Conjoncture économique et crise politique au Niger : vers des élections législatives anticipées le 20 août et l’élection présidentielle le 14 novembre 2009


Crispations politiques mais nette embellie économique au Niger

Jacques LHUILLERY – LAGOS, AFP, 23 juin 2009

Englué dans une crise politique sérieuse avec un président qui visiblement ne veut pas partir après dix ans de pouvoir, le Niger s'est en revanche redressé économiquement en 2008 avec une croissance de 9,5% du PIB.

"C'est la progression la plus importante d'Afrique. Malgré les crises alimentaire et énergétique et le climat mondial, nous avons atteint ce résultat grâce à des recettes exceptionnelles, notamment une campagne agricole excédentaire de plus de 25%", se félicite le ministre des finances Lamine Zène dans un entretien avec l'AFP.

"Ce dernier point est essentiel quand on sait que 40% du PIB est fourni par le secteur agro-pastoral", souligne-t-il.

En janvier dernier, le Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations unies a annoncé une enveloppe de 16 millions de dollars, moitié dons moitié prêts, pour aider les communautés rurales du Niger et lutter contre la pauvreté.

Fin 2008, le ministère du Développement agricole avait notamment annoncé une production céréalière de plus de 4,6 millions de tonnes, un bond de 37% par rapport à 2007.

Lamine Zène, qui est revenu des réunions de printemps du FMI et de la Banque Mondiale avec en poche une convention d'appui budgétaire de 40 millions USD de la BM, attribue également cette croissance "à une bonne tenue des comptes publics": la direction générale des impôts a bouclé l'année avec un résultat de 113%, celle des Douanes à 107%".

Pour 2009, il ne pense toutefois pas rééditer l'"exploit" de 2008 et se veut très prudent: "à cause de la crise mondiale, nous avons revu à la baisse nos objectifs et tablons sur une croissance entre 3,5 et 4%". "Ce serait déjà pas mal", ajoute-t-il.

Lundi, la Banque mondiale (BM) a tablé sur un taux de 1% en 2009 et 3,7% en 2010 pour les pays en développement d'Afrique subsaharienne.

Lamine Zène souligne que la dette du Niger, extérieure et intérieure, a fondu ces dernières années. "Le service de la dette est assez supportable. Nous n'avons pas été pris en défaut de non paiement".

De 1.260 milliards de FCFA (1,9 milliards d'euros) avant 2000, la dette extérieure est estimée actuellement entre 300 et 350 milliards de FCFA (457 à 534 millions d'euros).

70% de cette dette est multilatérale dont les deux tiers sont détenus par la Banque Mondiale. En 2006, cette dernière a accepté de réduire sa créance de 67% dans le cadre du programme d'appui PPTE (pays pauvres très endettés).

15% détenus par cinq créanciers du Club de Paris (France - à elle seule 90%-, Etats-Unis, Espagne, Japon, Royaume-Uni) ont été effacés en 2004.

Pour les 15 % restants, aux mains de la Libye, l'Algérie ainsi que des fonds koweitien et saoudien, "un mécanisme d'allègement" a été mis en place.

"Le pays peut respirer mais pas pour autant se reposer", dit-il.

"Il faut un effort de formation pour accroître nos capacités de gestion des ressources. Nous venons ainsi d'obtenir un don de 10 millions de dollars de la Banque mondiale", poursuit Lamine Zène, qui insiste aussi sur l'importance de renforcer l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).

Une disposition essentielle pour le Niger, 3ème producteur mondial d'uranium et peut-être bientôt petit producteur de pétrole.

Le Niger vient de lancer dans le nord la mise en chantier par le numéro un mondial du nucléaire civil Areva, d'une mine géante d'uranium à Imouraren qui en 2012 fera doubler sa production, tandis que dans l'est, une compagnie chinoise va exploiter un gisement d'or noir estimé à 324 millions de barils.

"Dans les trois prochaines années, l'argent va rentrer dans les caisses. Le pays a un bel avenir", se félicite le ministre.


PROJET DE REFERENDUM AU NIGER : Tandja est-il enfin revenu à la raison ?

lundi 22 juin 2009.

Le doute n’est plus permis. Les législatives anticipées sont les seules consultations auxquelles les Nigériens seront appelés le 20 août prochain pour élire de nouveaux députés. Et ce, après la dissolution, le 26 mai dernier, de l’Assemblée nationale par le président nigérien Mamadou Tandja. Par décret signé le 20 juin, ce dernier a, en effet, fixé la date du 20 août pour les législatives anticipées.

Au terme du même décret, l’ouverture de la campagne a été fixée au 29 juillet et sa clôture, le 18 août. Exit donc le référendum pour doter le Niger d’une nouvelle Constitution et auquel le président Tandja avait d’une part fixé la date au 4 août et d’autre part mis en place un comité de rédaction. Il doit maintenant, en principe, faire le deuil de ce projet fortement rejeté par la classe politique et la société civile nigérienne ainsi que les institutions, notamment la Cour constitutionnelle. Il faut dire que tout s’est joué en défaveur du chef de l’Etat sortant le 19 juin, jour où le ciel lui est tombé dessus. Tout ce qu’il prévoyait s’est effondré ce jour-là comme un château de cartes.

Tout a commencé par la réunion du Conseil de la république, une instance créée en 1999 et qui se réunit "lorsque le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat sont gravement menacés". Alors que le chef de l’Etat attendait du Premier ministre, du chef de file de l’opposition et des présidents des principales institutions qui composent ce conseil, qu’ils lui permettent de légiférer par ordonnance pour prolonger le mandat des élus locaux qui expire le 30 juin, les membres dudit conseil lui ont tout simplement dit qu’ils sont incompétents sur ce sujet. Même réponse également concernant la ratification des accords de financement avec les bailleurs de fonds pour laquelle le chef de l’Etat demandait l’accord des membres du conseil.

Comme si tout cela ne suffisait pas, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) faisait savoir le même jour qu’elle se préparait pour l’organisation des législatives anticipées pour lesquelles elle a proposé la date du 20 août conformément au délai constitutionnel et n’attendait que la confirmation du gouvernement. Celle-ci ne tardera pas car dès le lendemain 20 juin, Mamadou Tandja signait le décret appelant le corps électoral auxdites élections. La messe est donc dite et logiquement Mamadou Tandja devrait tirer sa révérence à la fin de cette année. Par la même occasion, il dira adieu à ses chantiers qu’il voulait achever, au bonus qu’il demandait en attendant sans doute de rebelotter autant de fois qu’il voudra avec la bénédiction de la Constitution qu’il se serait taillée sur mesure.

En signant sans tarder le décret relatif aux législatives, on peut dire que Tandja est revenu à la raison. En effet, on s’attendait à ce qu’il s’obstine comme il l’a fait jusque-là malgré un premier avis défavorable de la Cour constitutionnelle et l’opposition de bon nombre de Nigériens. La "Tandjaïsation" du pouvoir n’aura donc pas lieu. En d’autres termes, l’astuce consistant à remplacer la Constitution par une autre ne passera pas. Du même coup, il n’y aura pas de précédent dont d’autres chefs d’Etat africains pourraient s’inspirer. Toutefois, la prudence doit toujours être de mise. Le chef de l’Etat a-t-il réellement et définitivement renoncé à son projet ? La question reste posée. L’intéressé aurait rassuré mieux s’il s’était adressé à la nation en des termes clairs, du genre : "Nigériens, je vous ai compris".

Ce qui aurait été synonyme d’abandon de son projet tant décrié. Mais peut-être que nous allons vite en besogne et que cela ne saurait tarder. D’ailleurs, ce serait à l’honneur du chef de l’Etat qui donnerait ainsi l’image d’un homme d’Etat qui sait se ressaisir quand il se rend compte qu’il s’est trompé. Les chefs d’Etat des pays voisins francophones du Niger, à l’exception du Mali, devraient s’inspirer de l’exemple positif imposé par la société civile et les institutions nigériennes. Ils doivent chacun, suivez mon regard, se le tenir pour dit : la démocratie n’est pas une vulgaire denrée marchandable. Et gare à celui qui n’a pas la force morale et civique de le comprendre !

Par Séni DABO - Le Pays (lefaso.net)  


 

Tandja renonce à son projet de référendum

 

Le Président du Niger, Mamadou Tandja, renonce à son projet de référendum. Samedi, note Radio France internationale (Rfi), il a signé un décret pour des élections législatives anticipées le 20 août prochain.

Ce vote interviendra après la dissolution, le 26 mai, de l’Assemblée nationale par Mamadou Tandja. La campagne pour ce scrutin s’ouvrira le 29 juillet pour se refermer le 18 août.

Devant l’hostilité des institutions du Niger, Tandja, selon Rfi, a finalement capitulé pour ce projet de référendum. Qui devait proroger son mandat de trois ans.

Depuis l’annonce de ce changement constitutionnel, de nombreuses pressions se sont faits sur lui tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ainsi, rappelle Rfi, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avait refusé d’organiser le référendum. Vendredi dernier, c’était au tour du Conseil de la République, convoqué par le Président Mamadou Tandja de dire non au Chef de l’Etat de lui accorder le droit de légiférer par ordonnance, selon son souhait. Autres oppositions venues de l’extérieur, celles du voisin, le Nigeria, et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui a, à l’ordre du jour de son sommet d’aujourd’hui à Abuja, la crise institutionnelle au Niger.

A Niamey, dans la capitale nigérienne, on attendait une déclaration officielle, un message à la Nation, indique Rfi. Finalement, un décret signé du Président Tandja a pris acte du calendrier des législatives.

 

Ernest Aka Simon - lundi 22 juin 2009 - Par Fraternité Matin

 

 


Les institutions bloquent le projet du président

RFI 20 juin 2009

 

Les institutions font de la résistance face au projet du président Mamadou Tandja qui est déterminé à organiser un référendum qui pourrait lui permettre notamment de prolonger son mandat. La Commission électorale indépendante (Ceni) n'a pas retenu l'idée de ce référendum. Des élections législatives anticipées auront bien lieu le 20 août prochain a annoncé la Ceni. Une décision qui découle de la dissolution de l'Assemblée nationale par le chef de l'Etat, fin mai.

Quand les institutions de la République sont bloquées, il reste toujours le peuple. Ce peuple c'est le dernier recours du président Mamadou Tandja. Un peuple souverain que le numéro 1 Nigérien veut prendre à témoin après avoir ressuscité le Conseil de la République qu'il a convoqué vendredi, dix ans après sa création.

Mais pendant les trois heures d'entretien au palais présidentiel, il n'a pas été question de l'organisation des législatives anticipées ou du référendum constitutionnel. Mamadou Tandja n'avait inscrit à l'ordre du jour que deux dossiers : 1- La possibilité pour lui de légiférer par ordonnance pour prolonger le mandat des élus locaux qui expire le 30 juin prochain. 2- Le droit de ratifier lui-même les accords de financements entre le Niger et les bailleurs de fonds. 

La réponse du Conseil de la République a été sans ambigüité. L'institution se déclare incompétente sur ces questions qui relèvent de la représentation nationale. Le problème c'est que l'Assemblée nationale n'existe plus puisqu'elle a été dissoute par le même Mamadou Tandja.

Face à cette situation de blocage, le président Tandja n'a désormais plus d'autre choix que de prendre le peuple nigérien à témoin. Un peuple à qui il va devoir expliquer comment cette Constitution, dont il s'est accommodé pendant dix ans, l'empêche subitement aujourd'hui de travailler.

 


 

Mamadou Tandja : un piège sans fin !

Jean-Baptiste Placca – RFI - samedi 20 juin 2009

 

A force d’avoir systématiquement raison contre la Constitution, les institutions, les organisations sous-régionales, ses adversaires politiques, ses propres alliés, les syndicats et la société civile, le président Mamadou Tandja se retrouve aujourd’hui dans une impasse, dont on se demande comment il va bien pouvoir se sortir, sans perdre la face.

Ce vendredi 19 juin, le chef de l’Etat nigérien a réuni, à Niamey, le Conseil de la République, un organe d’ultime recours, lorsque le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat sont gravement menacés. Il a demandé à ses membres de lui octroyer des prérogatives que seul le Parlement est habilité à lui conférer. Il se trouve que le Parlement en question a été dissout par Mamadou Tandja lui-même il y a à peine un mois, pour des raisons qui n’ont toujours pas été fournies au peuple nigérien.

Le président croyait pouvoir ignorer superbement toutes les résistances à son projet de référendum, convoqué pour légitimer une prolongation indue de son dernier mandat. Un simple arrêt de la Cour constitutionnelle a suffi pour stopper ce qui était devenu une fuite en avant.

Il est peut-être trop tôt pour le dire, mais cette Cour constitutionnelle a probablement sauvé la démocratie au Niger. Ses membres méritent donc un profond respect de la part de tous ceux qui, au Niger comme ailleurs en Afrique, rêvent de voir la démocratie s’enraciner sur ce continent. Les attaques dont ils sont l’objet ne sont donc que plus insupportables, et le Conseil de l’ordre des avocats nigériens a bien raison de les dénoncer.

Dans cette Afrique francophone dont nombre de hautes juridictions s’illustrent plus souvent par leur aptitude à anticiper les désirs anticonstitutionnels du prince que par une détermination à défendre la loi fondamentale, les juges nigériens devraient même être soutenus, pour ne pas être tentés de céder aux menaces, à l’intimidation ou à pire.

C’est ici le lieu de rappeler que dans les critères d’évaluation de la fiabilité d’un Etat la crédibilité de sa justice tient une place d’importance. Les investisseurs ne risqueront pas leurs capitaux dans votre pays si la justice y produit des décisions sur commande, au mépris du droit.

Sur cette base et jusqu’à nouvel ordre, on peut donc penser que le Niger possède, avec une telle justice, un atout non négligeable pour réussir, demain, son développement. Et dans le cauchemar que vivent les Nigériens du fait de la confusion politique actuelle, aggravée par le silence troublant de Mamadou Tandja, c’est là un atout bien réconfortant, en attendant mieux !

 


 

Niger: législatives le 20 août, pas de référendum

 

NIAMEY (AFP), AFP - ‎19 juin 2009‎ - Des élections législatives anticipées auront lieu le 20 août, a appris vendredi l'AFP auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui n'a ainsi pas retenu l'idée du président Mamadou Tandja d'un référendum constitutionnel.

"La Ceni a classé le référendum sans suite le lendemain de l'arrêt de la Cour constitutionnelle annulant le décret (présidentiel, ndlr) qui le convoquait pour le 4 août", a expliqué à l'AFP un membre de la Commission sous couvert d'anonymat.

La Ceni, qui est chargée d'organiser et de superviser le scrutin législatif, a pris sa décision à l'unanimité le 13 juin, a-t-on ajouté. La veille, la Cour avait annulé le décret de M. Tandja prévoyant un référendum pour faire adopter une nouvelle constitution qui lui aurait permis de briguer un troisième mandat en décembre prochain.

"L'arrêt de la Cour est clair: il lie tous les pouvoirs publics et militaires. La Ceni a donc décidé d'aller directement au scrutin législatif anticipé", a déclaré le président de la Ceni, Moumouni Hamidou, sur Radio France internationale (RFI).

M. Hamidou a précisé que la Ceni attend désormais que le gouvernement prenne dès samedi un décret pour convoquer le corps électoral en vue des législatives.

Le 26 mai, M. Tandja avait dissous le parlement, au lendemain d'un premier avis défavorable de la Cour constitutionnelle sur un tel référendum.

Selon la Constitution, le Parlement doit être renouvelé dans les 45 jours au moins et 90 jours au plus tard après sa dissolution.

Dans un communiqué diffusé jeudi soir à la télévision publique, la Ceni invite tous les partis politiques et les candidats indépendants aux législatives à lui faire parvenir "au plus tard le 25 juin", la liste des circonscriptions où ils présenteront des candidats ainsi que leur logo qui figurera sur les bulletins.

Le président Tandja, 71 ans, doit selon la Constitution actuelle se retirer du pouvoir au terme de son deuxième quinquennat successif qui expire le 22 décembre, comme le prévoit la Constitution.

L'élection présidentielle est prévue le 14 novembre.

 

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