Le président
malgache Marc Ravalomanan, cède le pouvoir (dépêches
d’agences)
L'Union africaine "constate la
démission" de Ravalomanana, Ban Ki-moon préoccupé
ADDIS ABEBA, Angola Press, 18/03/09
09:51 - L'Union africaine (UA) a "constaté la démission" mardi du président
malgache "sous la pression", indique un communiqué du Conseil de paix et de
sécurité de l'organisation continentale.
"Le Conseil constate la démission
par décret aujourd'hui du président Marc Ravalomanana, sous la pression de
l'opposition civile et de l'armée", indique le texte diffusé après une réunion
de cet organe de l'UA mardi à Addis Abeba.
Le CPS demande également que "les
parties malgaches respectent scrupuleusement les clauses de
Juste après la réunion, au cours
d'une conférence de presse, le président du CPS, l'ambassadeur burkinabè Bruno
Nongoma Zidouemba, avait annoncé que cet organe avait "lancé un appel pour que
l'ordre et la loi règnent à Madagascar (...) et que la sécurité du président
Ravalomanana, de sa famille et de ses proches soient
assurés".
Le communiqué précise encore que
toutes les mesures doivent être prises "pour le respect des libertés collectives
et individuelles et que soient prévenus tous actes de violence ou
d'intimidation".
De son côté, le secrétaire général
de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit mardi "gravement préoccupé" par les troubles en
cours à Madagascar et a aussi pris acte de la démission du président
Ravalomanana.
"Le secrétaire général est gravement
préoccupé par les développements en cours à Madagascar. Il prend note de la
démission du président Ravalomanana", a indiqué un porte-parole dans un
communiqué.
M. Ban "appelle toutes les parties
concernées à agir de manière responsable pour la stabilité et une transition
sans heurt par la voie démocratique", selon le
texte.
Rajoelina se déclare "président" de
transition
ANTANANARIVO,
Angola Press, 18/03/09 09:48 - L'opposant Andry Rajoelina s'est déclaré
"président" de transition à Madagascar et a reçu mardi soir "les pleins
pouvoirs" de l'armée, à qui le président Marc Ravalomanana, contraint de
démissionner, avait confié quelques heures plus tôt la direction des
affaires.
"(Le
président) M. Ravalomanana a déjà démissionné, le Premier ministre et son
gouvernement ont aussi démissionné, je suis à la tête du gouvernement de
transition qui prépare l'élection présidentielle anticipée qui se déroulera
d'ici 24 mois. Donc vous pouvez m'appeler Président", a-t-il déclaré mardi par
téléphone à la chaîne d'information LCI.
Marc
Ravalomanana, 59 ans, a démissionné mardi en milieu de journée et confié ses
pouvoirs à un "directoire militaire", cédant aux injonctions de l'opposition et
de l'armée.
Dans un
communiqué, l'homme d'affaires porté au pouvoir en 2002 par un élan populaire
indiquait que ce "directoire militaire (était ) dirigé par le plus ancien dans
le grade le plus élevé, toutes armes confondues", soit le vice-amiral Hippolyte
Rarison Ramaroson.
Mais ce
nouvel organe n'aura été que transitoire: quelques heures plus tard, l'officier
abandonnait le pouvoir au profit d'Andry Rajoelina.
"Nous avons
refusé catégoriquement le directoire (...) Nous conférons totalement le pouvoir
à Andry Rajoelina pour présider la transition", a déclaré le
vice-amiral.
"L'ordonnance
qui confère les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina a été signée", a indiqué peu
après Norbert Ratsirahonana, juriste et ex-président de
"On l'a fait
pour l'intérêt supérieur de
Accompagné
d'une marée de sympathisants et salué par les militaires, il avait fait mardi
une entrée triomphale dans les bureaux de la présidence dans le centre-ville,
avant même l'annonce que son adversaire quittait le
pouvoir.
A une
douzaine de kilomètres de là, Marc Ravalomanana s'était retranché ces derniers
jours au palais d'Iavoloha, protégé par la garde
présidentielle.
Les partisans de Rajoelina fêtent
leur victoire à Antananarivo
Reuters,
Mercredi 18 mars, 08h55 - Les partisans d'Andry Rajoelina, depuis mardi à la
tête d'une autorité de transition à Madagascar, comptent fêter leur victoire et
la démission de Marc Ravalomanana lors d'un grand rassemblement sur la place du
13-Mai, au coeur de la capitale, Antananarivo.
Au terme d'un
bras de fer de près de deux mois avec l'opposition, Ravalomonana a remis mardi
ses pouvoirs à l'armée, qui a ensuite investi Rajoelina, chef de l'opposition et
maire de la capitale.
On ignore où
se trouve l'ancien président, qui a quitté sa résidence officielle des faubourgs
d'Antananarivo.
Rajoelina
avait mis en place depuis plusieurs jours un gouvernement
parallèle.
Le week-end
dernier, l'armée, traditionnellement neutre dans les conflits politiques de
l'île, avait basculé dans son camp.
Depuis le
début de la crise, plus de 135 personnes ont trouvé la mort dans les
affrontements.
L'industrie
touristique, qui rapporte chaque année 390 millions de dollars, a souffert et
les investisseurs étrangers, dans les mines et le pétrole, ne cachaient pas leur
inquiétude de voir l'instabilité politique se
prolonger.
Rajoelina a
pris possession des locaux présidentiels dans la capitale et son entourage l'a
présenté comme le leader d'une "autorité de transition". "Vous pouvez m'appeler
président", a-t-il dit mardi soir à la chaîne de télévision française
LCI.
Les
ministères devaient rouvrir mercredi dans la capitale, et les barrages être
levés dans le centre-ville.
DES ÉLECTIONS
D'ICI DEUX ANS
Le nouvel
homme fort de Madagascar a promis de rédiger une nouvelle constitution pour
aboutir à la "IVe République" et d'organiser des élections d'ici deux
ans.
Aux termes de
la constitution malgache, c'est le président de la chambre haute du parlement
qui aurait dû assumer la transition après la démission du chef de l'Etat et
organiser des élections dans les deux mois.
Mais les
circonstances font de Rajoelina le président de facto de
L'Union
africaine (UA) avait exigé que la constitution soit "scrupuleusement" respectée
mais le fait que l'armée ait remis le pouvoir à l'opposition pourrait atténuer
ses critiques.
Le président
sud-africain Kgalema Motlanthei, qui dirige
"L'Afrique du
Sud et
Selon son
porte-parole, Ravalomanana, qui il y a quelques jours encore assurait qu'il ne
démissionnerait "jamais", a renoncé au pouvoir dans l'intérêt de l'ancienne
colonie française.
"Il s'est
comporté en homme d'Etat", a ajouté le porte-parole au sujet de l'ancien homme
d'affaires de 59 ans surnommé "le roi du yaourt".
Rajoelina,
ancien disc-jockey, présente Ravalomanana comme un "dictateur" qui a géré le
pays comme sa propriété privée et réclame son
arrestation.
Version française Jean-Philippe
Lefief et Guy Kerivel
A Madagascar, Andry
Rajoelina porté au pouvoir par l'armée
LE MONDE | 18.03.09
| 09h00
Johannesburg,
correspondance
Andry Rajoelina,
maire déchu de la capitale malgache Antananarivo, n'a jamais autant mérité son
surnom de "TGV". En seulement trois mois, le contestataire de 34ans est parvenu
à faire tomber le président Marc Ravalomanana et à prendre le pouvoir sur
Tout s'est joué en
quelques heures mardi 17 mars. Nouveaux dépositaires du pouvoir sur ordre de
M.Ravalomanana, qui venait de démissionner, des généraux ont décidé sous la
pression de l'armée de le transmettre dans la soirée à l'opposant, qui s'était
autoproclamé président d'une "Haute Autorité de transition" il y a un mois et
demi.
Retranché dans son
palais d'Iavoloha, à l'extérieur d'Antananarivo, et abandonné par l'armée aux
mains des mutins, Marc Ravalomanana a dû se résigner, mardi après-midi, à
annoncer sa démission.
"Après mûres
réflexions, j'ai décidé de dissoudre le gouvernement et de donner le pouvoir
afin qu'un directoire militaire puisse être mis en place, a-t-il déclaré
dans une allocution radiodiffusée. Cette décision a été très difficile et
très dure, mais il fallait la prendre. C'est dans le calme et la sérénité que
nous pouvons développer le pays."
Dimanche, le
président assurait encore qu'il ne céderait "jamais" aux coups de boutoir
de l'opposition, qui organisait depuis plusieurs semaines des manifestations
pour dénoncer l'autoritarisme et l'affairisme du chef d'Etat. Le conflit qui
dure depuis trois mois, a fait quelque 135morts.
Réunis au siège de
l'épiscopat, l'équipe d'Andry Rajoelina, les chefs d'Eglises, les responsables
militaires et les diplomates ont eu lecture de l'ordonnance présidentielle par
l'émissaire des Nations unies, Tiébilé Dramé. Il était précisé que le
"directoire militaire est présidé par le plus ancien dans le grade le plus
élevé", soit le vice-amiral Hippolyte Rarison
Ramaroson.
Selon un témoin,
M.Rajoelina a alors quitté la salle, avant d'expliquer qu'il refusait une telle
décision. Le matin même, au centre-ville, le maire déchu d'Antananarivo était
entré sous les vivats de milliers de partisans dans le palais
d'Ambohitsorohitra, le siège du gouvernement, pris la veille par
l'armée.
Présent à la
réunion, le vice-amiral Rarison, accompagné de deux généraux et du président de
l'Eglise réformée, a alors été emmené par des militaires dans la caserne où
s'était déroulée la première mutinerie, le 8 mars. "Nous les avons arrêtés,
car nous ne souhaitions pas que des militaires prennent le pouvoir, explique
le lieutenant colonel Philibert Ratovonirina, porte-parole de l'armée. Le
pouvoir devait revenir à Andry Rajoelina, qui représente la seule solution à la
crise politique actuelle."
Peu de temps après,
Hippolyte Rarison annonçait, depuis le camp militaire, qu'il transférait par
ordonnance "les pleins pouvoirs" à l'opposant. De retour chez lui en fin
de soirée, le haut gradé a réfuté au téléphone la thèse de l'enlèvement: "Les
militaires nous ont au contraire protégés d'une foule en colère." Le
vice-amiral a assuré qu'il avait fait ce choix "librement". "Le
président Ravalomanana m'a appelé à midi en ayant déjà pris sa décision. J'ai
été nommé à mon insu", a-t-il répété.
"SOLUTION DU MOINDRE
MAL"
Dans le camp de
l'opposition, on a été soucieux de préserver au maximum les apparences légales.
Le président de
Est-ce un coup
d'Etat ? "Non", garantit désormais Ny Hasina Andriamanjato,
"ministre" des affaires étrangères nommé par M. Rajoelina. "Le
président Ravalomanana a transmis par ordonnance le pouvoir aux militaires qui
l'ont eux-mêmes transmis par ordonnance à Andry Rajoelina, donc nous sommes un
pouvoir légal", conclut-il. Mais "TGV" est-il légitime sans une onction
électorale ? "Il n'y en a pas besoin, la population nous soutient à 90
%", affirme-t-il.
Professeur de droit
constitutionnel, Jean-Eric Rakotoarisoa concède qu'il s'agit d'un coup d'Etat,
tout en estimant que "cette démarche insurrectionnelle est finalement la
solution du moindre mal". Alors que la communauté internationale
s'inquiétait, mardi, d'une prise illégale du pouvoir, l'analyste politique juge
qu'"en recherchant la légalité à tout prix, les médiateurs internationaux ont
contribué à bloquer l'émergence d'une solution malgacho-malgache
extraconstitutionnelle, qui a toujours prévalu lors des précédentes
crises".
Dans les prochains
jours, le nouveau "président" devrait installer son gouvernement de transition,
dont les ministres sont en grande partie déjà nommés. La rédaction d'une
nouvelle Constitution pour une IVe République est prévue. Andry Rajoelina a
promis des élections d'ici à deux ans. Le "TGV" malgache pourrait cette fois
prendre son temps.
Sébastien
Hervieu
Le président Marc Ravalomanana a
démissionné
Par FRANCE 24
[http://www.france24.com/fr] Mardi
17 mars 2009
Le président malgache Marc
Ravalomanana a décidé de remettre le pouvoir à l'armée, à l'issue d'un bras de
fer de trois mois avec l'opposition. Celle-ci a déclaré que son leader, Andry
Rajoelina, allait diriger l'"autorité de transition".
Le président de Madagascar Marc
Ravalomanana a démissionné. Il a transféré ses pouvoirs à un "directoire
militaire", selon des diplomates en poste à Antananarivo, la capitale de
l'île.
Son porte-parole, Andry Ralijaona,
indique que le président a remis le pouvoir à l’amiral Hyppolite Ramaroson, le
militaire "le plus ancien dans le rang le plus élevé".
Quelques minutes auparavant, le chef
de l’opposition Andry Rajoelina était entré dans les bureaux de la présidence,
suivi par des militaires et des milliers de partisans.
"Il est possible que le pouvoir soit
remis à la haute autorité de transition dirigée par Andry Rajoelina", déclare
Virginie Herz, envoyée spéciale à Madagascar.
L’opposition a fait savoir que son
leader était dorénavant le chef de "la haute autorité de transition". Elle a
également affirmé que des élections législatives et présidentielle allaient être
organisées dans les deux ans et qu’une nouvelle Constitution allait être rédigée
pour créer une quatrième République.
Andry Rajoelina ne s’est pas encore
exprimé publiquement depuis la démission de son rival.
"Il s’est retiré pour parler avec
ceux qu’il appelle ses ministres, des membres de l’opposition qui devraient
faire partie de la haute autorité de transition", témoignait Virginie Herz au
moment de l’entrée d’Andry Rajoelina dans le palais
présidentiel.
Marc Ravalomanana, qui s’était
réfugié dans une autre résidence présidentielle à Iavoloha, à une dizaine de
kilomètres d’Antananarivo, l’aurait dorénavant quitté pour une destination
inconnue a affirmé son porte-parole.
"Beaucoup de rumeurs circulent sur
Ravalomanana, mais nous ne savons pas où il se trouve actuellement", rapporte
Virgine Herz, notre envoyée spéciale à Madagascar.
L’armée malgache, qui s’est ralliée,
lundi, à l’opposition, s’est également emparée des bureaux et du palais
présidentiel dans le centre de la capitale, dont Andry Rajoelina était le maire
jusqu'à sa destitution par le gouvernement début février.
Le
président de Madagascar confirme sa démission
LEMONDE.FR avec AFP et
Reuters | 17.03.09
Le président
malgache, Marc Ravalomanana, a confirmé sa démission dans un communiqué, mardi
17 mars. Il annonce par ailleurs le transfert à "un directoire militaire"
des fonctions "du président de
Marc Ravalomanana,
homme d'affaires porté au pouvoir en 2002 par un élan populaire, "a signé une
ordonnance" par laquelle il transfère ses pouvoirs. Selon RF, qui a contacté
plusieurs chefs de l'état-major, ceux-ci ont affirmé qu'ils refuseraient de
prendre le pouvoir. France 24 rapporte de son côté qu'Andry Rajoelina, le leader
de l'opposition, s'est enfermé dans les bureaux présidentiels, investis lundi
par l'armée, pour discuter avec ses proches. Il n'a encore fait aucune
déclaration publique.
Les détails de cette
ordonnance n'étaient pas connus dans l'immédiat, et on ignorait où se trouvait
le président démissionnaire. Ces derniers jours, l'hypothèse d'un prochain
départ en exil était évoquée avec insistance par plusieurs observateurs,
l'essentiel de sa famille ayant déjà quitté
De con côté, l'Union
africaine (UA) a adjuré l'armée malgache de ne pas transférer le pouvoir à
l'opposition. "Si les militaires remettent le pouvoir au maire, ce ne sera
pas constitutionnel", a déclaré le Gabonais Jean Ping, président de la
commission de l'UA, en estimant que ce pourrait alors être considéré comme un
coup d'Etat. L'UA a décidé il y a quelques années de suspendre à l'avenir les
dirigeants de ses pays membres issus de coups d'Etat.
Un message d'alerte
du consulat de France aux ressortissants français établis à Antananarivo indique
par ailleurs : "Démission du président, risque de manifestations. Restez
vigilants et évitez de circuler la nuit tombée. Andry Rajoelina, qui a mis
en place depuis plusieurs jours un gouvernement parallèle, avait annoncé, un peu
plus tôt, la démission de huit membres du gouvernement. La foule galvanisée
d'environ 10 000 personnes avait alors scandé "Président, président !" à
l'adresse de M. Rajoelina.
Madagascar: le président
Ravalomanana cède le pouvoir à un directoire militaire
AP, 17 mars 2009 - Le président
malgache Marc Ravalomanana a annoncé mardi qu'il transférait le pouvoir à un
"directoire militaire".
"Après mûres réflexions, j'ai décidé
de dissoudre le gouvernement et de donner le pouvoir afin qu'un directoire
militaire puisse être mis en place", a-t-il déclaré dans une allocution
radiodiffusée sur la radio Fahazavana, radio officielle de l'Eglise réformée,
proche du président.
"Cette décision a été très difficile
et très dure, mais il fallait la prendre. C'est dans le calme et la sérénité que
nous pouvons développer le pays", a ajouté Marc Ravalomanana, qui s'exprimait en
malgache.
L'ordonnance instituant le
directoire militaire a ensuite été lue par le secrétaire général de la
présidence. "Le directoire militaire sera présidé par le plus ancien des plus
hauts gradés des forces armées, c'est son président qui détermine le
fonctionnement du directoire militaire", précise le texte.
"Le directoir militaire assume les
attributions du président de
Le chef de l'opposition Andry
Rajoelina, qui s'est installé mardi dans le palais présidentiel déserté du
centre d'Antananarivo, la capitale malgache, n'a pas réagi dans l'immédiat à
cette annonce.
Le président malgache remet le
pouvoir à l'armée
Reuters, 17 mars 2009 - Le président
malgache Marc Ravalomanana a décidé de remettre le pouvoir à l'armée, annonce
l'un de ses conseillers.
"Apparemment, le président remet le
pouvoir à l'armée et va faire une déclaration", a précisé ce conseiller dans un
texte remis aux journalistes. Contacté par téléphone, il a refusé de donner
d'autres détails.
Le chef de l'opposition Andry
Rajoelina a mis en place depuis plusieurs jours un gouvernement parallèle.
L'armée, qui respectait une tradition de neutralité dans les conflits politiques
de
Richard Lough, version française Guy
Kerivel
Madagascar: le président
Ravalomanana démissionne après deux mois de crise
AFP, Lucie PEYTERMANN, 17 mars
2009 - Le président malgache Marc Ravalomanana a démissionné mardi et
confié ses pouvoirs à un "directoire militaire", cédant après deux mois de crise
aux appels de plus en plus musclés de l'opposition et de l'armée.
Evènement
Accompagné par une marée de
sympathisants, le chef de l'opposition malgache Andry Rajoelina avait peu
auparavant fait une entrée triomphale dans les bureaux de la présidence, au
coeur d'Antananarivo, pris d'assaut la veille par l'armée pour "précipiter le
départ" du chef de l'Etat.
"Je déclare solennellement que
j'irai jusqu'au bout de mes forces. On est libre maintenant, mais la route sera
encore très difficile", a lancé le jeune opposant de 34
ans.
Marc Ravalomanana, homme d'affaires
porté au pouvoir en 2002 par un élan populaire, "a signé une ordonnance" par
laquelle il transfère ses pouvoirs et ceux du Premier ministre "à un directoire
militaire", selon plusieurs diplomates en poste à Antananarivo qui ont requis
l'anonymat.
Les détails de cette ordonnance
n'étaient pas connus dans l'immédiat, et on ignorait où se trouvait le président
démissionnaire. Ces derniers jours, l'hypothèse d'un prochain départ en exil
était évoquée avec insistance par plusieurs observateurs, l'essentiel de sa
famille ayant déjà quitté
Dimanche encore, Marc Ravalomanana,
59 ans, assurait pourtant qu'il ne démissionnerait "jamais" face à la
contestation grandissante menée par Andry Rajoelina, qui s'est fait le
porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches touchés par la hausse des
prix, et de leur ressentiment contre le président, décrit comme coupé de la
population et affairiste.
Engagé en décembre lors de
l'interdiction par les autorités d'une télévision appartenant à l'opposant,
alors maire de la capitale, le bras de fer entre les deux hommes s'est durci fin
janvier et a depuis fait plus d'une centaine de morts lors de violences
ponctuelles mais sanglantes.
Andry Rajoelina, surnommé "TGV" pour
sa fulgurante ascension politique, s'est d'abord autoproclamé président d'une
"Haute Autorité de transition", avant de réclamer ces derniers jours
l'arrestation de son rival.
L'armée, d'abord neutre, a
finalement pris fait et cause pour la démission du chef de
l'Etat.
Les militaires qui ont pris lundi
soir les bureaux de présidence dans le centre de la capitale ont ainsi salué
Andry Rajoelina lorsqu'il est entré dans le bâtiment mardi, en levant leurs
fusils en signe de victoire. L'opposant était arrivé avec ses partisans depuis
la place du 13-Mai, où ses rassemblements quasi-quotidiens ont rythmé la crise
malgache, et où il avait "remercié" l'armée pour son intervention de la
veille.
A une douzaine de kilomètres de là,
Marc Ravalomanana, de plus en plus isolé, s'était retranché ces derniers jours
au palais d'Iavoloha, protégé par la garde présidentielle et ses
partisans.
"Le président est toujours à
Iavoloha", avait déclaré mardi matin son porte-parole Andry Ralijaona, sans
évoquer une éventuelle démission. Il estime que "ce qui se passe est
disproportionné par rapport au problème (...) et que ce problème pourrait être
résolu s'il y avait une volonté des deux côtés", avait-il
ajouté.
Selon le porte-parole, Marc
Ravalomanana a assuré lundi à des éléments de la garde présidentielle: "je reste
avec vous et si je dois mourir, je mourrai avec vous".
Face à l'escalade des derniers
jours, l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA) avaient mis en garde
lundi contre une prise du pouvoir par la force à Madagascar. L'UE avait souligné
qu'un chef de l'Etat mis en place par la violence ne serait pas "reconnu" comme
légitime et que cela entraînerait une suspension de l'aide à l'un des pays les
plus pauvres de la planète.
Actualité
internationale et africaine de
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