Ghana,
ce pays d'Afrique qui se relève, ou Ghana et Ethiopie, nouveaux
«lions» de la croissance
Ghana
- Ce pays d'Afrique qui gagne
Il est désormais révolu le temps où, en Afrique de l'ouest
francophone, l’on pouvait entendre dire: "il est tombé comme Ghana."
A la fin des années
Aujourd’hui, l’économie ghanéenne se porte bien, écrit Afrik.com. Elle connaît même une
croissance
phénoménale qui affiche désormais deux chiffres.
Durant l’année 2011 et selon des données rendues publiques par le
service des statistiques du Ghana (GSS), la croissance atteint 14% tandis que le
Produit Intérieur Brut (PIB) a atteint les 60 milliards de Cédis soit environ 27
milliards d’euros.
L’ensemble de la valeur ajoutée est constituée pour près de moitié
par le domaine des services et à part égales de 25% par le secteur industriel et
le secteur primaire.
Ces résultats «représentent essentiellement une assurance, pas
seulement pour les Ghanéens mais aussi pour la communauté internationale. La
croissance du Ghana est solide et elle se poursuivra», se réjouit Fifi
Kwetey, le ministre des Finances et de
C’est au milieu des années 90 que s’impulse la dynamique qui
conduit au boom économique actuel. Il culmine au début de la décennie 2010 avec
l’exploitation de pétrole qui
fournit une production de 120.000 barils par jour.
Bon élève dans la production d’or et la culture exportatrice de
cacao, le pays se
classe deuxième du continent pour ces deux ressources, respectivement derrière
l’Afrique du Sud et
Fort de ce succès, le Ghana de John Atta Mills affiche désormais
son but, mener à terme sa révolution industrielle, secteur où les taux de
croissance les plus forts ont été observés.
Selon un rapport de
Lur sur Afrik.com
AIMS
Le Ghana a le
miracle modeste. Le pays de l’ex-leader panafricaniste Kwame Nkrumah ne fait guère parler de lui dans la rubrique des
conflits, famines et autres catastrophes. Et la presse francophone l’ignore
injustement pour se focaliser sur le voisin ivoirien, beaucoup plus
turbulent.
Dommage, car
le Ghana est le champion africain de la croissance pour 2011, selon les toutes
dernières prévisions de
L’ancien
prestigieux royaume ashanti va doubler la croissance de son produit intérieur
brut (PIB) en seulement un an, passant de +5,9% en 2010 à +12% en 2011 grâce au
pétrole.
Le Ghana est en
pleine phase de décollage: entre 1993 et 2006, la taille de son économie a
triplé. Et grâce au démarrage de la production de pétrole à grande échelle en
décembre 2010, le décollage prend des allures de véritable miracle. D’autant
plus que les bases sont solides:
«La
stabilité sociale et l’enracinement croissant de la démocratie dans le pays ont
contribué à renforcer la confiance des investisseurs, ce qui s’est traduit par
une recrudescence des opérations», selon le rapport.
Le président
John Atta Mills, d’une grande discrétion sur la scène internationale
contrairement, par exemple, à son homologue sénégalais Abdoulaye Wade, se concentre sur son pays, qu’il veut
transformer en «nation industrielle
moderne».
La production
de pétrole est actuellement d’environ 80.000 barils par jour et devrait
atteindre les 120.000 barils/jour dès le mois d’août. Des nouveaux gisements ont récemment été découverts et les
autorités comptent ouvrir une deuxième raffinerie. Le grand port de Takoradi,
situé près de zones d’exploitation (toutes offshore), change à toute vitesse,
avec de
luxueuses villas qui poussent comme des champignons.
Bref, les
pétrodollars coulent à flot. Mais la chance du Ghana, c’est que le pays n’a pas
attendu l’«or noir» pour enclencher son décollage économique et peut ainsi
éviter les travers que connaît le Nigeria ou
le Gabon,
où les pétrodollars ne profitent guère à la population et sont captés par des
élites peu scrupuleuses.
Le pays de
Nkrumah, 24 millions d’habitants, est en effet le deuxième producteur d’or du
continent après l’Afrique du Sud, et le deuxième exportateur mondial de cacao,
derrière son voisin ivoirien. Pour le Ghana, le pétrole est un moteur de plus à
son économie —mais pas l’unique. Le président Barack Obama ne s’y est pas
trompé: il avait réservé au Ghana en juillet 2009 son premier voyage en Afrique
subsaharienne.
Mais la
comparaison avec
Cap à l’Est,
avec l’autre champion 2011 de la croissance: l’Ethiopie.
Comparer
l’ancien royaume abyssin à un «dragon asiatique» peut paraître plus qu’osé tant
les préjugés sont forts à l’égard de ce pays de
Mais l’Ethiopie
ne se résume pas à ces clichés misérabilistes. Lorsqu’on arrive dans l’immense
aéroport d’Addis Abeba (capitale de l’Union africaine), qu’on emprunte des
avenues plus larges que les Champs-Elysées à Paris, que des nouveaux bâtiments
de béton et de verre défilent devant soi, on se dit que ce pays, qui selon les
projections comptera en 2050 170 millions d’âmes, voit grand, très
grand.
Depuis 2004,
soit 20 ans après la grande famine et ses millions de morts, la croissance
économique en Ethiopie oscille entre 8,8% (en 2010) et 12,6% (en 2005). Et selon
le rapport BAD-OCDE, elle devrait s’élever à 10% en 2011 —la deuxième plus forte
sur le continent, bien au-dessus de celle de l’Afrique de l’Est
(6,7%).
Si l’Occident
a du mal à imaginer qu’on puisse faire du business dans un pays ayant connu une
si grave famine, les Chinois ne font pas autant de
précautions:
«
Les échanges
(importations et exportations) entre les deux pays ont été multipliés par dix en
moins de huit ans, passant de 100 millions de dollars en 2002 à plus de 700
millions en 2006 (les exportations éthiopiennes dépassant alors les 120
millions), et à plus d'un milliard de dollars en 2009/2010. A Addis Abeba, la
«ChinAfrique» est désormais une réalité, et tant pis pour les Occidentaux trop
frileux.
Les Chinois
sont présents dans de nombreux secteurs, du bâtiment aux routes, mais aussi dans
les télécommunications et la production d’électricité. Ce dernier secteur est
stratégique pour permettre à un pays de décoller économiquement, et la pénurie
d’électricité, en Afrique, constitue un des principaux freins à la
croissance.
«Actuellement, les entreprises chinoises prennent
part à la quasi-totalité des projets de production électrique» en Ethiopie, souligne le
rapport.
Mais le barrage Gibe III, le deuxième plus important barrage
hydroélectrique du continent, financé par les Chinois, est très critiqué par les organisations de la société civile et
les écologistes ainsi que par les Etats voisins, qui craignent qu’Addis Abeba
s’approprie des eaux bien utiles chez eux.
Cette percée
chinoise dans un pays allié des Etats-Unis, notamment dans la lutte contre le
terrorisme dans
Sur le plan
des libertés, l’Ethiopie n’est pas le Ghana. Le Premier ministre Meles Zenawi
est au pouvoir depuis 1991 et laisse peu de place à ses opposants: le Parlement
est dominé à 99% par le parti au pouvoir —un score à la soviétique qui laisse
songeur sur les progrès restant encore à accomplir.
Mais, si vingt
ans après le vent de démocratisation qui a soufflé sur l’Afrique et six mois
après les printemps arabes, Addis Abeba vit toujours sous la férule d’un parti
unique de facto, ce ne sont pas ses nouveaux partenaires chinois qui lui en
feront le reproche. Et aux Etats-Unis comme en Europe, les pressions sont
modérées: la stabilité avant tout.
Les
ex-rebelles ayant renversé en 1991 le régime militaro-marxiste de Mengistu sont toujours solidement accrochés au pouvoir. Et
pour l’instant, le modèle chinois (croissance économique et parti unique) leur
convient très bien.
Adrien
Hart
(http://www.slateafrique.com/2569/economie-ghana-ethiopie-nouveaux-lions-de-la-croissance-2011)
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