Le
Conseil de sécurité examine la situation « instable » en République
centrafricaine, à l’approche des élections présidentielle et législatives
prévues pour le mois de décembre 2020
Le
Conseil de sécurité a discuté aujourd’hui de la situation
« instable » en République centrafricaine avec Mme Sylvie Baïpo-Temon,
Ministre centrafricaine des affaires étrangères et MM. Jean-Pierre Lacroix,
Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Smail Chergui, Commissaire à
la paix et à la sécurité de l’Union africaine et Koen Vervaeke, Directeur
général pour l’Afrique du Service pour l’action extérieure de l’Union
européenne. À l’approche des élections présidentielle et législatives
prévues pour décembre 2020, il faut comprendre, a dit le Commissaire africain,
« ce qui se cache derrière la résurgence de la
violence ».
En raison
des mesures de confinement imposées par la pandémie de COVID-19, les 15 membres
du Conseil de sécurité font leur déclaration à partir de leur mission et
dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence
spécialement conçu pour eux.
Dix-neuf
mois après l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République
centrafricaine et à l’approche des élections présidentielle et législatives
prévues pour décembre 2020, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix
a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à la vigilance,
compte tenu du contexte politique marqué par des tensions. Des progrès
importants ont certes été faits dans la préparation des élections mais la
situation en matière de sécurité demeure « instable », en raison de la
menace persistante que représentent les groupes armés et les milices, y compris
des signataires de l’Accord politique qui n’ont pas renoncé à la violence pour
assouvir leurs visées expansionnistes. Le Chef des opérations de paix
s’est inquiété de ce que le groupe armé « Retour, Réclamation et
Réhabilitation (3R0 » continue de s’étendre et de remettre en cause
l’autorité de l’État dans le nord-ouest; son Chef ayant annoncé la suspension de
sa participation aux mécanismes de suivi et de contrôle prévus par l’Accord
politique.
L’Union
africaine, a promis son Commissaire à la paix et à la sécurité, est déterminée à
comprendre « ce qui se cache derrière la résurgence de la violence »,
sachant qu’au final, « un processus de paix est toujours un marathon,
plutôt qu’un sprint ». Mais lorsque les parties, et en particulier
les groupes armés, violent gravement les dispositions de l’Accord, tuant des
civils, renforçant leurs positions et s’opposant à l’expansion de l’autorité de
l’État, l’Union européenne se rallie à l’appel du Secrétaire général, a prévenu
le Directeur général pour l’Afrique du Service pour l’action extérieure.
Il est grand temps, s’est-il expliqué, que le régime des sanctions prévu
par l’article 35 de l’Accord politique soit défini et appliqué.
Entretemps, il convient de procéder à la levée totale de l’embargo sur les
armes imposé au pays, a plaidé la Ministre centrafricaine des affaires
étrangères.
La
Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en
visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des
affaires du Conseil de sécurité.
M.
JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a
d’emblée condamné l’embuscade du groupe armé « Retour, Réclamation et
Réhabilitation (3R) » dans laquelle est tombée hier une patrouille
conjointe de la MINUSCA et des Forces de défense nationale, dans la préfecture
de Nana-Mambéré. L’embuscade fait deux morts et sept blessés parmi les soldats
centrafricains. À l’approche des élections présidentielle et législatives
prévues pour décembre 2020, le Secrétaire général adjoint a attiré l’attention
sur un contexte politique marqué par des tensions entre les acteurs politiques
lesquelles ont été amplifiées par la tentative d’un groupe de parlementaires de
la majorité présidentielle de prolonger les mandats du Président et de
l’Assemblée nationale au cas où les élections ne pourraient pas se tenir dans
les délais constitutionnels en raison de « circonstances imprévues ».
M. Lacroix a indiqué que le rejet de cette proposition par la Cour
constitutionnelle le 5 juin, a contribué à apaiser les tensions politiques.
Il a appelé le Conseil et la communauté internationale à rester
vigilants.
Le
Secrétaire général adjoint s’est félicité des progrès importants dans la
préparation des élections, notamment le lancement aujourd’hui du processus
d’inscription des électeurs. Il a salué les consultations engagées par le
Gouvernement avec les pays voisins pour faire avancer ce processus, avec l’appui
de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Il a
aussi noté des progrès réalisés en matière de financement des élections, grâce
aux généreuses contributions des partenaires, dont l’Union européenne et les
États-Unis.
La
situation en matière de sécurité demeure instable, a néanmoins prévu le Chef des
opérations de paix, en l’imputant à la menace persistante que représentent
principalement les groupes armés et les milices. Certains groupes armés, y
compris les signataires de l’Accord de paix, ont entendu l’appel du Secrétaire
général à un cessez-le-feu mondial mais n’ont pas pour autant renoncer à la
violence pour assouvir leurs objectifs expansionnistes.
Le
Chef des opérations de paix s’est inquiété des violents affrontements entre les
factions rivales du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique
(FPRC), qui ont commencé en avril, exacerbé par les tensions communautaires dans
la région et entraîné des déplacements massifs de population dans le nord-est.
La MINUSCA a renforcé ses forces dans la région et a lancé des opérations
militaires en mai à Ndélé et dans le triangle Sibut-Grimari-Kouango dans les
préfectures de Ouaka et de Kemo pour stabiliser la situation. M. Lacroix
s’est aussi inquiété de ce que le groupe armé « Retour, Réclamation et
Réhabilitation (3R) » continue de s’étendre et de remettre en cause
l’autorité de l’État dans le nord-ouest. La MINUSCA mène deux opérations
militaires pour protéger les civils et des enquêtes criminelles pour atténuer la
menace posée par les 3R et empêcher son expansion.
M.
Lacroix a estimé que la mise en œuvre de l’Accord politique est devenue plus
difficile, malgré les progrès importants accomplis par le Gouvernement.
L’adoption de la législation sur les réformes politiques, les réunions des
mécanismes de suivi et de contrôle, les engagements ad hoc de haut niveau entre
signataires et le déploiement des unités spéciales de sécurité mixtes à l’ouest
sont des signes encourageants de progrès. Mais, M. Lacroix a pointé les
tensions entre le Gouvernement et le chef des 3R, qui a annoncé que son groupe
armé suspend sa participation aux mécanismes de suivi et de contrôle et choisi
une posture agressive contraire à ses
engagements.
La
MINUSCA travaille en étroite collaboration avec les garants et d’autres
partenaires et coopère avec les parties pour encourager et faciliter le
dialogue, tout en maintenant une position solide pour protéger les civils et
atténuer les menaces posées par les groupes armés et les milices. Notre
partenariat avec l’Union africaine, la CEEAC, l’Union européenne et les autres
partenaires internationaux reste « crucial », en particulier en ce
moment délicat du processus de paix et dans le contexte électoral, a souligné M.
Lacroix.
Il
a indiqué que la MINUSCA a adapté son engagement stratégique en tenant compte du
nouveau contexte de la pandémie. La COVID-19 et les affrontements armés
aggravent encore la situation humanitaire et rendent plus difficile le travail
de la communauté humanitaire en République centrafricaine où quelque
2,6 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont encore
besoin d’aide humanitaire et de protection. La pandémie aggravant les
vulnérabilités, M. Lacroix a jugé indispensables l’engagement et le soutien du
Conseil pour atténuer le risque de compromettre de gains durement
acquis.
M.
SMAIL CHERGUI, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine
(UA), a salué les initiatives de la République centrafricaine pour faire
face à l’épidémie de COVID-19. Bien que la pandémie ait retardé la mise en
œuvre de certaines dispositions importantes de l’Accord politique pour la paix
et la réconciliation en République centrafricaine, le représentant de l’UA a
noté que la préparation des élections s’est poursuivie sans interruption.
Il a précisé que la Cour constitutionnelle de la RCA a rendu une décision
le 5 juin selon laquelle il n’y aura pas de prolongation du mandat présidentiel
en raison du virus, mettant ainsi fin à un débat qui avait opposé le parti au
pouvoir et l’opposition. Il a estimé que cette décision est une preuve de
la maturité des institutions de la RCA, signalant aussi que le Gouvernement et
les acteurs politiques sont engagés dans la préparation des élections
conformément au calendrier électoral.
M.
Chergui s’est félicité que le Comité exécutif de suivi de l’Accord politique
pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine ait pu tenir sa
huitième session le 22 mai après trois mois d’inactivité en raison de la
pandémie de Covid-19.
Il
a salué des progrès importants en ce qui concerne l’adoption et la promulgation
de toutes les lois prévues dans l’Accord, ainsi que les avancées dans les
préparatifs du lancement des principales activités de DDR et dans l’installation
de camps d’unités spéciales mixtes de sécurité dans les parties nord-est et le
sud-est du pays.
Parmi
ces avancées, il a cité le déploiement des Forces armées centrafricaines (FACA)
et des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans plusieurs localités dont
Birao et Ndele, le déploiement du premier groupe d’observateurs militaires de
l’UA à Bangui, la restauration de l’autorité de l’État et le déploiement des
préfets et sous-préfets, la collaboration entre les FACA et les soldats de la
paix de la MINUSCA dans différentes provinces pour protéger les populations,
rétablir l’ordre et l’autorité de l’État, ainsi que l’amélioration de la
collaboration et de la consultation permanente entre le Gouvernement, les
garants et les facilitateurs dans la recherche de solutions aux conflits
intercommunautaires grâce à la facilitation et à la
médiation.
Il
a précisé que le Secrétaire général de la CEEAC, M. Ahmad Allam-Mi, le
Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, M.
Jean-Pierre Lacroix, et le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, ont tenu le
8 juin une réunion virtuelle avec le Président de la République
centrafricaine, M. Faustin-Archange Touadéra, pour prendre le pouls des
progrès et des défis en République centrafricaine
M.
Chergui a regretté, malgré des progrès sur le front politique, une augmentation
du nombre d’incidents en matière de sécurité impliquant certains des groupes
armés signataires de l’Accord de paix, avec des incidents signalés à Ndele,
Bambouti et Obo, où des groupes armés se sont affrontés et, dans certains cas,
ont attisé la violence intercommunautaire déjà existante, en particulier dans le
nord-est et le nord-ouest du pays.
Il
a dit que l’UA est profondément préoccupée par les récentes attaques coordonnées
perpétrées par des hommes armés le 9 juin 2020 dans les préfectures de
Nana-Mambere et Ouham-Pende, en particulier à Bouar, contre le camp
d’entraînement d’une unité spéciale mixte de sécurité, et à Pougol, contre un
poste de contrôle des FACA et de la MINUSCA.
L’UA,
en tant que l’un des deux garants, avec la CCEAC, de l’Accord politique pour la
paix et la réconciliation, est déterminée à poursuivre ses efforts pour
atteindre tous les signataires de l’Accord et comprendre ce qui se cache
derrière la résurgence de la violence, a-t-il
dit.
S’agissant
de la situation humanitaire, il a rappelé qu’outre les 616 000
Centrafricains réfugiés dans les pays voisins, quelque 697 000 personnes
sont déplacées à l’intérieur du pays et se trouvent dans une situation précaire
à l’aune de l’épidémie de COVID-19
« Un
an après la signature de l’Accord de paix, des progrès ont été enregistrés, des
élections sont en préparation et il ne fait aucun doute que le Gouvernement a
étendu l’autorité de l’État à travers le pays », a conclu le Commissaire à
la paix et à la sécurité de l’UA. Il a souligné que malgré les problèmes
de sécurité, les signataires de l’Accord restent en majorité attachés à l’Accord
et que le partenariat actif entre l’UA, l’ONU, la CEEAC et l’UE dans ce dossier
a donné des résultats tangibles. Néanmoins, il a dit que l’UA ne se fait
aucune illusion sur le fait que la tâche qui reste à accomplir se heurte à de
nombreuses difficultés et qu’au final, « un processus de paix est toujours
un marathon, plutôt qu’un sprint ».
Le
Directeur général pour l’Afrique du Service européen pour l’action extérieure
de l’Union européenne, M. KOEN VERVAEKE, a rappelé que dans le cadre de la
lutte contre la COVID-19, la République centrafricaine est le premier pays à
avoir bénéficié du pont aérien humanitaire lancé en mai par l’Union européenne
(UE) et ses États membres. Cette pandémie frappe la RCA au milieu d’un
processus électoral d’une importance cruciale, a-t-il rappelé, avant de saluer
l’engagement pris par les autorités de respecter le calendrier constitutionnel.
Notre soutien financier important à l’organisation de ces élections, notre
décision de déployer une mission d’experts électoraux et de mobiliser un soutien
supplémentaire témoignent de notre confiance mais aussi de nos attentes dans ce
processus, a-t-il dit. Il est essentiel, a-t-il ajouté, de renforcer son
caractère inclusif, de favoriser le dialogue et de veiller à ce que tous les
acteurs politiques agissent de manière responsable, en résistant à ceux qui
tentent de déstabiliser le processus, notamment par des campagnes de
désinformation qui ciblent également les partenaires
internationaux.
Dans
ce contexte, M. Vervaeke a indiqué que la mise en œuvre de l’Accord politique
demeure une priorité. Il a expliqué que les progrès accomplis dans la mise
en œuvre dudit l’Accord ont été compromis par une résurgence de la violence des
groupes armés. Il a évoqué, au vu des dernières attaques d’un groupe armé
en RCA occidentale, le « double jeu » joué par certains de ces
groupes. Il a plaidé pour le renforcement du dialogue et de la confiance
entre les parties, demandant également que le processus électoral soit plus
inclusif et tienne davantage compte des femmes et des jeunes. De même, le
processus de DDRR au point mort doit être relancé, et les groupes armés se
doivent de respecter leur propre engagement de désarmer et de démobiliser.
Les unités mixtes spéciales de sécurité, dont l’opérationnalisation
bénéficie d’un important soutien financier de l’UE, représentent une autre
opportunité que les membres des groupes armés devraient saisir, a-t-il
plaidé.
Mais
lorsque les parties, et en particulier les groupes armés, violent gravement les
dispositions de l’Accord, tuant des civils, renforçant leurs positions et
s’opposant à l’expansion de l’autorité de l’État, l’UE se rallie à l’appel du
Secrétaire général pour que « les parties prenantes adoptent une décision
ferme concernant les sanctions à appliquer », comme le prévoit du reste
l’article 35 de l’Accord. Un an et demi après la signature de l’Accord, il
est grand temps que ce régime des sanctions soit finalement défini et appliqué.
Le Directeur a ajouté que la lutte contre l’impunité et le renforcement de
la justice sont indispensables pour une paix et une réconciliation durables.
Il a réitéré le plein engagement de l’UE à soutenir la RCA dans son
processus de paix, de stabilisation, de démocratisation et de développement.
Dans ces efforts, l’UE est plus que jamais déterminée à coopérer et à
coordonner étroitement ses efforts avec les Nations Unies, l’Union africaine et
la CEEAC, ainsi qu’avec tous les partenaires concernés, notamment les voisins de
la RCA, qui ont un rôle essentiel à jouer.
La
Fédération de Russie a estimé que les parties au conflit en RCA ont,
malgré des difficultés, réalisé des progrès tangibles dans l’avancement du
processus politique lancé en février 2019. Citant les progrès en matière
de sécurité et de droits de l’homme, et la diminution du niveau de la violence
armée, la délégation russe a aussi salué le déploiement des Forces armées
nationales sur tout le territoire de la République centrafricaine. Des
progrès considérables ont également été réalisés dans la formation et le
déploiement d’unités spéciales de sécurité mixtes, s’est félicitée la Fédération
de Russie, avant d’encourager les autorités centrafricaines à poursuivre la mise
en œuvre du programme de DDRR, dès que les restrictions liées au COVID-19 seront
levées.
La
Fédération de Russie a assuré qu’elle fera usage de toute son influence pour
encourager tous les signataires à s’abstenir de toute forme de violence dans
l’intérêt de la paix et de la sécurité. La délégation a salué les mesures
prises par les autorités centrafricaines pour freiner la propagation de la
COVID-19 et s’est faite l’écho de l’appel du Secrétaire général à éviter de
politiser la pandémie.
La
Fédération de Russie s’est félicitée de la publication d’un calendrier électoral
révisé et conforme aux délais constitutionnels. Elle a salué les efforts
du Président Touadera pour désamorcer les tensions politiques, y compris sa
décision d’engager un dialogue franc avec les acteurs politiques et les
partenaires du pays sur la préparation des élections. Félicitant également
l’Assemblée nationale pour avoir adopté plusieurs lois importantes conformément
à l’Accord, la Fédération de Russie s’est dit prête à continuer de fournir une
assistance globale à la RCA, en particulier pour faciliter la réforme du secteur
de la sécurité. Elle s’est dite convaincue qu’une meilleure formation de
l’armée et des forces de l’ordre permettra de lutter plus efficacement contre
les groupes armés illégaux, d’assurer la protection des civils et de restaurer
l’autorité de l’État dans toutes les régions du
pays.
La
Belgique a salué la réponse de la République centrafricaine et de la
MINUSCA à la lutte contre la COVID-19, tout en soulignant la nécessité de
renforcer la solidarité et la coordination internes et d’améliorer la
coordination avec les partenaires internationaux, y compris l’Union européenne.
La Belgique a néanmoins prévenu que la lutte contre l’épidémie ne doit pas
détourner notre attention de la nécessité de mettre pleinement en œuvre l’Accord
politique. Elle s’est félicitée de la loi portant création de la
Commission vérité, justice, réparation et réconciliation et a appelé les parties
à privilégier le dialogue pour la mise en œuvre des autres dispositions de
l’Accord de paix. Elle a d’ailleurs demandé au Conseil de sécurité
d’envisager des sanctions contre ceux qui ne respectent pas l’Accord. La
Belgique a appelé à la poursuite du DDR et de la réforme du secteur de la
sécurité. Elle a jugé essentiels les progrès dans l’opérationnalisation
des Unités spéciales mixtes de sécurité.
Mettant
l’accent sur l’importance des prochaines élections législatives et
présidentielle, elle a estimé que seul un processus pacifique, inclusif et
transparent pourra ouvrir la voie à la stabilisation et à la démocratisation
durables de la République centrafricaine. Dans ce contexte, la délégation
a salué les progrès accomplis par le Gouvernement pour organiser ces élections
et a prié tous les acteurs politiques de respecter le processus démocratique et
de renoncer à la désinformation, aux discours de haine et autres tentatives de
déstabilisation.
La
République dominicaine a salué les mesures adoptées par le Président
Touadera pour lutter contre l’épidémie de COVID-19. Elle a aussi salué les
efforts du Gouvernement avec le soutien de la MINUSCA et de la CEEAC pour
maintenir des contacts de haut niveau avec les dirigeants des groupes armés.
Après s’être également félicitée des diverses lois requises par l’Accord
politique et de la mise sur pied de la Commission vérité, justice, réparation et
réconciliation, la République dominicaine a reconnu que le succès des élections
reste un problème compte tenu de l’aggravation des tensions politiques et de
l’impact de la COVID-19. Il est urgent, a-t-elle estimé, de s’attaquer à
la question des groupes armés, signataires de l’Accord, qui continuent de
commettre des actes de violence. La République dominicaine a conclu sur la
situation humanitaire, en appelant les États à redoubler d’efforts pour soutenir
le pays en ces temps très difficiles et à contribuer au Plan de réponse
humanitaire.
Les
États-Unis ont salué les efforts du Gouvernement centrafricain dans la
préparation d’élections crédibles, libres et équitables. Ils se sont dit
particulièrement encouragés par la récente décision de la Cour constitutionnelle
sur le calendrier électoral. Ils ont aussi salué la publication de
« deux décrets cruciaux sur l’inscription des électeurs et le vote de la
diaspora dans 13 pays », dont les États-Unis.
Notant
que la République centrafricaine compte environ 697 000 déplacés, en plus
des 616 000 réfugiés dans les pays voisins, les États-Unis ont réaffirmé
leur soutien aux efforts visant à encourager la pleine participation de ces
personnes aux élections. Ils se sont dit déterminés à aider la République
centrafricaine à organiser des élections crédibles qui confirmeront la
légitimité du Gouvernement élu, amélioreront la stabilité du pays et renforcent
les progrès démocratiques réalisés ces dernières
années.
Les
États-Unis se sont dit profondément préoccupés par le fait que certains groupes
armés continuent de violer la mise en œuvre de l’Accord de paix. Ils ont
jugé troublant que les groupes armés FPRC, FDPC et 3R continuent de mener des
opérations militaires alors qu’ils se sont engagés à respecter l’appel lancé le
23 mars par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial pour
lutter contre la pandémie de COVID-19. Les États-Unis ont exhorté la
MINUSCA à mener de concert les mandats de protection des civils et de bons
offices pour appuyer l’Accord de paix, en estimant que les deux volets se
renforcent mutuellement.
L’Estonie
s’est félicitée de ce que les préparatifs des prochaines élections avancent
à plein régime. Elle a aussi salué la capacité du Gouvernement de trouver
des solutions novatrices, comme le recours aux réseaux mobiles pour payer les
salaires des fonctionnaires. La délégation a également salué la création
de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation et espéré que son
opérationnalisation suivra bientôt. L’Estonie s’est tout de même dite
préoccupé par la violence et les violations des droits de l’homme. Elle a
décrié les agissements du groupe Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R),
dont ses attaques directes contre la MINUSCA et les Forces nationales.
Elle a dit appuyer, à l’instar du Secrétaire général, une position ferme
et sans équivoque sur l’application des sanctions prévues à l’article 35 de
l’Accord politique.
L’Indonésie
a souligné l’importance d’assurer la mise en œuvre par les parties de l’Accord
de paix de Bangui. L’appropriation nationale est la clef du succès, a
ajouté la délégation pour qui le rôle de la MINUSCA est plus important que
jamais. La Mission sera utile aux parties prenantes en créant un
environnement favorable au processus électoral cette année, a-t-elle analysé en
recommandant qu’elle continue ses efforts pour gagner le cœur et l’esprit du
peuple, y compris à travers les échanges avec les communautés. L’Indonésie
est préoccupée par la situation humanitaire dans le pays, en particulier des
conséquences de la COVID-19, a aussi dit la délégation. Elle a souhaité à
cet égard un appui constant des partenaires
internationaux.
L’Indonésie
s’est dite également profondément inquiète du nombre d’attaques qui touchent les
Casques bleus et le personnel civil de la MINUSCA. Elle a rappelé que la
Mission compte dans ses rangs 358 Casques bleus indonésiens dont 18 femmes.
L’Indonésie a insisté sur l’importance et la nécessité d’apporter un appui
aux élections démocratiques en République centrafricaine pour qu’elles se
tiennent, tout en soulignant que « le processus démocratique est tout sauf
facile ». Il s’agit d’une vaste entreprise logistique qui nécessite
une planification approfondie pour anticiper tous les défis, en particulier au
milieu de la pandémie de COVID-19 et de ses conséquences, a rappelé la
délégation.
Le
Royaume-Uni a réitéré que l’Accord politique reste le seul cadre viable
pour une paix durable en République centrafricaine. La République
centrafricaine, a-t-il fait observer, est à la croisée des chemins, avec les
élections présidentielle et législatives à la fin de cette année. Ces
élections doivent être un point de non-retour. Elles doivent, a précisé le
Royaume-Uni, être pacifiques, libres, transparentes et organisées dans les
délais constitutionnels. Tous les Centrafricains doivent avoir la chance
de faire entendre leur voix. Nous examinons, a dit le Royaume-Uni, un
appui financier aux scrutins. Comme certains signataires de l’Accord
politique, s’en sont retirés, a poursuivi le Royaume-Uni, nous ne devons pas
être complaisants. Nous sommes prêts, ont-ils assuré, à imposer les
mesures qu’il faudra, y compris des sanctions, conformément à l’article 35 de
l’Accord. Le Royaume-Uni a enfin réitéré l’appel au cessez-le-feu lancé
par le Secrétaire général et ajouté que même si des défis subsistent, il faut
faire en sorte que cette année marque un tournant vers la stabilité et la
prospérité à long terme de la République
centrafricaine.
La
France a rappelé que, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, elle
a renforcé son appui bilatéral à la RCA en matière sanitaire, soulignant
également que l’accès humanitaire doit demeurer une priorité. C’est
pourquoi la délégation a contribué, conjointement avec l’Union européenne, à la
mise en œuvre d’un pont aérien humanitaire vers plusieurs pays africains, dont
la RCA. La France a salué les efforts déployés par la MINUSCA pour
continuer à mettre en œuvre son mandat. Elle a aussi salué les progrès
réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, demandant à ce que cela se
poursuive, sous l’impulsion du Président Touadéra et de son gouvernement, car
l’Accord demeure la seule voie pour une paix durable dans le pays. Elle a
aussi insisté sur la poursuite du déploiement des unités spéciales mixtes de
sécurité et la mise en place effective de la Commission vérité, justice,
réparation et réconciliation et de la
décentralisation.
La
France a dit être très préoccupée par les violations de l’Accord de paix par
certains groupes armés, notamment les attaques contre les civils, les personnels
humanitaires et les forces de sécurité, les violations graves commises contre
les enfants, les violences sexuelles ou les annonces unilatérales de retrait de
l’Accord. Ceux qui se livrent à ces actes doivent être traduits en justice
et les mesures prévues par l’article 35 de l’Accord doivent être mises en œuvre,
a plaidé la France. Elle a rappelé que le Conseil de sécurité a récemment
sanctionné, à son initiative, un chef de groupe armé, Abdoulaye Miskine,
souhaitant qu’il continue de sanctionner ceux qui entravent délibérément le
retour de la paix.
La
délégation a par ailleurs salué les progrès réalisés dans la préparation des
élections présidentielles et législatives de 2020/2021. La France a appelé
l’ensemble des acteurs centrafricains à s’engager dans un dialogue inclusif sur
toutes les questions relatives à la tenue des élections. Elle a mis
également en garde contre les tentatives de déstabilisation des institutions et
contre les campagnes de désinformation. La délégation a enfin appelé les
partenaires de la RCA à contribuer sans tarder au financement des élections.
Pour sa part, en plus de sa contribution via l’Union européenne, elle
apporte 300 000 euros supplémentaires.
Mme
SYLVIE VALERIE BAÏPO-TEMON, Ministre des affaires étrangères et des
Centrafricains de l’étranger de la République centrafricaine a
rappelé l’étape majeure franchie, le 6 février 2019 avec la signature de
l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République
centrafricaine. La réussite de la mise en œuvre de cet Accord exige un
soutien ferme et unanime de la communauté internationale, a indiqué la Ministre.
Elle a relevé qu’il incombe à tous ceux qui prônent la culture de la paix,
à savoir l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine, la CEEAC, ainsi
que les États Membres de chacune de ces organisations, de faire de cette
expérience centrafricaine, un modèle réussi de règlement des conflits en
Afrique.
Pour
sa part, le Gouvernement centrafricain n’a point cessé de faire preuve de sa
bonne volonté dans l’application des principales dispositions de l’Accord
politique, telles que la formation d’un gouvernement inclusif; l’adoption et la
promulgation des lois réclamées, notamment celle sur la décentralisation, le
statut des anciens chefs d’État et celle régissant les partis politiques; la
mise en œuvre des mécanismes de suivi; la mise en place d’une commission
inclusive comprenant les représentants des parties signataires; et la création
de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. Ainsi,
avec l’appui de la communauté internationale depuis 2015, plusieurs initiatives
ont été entreprises par le Gouvernement dans le cadre du désarmement,
démobilisation, réintégration et rapatriement.
La
Ministre a déploré le fait qu’en dépit de la volonté affichée du Gouvernement de
mettre en œuvre l’Accord de paix, de nombreuses formes de violences persistent
du fait du non-respect et de la violation par les groupes armés des dispositions
dudit Accord dont ils sont pourtant signataires. Elle a attiré l’attention
sur la recrudescence des violences dans l’arrière-pays et le réarmement de
certains groupes armés. Rester passif signifierait se désolidariser de
l’effort de contrepoids et faire le choix de la violence comme les autres.
C’est pourquoi, a affirmé la Ministre, le respect du délai constitutionnel
dans le cadre des prochaines échéances électorales est un engagement collectif à
tenir. En effet, en dépit du contexte difficile lié à la pandémie de la
COVID-19, l’Autorité nationale des élections s’active à tout mettre en œuvre
pour que les élections se tiennent conformément au chronogramme établi.
Les ressources mobilisées à cet effet ont déjà dépassé la barre des 50%.
De plus, le Gouvernement a acté la participation des réfugiés
centrafricains, sous réserve que les pays d’accueil acceptent de prendre les
dispositions nécessaires à l’exercice des droits civiques de ces réfugiés sur
leur territoire. La Ministre a enfin appelé la communauté internationale à
continuer à appuyer son pays et à procéder à la levée totale de l’embargo imposé
à un pays « qui n’aspire qu’à une paix
véritable ».
Communiqués
de presse
SC/14219
- 22 juin 2020
Conseil
de sécurité