Centrafrique: négociations à Brazzaville suspendues - 9 chefs militaires Séléka au Congo pour sauver les négociations

 

Par AFP - Agence France-Presse – 22 juillet 2014

 

Neuf chefs militaire de l'ex-rébellion Séléka sont arrivés mardi soir à Brazzaville pour tenter de débloquer les négociations de paix pour la Centrafrique qui s'y déroulent et sont actuellement dans l'impasse, a-t-on appris de source officielle congolaise.

 

"Neuf chefs militaires de la Séléka sont arrivés ce soir à Brazzaville", a déclaré à l'AFP Jean-Marie Kamba, conseiller technique auprès du président Denis Sassou Nguesso. "La décision d'aller chercher [ces personnes] à Bangui est un plan B", a déclaré à l'AFP un responsable au ministère des Affaires étrangères congolais.

 

Ouvert lundi, le "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique" en Centrafrique a pris un mauvais tour mardi à Brazzaville, où le chef de la délégation de la Séléka, Mohamed-Moussa Dhaffane, a posé comme un préalable à toute discussion l'acceptation du principe d'une division du pays.

 

Toute la journée, les délégués de la Séléka au Forum sont restés à leur hôtel. En leur absence, les travaux des commissions sur la cessation des hostilités et sur le désarmement des groupes armés avaient été suspendus dès leur ouverture le matin. Ils ont finalement repris dans l'après-midi, pendant quelques heures, toujours sans la Séléka.

Les autorités congolaises qui organisent le Forum au nom de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) ont indiqué avoir repoussé à 15h00 (14h00 GMT) la cérémonie de clôture censée aboutir à un engagement des parties concernées à cesser toute violence, et à la signature d'un accord de cessation des hostilités et de désarmement des groupes armés, préalables à un nouveau processus politique.

 

Celle-ci était prévue initialement à 09h00 (08h00 GMT).

Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion à dominante musulmane Séléka, la Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants, en pétrole et en uranium, est plongée dans le chaos. Les violences inter-communautaires quasi quotidiennes ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

 

Les ex-rebelles Séléka et les milices anti-balaka composées de combattants chrétiens et animistes, s'affrontent dans un cycle sanglant d'attaques et de représailles dont les civils sont les premières victimes, et d'autres groupes armés sont par ailleurs présents dans le pays.

 

 

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A Brazzaville, les négociations sur la Centrafrique suspendues

par RFI - le 22 juillet 2014 à 22:55

 

Le Congo accueille depuis lundi à Brazzaville un «Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique» en Centrafrique, destiné à ramener la paix dans ce pays.AFP PHOTO/GUY-GERVAIS KITINA

Les négociations sur la RCA ont été suspendues ce mardi 22 juillet à Brazzaville. Les représentants de l'ex-Seleka, qui réclamaient une partition de la Centrafrique, ont boudé les travaux. Ils ne se sont pas présentés au Palais des congrès où se tient depuis lundi un forum destiné à la réconciliation.

Autant dire que la perspective d'un proche cessez-le-feu s'éloigne. Les plus optimistes espéraient un accord sur la fin des hostilités d'ici la fin du forum mercredi. Neuf chefs militaire de l'ex-Seleka sont arrivés mardi soir à Brazzaville pour tenter de débloquer les négociations, a-t-on appris de source officielle congolaise.

Du côté de la médiation internationale, on tentait de dédramatiser ce mardi après-midi. Nous sommes en contact avec les Seleka, a expliqué le représentant de l’ONU en Afrique centrale, Abdoulaye Bathily. Ils sont toujours à Brazzaville pour signer un accord. Ils se concertent entre eux et attendent que leur délégation soit au complet.

Mais dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères - lieu où se tiennent les négociations -, les visages étaient anxieux et l’inquiétude palpable. Les réunions en petits comité et huis clos se sont succédé. Les 200 Centrafricains à avoir fait le déplacement on même tenu une plénière, en urgence, pour réfléchir à une solution. Une délégation de personnalités politiques devait aller rencontrer les Seleka à leur hôtel.

Mais rien à faire, en fin d’après-midi aucun membre de l’ex-rébellion Seleka n’était en vue. Les deux comités sur la cessation des hostilités et le désarmement ont donc repris le travail en l’absence d’un des deux groupes armés.

Nous allons avancer ici et soumettre aux Seleka les textes tels qu’ils auront été amendés, a expliqué le médiateur de l’UA, Soumeylou Boubèe Maïga, incapable de s’engager plus sur la suite du programme et des négociations.


■ Réaction

Les anti-balaka se disent surpris de la déclaration de l’ex-rébellion de la Seleka qui réclame la partition de la Centrafrique alors que les deux groupes s'étaient mis d'accord sur la signature d'un accord de cessation des hostilités à Bangui déjà. Pour Sébastien Wenezoui, n° 2 du mouvement et l'un des membres de la délégation anti-balaka à Brazzaville, « Il n'y a aucune raison pour demander la partition » de la RCA.

 

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RCA: la Seleka absente au second jour du Forum de Brazzaville

par  -  le 22-07-2014 à 14:47

 

Au Congo, une délégation centrafricaine arrive pour l’ouverture du Forum de Brazzaville pour la réconciliation nationale, le 21 juillet 2014.AFP PHOTO/GUY-GERVAIS KITINA

Il y avait une délégation manquante, ce mardi matin, à Brazzaville au deuxième jour du Forum pour la réconciliation nationale en Centrafrique : l’ex-rébellion Seleka n’était pas présente à la reprise du dialogue. Les travaux n’ont donc pas pu reprendre comme cela était prévu dans la capitale du Congo.

A Brazzaville, ce mardi matin, on évoque juste un faux départ. Les négociations ont été suspendues pour une heure, officiellement le temps de laisser les représentants de la Seleka arriver sur place, mais depuis lundi, le groupe armé multiplie les sorties et montre peu de bonne volonté.

Preuve encore avec cette déclaration choc lundi après-midi lorsque le chef de la délégation Seleka, Mohamed-Moussa Dhaffane, a demandé la partition de la Centrafrique comme préalable à la signature d’une cessation des hostilités. Selon lui, les musulmans n’étant plus tolérés qu’au nord du pays, il faudrait une séparation : « Nous demandons la partition au nom de la paix. Du moment où nous sommes persécutés, nous ne sommes plus acceptés comme compatriotes pour vivre ensemble en tant que Centrafricains, nous pensons que pour faire la paix, il faut obtenir la partition du pays. Mais dans les règles du droit, pas dans la guerre, pas dans le sang. »

Faire monter les enchères

Véritable chiffon rouge pour la Centrafrique, ces déclarations ont évidemment suscité des remous, même si les membres de la médiation et les observateurs se veulent rassurants. Il s’agirait, selon eux, d’une technique de négociation, une façon de faire monter les enchères avant le début des discussions.

Néanmoins ces propos agacent à Brazzaville et pour Cyriaque Gonda, le vice-président du Comité préparatoire du Forum, ce n’était pas le lieu pour une telle déclaration : « Ce n’est ni le lieu, ni le moment opportun, pour parler de la partition de la République centrafricaine. Nous ne sommes pas une constituante, nous ne pouvons pas décider de quoi que ce soit qui touche à la vie d’une nation. Nous sommes venus à Brazzaville pour que les deux milices cessent les violences sur les populations, s’engagent pour un désarmement avec la communauté internationale. Nous allons prendre un engagement politique qui constituera le chapeau de cet accord afin de continuer le débat à Bangui sur les questions de fond. »

Loin d'un accord

Mais cette nouvelle absence ce matin fait planer le doute. Les Seleka ont affirmé vouloir se consulter et examiner le document de cessation des hostilités qui leur a été soumis. Les deux co-médiateurs, le représentant des Nations unies et celui de l’Union africaine, sont allés les rencontrer pour les ramener à la raison car l’heure tourne et la signature du fameux texte est prévue pour ce mercredi dans la matinée.

Il va donc falloir encore patienter pour voir si la médiation va réussir à venir à bout de toutes ces réticences.