Deuxième tour de l’élection présidentielle au Sénégal : la démocratie l’emporte. Maître Abdoulaye WADE s’en va, M. Macky SALL devient le 4e président de la République

 

1) Déclaration de Maître Robert Bourgi à propos du 4e président élu, M. Macky SALL et de la non-reconduction de Maître Abdoulaye WADE à la tête du Sénégal

2) Un bail de confiance

3) Au Sénégal, Abdoulaye Wade admet sa défaite face à Macky Sall

4) Sénégal : Macky Sall, nouveau président, doit répondre à d'immenses attentes

5) Sénégal : la démocratie l'emporte, et c'est tout le continent qui respire

 


MAITRE ROBERT BOURGI

Avocat au Barreau de Paris

COMMUNIQUE

Sénégal / Déclaration de Maître Robert Bourgi (25 mars 2012)

PARIS, France, 26 mars 2012/African Press Organization (APO)/ -- Déclaration de Maître Robert Bourgi :

Paris - 25 mars 2012

 

Hier les urnes ont parlé au Sénégal, et Macky SALL devient le quatrième Président de la République du Sénégal.

Comme le fit le Président Abdou DIOUF en l'an 2000, le Président Abdoulaye WADE a salué aussitôt le nouveau Président et l'a félicité pour sa victoire.

C'est là une initiative à saluer dans un continent  qui a connu et connaît encore tant d'événements tragiques.

Abdoulaye WADE, vous avez fait honneur à la digne histoire de votre pays, qui a envoyé, il y a plus de deux siècles, des cahiers de doléances aux Etats Généraux en France.

Votre geste exceptionnel se situe dans le droit fil des brillants exemples qui nous furent offerts par ses illustres fils de la Teranga: Blaise DIAGNE, Galandou DIOUF, Lamine GUEYE, Léopold Sédar SENGHOR, Mamadou DIA, et Abdou DIOUF.

Votre geste d'hier, Président WADE, est fidèle à ce qui, tout au long de votre vie politique, a guidé votre réflexion et votre combat : le triomphe de la Démocratie. Vous les avez nourris dans la lumière, comme dans la pénombre des cachots.

Le Sénégal, les sénégalais, ont un profond respect pour leurs aînés : Jusque-là vous étiez "le Gorgui", "le Vieux". Depuis hier soir, vous êtes "notre" Gorgui, le Gorgui de tous les Sénégalais, jeunes et vieux.

Personne ne viendra me contredire, Président WADE.

Macky SALL fut votre Ministre, votre Premier-Ministre, puis votre adversaire politique. Aujourd'hui, il a besoin de votre sagesse et de votre expérience.

Avec lui, une nouvelle équipe va diriger le Sénégal. Une nouvelle symphonie va retentir. Elle ne serait que plus belle et plus grande si vous acceptiez d'en inspirer la baguette du nouveau Chef d'orchestre.

Alors, oui, le Sénégal nouveau sera le seul grand vainqueur de cette joute électorale. Tous les Sénégalais, de quelque bord politique qu'ils soient, dans la joie, pinceront les koras et frapperont les balafons.

Macky SALL veut que son Gorgui, assis sous le baobab, lui distille sa sagesse et ses conseils.

Dieu vous garde longtemps encore, Président WADE !

Nous ne voulons pas que la bibliothèque que vous avez été, brûle.

Robert BOURGI

Avocat au Barreau de Paris

 

Distribué par l'Organisation de la Presse Africaine pour Robert BOURGI.

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SOURCE : Robert BOURGI - Avocat au Barreau de Paris

 


 

 

 

Un bail de confiance

 

Editorial Par Cheikh THIAM  - http://www.lesoleil.sn   - Lundi, 26 Mars 2012 09:10

La victoire d’hier, engrangée par le président Macky Sall, est belle parce qu’elle consacre un travail de longue haleine, mené depuis sa sortie du Parti démocratique sénégalais (Pds) suivie de la création de l’Alliance pour la République (Apr). Et comme le dit l’adage, seul le travail paie ! Le candidat de la Coalition Macky 2012 savoure, ce jour, une victoire bien méritée, face à Me Wade qui, porté par les Fal 2012,  n’a point démérité.

 Ce scrutin a mis sur la sellette deux hommes  qui entrent ainsi, par la grande porte, dans l’histoire politique du Sénégal, un petit pays par sa taille, certes, mais dont on peut dire, en définitive, que c’est son vaillant peuple qui a été le principal gagnant du scrutin d’hier. En effet, le monde entier avait, au cours de ces derniers mois, le regard rivé sur la terre de Ndiadiane Ndiaye, redoutant un cycle de violences comme l’Afrique en offre, hélas, très souvent, lors des joutes politiques.

Après 2000, l’année où Me Wade avait pris le dessus sur Abdou Diouf, pour une première alternance politique que le monde entier avait magnifiée, le Sénégal renoue avec une deuxième alternance, survenue dans le calme, la sérénité, la transparence. Le pays de Léopold Sédar Senghor vient, encore une fois, d’administrer une belle leçon de démocratie à l’Afrique et au monde. N’eussent été les morts et blessés enregistrés lors du premier tour du scrutin, cette victoire du peuple aurait été plus belle encore ! Macky Sall a eu l’élégance de leur rendre hommage dans sa première déclaration, suite à sa victoire sur le Pape du Sopi.

Mais, en prenant la décision de féliciter son challenger, Me Wade prouve, comme il l’avait déjà dit, à l’entame du deuxième tour, qu’il ne ferait pas moins que l’ancien président Abdou Diouf, lequel avait tenu à le féliciter, le lendemain du fameux scrutin du 19 mars 2000. Hier soir,  vers 21 h 30, le candidat de la Coalition des Fal 2012 a respecté sa parole, son engagement devant le peuple. Le Sénégal n’attendait pas moins de Me Wade, qui a combattu vingt six ans dans l’opposition avant d’accéder à la magistrature suprême, face au leader des Socialistes de l’époque. L’élection, dont l’issue était connue hier, avant minuit, offre au Sénégal son quatrième président, en la personne d’un Macky Sall qui a certainement bien assimilé les leçons de son mentor, qu’il avait minutieusement conduit à la victoire en 2007, en portant la charge importante et si stratégique de directeur de campagne.

Le parcours de l’enfant de Fatick est à tout point de vue exemplaire. Sur un intervalle temporelle d’une dizaine d’années, Macky Sall a été, tour à tour, patron de la Cellule initiatives et stratégie (Cis)  au lendemain de l’alternance politique de 2000, Directeur général de Petrosen, ministre de l’Energie, ministre de l’Intérieur, Premier ministre, ensuite président de l’Assemblée nationale et, aujourd’hui, président de la République. Cette voie de réussite a été tracée dans la foi, l’ardeur au travail et la conviction en un programme de gouvernement  que les Sénégalais ont plébiscité hier.

Sur cette trajectoire d’espoirs et d’espérance d’une vie meilleure, le travail devra être le viatique. Le président Macky Sall semble l’avoir bien compris.  Lors de son message adressé, hier soir, au peuple sénégalais, il a lancé une invite au travail, « le travail attendu par chacun, le travail attendu de chacun ». C’est seulement à cette condition que cette  « ère nouvelle » qui s’ouvre pour le Sénégal s’accomplira. Les défis sont nombreux et les chantiers vastes et le temps doit être consacré à bâtir une économie moderne, forte, compétitive et ouverte sur un monde où la compétition est des plus rudes. Le chômage qui annihile les espoirs d’une vie décente et digne, à laquelle aspire la jeunesse, est déjà un monstre dont il faudra venir à bout. La forte mobilisation de ces millions de jeunes, qui ont été les artisans de cette victoire de la Coalition Macky 2012, rappelle à bien des égards cette autre génération, jeunesse de l’an 2000, qui avait porté Me Wade au pouvoir.

Président de tous les Sénégalais comme il a tenu  à le dire, Macky Sall mesure certainement l’ampleur des ambitions qu’il porte et les attentes de tout un peuple. Pour avoir été le bras droit de son mentor qu’il a vaincu, hier, dans un jeu démocratique transparent, sincère et serein, Macky Sall appréhende déjà, inévitablement, les défis et enjeux auxquels le prochain gouvernement aura à faire face. Son discours du deuxième tour est rassurant, lorsqu’il a dit que sous son magistère seront érigés en règle de conduite la rigueur, la bonne gouvernance démocratique et économique, la gestion rationnelle des deniers publics et la sanction (positive ou négative) de ceux à qui seront confiés des responsabilités publiques.

Le Sénégal est un pays pauvre en richesses naturelles, comparativement à d’autres contrées africaines, mais il est riche d’une démocratie majeure et de ressources humaines de qualité. Et cette ère nouvelle, évoquée hier par le président Macky Sall, ne peut s’ouvrir que sur des gages de gestion transparente à laquelle doivent sacrifier tous ceux qui seront dépositaires de la confiance du quatrième président de la République. Les attentes sont nombreuses, disions-nous ! Oui, les Sénégalais attendent de leurs dirigeants, à tous les niveaux de responsabilité, qu’ils soient des modèles dans leur comportement de tous les jours, mais aussi des exemples dans la gestion des deniers publics. Le peuple y croit et a signé, hier, avec le nouveau président de la République, un bail de confiance. Le pari peut être gagné et doit l’être !

 

 


 

 

Au Sénégal, Abdoulaye Wade admet sa défaite face à Macky Sall

Reuters, le 26/03/2012 à 11:52   - Par Diadie Ba et Bate Felix

 

DAKAR (Reuters) - Le président sénégalais Abdoulaye Wade qui briguait un troisième mandat a admis dimanche sa défaite au soir du second tour de l'élection présidentielle et, avant même la publication des résultats officiels, a félicité par téléphone son adversaire, Macky Sall.

"Le grand vainqueur reste le peuple sénégalais", s'est réjoui l'ancien Premier ministre de Wade qui s'apprête à devenir, à cinquante ans, le quatrième président du Sénégal depuis l'indépendance.

"Nous avons montré au monde que notre démocratie est mature. Je serai le président de tous les Sénégalais", a-t-il promis.

Dans Dakar, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour laisser éclater leur joie tandis que les tout premiers résultats du scrutin donnaient le président sortant très en retard sur son rival.

"Le président de la République Abdoulaye Wade a appelé le candidat Macky Sall à 21h30 GMT pour le féliciter", a annoncé la radio télévision sénégalaise (RTS) dans la soirée.

Les résultats complets du scrutin ne sont pas attendus avant ce lundi, voire mardi. Mais les premiers résultats connus à Dakar semblent sans appel: au Point E, quartier huppé de la capitale où Abdoulaye Wade vote, Macky Sall aurait obtenu 417 voix contre 120 seulement pour le président sortant.

"Ce jour est un grand jour pour le Sénégal", a réagi Arona Ndoffene Diouf, un des conseillers de Macky Sall.

Dans le camp d'Abdoulaye Wade, Amadou Sall, porte-parole de campagne, a déclaré à Reuters que "c'est le pays tout entier qui l'a emporté". "C'est un grand moment pour la démocratie et le président Abdoulaye Wade a respecté la voix du peuple", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a salué "une très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et le Sénégal en particulier".

"Le Sénégal est un pays considérable d'Afrique qui a été un modèle de démocratie et que les choses se passent aussi dignement, il faut que (le président sortant) Abdoulaye Wade en soit félicité et Macky Sall aussi", a déclaré le président français sur France Info.

UN FRONT ANTI-WADE

L'élection présidentielle au Sénégal constituait un test supplémentaire sur l'état de la démocratie en Afrique, et pouvait freiner ou au contraire accentuer ce que les observateurs ont qualifié de "récession démocratique", notamment après la présidentielle en Côte d'Ivoire qui a débouché sur une guerre civile l'année dernière.

La campagne pour le premier tour laissait craindre que le Sénégal, seul pays d'Afrique de l'Ouest à n'avoir jamais fait l'expérience d'un coup d'Etat, bascule dans un cycle de violences.

Des manifestations avaient éclaté lorsque le Conseil constitutionnel avait validé la candidature de Wade à un troisième mandat, estimant que le premier mandat du président sortant ne devait pas entrer en ligne de compte dans l'application de la nouvelle règle institutionnelle limitant à deux le nombre de mandats présidentiels mais introduite après l'arrivée au pouvoir de Wade en 2000.

Six personnes avaient été tuées dans ces manifestations pré-électorales et la France et les Etats-Unis avaient fait part de leurs doutes sur cette nouvelle candidature du président sortant.

Mais le premier tour s'était déroulé dans un calme inattendu. Dimanche, le second tour s'est également tenu sans incidents majeurs, et en concédant sa défaite, Abdoulaye Wade semble avoir désamorcé les risques de crise post-électorale.

"Il n'a fallu que quelques heures à Wade pour admettre qu'il avait perdu (...) Une passation de pouvoir pacifique va renforcer les institutions du Sénégal et sa réputation historique de stabilité politique", a noté Samir Gadio, de la Standard Bank.

Le 26 février, Abdoulaye Wade était arrivé en tête du premier tour avec 34,8% des suffrages, devant Macky Sall, crédité lui de 26,6%. Mais dans l'entre-deux tours, Sall a su rallier autour de lui l'ensemble des candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du chanteur Youssou N'Dour, écarté du scrutin par le Conseil constitutionnel.

Cette alliance anti-Wade avait fait naître pour une partie de l'opinion sénégalaise l'idée que le président sortant ne pouvait pas remporter le second tour.

Après douze années au pouvoir, Abdoulaye Wade misait pour sa part sur les nombreux abstentionnistes du premier tour mais aussi sur les chefs religieux, qui exercent encore une forte influence sur leurs communautés.

A 85 ans, celui que les Sénégalais surnomment Ndiombor - le lièvre, en wolof - pour son habileté politique, celui qui avait mis triomphalement un terme en l'an 2000 à quatre décennies de présidence socialiste, n'a pas réussi son pari.

"UNE DÉMOCRATIE MAJEURE"

"Ceci montre que notre pays est une démocratie majeure. Nous avons une population mature qui est capable de choisir de manière lucide et responsable, et cela est un encouragement pour moi", a déclaré de son côté Macky Sall après avoir voté, commentant le bon déroulement du scrutin.

Son programme électoral prévoit un renforcement des institutions démocratiques du pays et une réorganisation du secteur de l'énergie pour lutter contre les pannes de courant chroniques. Il promet aussi de réduire les taxes sur les produits de première nécessité, tels que le riz.

Macky Sall veut également relancer les initiatives visant à mettre un terme à la rébellion rampante en Casamance, naguère destination touristique de premier choix.

Le futur président sénégalais est un ancien proche d'Abdoulaye Wade, dont il fut tour à tour ministre de l'Energie et des Mines puis de l'Intérieur avant d'être nommé Premier ministre et de devenir, après la réélection de Wade en 2007, président de l'Assemblée nationale.

Il était tombé en disgrâce après s'être publiquement heurté au fils du président sortant, Karim Wade. Il est entré dans l'opposition en créant son propre parti, l'Alliance pour la République (APR-Yakaar).

Ce géologue et géophysicien de formation, qui a étudié à Dakar et à Paris, s'apprête désormais à devenir le quatrième président du Sénégal depuis l'indépendance, après Léopold Sédar Senghor (1960-1981), Abdou Diouf (1981-2000) et Abdoulaye Wade.

 

 


 

 

Sénégal : Macky Sall, nouveau président, doit répondre à d'immenses attentes

 

Par Par Stéphane BARBIER | AFP  26 mars 2012

 

Passée l'euphorie de la victoire, le nouveau président sénégalais Macky Sall, tombeur d'Abdoulaye Wade, va devoir dès lundi se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes vivant pour la plupart dans la pauvreté et à celles des politiques qui l'ont soutenu.

Prévisible, la victoire de Macky Sall, 50 ans, et sa reconnaissance quasi-immédiate par son ancien "maître" Abdoulaye Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 12 ans, a représenté un immense soulagement au Sénégal après des violences meurières en février liées à la nouvelle candidature du président sortant.

La reconnaissance très rapide par le président Wade de sa défaite, avant même la publication des premiers résultats officiels, a surpris: elle ne fait qu'illustrer son ampleur, les premières estimations officieuses donnant environ 70% des voix à Macky Sall.

La victoire a été célébrée comme il se doit dans la nuit par des milliers de Dakarois en liesse, criant leur joie, dansant et chantant au son des djembés (tam-tam) et du mbalax, la musique la plus populaire du Sénégal, poussée à fond.

Elle a été saluée à l'étranger, en particulier en France, ex-puissance coloniale et principal partenaire économique du pays, par le président Nicolas Sarkozy qui a parlé d'une "très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et pour le Sénégal en particulier".

Pour l'Union africaine (UA) également, l'élection sénégalaise a fait "honneur non seulement (au Sénégal) mais au continent (africain) tout entier".

L'ensemble de la presse sénégalaise, unanime, saluait aussi l'élection de Sall comme une "victoire du peuple" et de la démocratie.

Une victoire de la démocratie d'autant plus remarquable et encensée dans cette partie troublée de l'Afrique, qu'elle est intervenue quatre jours après un coup d'Etat militaire au Mali voisin ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré avant une présidentielle qui y était aussi prévue le 29 avril.

Dans sa première déclaration publiqué après son succès, Macky Sall a d'ores-et-déjà souligné que "l'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes de la population, j'en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail".

"Plusieurs urgences"

"Les Sénégalais nous attendent sur des dossiers très concrets", a déclaré pour sa part Chekh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères d'Abdoulaye Wade et candidat éliminé au premier tour du 26 février qui, comme tous les autres, avait appelé à voter Sall.

M. Gadio a cité le coût de la vie, le prix du carburant, les inondations dans les banlieues de Dakar, les coupres d'électricité, l'emploi de jeunes.

Dans un entretien accordé à l'AFP à la veille de son élection, M. Sall, plusieurs fois ministre, puis Premier ministre de Wade, avait indiqué avoir "plusieurs urgences", dont la "situation dramatique des finances publiques" et "le règlement de la situation alimentaire préoccupante de plus de 800.000 Sénégalais" menacés de famine dans le nord du pays à cause de la sécheresse.

Face à la pauvreté qui frappe une majorité des treize millions de Sénégalais sans emploi stable et dont beaucoup préfèrent partir clandestinement vers l'Europe, parfois au péril de leur vie sur des pirogues de fortnue, une autre de ses priorités est de baisser les prix des denrées alimentaires de base.

Il entend pour y parvenir revoir "très rapidement la gouvernance" pour "qu'on allège le fonctionnement de l'Etat", en réduisant en particulier les représentations diplomatiques du Sénégal et en baissant de moitié environ le nombre de ministres qui sont actuellement une quarantaine.

Cette dernière mesure ne sera pas tâche facile:

Macky Sall a bénéficié du soutien unanime des douze candidats éliminés au premier tour qu'il va falloir récompenser d'une manière ou d'une autre, en particulier les deux "poids lourds" de l'opposition Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng qui avaient cumulé à eux deux plus de 24% des voix au premier tour.

 

 


 

 

Sénégal : la démocratie l'emporte, et c'est tout le continent qui respire

Lundi 26 Mars 2012 à 15:00 - Anaïs Toro-Engel - http://www.marianne2.fr/

 

Victoire sans appel de Macky Sall au Sénégal : Abdoulaye Wade tire sa révérence sans heurts ni violence, saluant cette « victoire du peuple sénégalais ». Cet heureux dénouement n'est pas qu'une bonne nouvelle pour la démocratie sénégalaise, mais un message fort pour toute une région en proie à l'instabilité politique.

 

Macky Sall après sa victoire à Dakar

(Macky Sall après sa victoire à Dakar - TOURE BEHAN/SIPA)

 

Pour la première fois depuis douze ans, le Sénégal se réveille avec un nouveau président : Macky Sall et son parti Alliance pour la république (APR), victorieux face au président sortant Abdoulaye Wade.

La veille — soit le 25 mars, jour du deuxième tour — le suspens aura été de courte durée, puisque les premières estimations étaient sans appel : Sall devance Wade, ou comment l'élève a dépassé le maître.

Abdoulaye Wade, beau joueur, n'a pas attendu pour reconnaître son échec. En début de soirée, soit quelques heures à peine après la fermeture des bureaux de vote, il a téléphoné à Macky Sall pour le féliciter de sa victoire :

 

« M.le président, félicitation. Les tendances que je détiens vous donnent vainqueur. Je vous félicite, vous encourage et vous souhaite de réussir à la tête du Sénégal. »

 

Une attention salué par Macky Sall, qui a qualifié le président sortant « d'homme de hauteur et de dépassement ». Après une journée de vote dans le calme, l'ambiance était donc à la fête. Et du quartier de la Medina à Dakar aux villages les plus reculés du Fouta, tous écoutaient avec attention le premier discours du nouveau président, retransmis depuis un grand hôtel dakarois durant la nuit :

 

« En ce 25 mars 2012 (...) le peuple sénégalais s'est exprimé dans les urnes. A l'intérieur de nos frontières comme à l'étranger, les électeurs ont voté dans le calme et la sérénité. Leur maturité est un motif de fierté pour chacun de nous. Un résultat est sorti des urnes. Le grand vainqueur reste le peuple sénégalais.

 

Nous avons prouvé à la face du monde que note démocratie est majeure, ce soir mes pensées vont tout d'abord aux martyrs de la démocratie qui ont perdu la vie pour défendre notre constitution et notre démocratie (...)

Je salue également ceux qui ont porté leur choix sur l'autre candidat. Je serai le président de tous les Sénégalais. »

 

Préparer la législative

Du côté des perdants du Parti démocratique sénégalais (PDS), on pense déjà à préparer les élections législatives de juin prochain.

 

Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole d'Abdoulaye Wade, qui il y a quelques semaines encore affirmait avec la plus grande certitude la victoire du président sortant « dès le premier tour », félicite la victoire de Sall tout en tirant un peu la couverture du côté de son parti, en rappelant l'affiliation politique du vainqueur, ancien Premier ministre de Wade.

 

« L'important est de respecter le choix des Séngalais (...)  Un défaite n'est jamais agréable, mais si la défaite vous a été infligée par quelqu'un que vous avez couvé, à qui vous avez confié toutes les responsabilités, cela veut dire que les graines que vous avez semé sont bonnes et que les fruits mûrissent. C'est la leçon qu'il faut retenir. »

 

Abdoulaye Wade lui-même, qui a surpris pas son « sursaut de sagesse » ne perd pas le nord, et appelle déjà ses partisans au rassemblement en vue des législatives.

Voici un extrait de sa déclaration officielle :

 

« L’échéance de l’élection présidentielle passée, nous faisons maintenant cap sur celle des législatives de juin prochain (...) En direction de cette importante échéance, je vous invite donc à renforcer l’unité du Parti, taire les querelles et resserrer nos rangs pour relever les défis devant nous. »

 

Une victoire pour la démocratie en Afrique

Les déclarations se succèdent et se ressemblent. Tout le monde s'accorde, vainqueur comme vaincu donc, pour saluer le peuple sénégalais dans son ensemble plus que le candidat. Car au pays de la Teranga (Sénégal), c'est bien le peuple qui porte cette tradition démocratique, s'étant toujours âprement battu pour maintenir le respect de la constitution comme valeur souveraine. Et ce même en période de tensions politiques, tel que le pays a pu en connaître au cours des derniers mois.

 

Balayés, les pronostics pessimistes qui craignaient déjà la survenance d'un scenario ivoirien bis, car le Sénégal a montré qu'organiser des élections démocratiques et indépendemment d'observateurs internationaux, était possible. Que sur le continent, la corruption et l'accaparation du pouvoir ne font pas légion.

 

Le témoignage d'un Congolais vivant à Dakar montre que beaucoup de pays devraient se référer au modèle sénégalais :

« Ce que je vis au Sénégal est étonnant. Vraiment, les Sénégalais ont montré qu'ils ont la maturité. L'élection qu'on a vu ici, c'est comme en Europe. Au Congo, c'est une autre chose. C'est toute la différence. »

 

Ce qu'a également souligné Nicolas Sarkozy dans la matinale de France Info  :

 

« C'est une très bonne nouvelle pour l'Afrique en général et le Sénégal en particulier. Le Sénégal est un pays considérable d'Afrique, qui a été un modèle de démocratie et que les choses se passent aussi dignement, il faut que (le président sortant) Abdoulaye Wade en soit félicité et Macky Sall aussi. Cette transition démocratique, quand on voit ce qui se passe au Mali, c'est un facteur d'espérance pour toute l'Afrique ».

 

Car au Mali, le coup d'Etat du 22 mars par certains généraux de l'armée faisait craindre le pire pour la stabilité politique du pays, et donc de la région. Le président Amadou Toumani Touré, après avoir fui le Palais présidentiel devant l'assaut des militaires, reste introuvable. De nombreuses personnalités politiques de son parti qui ont été arrêtées, ont entamé une grève de la faim aujourd'hui pour « dénoncer leur arrestation et leur détention, et condamner les conditions dans lesquelles ils sont détenus ».

 

Une fronde s'est rapidement formée pour dénoncer ce hold-up démocratique : le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FUDR), composé de 38 partis politiques et d'une vingtaine d'associations. Soumaïla Cissé en fait partie. Candidat à la présidentielle de 2012 sous la bannière de l'URD (Union pour la république et la démocratie), il a ainsi déclaré auprès de l'AFP :

« Notre objectif est clair, c’est d’obtenir le départ de la junte. Ce coup d’Etat est anticonstitutionnel et nous n’allons pas l’accepter. »

 

La Communauté internationale dans son ensemble a réprouvé ce coup d'Etat, même si les putschistes disent vouloir servir une cause honorable : celle de mettre fin aux conflits armés contre AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique) et les rebelles touaregs dans le nord Mali. Mais celui-ci arrive au mauvais moment : le 29 avril prochain doit se tenir l'élection présidentielle. L'exercice du jeu démocratique par les urnes auraient naturellement révoqué le président Touré, qui a déjà accompli les deux mandats présidentiels préconisés par la Constitution.

 

A ce propos, le Conseil de l'Union Africaine, qui s'est réuni le 23 mars à Addis-Abeba (Ethiopie) « condamne fermement la rupture de l’ordre constitutionnel au Mali, intervenue à la suite du coup d’État du 22 mars 2012 et de la prise du pouvoir par des éléments de l’armée malienne (...) Ce coup d’État, qui s’est produit juste avant l’élection présidentielle du 29 avril 2012, constitue un sérieux recul pour le Mali et pour les processus

démocratiques en cours sur le continent ».

 

Gage de stabilité politique de toute l'Afrique de l'Ouest, l'application rigoureuse du jeu démocratique au Sénégal est un message fort envoyé aux putschistes maliens, et plus largement aux dirigeants africains : la voie des urnes est la seule envisageable. Car l'on peut être une « jeune démocratie » et savoir faire preuve de sagesse...

 

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