La Chambre d’appel de la CPI (Cour Pénale Internationale) acquitte M. Bemba des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité

 

Communiqué de presse du 8 Juin 2018  -  ICC-CPI-20180608-PR1390

 

La CPI - Délibération

Aujourd'hui, le 8 juin 2018, la Chambre d'appel de la Cour pénale internationale (« la CPI » ou « la Cour ») a décidé, à la majorité, d'acquitter Jean-Pierre Bemba Gombo des charges de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. La juge Christine Van den Wyngaert, juge président dans le cadre de cet appel, a donné lecture d'un résumé de l'arrêt en audience publique. Jean‑Pierre Bemba demeurera toutefois en détention eu égard à une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable d'atteintes à l'administration de la justice, dans l'attente d'une décision de la Chambre de première instance VII dans l'affaire en question.

Les juges Sanji Mmasenono Monageng et Piotr Hofmański ont joint une opinion dissidente commune dans laquelle ils ont expliqué pourquoi ils étaient en désaccord avec la décision de la majorité d'acquitter M. Bemba. Les juges Chile Eboe-Osuji, Christine Van den Wyngaert et Howard Morrison ont joint des opinions individuelles.

Dans l'arrêt rendu aujourd'hui, la Chambre d'appel a annulé la décision de la Chambre de première instance III du 21 mars 2016 qui avait conclu qu'en tant que personne faisant effectivement fonction de chef militaire et possédant un contrôle effectif sur les troupes du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean‑Pierre Bemba est pénalement responsable, au sens de l'article 28‑a du Statut de la CPI, des crimes contre l'humanité de meurtre et de viol et des crimes de guerre de meurtre, de viol et de pillage commis par les troupes du MLC en République centrafricaine (RCA) du 26 octobre 2002 ou vers cette date au 15 mars 2003.

Après examen de toutes les observations écrites des parties et des participants, ainsi que des observations présentées oralement lors d'audiences en appel tenues en janvier 2018, la Chambre d'appel a conclu, à la majorité, que la Chambre de première instance III avait commis des erreurs à deux égards importants :

1.      Elle avait condamné à tort M. Bemba pour des actes criminels spécifiques qui étaient en dehors de la portée des charges telles que confirmées ; et

2.      Lorsqu'elle a examiné la question de savoir si Jean‑Pierre Bemba avait pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher, réprimer ou punir la commission par ses subordonnés des autres crimes relevant de l'affaire, la Chambre de première instance a commis un certain nombre d'erreurs graves. Plus spécifiquement, la Chambre de première instance a commis une erreur dans son évaluation des motivations de M. Bemba ainsi que des mesures qu'il aurait pu prendre compte tenu des restrictions auxquelles il devait faire face, en tant que chef militaire éloigné de ses troupes déployées à l'étranger, pour enquêter sur les crimes et en poursuivre les auteurs ; de la question de savoir si Jean‑Pierre Bemba avait entrepris des démarches pour renvoyer les allégations de crimes devant les autorités de RCA ; et s'il avait intentionnellement limité le mandat des commissions et des enquêtes qu'il avait mises en place. En outre, de l'avis de la majorité de la Chambre d'appel, il y avait un écart entre le nombre limité de crimes entrant dans le cadre de l'affaire dont M. Bemba a été tenu responsable et l'évaluation par la Chambre de première instance des mesures que l'intéressé aurait dû prendre.

Sur cette base, la Chambre d'appel a conclu, à la majorité, que M. Bemba ne saurait être tenu pénalement responsable, au sens de l'article 28 du Statut de Rome, des crimes entrant dans le cadre de l'affaire et qui ont été commis par les troupes du MLC pendant l'opération menée en RCA et qu'il doit en être acquitté.

Les juges Monageng et Hofmański ont estimé que tous les actes criminels pour lesquels M. Bemba avait été tenu responsable relevaient de l'affaire portée par le Procureur à son encontre. Ils ont également exprimé leur désaccord avec la majorité sur le fait que la Chambre de première instance ait commis une erreur en constatant que M. Bemba n'avait pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher ou réprimer les crimes du MLC ; à leur avis, la majorité est parvenue à cette conclusion en se fondant sur une norme incorrecte de révision en appel. Les juges de la minorité auraient confirmé la condamnation de M. Bemba.

Eu égard au présent arrêt, et puisqu'il n'y a pas lieu de maintenir Jean‑Pierre Bemba en détention dans le cadre de la présente affaire, c'est à la Chambre de première instance VII qu'il revient de déterminer, dans un bref délai, si sa détention demeure justifiée en vertu de sa condamnation pour des atteintes à l'administration de la justice.

La Chambre d'appel a également rejeté les appels de M. Bemba et du Procureur contre la peine prononcée par la Chambre de première instance III.

 

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La CPI acquitte en appel l'ancien chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba

 

Sonia Rolley - france24.com, 08/06/2018

 

L'ancien vice-président congolais et chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, a été acquitté, vendredi, par la CPI pour les chefs d’accusation de meurtres et de viols en Centrafrique. Il reste en détention pour une seconde affaire en attente de jugement.

 

La Cour pénale internationale (CPI) a acquitté en appel, vendredi 8 juin, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, condamné à dix-huit ans de prison en première instance pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Centrafrique. À la surprise générale, la chambre d'appel a renversé la peine d'emprisonnement la plus lourde jamais imposée par la CPI.

 

Cette décision a été prise de justesse par trois juges sur cinq. Les deux autres se sont opposés. "Les sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance font entièrement disparaître sa responsabilité pénale", a expliqué la juge Christine van den Wyngaert.

 

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CPI: Jean-Pierre Bemba acquitté en appel

 

Par RFI Publié le 08-06-2018 Modifié le 08-06-2018 à 22:19

 

Condamné en première instance à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Centrafrique, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a été acquitté en appel ce vendredi 8 juin. La majorité des juges d'appel de la CPI ont décidé d'annuler la décision de la Cour de première instance après avoir relevé de sérieuses erreurs dans le jugement.

Les proches de Jean-Pierre Bemba réunis devant la Cour pénale internationale ont accueilli le verdict par une explosion de joie. Les partisans de l'ex-vice-président congolais étaient nombreux dans la galerie publique de la CPI et l'annonce les a visiblement surpris, a constaté notre envoyée spéciale à La Haye, Sonia Rolley. Juste avant l'audience, Eve Bazaiba, la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti d'opposition de Jean-Pierre Memba, disait surtout espérer qu'il soit libéré, étant donné qu'il a déjà passé dix ans en prison.

Même si l’on sait que les juges de la CPI ont toujours été pointilleux sur les procédures, le verdict relève du coup de théâtre. Dès les premières minutes du jugement, on pouvait cependant lire sur le visage des représentants du bureau du procureur une certaine anxiété. Jean-Pierre Bemba, lui, n'a manifesté aucune réaction à l'annonce du jugement, pas même un sourire.

Des erreurs sérieuses en première instance

Pour trois des cinq juges de la cour d'appel, des erreurs sérieuses ont été commises par la chambre de première instance. Elle n'aurait ainsi pas dû prendre en compte des crimes qui n'étaient pas mentionnés dans la notification des charges.

La chambre d'appel estime surtout que la responsabilité pénale de Jean-Pierre Bemba n'est pas établie de manière irréfutable et que les juges de première instance auraient dû tenir compte de circonstances atténuantes, comme le fait que l'ancien vice-président congolais ait écrit au Premier ministre centrafricain de l'époque pour lui demander d'agir ou qu'il n'avait pas tous les moyens d'enquête en Centrafrique pour savoir ce qu'il se passait ou même pour punir les responsables.

La décision de trois juges sur cinq suffit pour le faire acquitter, mais pas pour le faire libérer immédiatement. Car comme l'a rappelé la présidente de la Cour, Jean-Pierre Bemba est poursuivi dans une seconde affairepour subornation de 14 témoins. Il avait été condamné à un an de prison en première instance, l’appel est pendant.

Treize ans de rebondissements judiciaires

L'acquittement de l'ancien vice-président et chef rebelle congolais intervient 15 ans après les crimes commis par ses hommes entre 2002 et 2003 en Centrafrique. Depuis, l'affaire a connu de nombreux rebondissements judiciaires. C'est en novembre 2005 que le gouvernement centrafricain de François Bozizé demande la saisine de la Cour pénale internationale à propos de ces crimes de guerre commis par la milice dirigée par Jean-Pierre Bemba. Les autorités centrafricaines estiment que seule la juridiction internationale a les moyens de diligenter des investigations. L'enquête est ouverte en 2007, sous l'égide du procureur de la CPI.

Après les investigations et plusieurs rapports d'ONG, l'homme est visé par un mandat d'arrêt international. L'ancien vice-président est finalement arrêté en Belgique en mai 2008 où il s'était réfugié après la crise post-électorale de 2006-2007 en RDC. Il est placé en détention provisoire à La Haye.

Le procès démarre en 2010. Soixante-dix-sept témoins sont entendus. La Cour s'interroge sur le niveau de responsabilité que l'homme avait en 2002 sur ses milices. Jean-Pierre Bemba est reconnu responsable en 2016 de deux chefs de crimes contre l'humanité – meurtre et viol – et de trois chefs de crimes de guerre – meurtre, viol à nouveau et pillage –. Un jugement annulé ce soir par la CPI.

 

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Le Congolais Bemba acquitté de crimes de guerre et crimes contre l'humanité

afp, la-croix.com - le 08/06/2018 à 19h40

 

Jean-Pierre Bemba
Jean-Pierre Bemba lors d'une audience de la Cour pénale internationale, à La Haye, le 21 juin 2016. / POOL/AFP/Archives

 

La Cour pénale internationale (CPI) a acquitté en appel vendredi, à la surprise générale, l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, condamné à 18 ans de prison en première instance pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Centrafrique.

La décision historique de la chambre d'appel de renverser la peine d'emprisonnement la plus lourde jamais imposée par la CPI, juridiction fondée en 2002 pour juger les pires crimes commis à travers le monde, a suscité une vive émotion dans la tribune publique de la salle d'audience.

La chambre d'appel "annule la déclaration de culpabilité de Jean-Pierre Bemba" et "prononce l'acquittement de l'accusé car les sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance font entièrement disparaître sa responsabilité pénale", a déclaré d'une voix ferme la juge Christine van den Wyngaert.

Jean-Pierre Bemba, 55 ans, demeure toutefois en détention eu égard a une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable de subornation de témoins.

La chambre de première instance chargée de cette affaire secondaire se réunira mardi "pour discuter du maintien en détention de M. Bemba en raison de sa condamnation pour des atteintes à l'administration de la justice, a fait savoir la CPI dans un communiqué.

"Le fait que M. Bemba n'ait pas été libéré aujourd'hui (vendredi) est inacceptable, immoral et peut-être même illégal", a déclaré l'avocat du Congolais, Peter Haynes.

- Acquittement "regrettable" -

M. Bemba, vêtu vendredi d'un costume bleu marine est resté impassible lors du prononcé de son acquittement.

"La chambre d'appel a conclu, à la majorité, que M. Bemba ne saurait être tenu pénalement responsable des crimes commis par les troupes du MLC pendant l'opération menée en RCA et qu'il doit en être acquitté", a ajouté Mme van den Wyngaert.

Les juges ont estimé que l'ancien chef de guerre, qui n'était pas lui-même présent en Centrafrique lors des faits, n'aurait pas pu contrôler les agissements de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), à distance.

"Cet acquittement est mérité. Les juges ont reconnu que M. Bemba avait tout fait ce que l'on peut attendre d'un bon commandant", a commenté Peter Haynes, visiblement ému.

Jean-Pierre Bemba, ancien riche homme d'affaires devenu chef de guerre puis vice-président, avait été condamné en première instance en 2016 à 18 ans de prison pour les crimes de guerre commis en Centrafrique par sa milice, entre octobre 2002 et mars 2003.

En cinq mois, les hommes du MLC ont tué, pillé et violé dans la République centrafricaine voisine, où ils s'étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé - qui finira par s'emparer du pouvoir en 2003.

"Tout en respectant cette décision (l'acquittement), nous la qualifions de regrettable et de problématique", a déclaré le procureur de la CPI, Fatou Bensouda.

- Cris de joie à Kinshasa -

"Par ce jugement, la CPI semble dire aux chefs de guerre: tant que vous n'êtes pas sur les lieux, laissez donc vos troupes commettre les pires crimes et les pires abominations", s'est exclamée Karine Bonneau de la Fédération internationale des ligues des Droits de l'Homme (FIDH).

"Vingt ans après sa création, la CPI vient-elle de s'auto-saborder?", s'est-elle interrogée auprès de l'AFP.

A Kinshasa, l'acquittement de Jean-Pierre Bemba a été accueilli par des cris de joie chez ses partisans.

"Je pleure de joie. Jean-Pierre Bemba était un homme mort. Il vient d'être ressuscité", a déclaré l'un d'entre eux, réuni avec des centaines d'autres au siège du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), la milice devenu un parti politique de M. Bemba.

"La libération de Jean-Pierre Bemba est un soulagement pour le peuple congolais qui a soif de voir son leader", a commenté un vendeur de crédit téléphonique, José Mazambi.

Des acclamations ont aussi parcouru l'Assemblée nationale congolaise. Jean-Pierre Bemba a longtemps été l'enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages contre Joseph Kabila à la présidentielle de 2006.

 

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CPI : l'ancien chef de guerre congolais Bemba acquitté en appel

 

europe1.fr  -  20h39, le 08 juin 2018

 

Jean-Pierre Bemba.
Jean-Pierre Bemba avait été condamné à 18 ans de prison en 1ere instance. @ Jerry Lampen / ANP / AFP

 

Le Congolais Jean-Pierre Bemba a été acquitté en appel par la CPI pour les chefs de "crimes de guerre", en raison des "erreurs commises" en première instance

 

La Cour pénale internationale (CPI) a acquitté en appel vendredi l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, condamné à 18 ans de prison en première instance pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis en Centrafrique. La chambre d'appel "annule la déclaration de culpabilité de Jean-Pierre Bemba" et "prononce l'acquittement de l'accusé car les sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance font entièrement disparaître sa responsabilité pénale", a déclaré la juge Christine van den Wyngaert.

Crimes de guerre commis par sa milice. À la surprise générale, la chambre d'appel a renversé la peine d'emprisonnement la plus lourde jamais imposée par la CPI, juridiction fondée en 2002 pour juger les pires crimes commis à travers le monde. L'ancien riche homme d'affaires devenu chef de guerre puis vice-président avait été condamné en première instance en 2016 à 18 ans de prison pour les crimes de guerre commis par sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), entre octobre 2002 et mars 2003. Jean-Pierre Bemba avait été reconnu responsable en 2006 d'une vague de meurtres et de viols commis par sa milice en Centrafrique.

Une autre affaire. Jean-Pierre Bemba demeure toutefois en détention eu égard à une autre affaire dans laquelle il a été déclaré coupable d'atteintes à l'administration de la justice. La CPI doit désormais se pencher "d'urgence" sur cette affaire, ont souligné les juges de la chambre d'appel. Lors du procès en 2016, les juges ont "condamné à tort Jean-Pierre Bemba pour des actes criminels spécifiques qui étaient en dehors des charges telles que confirmées", a poursuivi Christine van den Wyngaert. "La chambre d'appel a conclu, à la majorité, que Jean-Pierre Bemba ne saurait être tenu pénalement responsable des crimes commis par les troupes du MLC pendant l'opération menée en RCA et qu'il doit en être acquitté", a-t-elle ajouté.

 

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Deux juges refusent de se récuser de la procédure en réparations

 

Par Wakabi Wairagala, french.bembatrial.org  -  30 Mai 2018

 

Deux juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont refusé de se récuser de la commission qui déterminera les réparations que l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba devra payer aux victimes de ses crimes.

Dans un mémo destiné à la présidence de la Cour, les juges Geoffrey Henderson et Chang-ho Chung nient avoir fait preuve d’un préjugé à l’encontre de M. Bemba et citent plusieurs inexactitudes présentes dans sa demande de récusation des juges de la Chambre de première instance III datant du 28 février 2018. Hormis Henderson et Chung, la requête de récusation s’applique également au juge Joyce Aluoch mais ses fonctions en tant que juge de la CPI prennent fin au mois de mars.

 

Les deux juges, dont le mémo expurgé a été publié le 24 mai, ont déclaré qu’ils avaient longuement réfléchi aux décisions qu’ils avaient prises tout au long de la procédure en réparations et avaient conclu qu’il n’était pas nécessaire qu’ils se récusent de la procédure et qu’aucun motif ne justifiait leur récusation.

 

Dans sa requête de récusation, l’avocat de la défense Peter Haynes a affirmé que, étant donné le modèle de la décision qui a été émise par la Chambre de première instance III dans la conduite de la procédure en réparations, « la perception raisonnable d’une prédisposition » à l’encontre de M. Bemba faisait jour.

 

Il a accusé la Chambre d’être déterminée à rendre une ordonnance accordant réparations avant que la décision dans l’appel de M. Bemba de sa condamnation ne soit prononcée. Il a également critiqué la Chambre pour avoir exclu la défense des deux réunions du mois de décembre 2016 qui, selon lui, débattaient des réparations.

 

Selon Me Haynes, les manquements de la Chambre de première instance III à inclure M. Bemba dans les réunions ex parte relatives aux réparations et à ne pas avoir divulgué le rapport de ces réunions à M. Bemba dans un délai raisonnable donnent lieu à des soupçons raisonnables de partialité.

 

Dans leur mémo, les juges ont qualifié d’inappropriées les allégations de M. Bemba selon lesquelles les parties à la procédure en réparations « avaient l’opportunité d’avancer d’autres arguments et d’entamer des discussions » sur des questions importantes qui étaient essentielles pour la procédure en réparations « devant la Chambre ». Ils ont déclaré qu’aucun juge ou membre du personnel juridique impliqué dans l’affaire Bemba n’avait assisté aux réunions.

Les juges ont souligné que les réunions en questions n’avaient pas été initiées par la Chambre mais par le Fonds au profit des victimes (FPV) et qu’aucune question d’importance pour la procédure n’y avait été débattue. Ils ont ajouté que, toutefois, le FPV n’avait pas informé la Chambre qu’il organisait des réunions avec les autres parties en excluant la défense.

 

Les juges ont également indiqué que, à aucun moment, ils avaient déclaré avoir l’intention d’émettre une ordonnance de réparation avant que le jugement d’appel ne soit rendu. Ils ont plutôt suggéré que d’agir en ce sens était autorisé par le cadre législatif de la Cour puisqu’il s’agissait de l’approche adoptée dans l’affaire Lubanga.

 

Au moment où la demande de récusation a été déposée, la procédure en réparations était portée devant la Chambre de première instance III depuis plus de 18 mois. Les juges ont précisé que, pendant cette période, ils avaient pris les dispositions nécessaires et logiques pour l’objectif ultime d’émettre une ordonnance accordant réparations. « La décision de passer par ces étapes a été prise après un examen attentif de la mise en balance de l’utilisation des ressources de la Cour et de l’obligation de la Chambre de promouvoir une conduite efficace et rapide des réparations », ont-ils ajouté.

 

Ils ont, de plus, indiqué que la Chambre avait toujours pris des mesures pour s’assurer que les droits de M. Bemba relatifs à l’appel de sa condamnation soient protégés. Si sa condamnation est modifiée par les juges d’appel, il aura la possibilité de déposer des observations sur les modifications apportées, concernant l’ordonnance de réparation. La Chambre a également spécifié que l’exécution de toute ordonnance de réparation ne se produira que si la condamnation de M. Bemba est confirmée en appel.

 

Les juges Henderson et Chung ont également qualifié d’inappropriées les allégations de M. Bemba selon lesquelles la Chambre avait permis aux avocats des victimes d’informer les experts indépendants qui conseillaient les juges sur l’attribution de réparations. Ils ont précisé que bien que la Chambre ait empêché les réunions entre les experts et les parties à la procédure, les représentants légaux des victimes ont été contactés pour apporter leur aide dans la mise en place des réunions entre victimes et experts.

 

Les juges se rencontreront le 13 juin pour débattre en session plénière de la demande de récusation.