Joseph
Kony toujours recherché après le coup d’État en RCA
Un enfant rescapé de la LRA de Joseph Kony témoigne (Film: Les enfants du seigneur)
KAMPALA, 28 mars 2013
(IRIN) - Selon les
autorités, la traque des membres du mouvement rebelle ougandais, l’Armée de
résistance du Seigneur (LRA), va se poursuivre dans les forêts de
la
République centrafricaine (RCA), malgré la destitution du
président François Bozizé par le Séléka.
Le Séléka a pénétré
dans Bangui le 24 mars et chassé M. Bozizé du pouvoir. Les rebelles ont désigné
leur dirigeant, Michel Djotodjia, comme nouveau chef
d’État.
« Je ne crois pas que
le renversement de M. Bozizé par le Séléka ne changera notre mission et notre
position dans la traque des rebelles de la LRA. Nous sommes en RCA avec le
mandat de l’Union africaine et des Nations Unies », a dit à IRIN le ministre des
Affaires étrangères ougandais, Henry Okello Oryem. L’Ouganda s’est engagé à
capturer le chef de la
LRA, Joseph Kony, a-t-il ajouté.
Environ 2 500 soldats
ougandais ont été déployés dans les régions frontalières de la RCA, de la République démocratique
du Congo (RDC) et du Soudan du Sud, où M. Kony est ses combattants passeraient
le plus clair de leur temps. À ces troupes ce sont joints 500 soldats congolais,
500 Sud-Soudanais et 350 Centrafricains, sous l’égide de l’Union africaine. Fin
2011, les États-Unis ont déployé 100 soldats des forces spéciales dans la
région, en tant que conseillers militaires.
Progression
Selon Thierry
Vircoulon, directeur de projet en Afrique centrale pour le groupe de réflexion
International Crisis Group (ICG), « la chute de M. Bozizé ne va pas vraiment
changer la situation sur le terrain, à moins que les dirigeants du Séléka
n’insistent pour que les troupes étrangères quittent le territoire, comme le
stipule l’accord de Libreville [accord de paix négocié en janvier et rompu par
les derniers affrontements et qui n’a jamais été véritablement appliqué].
»
Éventuels
problèmes
Pourtant, selon
certains analystes, la décision de l’Union africaine de suspendre la
participation de la
RCA à l’organisation à la suite du coup d’État pourrait avoir
des conséquences négatives sur la traque des rebelles de la LRA.
« La suspension de la
participation de la
RCA à l’Union africaine est un obstacle majeur qui va ralentir
la recherche de M. Kony et de ses hommes. L’Ouganda doit renégocier avec les
rebelles du Séléka [...] pour que ses troupes soient mandatées pour opérer sur
leur territoire », a dit à IRIN Ronald Ssekandi, analyste de la politique
régionale basé à Kampala, la capitale ougandaise.
Selon Angelo Izama,
analyste politique de l’organisation américaine Open Society Foundation, la
traque de M. Kony et de la
LRA dépendra en grande partie du contrôle exercé par le Séléka
sur le pays.
« La déstabilisation
du gouvernement centrafricain complique fortement la recherche de Joseph Kony.
La stratégie de survie déséquilibrée et rudimentaire de la LRA est en effet favorisée par
l’anarchie et la violence, surtout dans l’arrière-pays », a-t-il dit à
IRIN.
« La nature du terrain
et la taille de la
RCA représentent déjà des contraintes défavorables aux
traqueurs de M. Kony. Si le Séléka ne parvient pas à asseoir son contrôle, cela
risque d’étendre les possibilités géographiques et tactiques de la LRA pour reconstituer des
caches d’armes », a-t-il ajouté. « Les rebelles du Séléka n’ont pas la capacité
[de limiter les activités de la
LRA]. D’ailleurs, M. Kony n’est pas leur problème. Ils ont des
affaires bien plus urgentes à régler. »
Selon le
lieutenant-général Edward Katumba Wamala, commandant des Forces de défense
populaires de l’Ouganda (UPDF), les hommes de M. Kony sont actuellement environ
400 et ils continuent d’arpenter la
RCA, la
RDC, le Soudan et le Soudan du Sud. Il affirme que des
transfuges de la
LRA ont récemment signalé que M. Kony se trouvait au Darfour,
dans l’ouest du Soudan et que ses commandants en chef, Dominic Ongwen et Okot
Odhiambo, se trouveraient en RCA.
M. Kony, M. Odhiambo
et M. Ongwen sont recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) pour
des crimes de guerres et crimes contre l’humanité commis en
Ouganda.
La
LRA reste une
menace
« La LRA ne constitue plus une
grande menace, mais des poches de rébellion de la LRA dirigées par M. Odhiambo et M. Ongwen
subsistent en RCA. Elles représentent une nuisance et continuent à enlever,
mutiler et tuer des victimes sans défense », a dit M. Katumba à
IRIN.