(BRUXELLES2), oct 21,
2013 - Réunis à Luxembourg, les ministres des
Affaires étrangères de l’UE viennent d’appeler « à une mobilisation forte, rapide et
coordonnée » face à la crise que traverse la république
Centrafricaine.
« L’Union
européenne est vivement préoccupée par la situation en République centrafricaine
(RCA) où l’insécurité et l’effondrement total de l’ordre public exposent les
populations civiles, en particulier les enfants qui sont les plus vulnérables, à
des atteintes graves aux droits de
l’Homme. La situation humanitaire est
alarmante : l’ensemble de la population est considérée en situation de risque
grave. »
Ces mots peuvent
sembler relever du verbatim diplomatique habituel pour un public français (ou
francophone), connaisseur de la république Centrafrique, tant il parait évident
que la crise est grave. Mais cette « évidence » n’est pas partagée par
tous les Européens. Loin de là ! En Centrafrique, bien que discrète, l’action de
la diplomatie européenne a été bien réelle et, surtout, bien
coordonnée. Détails…
Conscientiser, tout
d’abord
Avant tout, comme
l’explique à B2, un expert du dossier, il a fallu « conscientiser, intéresser tous les acteurs européens
(et les partenaires internationaux) à cette crise un peu oubliée ». Il a
également fallu dénouer une crise entre la CEEAC (la Communauté Économique
des États de l’Afrique Centrale) qui s’estimait compétente pour intervenir (mais
n’en avait pas les moyens) et l’Union africaine. Un travail de haute couture
diplomatique qui mérite un coup de chapeau.
Une action
discrète
Alors que ce sujet n’a
fait l’actualité des médias que récemment et de façon épisodique, l’Union
européenne a pris à bras le corps le problème. « On n’a pas beaucoup communiqué. Mais cette question
a, très tôt et bien avant qu’il y ait d’intérêt public sur la question, été
prise au sérieux », confirme un haut diplomate européen que j’ai
interrogé. « On a été actif sur trois
dimensions de cette crise : la sécurité, l’humanitaire, le développement
économique et social », sans oublier l’aspect politique.
Visites
politiques
La Commissaire
européenne à l’Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, s’est ainsi « fortement impliquée sur le dossier ». La
composante « humanitaire » de la crise est, en effet, très forte.
Après une visite cet été en compagnie de Valerie Amos, la coordinatrice de l’ONU
pour les affaires humanitaires (OCHA), elle est revenue pour une visite plus
officielle avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, il
y a une semaine (dimanche 13 octobre). Entre les deux, la réunion organisée en
marge de l’assemblée générale des Nations-Unies à New-York, le 25 septembre, a
certainement constitué un momentum politique important, avant qu’une résolution
ne soit votée au Conseil de Sécurité.
Missions
d’évaluation
Sur le plan technique,
« plusieurs missions d’évaluation ont aussi
été envoyées sur le terrain ». Tout d’abord, une mission
« mixte » du service diplomatique européen (SEAE), composée de
militaires, de spécialistes du développement (Devco), de l’aide humanitaire
(ECHO), et des différentes unités concernées du SEAE (unité géographique
notamment) se sont rendues à Bangui. Une autre mission s’est rendue également à
Addis-Abeba au siège de l’Union européenne.
Contacts
discrets
Des délégations de
l’Union européenne comme certaines ambassades bilatérales ont été mobilisées
pour convaincre, un par un, les pays africains de la CEEAC qu’il en allait de
l’intérêt de tous, de faciliter la transition entre la CEEAC et l’Union
africaine pour le règlement de cette crise. « Cela a pris un peu de temps et ce n’était pas gagné d’avance » comme l’avoue un
Européen qui a suivi de près cette négociation.
Et aide à la
planification
On peut aussi ajouter
à cette présence diplomatique, une aide à la planification menée par des
officiers européens placés auprès de l’Union Africaine (un officier est sur
place à Addis Abeba) et auprès de la CEEAC, la communauté économique de
l’Afrique centrale).
Agir tout de
suite
Comme l’explique à B2
un expert du dossier, « Il faut agir
maintenant et pas dans trois mois ». « Nous sommes sommes face à une crise majeure, aigüe,
où toute la population du pays (même si celle-ci n’est pas très
nombreuse, environ 4,6 millions d’habitants) est affectée en même temps. Ce qui est
rare ». Le positionnement géographique de la Centrafrique, entre le
Soudan et le Congo, est crucial. Situé sur une ligne de fracture entre musulmans
et chrétiens ou animistes, il pourrait réveiller des conflits apaisés
(Tchad-Soudan notamment). Un pays « situé
au carrefour de plusieurs zones fragilisées par des années de crise ou de
conflit, par le braconnage, la présence de groupes armés étrangers, y compris
l’Armée de résistance du Seigneur et par la montée de menaces terroristes
transnationales » comme le précisent les 28 dans leur
communiqué.