Les
Amis de La république Centrafricaine ont réfléchi à Paris sur la crise en RCA
mercredi 6 novembre 2013
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Les
Amis de La République Centrafricaine à La Maison de l’Afrique à
Paris
« Depuis le renversement du
président François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par
Michel Djotodia, la population du pays vit, selon l’ONU, "une tragédie", victime
de meurtres, viols, pillages perpétrés par d’ex-rebelles et des mercenaires
venus du Tchad et du Soudan qui avaient rejoint les rangs de la Séléka.
» (AFP)
Vous
comprendrez alors pourquoi l’association des « Amis de la République
Centrafricaine » a organisé une rencontre samedi 2 novembre 2013 à Paris à
La Maison de L’Afrique (1) afin de réfléchir sur les solutions à la crise
qui mine ce pays depuis le coup d’Etat. Près d’une cinquantaine de
Centrafricains et amis de La Centrafrique ont répondu présent à l’appel de ce
nouveau cercle de réflexion présidé par Me Michel Langa, avocat à
Paris.
Similitudes
C’est
que l’histoire de la RCA est semblable à celle du Congo avec sa série de coups
d’état depuis son accession à l’Indépendance en
Ce
samedi 2 novembre, La Maison de L’Afrique, véritable agora grecque (en
plus de ses montagnes d’ouvrages), a été, l’espace d’une après-midi, le théâtre
de deux à trois exposés et échanges soutenus qui donné donné des Centrafricains
de la diaspora une image d’intellectuels farouchement attachés à leur pays en
proie à une guerre civile larvée.
Amitiés
interculturelles
L’auditoire
a affiché une interculturalité exemplaire qui en dit long sur l’intérêt que la
diaspora africaine et quelques Européens portent sur un pays où se déroulent
jusqu’alors des massacres à huis-clos (comme jadis au Congo de Sassou après la
fin officielle du conflit civil) : Togolais, Béninois, Sénégalais,
Camerounais, Congolais, Burundais, Européens ont donc répondu présent l’appel
des « Amis de La République Centrafricaine » afin de
« trouver des solutions de sortie de crise » au drame
cornéliens auquel est sujette l’ancienne Oubangui-Chari.
A
propos, les « Amis de la République Centrafricaine », s’agit-il
d’un parti politique ou groupe de réflexion visant à faire pression sur le cours
des choses en Centrafrique ? La question sera d’autant plus posée que dans
l’auditoire se compte un nombre remarquables d’anciens députés centrafricains.
Le besoin de définir la nature réelle des « Amis de la
Centrafrique » montre qu’il existe une soif d’agir que, du reste, n’ont
pas cachée les femmes et hommes présents rue des Carmes, notamment Denise
Yakazougba de « Réseau des femmes en action pour le
développement » (REFAD) , Edwige Zoe Dondra de« Femmes en
danger » (FED). Au nombre des communications, celles de
l’anthropologue et historien Victor Bissengue, des avocats Michel Langa et
Jean-Gabriel Senghor, de l’honorable Serge Singha et de Nicolas Abena ( ce
dernier campant avec objectivité dans le rôle de journaliste
modérateur).
Les
exposés
Le
professeur Victor Bissengue, carte géographique à l’appui, a éclairé l’auditoire
sur la dynamique historique de la RCA, de la période coloniale à la
postcoloniale. En substance, selon l’anthropologue, le sol, le sous-sol, la
faune, flore et la forêt de cette ancienne colonie française sont à l’origine de
ses malheurs. Comme au Congo-Brazzaville (NDLR) où le pétrole serait à l’origine
des différents conflits qui ont ravagé le pays depuis les années 1997.
« Malheur aux riches ! » pourrait-on dire, paraphrasant
St-Mattieu.
L’or
bleu versus l’or noir
Les
ennemis de la Centrafrique sont légion. Idriss Déby, profession
« dictateur », en est un. Ce Tchadien en veut énormément à La
Centrafrique, sa voisine du sud. L’une des raisons de la colère du tombeur
d’Hissène Habré ? Une histoire d’eau. En effet, menacé d’asséchement le lac
Tchad a besoin d’être approvisionné en eau. Le tyran tchadien n’a pas trouvé
meilleure idée que le projet de détourner le fleuve Oubangui de son cour naturel
pour résoudre le cataclysme inquiétant auquel est sujet cette mer intérieure que
fut jadis le Lac Tchad : pharaonique ! Encore une similitude avec le
voisin congolais : le fleuve Congo (prolongement de l’Oubangui) fut aussi
envisagé comme château d’eau pour renflouer la cuvette quasi désertique qui
tient actuellement lieu de lac suite au réchauffement de la planète. Qui a dit
que l’enjeu des futures batailles ce n’est pas l’or noir, c’est l’or bleu ?
Celui-là n’a pas totalement tort.
Impunité
D’où
vient-il alors que les visées impérialistes d’Idriss Déby sur la Centrafrique
ont l’assurance de l’impunité ? La raison en est que pour avoir rendu
service à La France dans la crise malienne, le ploutocrate de Ndjaména, par
Séléka interposée, peut se permettre de commettre des razzias sur le
territoire centrafricain de la RCA sans craindre le moindre regard réprobateur
de l’Onu et de l’ancienne puissance colonisatrice aujourd’hui gouvernée par
François Hollande. Du reste deux résolutions du fameux Machin gaulliste
(entendez L’onu) attendent toujours de produire leurs effets dans un pays où les
exécutions extra-judiciaires ne semblent pas émouvoir la Communauté
internationale : Faute de pétrole la RCA compterait-elle pour une portion
incongrue au regard de la françafrique ? Et pourtant, rappelle Victor
Bissengue, le pays regorge de richesses minières et sylvestres. Du reste, dans
son stade suprême, le capitalisme au 19ème siècle s’exporta en Afrique Centrale
où il réalisa d’immenses profits. Le grand capital se partagea la sous-région.
C’est ainsi que le salariat, masque subtil de l’exploitation, fut introduit par
une typologie de compagnies concessionnaires à la terminologie hiérographique (
CFHBC, SCKN, Paris-Sangha etc.) Pourtant au milieu des années 1970, la RCA
suscita quelque intérêt sur le plan mondial, devinez pourquoi ? Un des purs
produits de la françafrique, devenu incontrôlable, créa l’inédit
historique en s’autoproclamant Empereur de La Centrafrique. Jean-Bedel Bokassa,
car c’est lui, ouvra la vanne des dérives dont le pays n’a pas fini de faire les
frais à ce jour.
Batouala
La
Séléka, inquiétante et brutale coalition politico-militaire, n’a pas
surgi ex nihilo. Il suffit pour cela de relire l’Antillais René Maran
pour se rendre compte que le roman Batouala, écrit sous la colonisation,
parle déjà de La Centrafrique du 21ème siècle. Batouala, à en croire
l’historien Victor Bissengué, est annonciateur du bluff du nouvel homme fort de
la RCA, Michel Djotodia et de ses prédécesseurs (David Dacko, André Kolingba,
Ange Patassé, François Bozizé).
Figurez-vous
que le sango, langue nationale, rend la notion de chaise par
« mbata » et l’idée du mensonge par
« ouala ». En clair : le pouvoir (pour ne pas dire chaise)
est le siège du mensonge.
Comment
douter de cette équation basique (politique = mensonge) quand on voit Michel
Djotodia, à l’œuvre. Le fait est qu’il y a du « batouala »
dans la Séléka. Que voit-on ? Bande hétéroclite venue de partout et
de nulle part, la Séléka, une fois au pouvoir, reproduit les dérives
qu’elle reprochait (à juste titre) à François Bozizé, homme de paille. Que sont
devenues les promesses des insurgés de mars ? A la grande surprise (mais
cela arrive souvent) ceux qui ont prétendu purifier le champ politique ont
finalement ajouté à l’impureté anarchique : du vrai
« batouala » où on vous met tout sens dessus-dessous, où on
vous met « l’est en ouest » (disent les Algériens) . Se proclamant
pure et dure au départ, Séléka s’est révélée exclusivement dure,
après-coup.
Guerre
de religion
Chrétienne
et majoritairement animiste, la population centrafricaine est invitée de force
par les nouveaux maîtres de tenter l’aventure islamiste. De fait, en dépit de
son prénom catholique, Michel Djotodia est le premier Président musulman qu’ait
jamais connu La Centrafrique, au grand dam de tout un pays effrayé par le
prosélytisme d’hommes barbus et son corollaire : la guerre des religions.
Comme au Nigeria, comme au Liban. C’est parce que 90 % de chrétiens
centrafricains ne veulent pas de cette domination par une minorité musulmane que
l’association Les Amis de La Centrafrique a vu le jour. L’une des revendications
de cette association qui se dit apolitique est le départ de Djotodia et sa
Séléka. Cette institution politique voit ses militaires répandre chaque jour la
mort à Bangui et dans les Provinces. De plus, les membres de sa branche armée ne
parlent même pas la langue nationale, le sango. Qui oserait encore douter, en
raison de ce hiatus linguistique, qu’il s’agit d’étrangers devenus maîtres d’un
Etat souverain ?
Leadership
Malheureusement,
Les « Amis de La Centrafrique » souffrent du mal infantile des
mouvements sociaux naissants : le manque de leader. « Mais vous
avez un leader tout désigné parmi vous ici » fera remarquer un orateur
en montrant du doigt l’homme de Justice, Me Michel Langa.
Propositions
La
question qui a fait rebondir les débats est la suivante : quelles solutions
pour sortir de la crise ? Des propositions ont fusé. Parfois avec passion.
Entre autres, propositions, celles-ci : formation des cadres car le pays en
manque cruellement ; une transition à la congolaise avec un prélat à la
tête puisque en RDC elle a fait ses preuves ; des Etats généraux de la
Nation ; le départ sans condition des mercenaires de la
Séléka…
Cette
dernière proposition suscite, à juste titre, l’inquiétude de voir des gens
verser dans la xénophobie.
De
même, la solution de la formation des cadres est balayée d’un revers de main par
un intervenant qui considère que ce n’est pas lorsque le bateau est en train de
couler qu’il faut apprendre la nage aux gens. Au contraire, il faut parer au
plus pressé : le redressement politique. Le même intervenant fera remarquer
(signe que la Séléka a de longues oreilles) que tout ce qui se sera dit
au cours des débats filtrera le soir-même à Bangui. Le même orateur se
réjouissant du genre grammatical du nom du pays (LA et non
LE Centrafrique) ira aussi de sa petite anecdote
historique : le substantif « toquet » (fou à lier)
viendrait, rappelle-t-il, d’un préfet français sous la colonisation, en
Oubangui-Chari, qui introduisait des bâtons de dynamite dans le rectum des
indigènes pour célébrer le 14 juillet. Ce cruel colon répondait au nom de
Toquet.
Compter
sur soi-même
« La
solution de La Centrafrique revient aux Centrafricains eux-mêmes »
suggère Me Jean-Gabriel Senghor (neveu de l’ancien Président du Sénégal)
« Au Sénégal la coexistence religieuse se fait sans heurts. Il n’y
existe pas de cimetière musulman ou de cimetière chrétien. Tout le monde est
inhumé ensemble. Dans chaque famille on a un parent de chaque confession
religieuse » ajoute l’avocat, lequel invite les chrétiens
centrafricains de se rendre au Sénégal afin de tirer profit de l’expérience des
chrétiens sénégalais. »
On
ne pourra pas faire économie d’une table-ronde avec tous les acteurs de la crise
centrafricaine. En clair, il faudra désormais compter avec la Séléka,
composer par conséquent avec les musulmans du nord 10% de la population).
« Bref, tous les citoyens doivent discuter ensemble » analyse
avec réalisme un débatteur.
(1)
La Maison de l’Afrique Irea-Harmattan, 7 rue des Carmes, Paris 5ème Quartier
Latin.
La
RCA, pays abandonné par la Communauté internationale
Femmes
Centrafricaines en action
Nelly
G. présidente de l’association As de Coeur
Me
Michel Langa président des Amis de la République centrafricaine
On
n’apprend pas à nager quand le bateau
coule