercheur à
l'Institut sud-africain des Affaires internationales, la nouvelle administration
américaine a imprimé "un changement de style et de substance" à ses relations
avec l'Afrique.
"Les Africains attendaient toujours
des pays à l'extérieur du continent qu'ils puissent résoudre leurs problèmes,
tout en supportant mal cela - la dépendance à l'aide", a-t-il
relevé.
Six ans après la fin de leur guerre
civile, Mme Clinton a appelé les parlementaires libériens à l'unité. Auparavant,
au Nigeria, elle avait averti le gouvernement que la corruption menaçait sa
légitimité.
L'émissaire américaine n'a pas
rencontré de franche hostilité de la part des populations durant sa tournée et a
même été chaleureusement saluée, au Liberia, par des centaines de femmes
l'appelant "notre dame de fer".
Mais le Premier ministre kényan
Raila Odinga s'est irrité de la tendance américaine à "donner des leçons". Et en
RDC, des étudiants ont évoqué devant elle le passé d'exploitation de l'Afrique
par les Occidentaux.
La secrétaire d'Etat s'était armée
d'exemples qu'elle a utilisés tout au long de son voyage, présentant notamment
l'Inde comme la preuve que la démocratie "marche" dans des pays en voie de
développement.
A la différence de beaucoup de
visiteurs occidentaux, elle est venue sans promesses de financement majeures,
bien qu'elle ait annoncé une hausse des fonds pour la lutte contre le sida en
Angola ou contre les viols en RDC.
Selon des sources officielles,
l'administration Obama prévoit un plan de 20 milliards de dollars du groupe des
huit nations les plus riches pour dynamiser l'agriculture en Afrique et faire en
sorte que les Africains eux-mêmes s'attaquent à la
malnutrition.
"Je crois que ces messages durs,
s'ils sont suivis de politiques cohérentes, récolteront des applaudissements
dans la majeure partie de l'Afrique", a estimé Stéphane Morrison, un spécialiste
de l'Afrique au Centre d'études stratégiques et internationales de
Washington.
Image de
une: Hillary Clinton à Goma Reuters
Pékin se rassure avec sa puissance
financière et son passé de pays colonisé.
Richard Arzt [1]
samedi, 15 août 2009
Pékin observe de près le nouvel
intérêt des Etats-Unis pour l'Afrique. Jusqu'ici, Barak Obama est allé une
journée en juillet au Ghana et Hillary Clinton vient d'être reçue dans
sept pays [2] du continent noir. En comparaison, le président Hu
Jintao a effectué en quatre ans six voyages africains, tous classés par les
médias chinois dans la «glorieuse tradition des relations entre
Cette tradition est récente. Elle
provient de l'appétit de
Les experts chinois tablent sur la
solidité des relations sino-africaines. Liu Naiya, chercheur à l'Académie des
Sciences sociales de Pékin explique dans le «Guoji xianqu daobao» du 12
août: «le partenariat Chine-Afrique est fondé sur la base de l'égalité, des
avantages mutuels, de la confiance réciproque ainsi que de l'amitié profonde».
Avec sa part de langue de bois, cette analyse sous-entend que
Jusqu'ici, les Chinois rencontraient
surtout l'influence française en Afrique de l'Ouest. Leurs diplomates et
ingénieurs francophones y ont été prioritairement envoyés. Via Internet ou le
satellite,
Pékin ne se reconnait pas non plus
dans l'approche des questions africaines par Barak Obama et Hillary Clinton.
Aucun dirigeant chinois n'a jamais déclaré comme le Président américain que «la
seule ouverture des marchés ne suffit pas: pour attirer des investissements, il
faut des lois qui sont appliquées, la transparence, la responsabilité». Les
appels à combattre la corruption, lancés par la secrétaire d'état pendant son
voyage ou sa dénonciation des violences faites aux femmes dans la guerre du Nord
Kiwu ne figurent pas non plus dans les discours officiels
chinois.
Mais au Ministère chinois des
Affaires étrangères, on doute de l'influence des déclarations américaines en
faveur d'une meilleure gouvernance: «d'accord, Barak Obama est à demi
noir et Hillary Clinton a répété qu'il se considère comme un fils de
l'Afrique» confie un diplomate chinois «mais les dirigeants africains nous
disent qu'il est avant tout Américain». Or, l'Amérique est-elle en mesure
d'aider l'Afrique y compris économiquement? Le 13 août, le correspondant à
Washington de l'agence Chine-Nouvelle a interrogé des analystes américains
réputés: «les Etats-Unis ont des priorités beaucoup plus importantes dans
d'autres régions du monde» dit l'un, «la promesse de doubler l'aide à l'Afrique
pourrait s'avérer difficile à réaliser du fait d'un budget public
limité» dit un autre.
Le 11 août, alors qu'Hillary Clinton
est en plein périple africain, le Président de l'Assemblée nationale de Namibie
se trouve en visite à Pékin. Le Premier ministre Wen Jiabao le reçoit et promet
que «
En attendant de mesurer l'impact de
la nouvelle diplomatie africaine de Washington, les Chinois estiment avoir
l'avantage du pragmatisme. Ils minimisent les incidents que leur présence
provoque parfois comme le 5 août à Alger où des habitants d'un quartier
populaire s'en sont pris violemment à des commerçants chinois. Il se peut
pourtant qu'être bien vu des populations africaines soit l'enjeu des rivalités à
venir entre Américains, Chinois ... et Français.
Richard Arzt
A lire également: Les limites de la
Chinafrique [3]
URL source: http://www.slate.fr/story/9239/la-chine-irritee-par-linteret-grandissant-des-etats-unis-pour-lafrique
Liens:
[1]
http://www.slate.fr/source/richard-arzt
[2]
http://www.lexpress.fr/actualites/2/clinton-use-de-sa-celebrite-et-de-celle-d-obama-en-afrique_780426.html
[3]
http://www.slate.fr/story/les-limites-de-la-chinafrique