Allocution en  Hommage à Raoul-Philippe Danaho prononcée par     

         Thierry Sinda à l’Académie des sciences d’Outremer  le 12 mai 2010

                                               

Raoul-Philippe Danaho (à gauche) et Thierry Sinda (à droite)

 

Monsieur le Président*,

Monsieur le secrétaire perpétuel*,

Monsieur le ministre*,

Madame la Députée*,

Messieurs les académiciens,

Honorable assemblée,

 

 

Le Printemps des Poètes des Afriques et d’ Ailleurs, dont je suis le président-fondateur, s’honore grandement d’avoir été aimablement convié à cette cérémonie en hommage à l’Académicien Raoul-Philippe Danaho, lequel a été promu dans l’ordre du Mérite national.

 

 

Monsieur Raoul-Philippe Danaho est un grand serviteur de l’Etat, c’est aussi un grand serviteur de la langue française !

 

Ses vers mis en bouche sont des mots magiques et enchanteurs qui célèbrent la femme telle une œuvre d’art vivante. Le poète, avec  l’exactitude et la minutie du brillant économiste qu’il est également, saisit les moindres bruissements enchantés du désir de l’amour, de la conquête amoureuse, de l’amour consommé et des souffrances de l’impossible amour et de la rupture amoureuse.

Contrairement à Louis Aragon, le fou d’Elsa, Raoul-Philippe Danaho n’est pas inspiré par une Muse en particulier, mais par la Muse en général, personnifiée par toutes ces femmes multiformes connues ou inconnues qu’il rencontre et croise à travers le monde. Car, c’est du monde entier que Raoul-Philippe Danaho écrit ses poèmes d’amour, au gré de ses missions particulières et de ses voyages d’agrément : Paris, Cayenne, Cotonou, Tamatave, Aix-en Provence, Abomey, Saint Laurent de Moroni, Gourbeyre, sont autant de villes où est née son inspiration poétique.

 

 

Dans le patrimoine régional de nos 26 belles et diverses régions françaises, Raoul-Philippe Danaho à quelques accointances stylistiques avec le poète Léon-Gontran Damas, Guyanais, Lui aussi, avec, cependant, les nettes soustractions de la révolte anti-coloniale et de l’ enracinement négritudien – si vous me permettez ce néologisme- Cela s’ explique par le fait que Raoul-Philippe Danaho fait, le plus souvent, abstraction presque totale de l’ univers extérieur pour se focaliser exclusivement sur        l’ être désiré ou Aimé.

Contrairement à Blaise Cendrars, Raoul-Philippe Danaho, n’est pas un poète-voyageur imprimant poétiquement les lieux insolites qu’il traverse .Je dirai même que ses sens sont hermétiquement fermés à l’univers qui entoure la femme –Muse dont il est « circonstanciellement »  éprise-si je puis ainsi m’exprimer-

 

C’est la raison pour laquelle bien qu’écrivant depuis les années 40, le poète Danaho est en marge du puissant mouvement de revalorisation culturelle de la négritude. Dans des poèmes plus récents l’empreinte culturelle de son île natale y est plus visible.

 

Mais comment parler de Monsieur Danaho sans évoquer sa chère épouse Madame Danaho qui nous a conduit jusqu’ à lui. L’un et l’autre forment un couple vigoureux de poètes authentiques. Comment ne pas évoquer aussi, la mémoire de Robert Cornevin, dont le nom dans mon enfance me fut aussi familier que celui de mes propres grands pères de sang, Monsieur Cornevin, disais-je, qui, pour le compte de votre Académie avait confié à Monsieur Raoul-Philippe Danaho une mission de recensement de poètes de l’outremer. C’est au cours de ses investigations littéraires qu’il découvrit la poétesse Marie-France Duparl,laquelle allait devenir une âme sœur , après la disparition de sa première épouse qu’ il avait rencontré jadis dans la fièvre musicale  du Bal nègre de la rue de Blomet où s’ illustrait le musicien de biguine Ernest Léardée.

 

Nous sommes fortement heureux que la France généreuse  reconnaisse, enfin, le dévouement sans faille de l’Académicien Raoul-Philippe Danaho.

Le Printemps des poètes des Afriques et d’ Ailleurs sait gré à M. Danaho d’avoir sustenté notre jeune festival de ses pièces poétiques et de ses réflexions d’économiste humaniste, telles  que le revenu d’existence sur lequel il s’est exprimé il ya quelques jours, lors de notre 7e édition.

 

L’œuvre poétique dense et forte de Raoul-Philippe Danaho gagnerait à la fois à être davantage connu par les lecteurs et  reconnu.par les critiques littéraires d’aujourd’hui. Nous  Espérons que la postérité lui octroiera une petite place, bien méritée, au panthéon des lettres françaises aux côtés de ses compatriotes guyanais René Maran (Prix Goncourt 1921) et Léon Gontran-Damas (le père de la négritude poétique en langue française).Merci.

 

                                                                                        

 

*Il s’agit par ordre d’énumération : de Monsieur  Paul Blanc, Président par intérim de l’ Académie des sciences d’ Outremer, de Monsieur Pierre Gény, du Ministre Olivier Stirn, et de la députée George Pau-Langevin.