Au Niger, les
éleveurs peuls frappés de plein fouet par le changement
climatique
Habitués à se
déplacer dans un environnement inhospitalier, les Peuls empruntent depuis des
siècles avec leurs troupeaux les mêmes routes: ils sont aujourd'hui plus de 35
millions, dispersés dans une quinzaine de pays, des côtes atlantiques du Sénégal
à la forêt dense de la Centrafrique.
AFP,
05 décembre 2019
L'un des derniers grands peuples nomades de la planète, les Peuls sont confrontés à d'innombrables défis qui touchent le Sahel et menacent directement leur mode vie: l'explosion démographique et la lutte pour la terre, les extrémismes religieux, mais aussi et surtout le réchauffement climatique.
Habitués à se déplacer dans un environnement inhospitalier, les Peuls empruntent depuis des siècles avec leurs troupeaux les mêmes routes: ils sont aujourd'hui plus de 35 millions, dispersés dans une quinzaine de pays, des côtes atlantiques du Sénégal à la forêt dense de la Centrafrique.
S'ils se sont toujours adaptés aux températures extrêmes et au manque d'eau, les éleveurs doivent aujourd'hui faire face à des sécheresses plus longues et plus sévères, à des orages plus violents qui entraînent des inondations catastrophiques.
Le Niger, où plus de 80% de la population vit de l'agriculture et surtout de l'élevage, est le pays du Sahel le plus touché par les effets du changement climatique.
Des milliers de Peuls ont vu leurs troupeaux décimés par les sécheresses et la faim ces dernières décennies. Et le processus s'accélère. L'équivalent de 110.000 terrains de foot (entre 100.000 et 120.000 hectares de terres) sont perdus chaque année à cause de la désertification et de l'érosion des sols.
Le sixième pays le plus pauvre au monde, est aussi celui qui a le plus fort taux de fécondité, avec plus de 7 enfants par femme en moyenne. Spirale infernale: la pression démographique et la raréfaction des ressources ont aussi entraîné une compétition accrue avec les agriculteurs pour la terre.
Beaucoup de Peuls ont dû abandonner l'élevage et sont partis vivre en ville pour nourrir leurs familles. Ils sont devenus gardiens, vendeurs de thé ou de cartes téléphoniques. L'exode rural, vers Niamey ou les autres capitales d'Afrique de l'Ouest, est massif.
Les anciens parlent d'une véritable
"malédiction". Car les vaches représentent bien plus qu'une source de revenus
chez les Peuls: elles sont le symbole de leur liberté et d'un mode de vie qu'ils
défendent farouchement. A leurs côtés, ils s'affranchissent des frontières et
arpentent le monde.
A lire :
https://www.geo.fr/environnement/niger-face-au-changement-climatique-les-nomades-en-fin-de-course-198915
Un éleveur
peul avec son troupeau de vaches près de Bermo, dans le centre du Niger, le 27
juin 2019. afp.com
- MARCO LONGARI
Une
famille d'éleveurs lors de leur transhumance, le 24 juin 2019 à Dakoro, au
Niger. afp.com - Marco LONGARI