Mali : Le mythe de la démocratie,
tombeur de l'Etat, est supposé renaître de ses cendres
!
Lundi 19 Août 2013
Les jeux sont faits, les Maliens ont
élu leur nouveau Président !
Entre deux maux, nous avons choisi
le moindre et il nous reste maintenant à assumer, chacun, nos choix : l’élu qui
a fait le choix de diriger ce pays et nous, qui avons fait de lui le nouveau
dirigeant de notre Mali.
Que vaut une démocratie sans
opposition, sans contre-pouvoir, une démocratie reléguée à une fonction purement
alimentaire ?
Nous savons qu’il ne peut y avoir de
démocratie sans repenser une société malienne conservatrice et réfractaire à
tout changement, hormis matériel.
À quoi cela sert-il de vivre dans
une maison en béton de 200 millions si vous devez continuer à vous comporter
comme le dernier des villageois dans la gestion de votre maison et de votre
environnement, si vous ne maîtrisez pas les règles minimales de l’hygiène ?
Si vous ne comprenez pas que vous ne
gagnerez jamais la bataille contre le paludisme avec une moustiquaire imprégnée
tant que les caniveaux qui longent votre maison charrieront vos eaux usées à
ciel ouvert et que vous offrirez le contenu de vos poubelles qui trônent
fièrement dans les rues, aux passants et aux chiens errants qui tapissent les
environs de leur contenu.
[ Monsieur le nouvel Elu
]
Vous l’avez compris, nous attendons
de vous plus qu’une pose, aussi haut levé soit votre menton !
La « démocratie » en soi n’est pas
le rempart ultime contre le pire des barbarismes : souvenons-nous de la crise de
1929 et de ses conséquences pour l’Allemagne en 1933.
Les mêmes causes produiront toujours
les mêmes effets, seule la forme qu’ils revêtiront changera : nazisme et
fascisme là-bas, islamisme ici, terrorisme simplificateur pour tous. Nous
faisons semblant de ne pas comprendre que la misère et la désespérance, la perte
de l’espoir d’une vie meilleure ici-bas, sont source de tous les
extrémismes.
Quelle que soit la latitude où il
vit, l’être humain acculé à la misère ira se réfugier dans les bras du premier
démagogue qui passera par là.
Un soldat « onuesque »
derrière chaque habitant de la planète n’y changera rien, sauf pour le soldat et
ses « patrons » qui y trouvent une occasion inespérée de vivre grassement aux
frais des contribuables du monde entier.
---------------------------------------------
Quand le mythe de la démocratie,
tombeur du Mali, renaît de ses cendres
Les jeux sont faits, les Maliens ont
élu leur nouveau Président.
Entre deux maux, nous avons choisi
le moindre et il nous reste maintenant à assumer, chacun, nos choix : l’élu qui
a fait le choix de diriger ce pays et nous, qui avons fait de lui le nouveau
dirigeant de notre Mali.
Vous, Président fraîchement élu,
nous Maliens qui aimons rêver notre réalité et idéaliser nos traditions, souvent
prétexte à refuser le changement, vous Communauté internationale, mais surtout
vous, Français qui avez lourdement « insisté » pour que se tiennent ces
élections précipitées et qui vous êtes félicités de voir la « démocratie » de
retour au Mali, n’ayons pas la mémoire trop courte. Pour qu’une démocratie soit
de retour, il faut d’abord qu’elle ait existé. Nous, Maliens, ne souhaitons pas
oublier les raisons qui nous ont conduits à vivre l’enfer que nous venons de
vivre. Cette descente aux enfers est la conséquence directe de cette tartufferie
de démocratie dont tout le monde s’est accommodé dans le but d’en tirer le
meilleur profit aux dépens des maliens et du Mali. Balzac nous rappelle que «
l’hypocrisie est, chez une nation, le dernier degré du vice. C'est donc faire
acte de citoyen que de s'opposer à cette tartuferie sous laquelle on couvre ses
débordements » [1].
Continuer à nous faire croire ou,
pire, croire que tous nos malheurs ont surgi du néant un 22 mars 2012, serait
faire insulte à l’intelligence, au bons sens et au discernement des Maliens, à
l’Histoire.
Monsieur le Président du Mali, vous
venez de réaliser votre vœu le plus cher parce que vous avez promis d’exaucer
celui des Maliens : les faire émerger de cet enfer en oeuvrant à la construction
d’un Mali uni, fier et solidaire. Certes, les promesses n’engagent que ceux qui
y croient, mais vous qui êtes francophile, souvenez-vous : en 2002, dans un
sursaut national, les Français ont mis de côté leurs convictions partisanes et
ont élu Chirac avec 80% des voix, non pas parce qu’ils plébiscitaient son
programme, mais pour empêcher l’impensable d’arriver : Le Pen Président de la
République française.
En 2013, près de 80% des Maliens
qui ont voté vous ont choisi non pas pour votre programme (existait-il
seulement ?), mais pour écarter définitivement du pouvoir les responsables de
leur déchéance. Homme du sérail, vous n’êtes pas totalement innocent et un
boubou blanc ne saurait être gage de virginité, néanmoins, les Maliens vous ont
offert une chance de laisser une trace dans l’Histoire de leur pays.
Tous les Maliens en âge de voter
n’ont pas pu voter pour diverses raisons et parmi ceux qui ont voté pour vous,
nombreux sont ceux qui ont voté contre votre challenger et son camp. Si
ces derniers font toujours preuve d’autisme, ne faites pas l’erreur d’oublier
d’où vous venez, qui vous a hissé à Koulouba et pourquoi. Nous savons que vous
ne pouvez pas incarner le changement véritable, pas seulement en raison de votre
âge, mais aussi de votre histoire. Nous espérons simplement qu’avec vous, un peu
de décence parfumera les marigots de l’Etat et que le règne de l’impunité sera
sévèrement ébranlé pour enfin laisser la place à un développement véritable,
seul garant d’une démocratie digne de ce nom.
Nous n’attendons pas de miracle de
vous car nous n’avons pas la naïveté de croire qu’une seule personne pourra
faire notre bonheur à notre place. Nous ne croyons pas au Sauveur mythique, nous
voulons juste un environnement plus sain qui nous permettra de construire notre
Mali : un Mali qui valorise le travail et le mérite, un Mali qui se soucie plus
de former ses enfants et de leur offrir un emploi et un salaire dignes, que de
préserver des situations de rente qui le conduisent au naufrage. Nous voulons un
Mali où les Maliens travaillent, s’enrichissent et enrichissent leur pays. Nous
ne voulons plus d’une inféodation à une coalition de rentiers destructeurs de
l’économie du pays, ni d’une aide aliénante qui a montré ses limites dans le
développement réel du Mali, aide qui fait aussi partie du problème Mali.
Monsieur le Président fraîchement
élu, souvenez-vous que la démocratie n’est pas un blanc-seing mais une
délégation de pouvoir.
On vous dit latiniste, mais un peu
d’hellénisme s’avère indispensable pour retrouver le sens originel du mot «
démocratie ». « Demokratia », en grec ancien, signifie souveraineté,
pouvoir du peuple, « demos » voulant dire peuple et « kratos »
pouvoir, autorité.
La démocratie serait donc le régime
politique dans lequel le pouvoir serait détenu ou contrôlé par le peuple
(principe de souveraineté).
Nous vous rassurons, cette
démocratie n’existe nulle part au monde y compris chez ceux qui passent leur
temps à nous donner des leçons de vertu démocratique tout en poursuivant ceux
des leurs qui dénoncent leurs dérives antidémocratiques.
Non, je ne vise pas la Russie de
Poutine ni la Chine, mais les États-Unis qui, à titre d’exemple, condamnent sans
rire à 136 puis 90 ans de détention, un de leurs citoyens, Manning, qui, écœuré
par le système américain, en a dénoncé les dérives, sans parler du cas Snowden.
Encore les mêmes États-Unis qui se
sont empressés de condamner le coup d’État au Mali, de suspendre leur aide et
qui, aujourd’hui, font semblant de prendre les militaires égyptiens,
techniquement « coup-d’étateurs », pour des démocrates qu’il faut
continuer à armer. Peu importe si ces armes tuent des citoyens égyptiens qui
revendiquent le respect de leur démocratie : que vaut la vie d’un Égyptien face
à celle d’un Israélien ?
Chez nous, la promotion surprise et
incompréhensible par un « transitionnaire » fait prince malgré lui, d’un
opportuniste terré dans son QG, est, assurément, un signal fort pour la
démocratie malienne !
Ah ! cet État qui a ses raisons que
la raison ne doit pas connaître !
Pas de démocratie sans gouvernance
ni développement, pas de développement sans démocratie ni
gouvernance
Parce qu’il vous a fait confiance a
priori, le peuple malien vous autorise à le gouverner, c’est-à-dire à devenir le
capitaine du bateau Mali. Vous allez nommer un gouvernement, cet équipage qui
sera chargé de mener le Mali à bon port.
Nous attendons avec impatience et
intérêt les décisions qui placeront votre présidence sous le signe de la bonne
gouvernance, les actions concrètes qui seront prises non pas pour éradiquer la
corruption d’un coup de baguette magique, mais pour au moins supprimer
l’impunité de ceux qui en ont fait un art de vivre à la malienne.
Nous espérons ne pas voir revenir
par la fenêtre ceux que les Maliens ont chassés par la grande porte, n’oubliez
pas, 80% des votants, ça fait du monde…
Ensuite, il sera plus que temps de
s’attaquer aux causes profondes de nos problèmes, dont : éducation et formation,
développement de l’industrialisation aux dépens du commerce, disparition de la
coalition des rentiers affameurs, investissements dans le développement d’un
Mali créateur de richesses et d’emplois, destination et gestion de l’Aide,
assainissement et transparence de la fonction publique, ajustement des
institutions républicaines aux besoins et aux capacités du pays…
Le mythe de la démocratie a vécu au
Mali et en créer un autre en faisant croire que la démocratie s’est relevée de
ses cendres pour spontanément triompher est tout aussi suicidaire. Ne mythifions
pas le geste de votre adversaire qui n’a rien de spontané… et remercions ceux
qui ont su lui imposer la pacification.
Nous aimerions également comprendre
quelle contrainte démocratique impérieuse a poussé à promouvoir un coup
d’étateur que l’on n’a pas beaucoup vu sur le théâtre des opérations, pour en
faire un général de corps d’armée.
Un beau message de démocratie, en
vérité et un bel exemple pour tous les apprentis « coup-d’étateurs » qui
ne manquent pas sous nos cieux.
De grâce, arrêtons de rêver un Mali
qui n’existe que dans les fantasmes des uns et des autres à seule fin de
satisfaire des intérêts qui n’ont rien de malien.
Construisons plutôt notre démocratie
en misant sur le développement et non en « copiant collant » bêtement des
systèmes conçus ailleurs et imposés par l’extérieur, qui n’arrêtent pas de
prouver leur inédaquation. Le concept de démocratie est universel mais nous
pouvons réfléchir à des outils plus adaptés, sous réserve que nous laissions de
côté une politique du ventre sans foi ni loi.
Nous savons que le coût du système
démocratique à l’occidentale n’est pas supportable pour le Mali. Nous savons
qu’il ne peut y avoir de démocratie véritable sans développement.
Nous savons qu’il ne peut y avoir de
démocratie tant que ceux qui en ont la charge l’utiliseront pour perpétuer un
pouvoir féodal qui légitime la confusion entre argent public et poches privées.
Nous savons qu’il ne peut y avoir de
véritable démocratie tant que le travail sera considéré comme « esclavisant
» et le vol la norme, les manants qui se contentent des miettes ne voient
pas ainsi le pain qui leur échappe.
Que vaut une démocratie sans
opposition, sans contre-pouvoir, une démocratie reléguée à une fonction purement
alimentaire ?
Nous savons qu’il ne peut y avoir de
démocratie sans repenser une société malienne conservatrice et réfractaire à
tout changement, hormis matériel.
A quoi cela sert-il de vivre dans
une maison en béton de 200 millions si vous devez continuer à vous comporter
comme le dernier des villageois dans la gestion de votre maison et de votre
environnement, si vous ne maîtrisez pas les règles minimales de l’hygiène ? Si
vous ne comprenez pas que vous ne gagnerez jamais la bataille contre le
paludisme avec une moustiquaire imprégnée tant que les caniveaux qui longent
votre maison charieront vos eaux usées à ciel ouvert et que vous offrirez le
contenu de vos poubelles qui trônent fièrement dans les rues, aux passants et
aux chiens errants qui tapissent les environs de leur contenu.
Vous l’avez compris, nous attendons
de vous plus qu’une pose, aussi haut levé soit votre menton. La « démocratie »
en soi n’est pas le rempart ultime contre le pire des barbarismes :
souvenons-nous de la crise de 1929 et de ses conséquences pour l’Allemagne en
1933.
Les mêmes causes produiront toujours
les mêmes effets, seule la forme qu’ils revêtiront changera : nazisme et
fascisme là-bas, islamisme ici, terrorisme simplificateur pour tous.
Nous faisons semblant de ne pas
comprendre que la misère et la désespérance, la perte de l’espoir d’une vie
meilleure ici-bas, sont source de tous les extrémismes.
Quelle que soit la latitude où il
vit, l’être humain acculé à la misère ira se réfugier dans les bras du premier
démagogue qui passera par là. Un soldat « onuesque » derrière chaque
habitant de la planète n’y changera rien, sauf pour le soldat et ses « patrons »
qui y trouvent une occasion inespérée de vivre grassement aux frais des
contribuables du monde entier.
Comme Balzac, nous croyons que
« l’hypocrisie est, chez une nation, le dernier degré du vice. C'est donc
faire acte de citoyen que de s'opposer à cette tartuferie sous laquelle on
couvre ses débordements. »
Nous restons donc vigilants et vous
rappelons que nous espérons une politique autre que celle du ventre. Nos veines
asséchées n’abreuveront plus les vampires qui se sont précipités sous votre
aile, espérant échapper à la justice. Nous voulons faire pousser nous-mêmes
l’herbe verte que nous mangerons et qui nous engraissera honnêtement.
Votre tâche sera rude mais nous vous
aiderons à construire notre démocratie, nous les sceptiques, néanmoins
optimistes, qui gardons espoir en un Mali généreux avec tous ses enfants.
Aïda H. Diagne
18/08/2013
aidah.diagne@gmail.com
http://www.fncdumali.com