George Floyd, le mort de trop !

 

Le lundi 25 mai 2020, proclamé journée mondiale de l'Afrique, George Floyd, un afro-américain de 46 ans, est mort lors de son interpellation par la police de Minneapolis (Illinois). Minneapolis, la ville de Prince, l'alter ego de Michael Jackson !

George Floyd est mort, la gorge écrasée par le genou du policier blanc qui le maintenait au sol, de tout son poids. Le supplicié a beau cier : « je ne peux pas respirer » ! Rien n'y fait, l'autre était lourd et assurément sourd... Le décès de George Floyd est le dernier d'une longue série d'américains noirs victimes de la barbarie et du racisme.

Les marches blanches – pourquoi blanches – justement parce que pacifiques n'y font rien. Les révoltes des ghettos noirs non plus. Elles ne touchent pas Manhattan et Wall Street.

 

1 – L'Esprit impérial ne connaît que la violence.

Pourtant, ces violences ne visent ni les communautés asiatiques, ni hispaniques, ni même arabes vivant aux USA ; les conséquences de ces actes auraient été immédiates et dramatiques (21 septembre 2001, Charlie hebdo, Bataclan, etc.) Les empires coloniaux ne comprennent que la violence (1). Rien de moins. Or aucun État noir ne réagit. Les communautés noires détournent le regard. Ces crimes sont considérés comme une affaire intérieure. Or, le droit international n'interdit pas, au nom du respect des droits de l'homme, à la France de renverser Bokassa, ni à Nicolas Sarkozy de d'organiser un coup d'état contre Laurent Gbagbo ou l'assassinat de Mouammar Kadhafi, ni à George W. Bush de faire pendre Sadam Hussein !

Il suffirait que quelques États africains convoquent l'ambassadeur des États-Unis dans leur pays afin de s'informer de ce qui se passe, pour que la population noire américaine se considère soutenue, et que l'empire américain se sente concerné. Tel n'est pas le cas.

 

2 – Une certaine propension à la servilité.

 Ainsi, lors de l'agression sexuelle d'une femme de chambre guinéenne par le directeur général français du Fonds monétaire international, dans une chambre de l'hôtel Sofitel de New-York, ce dernier fut considéré comme la victime ! Pis, aujourd'hui, il est le conseiller financier de plusieurs pays africains francophones ; lui qui les a acculés à la dette lorsqu'il était aux affaires.

Divisés, balkanisés et exploités depuis trois siècles, l'Afrique se vit fracturée, impuissante, isolée !

Et pourtant, il suffirait que le continent s'organise en fédération des États d'Afrique Unis, qu'il se rapproche diplomatiquement des pays où ses afro-descendants sont présents, comme les États-Unis, le Brésil, l’Équateur, la Colombie, le Venezuela, Cuba ou Haïti – Haïti, la première République noire ! Qui se souvient qu'Aristide Bertrand, son troisième président élu, est mort en exil en Afrique du sud, dans l'isolement total ? Ni l'union africaine, ni l'Organisation de la francophonie n'ont fait état de cette disparition. Tout comme hier le Roi Béanzin d'Abomey est mort en exil en Algérie, après avoir été déporté par les Français en Martinique, sous la colonisation. Tout semble mis en œuvre pour que l'homme noir n'ait pas de héros, pour le maintenir dans la servitude et la subordination.

Pourtant, la liste est longue des leaders admirables, y compris aux Amériques : Toussaint Louverture, Malcolm X, Martin Luther King, Aimé Césaire, et l'imposant Mohamed Ali, « l'homme qui s'est réinventé » ! (2)

 

Paris, le 1 juin 2020

 

Prosper INDO

Économiste, Consultant international.

 

(1)   – Robert Gildea : « L'Esprit impérial. Passé colonial et politiques du présent », Édition Passés composés, Paris.

(2)   - Prosper Indo : « Mohamed Ali, l'homme qui s'est réinventé », inédit.

George Floyd, le mort de trop !