01 juin
2014
Depuis 4 mois, les soldats
congolais intégrés au sein de la force africaine en Centrafrique vivent sans
salaire, dans des conditions précaires. Une situation ubuesque alors que le
contingent congolais pourrait faire partie de la future mission des
Nations-unies.
Soldat congolais des FARDC en 2012 –
Creative Commons (cc) MONUSCO (Myriam Asmani)
Les
FARDC stationnés en République centrafricaine (RCA) sont-ils abandonnés ? Selon
une source centrafricaine proche des autorités de Bangui, les 850 soldats
congolais et les 150 policiers présents en Centrafrique dans la Mission
internationale de soutien à la Centrafrique (Misac) n’ont pas perçu leurs soldes
depuis près de 4 mois. Ironie du sort pour cette source, les soldats congolais
« font
un excellent travail au sein de la Misca et sont très appréciés des
Centrafricains« .
Surveillance
des anciens Séléka à Bangui
Depuis
le retrait mi-avril des troupes tchadiennes de la Misca, les soldats de la
République démocratique du Congo (RDC) composent le gros des troupes africaines
en RCA et se retrouvent en première ligne. Les FARDC constituent désormais une
pièce maîtresse du dispositif sécuritaire déployé en Centrafrique aux côtés des
2.000 soldats français de Sangaris. Une compagnie congolaise est stationnée à
Bangui, en charge de la surveillance des anciens éléments de la Séléka restés
dans la capitale et encore armés. Les autres soldats sont basés à Bossangoa,
Bria, Mobaye ou Batangafo, où ils ont remplacé les éléments tchadiens qui se
sont retirés de la Misca.
Une
neutralité dans le conflit
En
Centrafrique, les soldats congolais ont une bien meilleure image que dans leur
propre pays. Il faut dire que ce sont des troupes d’élites, les meilleures
dit-on, qui ont été envoyées en RCA. « Lorsqu’ils
stationnaient dans le quartier Fatima, où ils ont été remplacés par des
Burundais, explique notre source centrafricaine, la population n’a cessé de les
réclamer« . Contrairement aux Burundais, accusés par la
population de soutenir « les
musulmans« , « les Congolais
affichent une neutralité autant vis à vis des anti-balakas que des
ex-Séléka« , constate ce conseiller.
« Ils
vivent en revendant les packs d’eau de la Misca »
Pourtant,
les soldats congolais vivent dans des conditions « plus que
précaires » en Centrafrique. En témoigne notre source proche de
la présidence centrafricaine : « pour l’instant, ils
n’ont pas encore touché la moindre solde. Cela fait 4 mois qu’ils sont en
Centrafrique et ils n’ont qu’une seule tenue militaire. Ils n’ont pas de
rechange, pas de télévision, ils dorment à même le sol et n’ont que 3 ou 4
vieilles Jeeps pour les interventions. L’armement est aussi très sommaire : ce
sont essentiellement de vieilles Kalachnikovs. Les militaires n’ont pas d’argent
pour acheter des crédits téléphoniques. Le service du renseignement du bataillon
n’a pas d’abonnement téléphonique. Ils sont obligés d’acheter des petits crédits
de
« Les
soldes incombent à la Misca »
selon Kinshasa
Un
ancien officier congolais, présent en Centrafrique, s’est ému de la situation de
ses ex-collègues. Il a décidé de contacter le Vice-premier ministre en charge de
la Défense nationale, Alexandre Luba Ntambo, ainsi que le Chef d’Etat major
général, qui a donné pour toute réponse que « la RDC était un pays
post-conflit« . Pour Alexandre Luba, « il ne revient pas à
la RDC de payer ses soldats, mais cela incombe à l’Union
africaine« . Selon cet ancien officier congolais, la Misca
aurait demandé à la RDC d’ouvrir un compte bancaire pour ses soldats en
Centrafrique, ce qui aurait été fait. Il ne resterait plus qu’à la Misca de
régulariser la situation. Concernant le manque de matériel et de logistique, le
Vice-premier ministre congolais affirme « ne pas être au
courant de la situation« .
Les
FARDC futurs casques bleus ?
La
révélation des conditions exécrables dans lesquelles travaillent les soldats
congolais en Centrafrique tombe au plus mauvais moment. Les autorités
centrafricaines, la France et désormais les Nations-unies qui préparent l’envoi
de casques bleus en RCA, ont besoins de nouvelles troupes africaines pour
composer leurs contingents. Et depuis la semaine dernière, la capitale
centrafricaine renoue avec la violence après l’attaque de l’église Notre-Dame de
Fatima. La Centrafrique pousse donc la communauté internationale pour que la RDC
puisse intégrer la mission de l’ONU. François Hollande souhaite également que la
RDC s’implique davantage dans la crise centrafricaine en augmentant le nombre de
ses soldats. En contre-partie, la France devrait user de son influence au
Conseil de sécurité pour la RDC fasse partie intégrante de la future mission des
Nations unies en Centrafrique prévue à l’automne, mais plus vraisemblablement
fin 2014.