Déclaration
de la Ligue Panafricaine du
Congo-Umoja,
suite aux événements tragiques survenus
ce
dimanche 04 mars 2012 à Brazzaville.
C’est
avec une grande tristesse et une profonde consternation que la Ligue
Panafricaine du Congo-Umoja (LPC-UMOJA) a pris connaissance, ce dimanche 04
mars 2012, de l’explosion d’un dépôt de munitions au régiment blindé de
Mpila à Brazzaville. Cette explosion a occasionné des centaines de morts, des
milliers de blessés, offrant une vision apocalyptique sur une vaste étendue de
la capitale.
Profondément
meurtrie, la
LPC-U présente ses sincères condoléances aux familles
éprouvées et au peuple congolais dans son ensemble. Elle se tient résolument aux
côtés des sinistrés et de tous les blessés, auxquels elle souhaite prompt
rétablissement et exprime sa solidarité. Que les âmes de tous les
disparus reposent en paix.
La
LPC-UMOJA
encourage l’expression de solidarité, ainsi que l’hospitalité dont le peuple
congolais en général et les Brazzavillois en particulier ont fait preuve envers
les déplacés des quartiers concernés, déjouant ainsi les pronostics de certains
politiciens qui considèrent que le Congolais est incapable d’avoir un élan
naturel envers un compatriote qui ne serait pas ressortissant de sa région
d’origine. Nous constatons en
effet, que lors de différents conflits que notre pays a connus, les populations
des arrondissements du Sud de la capitale ont pu trouver refuge au Nord de la
ville et inversement, séjournant parfois même dans des familles qui jusqu’à
lors, ne leur étaient liées d’aucune façon. Le peuple congolais est UN
et indivisible, dans le bonheur comme dans le deuil et, c’est tous ensemble
que nous devons penser l’avenir de notre
pays.
Que
cela soit dit ! Ce désastre, un de plus dans l’océan de souffrances que
connaît le peuple congolais n’est pas un coup du sort, ni le fait du
hasard. Nous assistons là, impuissants, à une conséquence macroscopique de
grosses défaillances de l’État dans tous les domaines de la vie
publique. En effet, les nominations à de hautes fonctions dans l’administration
publique, sur des bases tribales ou par cooptation, les promotions non méritées
au sein d’une armée devenue clanique, l’absence de sanctions lors de
défaillances, la dilapidation de deniers publics, la promotion de l’esprit
courtisan au détriment du mérite, etc., ont pour contrecoup aujourd’hui, la
désorganisation totale de l’armée, des forces de sécurité, des
services hospitaliers, de la protection civile et du système éducatif.
Le
Congo aujourd’hui est incapable de mobiliser des outils modernes pour faire face
à la situation puisque les services concernés – quand ils existent ! - sont
structurellement défaillants. Nous avons ainsi constaté que les populations ont
quitté leurs domiciles par leurs propres moyens et n’ont pas été évacuées comme
cela aurait dû être fait dans un État
digne de ce nom, les blessés graves ont été transportés dans les hôpitaux
à dos d’homme ou dans des brouettes,
puisque le Congo ne dispose pas de parc d’ambulances ; ces mêmes hôpitaux sont complètement
saturés malgré le dévouement du personnel soignant car, même en temps normal, le
nombre de lits n’est pas suffisant. Il est tout de même étonnant qu’un pays qui
a connu une succession de drames n’ait jamais pensé à installer un véritable
service de protection civile. De l’aveu même des autorités, des médicaments vont
être réquisitionnés dans les pharmacies, ce qui indique clairement que l’État ne dispose pas de stock
stratégique de médicaments pour
faire face aux situations de
crise.
De
nombreux sinistrés n’ont à ce jour, reçu aucune assistance ; certains
dormant encore à la belle étoile. Le gouvernement congolais une fois encore est
incapable d’assurer sa principale mission régalienne qui est celle de garantir
la sécurité pour tous, et s’en remet une fois de plus à une hypothétique aide
étrangère.
Au
regard de tout ce qui vient d’être dit :
La
LPC-UMOJA
s’insurge de ce que l’armée, institution publique, soit depuis les événements du
05 juin 1997, confisquée par un clan et soit gérée de façon complètement
opaque. L’arsenal de guerre composée d’armes lourdes accumulé année après année
par le gouvernement pour des raisons inavouables, est stocké en plein dans la
ville, faisant fi des règles
élémentaires de sécurité.
La
LPC-UMOJA
exige que le tabou sur la question militaire soit définitivement levé. Aucune Raison ou Secret d’État, ne doit
entraver la vérité quand l’Armée, dont le rôle est de protéger et de sécuriser
les biens et les personnes, devient depuis plusieurs années une source
d’insécurité majeure dans notre pays.
Institution
républicaine au même titre que la Justice ou la Fonction publique, l’Armée ne doit
plus échapper au débat public et citoyen. Elle doit cesser d’être une affaire
personnelle ou privée du Président de la République, au service de desseins
qui échappent à tout contrôle des citoyens.
La
LPC-UMOJA
en appelle à tous les acteurs politiques et de la société civile de faire
désormais de la transparence relative à la question militaire, un impératif
politique.
La
LPC-UMOJA
exige la délocalisation immédiate des autres dépôts d’armes intra-urbains tant à
Brazzaville que dans d’autres localités du pays, et la mise en place d’une
commission indépendante devant laquelle devra répondre le Chef de l’État, chef
des Corps d’Armée, car de son propre aveu, la décision de retrait des casernes
de la ville vers les périphéries prises, depuis deux ans n’a jamais connu la
moindre application.
La
LPC-UMOJA
émet des
réserves sur les déclarations des membres du gouvernement, quant aux
circonstances dans lesquelles ces explosions ont été déclenchées, et exige que
non seulement une enquête indépendante soit diligentée, mais que ses conclusions
soient rendues publiques au moment venu et les responsables
sanctionnés.
La
LPC-UMOJA
demande que les différentes victimes soient indemnisées à hauteur du préjudice
subi, tout comme doivent l’être les victimes des conflits armés passés, qui à ce
jour n’ont reçu aucune indemnisation.
La
LPC-UMOJA
met en garde le gouvernement contre la tentative de minimiser le nombre total de
victimes comme cela avait été le cas lors de l’accident ferroviaire de Yanga en
juin 2010. Les Congolais ont le droit de connaître la vérité.
Pour
finir, la LPC-UMOJA rappelle que la gestion clanique des armées
nationales est hélas commune à de nombreux pays africains. Attachée à l’idéal
panafricain, la
LPC-UMOJA reste convaincue que seule une armée fédérale
africaine peut servir de garde-fou contre les velléités de tribalisation et de
captation de l’institution militaire à des fins de conservation du
pouvoir.
Le
Bureau Exécutif,
Paris,
le 05 mars 2012
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