Liberté chérie, hommes et femmes de
bonne volonté et pleins d’humanité... et le Soudan.
8 millions de frères et sœurs du sud
Soudan ont commencé à voter ce dimanche pour
Ma pensée va vers eux, vers John
Garang et tous ceux qui ont payé un très lourd tribut à l'intégrisme, au racisme
et à l'esclavage islamique.
Ma pensée va à
- Etienne Goyémidé, auteur du roman
"Le dernier de la caravane", un des rares Centrafricains a avoir traité
l'esclavage voilé,
- feu monseigneur Maanicus, évèque
de Bangassou, aux prêtres, aux chrétiens, aux hommes et femmes de bonne
volonté et pleins d’humanité du Haut-Mbomou, qui ont apporté assistance aux
réfugiés soudanais reflués dans l'Est de
Jean-Bosco
Lun 10 janvier 2011,
3h 15min 08s
PS voir également mon article
paru le 16 juin 2004 :
Droit d’ingérence pour que la paix
revienne au Soudan
-
http://www.sangonet.com/FichPtsdevuesuite/droit-inger-soudan.html
Les forces armées du Soudan
capturent de nouveau comme esclaves 188 femmes et enfants noirs africains -
http://www.sangonet.com/FichPointsdevue/Soudan188Efesclaves.html
------------------------
Autres articles de presse
récents se rapportant au Sud-Soudan :
1) Au Sud-Soudan, les "esclaves noirs" se "libèrent
des Arabes"
GUDELE, AFP, 9 Janvier 2011 — "Nous
avons été les esclaves des Arabes. Nous votons aujourd'hui pour notre liberté",
souffle Duku John, jeune Sudiste aux traits carrés, le pouce imbibé d'encre
pourpre après avoir voté dans un faubourg poussiéreux lors du référendum
d'indépendance du Sud-Soudan.
Dans une région qui a subi
l'esclavagisme, attendu 55 ans de pouvoir exercer son droit à
l'autodétermination et mené 38 ans de guerre au total avec le gouvernement
central de Khartoum, la population ne mâche pas ses mots lorsqu'il est question
du référendum.
"Nous, les noirs, avons été les
esclaves des Arabes, nous voulons maintenant bâtir notre propre pays", lance le
jeune Sudiste, lunettes de soleil et sac en bandoulière, en regardant la longue
file d'attente qui s'étend devant le centre de vote de Gudele, ville située dans
la banlieue de la capitale sudiste Juba.
"Ce vote est la dernière bataille,
nous lançons la dernière bombe sur le Nord", ironise de son côté Charles Sambos,
qui a passé 25 ans dans les plantations de sucre du Nord-Soudan, avant de
rentrer l'an dernier chez lui au Sud.
"C'est la fin de l'arabisation, la
fin de l'islamisation", plaide-t-il, en patientant devant le bureau de vote de
Gudele, ville où s'entremêlent huttes de paille, maisonnettes de ciment et
habitations en terre, et où des voitures coiffées du drapeau étoilé sudiste
retournent la poussière des routes en terre battue.
Comme à Gudele, de longues files
d'attente ont été constatées dimanche à travers tout le Sud-Soudan au premier
jour du référendum, lors duquel les habitants doivent se prononcer pour la
sécession du Sud ou le maintien de l'unité avec le reste du
Soudan.
Ce scrutin est le point d'orgue de
l'accord de paix global ayant mis fin en 2005 à la seconde guerre civile entre
le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien. Ce
conflit a fait deux millions de morts.
Plus de 120.000 Sudistes habitant le
Nord sont rentrés au cours des dernières semaines pour participer au
vote.
Les analystes pronostiquent une
victoire de l'option sécessionniste, et les responsables politiques à Khartoum
semblent avoir déjà fait leur deuil du Sud-Soudan.
"J'ai passé ma vie au Sud-Soudan.
Parmi les gens que je connais, je peux vous dire que 99% d'entre eux vont voter
pour la sécession", affirme Oboy Ofilang Itorong, vêtu d'une tunique blanche qui
laisse entrevoir une balafre sur le torse. "Mais bon, un vote demeure secret et
on ne sait pas ce qui peut arriver", ajoute-t-il.
"Les Arabes disent que nous formons
un pays, que nous sommes ensemble, mais je ne crois pas à ça", argue pour sa
part Justin Mogga, un partisan du Mouvement populaire de libération du Soudan
(SPLM), ex-rébellion sudiste au pouvoir à Juba.
"Nous avons beaucoup de problèmes au
Soudan. Tout le développement est concentré à Khartoum", peste-t-il, en
reprenant un argument largement développé par les autorités sudistes. "Nous
voulons nous séparer du Nord pour voir qui est la cause du problème: les Arabes
ou les Noirs", dit-il.
Guillaume
LAVALLEE
2) Sud-Soudan
: l'équation à inconnues multiples
lemonde.fr
08/01/2011
Hantée par deux guerres civiles
(1955-1972, 1983-2005), la région semi-autonome du Sud-Soudan se prononce sur
son avenir, dimanche 9 janvier, à la faveur d’un référendum d’autodétermination
historique. Pierre angulaire de l’accord global de paix signé au Kenya en
janvier 2005, cette consultation populaire devrait déboucher sur une scission du
pays, entre le Nord, arabo-musulman, et le Sud, majoritairement chrétien et
animiste. Une perspective qui n’est pas sans soulever certaines questions. Tour
d’horizon des points de contentieux potentiels en compagnie de Marc Lavergne, géopolitologue et directeur du
CEDEJ (Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales,
dépendant du ministère des affaires étrangères français et du
CNRS).
Des frontières aléatoires
Contrairement aux dispositions
prévues par l’accord de paix du 9 janvier 2005, signé à Nairobi (Kenya)
par le gouvernement central et les rebelles sudistes du Mouvement/Armée
populaire de libération du Soudan, les frontières entre le Nord et le Sud
n’ont jamais été matérialisées. Elles sont essentiellement artificielles et ne
s’appuient donc sur aucune limite naturelle, ce qui, en cas de partition du
pays, risquerait de rendre tout futur tracé très hypothétique, voire impossible.
"La nouvelle frontière pourrait être fixée n’importe où, dans la mesure où il
n’existe aucune solution de continuité dans cette vaste plaine qu’est le
Soudan", explique Marc Lavergne. Déjà, plusieurs régions – Sud-Kordofan,
Nil Bleu et, surtout, Abyei, creuset de
tensions politico-ethniques – font l’objet d’âpres négociations entre Khartoum
et Juba, la capitale du Sud. A cela s’ajoute un autre phénomène traditionnel,
qui pourrait remettre en cause l’établissement d’une frontière clairement
délimitée : celui des transhumances. "L’existence de gradients
climatiques progressifs du Nord au Sud fait que les tribus nomades du Nord
[Baggaras arabisés, notamment] transhument vers le Sud pendant la saison sèche
et qu’à l’inverse les tribus du Sud [les Dinkas, pour l’essentiel, mais aussi
les Nuer] se déplacent vers le Nord pendant la saison des pluies. Ces mouvements
ont fini par créer une symbiose qu’il est difficile de briser", souligne
Marc Lavergne. D’autant que, d’après ce dernier, le phénomène concernerait pas
moins de sept millions de personnes au Nord et quatre millions au Sud, soit un
peu plus du quart de la population soudanaise (estimée à environ 42 millions
d’habitants en 2009).
Une citoyenneté aux contours flous
Du sort des frontières découle une
autre question épineuse : celle du statut accordé aux quelque 2,5 millions
de Sud-Soudanais résidant actuellement dans le Nord. De ce point de vue, le
discours tenu à Khartoum, en particulier par les responsables de la sécurité,
est plutôt comminatoire. "Ces derniers ont notamment dit que les
Sud-Soudanais quitteraient le Nord sans rien emporter avec eux, pas même une
épingle, ou qu’ils deviendraient des étrangers du jour au lendemain,
c’est-à-dire qu’ils n’auraient plus accès, ni aux services de santé ni au
système d’éducation. Bien sûr, ces propos effraient les Sud-Soudanais qui vivent
au Nord. En effet, il faut savoir que beaucoup d’entre eux, parmi les jeunes
générations, ne connaissent pas le Sud et ne parlent pas la langue de leurs
parents. Ce sont, pour la plupart, des citadins de grandes villes qui parlent
l’arabe", analyse Marc Lavergne. Cependant, ce jusqu’au-boutisme affiché se
heurte à la réalité économique, le Nord étant largement dépendant des
travailleurs sud-soudanais (domestiques, personnels des usines et des
chantiers).
Un pétrole surabondant, source de convoitise
Région frappée par un profond
dénuement économique, avec seulement une cinquantaine de kilomètres de routes
goudronnées – sur une superficie de 590 000 km2, comparable à celle
de
Une dette nationale embarrassante
La dette du Soudan avoisine
actuellement les 36 milliards de dollars. Peut-on imaginer qu’en cas de scission
du pays, le Sud en prenne une partie à sa charge ? Difficile de le dire,
estime Marc Lavergne, car "au Soudan, comme en Egypte, où l’armée détourne à
la source une grande partie des recettes pétrolières, le budget national est une
illusion". A l’aune des arguments développés par le Sud, qui accuse le Nord
d’avoir emprunté pour mener la guerre et de l’avoir délibérément maintenu dans
un état de sous-développement avancé, il n’est guère envisageable qu’il consente
demain plus qu’aujourd’hui à un quelconque remboursement…
Six ans après la fin de la seconde
guerre civile, responsable de deux millions de morts et de plus de quatre
millions de déplacés, le Sud-Soudan veut croire enfin à un avenir meilleur. Le
peut-il ? Sur ce point, Marc Lavergne est pessimiste : "En cas de
partition, les Sud-Soudanais vont rapidement s’apercevoir que le Sud-Soudan
n’existe pas. Ils vont se battre et s’entre-déchirer parce qu’ils n’auront plus
d’ennemi commun pour les mobiliser, c’est-à-dire le Nord. Si une troisième
guerre civile doit éclater, elle aura lieu entre tribus sud-soudanaises. Et le
Nord, passé maître dans l’art du ‘diviser pour mieux régner’, tirera son épingle
du jeu, une fois de plus".
Pour aller
plus loin : "
Aymeric
Janier
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/08/sud-soudan-l-equation-a-inconnues-multiples_1461748_3212.html