Message de l’Honorable Célestin Leroy GAOMBALET, Président de l’Assemblée Nationale de la République Centrafricaine au nom des Parlementaires africains à l’occasion du 5ème Forum Mondial de l’Eau

 

Istanbul le 18 mars 2009

 

 

Célestin Leroy GAOMBALET, Président de l'Assemblée nationale centrafricaineMONSIEUR LE PRESIDENT DE LA GRANDE ASSEMBLEE NATIONALE DE TURQUIE

 

HONORABLES DEPUTES VENUS DE CINQ REGIONS DU MONDE,

 

MESDAMES ET MESSIEURS LES REPRESENTANTS DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES,

 

DISTINGUES INVITES,

 

MESDAMES, MESSIEURS

 

Je voudrais, avant tout, dire combien grande est la joie que je ressens personnellement de prendre la parole dans cette magnifique ville d’ Istanbul qui détient le double privilège d’être à la fois l ‘un des berceaux de la civilisation mondiale et la seule ville au monde où deux continents se rencontrent, l’Europe et l’Asie. Les Organisateurs ne pouvaient donc trouver meilleur endroit pour accueil ce 5e dont le thème est « Rassemblons-nous pour l’eau ».

 

Il me plaît en second lieu de remercier, au nom de mes Collègues Parlementaires africains, en celui de ma Délégation et au mien propre, les Hautes Autorités du pays, de la ville d’Istanbul et le peuple turc tout entier pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité dont nous bénéficions depuis notre arrivée. Recevez donc ici, M. le Président de la Grande Assemblée Nationale de Turquie, l’expression de notre profonde gratitude.

 

Monsieur le Président,

 

Distingués Invités,

 

Mesdames et Messieurs,

 

La République Centrafricaine, mon pays, est située au cœur de l’Afrique, pays enclavé qui s’étend sur une superficie de 623.000 km² avec une population estimée à 4,2 millions d’habitants en 2007. Elle compte cinq pays limitrophes le Tchad au Nord, le Soudan à l’Est, le Congo et la République Démocratique du Congo au Sud et le Cameroun à l’Ouest.

 

La RCA, grâce à sa position géographique bénéficie de conditions climatiques favorables, et est en outre dotée de riches terres agricoles et d’énormes ressources naturelles telles que l’or, le diamant et le bois dont l’exploitation demeure encore au stade primaire et artisanal. Il n’est pas sans intérêt pour ce Forum de souligner qu’elle possède en outre un important réseau hydrographique qui s’étend sur deux grands bassins versants en Afrique (le bassin du Congo, deuxième grand bassin au monde en terme de disponibilité en ressources en eau et le bassin du lac Tchad qui est, quant à lui, sérieusement affecté par les changements climatiques).

 

Le présent Forum qui nous réunit a pour thème principal est comme je le disais tantôt : « rassemblons nous pour l’eau » coïncide bien avec le thème de la Journée Mondiale de l’Eau 2009 : « Eaux partagées, des opportunités partagées ». Comme nous le savons tous, les questions liées à l’eau n’ont pas reçu jusqu’à ce jour l’attention qu’ils devraient auprès des parlementaires que nous sommes.

 

En effet, en tant que Représentants de nos populations respectives, nous devrions contribuer à l’amélioration des conditions de vie de nos populations. A cet égard l’alimentation en eau potable et l’assainissement sont des facteurs clés pour le bien être et la dignité de l’homme.

 

Il se trouve que dans le monde, aujourd’hui 1,2 milliard de personnes sont privées d'eau potable et 2,4 milliards n’ont pas accès à un service d'assainissement adéquat. Sur le continent africain la situation est plus dramatique, avec seulement 64% de la population bénéficiant d’un accès à un service d’approvisionnement en eau potable pour une moyenne de 50 à 60 litres par personne et par jour contre plus de 200 litres en Europe, tandis l’accès à l’assainissement n’est que de 50%.

 

L’Afrique est, de ce point de vue, la région la moins desservie de la planète. Mais ces chiffres cachent mal de très grandes disparités. Bien des Etats africains sont loin de les atteindre.

 

C’est ainsi que dans mon pays la Centrafrique, la situation est plus alarmant, l’accès à l’eau potable se situe à 35% de la population ; quant à l’assainissement il est de 10%.

 

Mais ce tableau, déjà à la limite de l’acceptable, pourrait encore s’aggraver sans une mobilisation de l’ensemble des décideurs, singulièrement ceux du continent africain.

 

En effet les ressources en eau douce deviennent de plus en plus rares du fait de la croissance démographique, de l’urbanisation anarchique, de la pollution et du changement climatique. L’Afrique en est l’illustration.

 

Pour satisfaire de façon durable nos besoins en eau, nous devons impérativement changer notre approche de la question de l’eau. Pour cela, il faudra créer un environnement de gestion qui permette l’émergence de nouveaux outils, institutions et capacités.

 

Nous voyons ici le rôle éminemment important que doivent jouer nous les parlementaires non seulement par l’adoption des lois mais également dans le suivi de leur mise en œuvre dans l’intérêt de nos populations.

 

L’intérêt de ce Forum Mondial de l’Eau est de nous offrir l’opportunité de réfléchir sur la gestion des ressources en eau face à ces nombreux défis. Ainsi par rapport à la population mondiale qui a quadruplé au cours du XXème siècle, la demande en eau douce a été multipliée par sept.

 

A cet égard, l’Afrique se classe parmi les régions les plus désavantagées. Elle est confrontée à un fort « stress hydrique », c'est-à-dire une menace de pénurie d’eau qui pèse sur une partie significative des populations. Au sud du Sahara, près de 300 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable (plus du tiers de la population du continent) et un habitant sur deux souffre de maladies conséquentes de la pénurie ou de la mauvaise qualité de cette matière première essentielle pour la survie humaine. Elle compromet le développement des rendements des agricultures africaines demeurées essentiellement pluviales tandis que la survie de nombreuses familles repose sur elles.

 

Cependant, comment expliquer un risque hydrique aussi important alors que l’Afrique, à l’exception des zones arides et semi-arides spatialement minoritaires, ne manque a priori pas d’eau ? Le continent compte en effet dix-sept grands fleuves et une centaine de grands lacs auxquels s’ajoutent de très importantes nappes phréatiques. Parmi les 245 bassins dans le monde, 70 sont situés en Afrique.

 

Par aılleurs seulement 9% des ressources mondiales en eau douce se trouvent en Afrique mais elles ne sont pas équitablement réparties sur le continent africain : l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale bénéficiant de précipitations nettement plus importantes que le Maghreb, la Corne de l’Afrique et l’Afrique australe.

 

À cet égard, la superficie du lac Tchad est passée de 25 000 km2 en 1950 à 1 500 km2 au début des années 2005. Cette évolution menace les 20 millions de personnes dont l’approvisionnement en eau est strictement dépendant de ce lac et qui sont réparties dans les quatre pays limitrophes (Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria).

 

À l’opposé de cette Afrique sèche, les régions équatoriales et, pour partie, occidentales révèlent une forte disponibilité en eau douce.

 

Le continent africain a été touché par près d’un tiers des catastrophes naturelles liées à l’eau qui se sont produites dans le monde. Il est le plus vulnérable aux changements climatiques.

 

En fait, les processus à l’œuvre aujourd’hui en Afrique mettent désormais en danger la disponibilité même de la ressource en eau. Cette problématique a transformé la question de la maîtrise de l’eau en enjeu central pour les États et les populations. Notamment, la principale interrogation réside dans la capacité des acteurs à mettre en place une gestion partagée de la ressource en eau.

 

C’est pourquoi, le thème de ce Forum est important pour le continent africain. Nous devons mettre à profit cette rencontre pour apporter des solutions à ces maux.

 

Au niveau de l’Afrique centrale, plus qu’un facteur de conflits, l’accès partagé à l’eau s’est jusqu’à présent davantage révélé être un facteur d’intégration régionale et de développement. Le choix réalisé d’une gestion coopérative de l’eau participe dès lors à une stabilisation des relations interétatiques en Afrique Centrale pour autant, sa pérennité appelle une approche ouverte et intégrée, y compris au niveau intra-étatique.

 

La mise en place de programmes appropriés de gestion des ressources en eau contribuera de manière décisive à la réduction de la pauvreté, à la croissance économique, à la sécurité alimentaire et à la préservation des écosystèmes naturels de la région.

 

Les gouvernements nationaux doivent instaurer des lois et des réglementations qui inciteront à faire un usage plus efficace de l'eau, tout en se prêtant à une application souple en fonction de l'évolution de la demande et du coût de l'eau.

 

Un engagement à long terme vis-à-vis de cette stratégie est indispensable pour que l'Afrique gère ses ressources en eau de façon à répondre aux impératifs d'un développement durable dont j’ai parlé plus haut. Et ils devront s'efforcer de réaffecter les ressources existantes à des utilisations plus optimales, de réduire les gaspillages et de promouvoir la conservation.

 

Je voudrais souligner que l’appui des partenaires au développement nous est indispensable pour relever ces défis.

 

Pour finir j’émets le vœu que soient mises en place des plates formes parlementaires aux niveaux national, régional et continental sur la gestion de l’eau.

 

JE VOUS REMERCIE.

 

 

Source : http://www.acap-cf.info

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