Centrafrique: Hollande lance un "cri
d'alarme" à la tribune de l'ONU
AFP - Par André VIOLLAZ, 25 septembre 2013
AFP/AFP - Le président français
François Hollande s'exprime à la tribune de l'ONU lors de la 68e assemblée
générale de l'organisation, le 24 septembre 2013 à New
York
Le président français François
Hollande a lancé mardi à la tribune de l'ONU un "cri d'alarme" face à l'anarchie
en République centrafricaine et réclamé un renforcement de la force panafricaine
existante pour stabiliser un des pays les plus pauvres du
monde.
Dans son discours devant la 68e
assemblée générale de l'ONU, M. Hollande a demandé que le Conseil de sécurité
"donne un mandat et accorde un soutien logistique et financier" à cette force,
"dont la première mission sera de rétablir l'ordre". Après le Mali, "c'est la
Centrafrique qui doit nous alarmer", a-t-il déclaré.
"Le chaos s'est installé et les
populations civiles en sont les premières victimes", a-t-il déploré. "Nous
devons mettre un terme aux exactions, qui prennent également des formes
confessionnelles".
L'anarchie règne en RCA depuis la
prise du pouvoir en mars par une coalition rebelle, la Séléka, qui a renversé le
président François Bozizé. Les défenseurs des droits de l'homme accusent les
ex-rebelles de nombreuses exactions contre la population, et la situation
humanitaire se dégrade.
Une force panafricaine, la Misca
(Mission internationale de soutien à la centrafrique), est présente en RCA, sous
l'égide de l'Union africaine, pour appuyer le gouvernement de transition. Mais
elle manque cruellement de moyens et ne compte pour l'instant que 1.400 soldats
et policiers (congolais, camerounais, gabonais, tchadiens) sur un effectif prévu
de 3.600 hommes.
Selon des diplomates, Paris veut
proposer rapidement au Conseil de sécurité un projet de résolution permettant de
"faire monter en puissance" la Misca, qui pourrait à terme se transformer en
mission de maintien de la paix de l'ONU.
Mercredi à New York, la France
co-présidera avec l'ONU et l'Union européenne une réunion ministérielle sur la
Centrafrique, à laquelle partiperont aussi l'Union africaine, les Etats-Unis et
les voisins de la RCA.
La France redoute non seulement une
catastrophe humanitaire et la poursuite des meurtres, viols et pillages par des
éléments incontrôlés de la Séléka, mais aussi une "somalisation" du pays, en
référence à la Somalie quand ce pays était livré à l'anarchie et à des groupes
armés.
"Nous ne voulons pas laisser une
situation déjà très grave dégénérer avec un Etat qui n'aurait plus d'Etat que le
nom et qui, par contagion, entraînerait une situation extrêmement difficile dans
l'ensemble de la région", a expliqué lundi à la presse le ministre français des
Affaires étrangères Laurent Fabius. "La RCA est au contact de beaucoup de pays
qu'il faut préserver et il est impérieux de renforcer la
Misca".
Toutefois, a souligné M. Hollande
mardi dans une conférence de presse à l'Onu, la situation n'est pas la même
qu'au Mali, où l'armée française est intervenue pour chasser les islamistes
radicaux du nord du pays avant de passer le relais à l'ONU. "Ce ne sont pas des
groupes terroristes comme au Mali, mais des bandes qui sèment le désordre et la
désolation", a-t-il noté.
Besoin d'aide urgente pour un tiers
de la population
"Il ne s'agit pas, a-t-il affirmé,
d'une intervention française" même si la France est prête à apporter sa
contribution (formation, encadrement) à l'action de la
Misma.
La France a déployé 450 hommes sur
place pour sécuriser l'aéroport et protéger ses ressortissants, et a laissé
entendre qu'elle pourrait porter, si nécessaire, cet effectif à 750
soldats.
Le secrétaire général de l'ONU Ban
Ki-moon a lui aussi tiré la sonnette d'alarme dans son discours d'ouverture de
l'Assemblée générale.
Constatant que "des millions de
personnes sont coupées de toute assistance et risquent d'être victimes
d'exactions", il a déploré que l'appel de fonds en faveur de la RCA n'ait
suscité que des "contributions désespérément insuffisantes". Seuls 37% des 195
millions de dollars requis pour la RCA ont été financés.
L'Union européenne vient cependant
d'augmenter son aide humanitaire, la portant à 20 millions d'euros (27 millions
de dollars), et promet de soutenir financièrement la
Misca.
Mais c'est encore peu au regard des
besoins: selon l'ONU, 1,6 million de Centrafricains, soit un tiers de la
population, a besoin d'une aide humanitaire d'urgence, et plus de 270.000 ont
été déplacés ou se sont réfugiés dans les pays voisins.