« Les
Etats voyous d’Afrique centrale sont les derniers avatars de la
Françafrique »
Le
Monde –
Chronique.
Achille Mbembe, philosophe
Analysant la
situation du Cameroun, Achille Mbembe plaide pour une libération de l’ancien
colonisé comme de l’ancien colonisateur, toujours liés par une longue histoire
de corruption.
Devant
l’ambassade de France à Yaoundé le 25 février 2020. AFP
Chronique.
Scènes inhabituelles, le 25 février, devant l’ambassade de France à
Yaoundé, au Cameroun. En lieu et place de la foule ordinaire des quémandeurs de
visas exposés aux intempéries, quelques centaines de sans-travail assiègent la
place armées de pancartes et de banderoles fraîchement
peintes.
Attroupement
spontané, fait-on mine de croire. En vérité, l’une de ces rodomontades
auxquelles nous ont habitués les régimes tyranniques lorsque, à court
d’imagination et pris la main dans le sac, ils sont obligés d’attiser passions
pseudo-nationalistes, voire vulgarité et ressentiment, dans l’espoir de
détourner l’attention de leurs méfaits, de masquer leur faillite et, au passage,
de prétendre à quelque délégitimation.
Dans
ce pays où toute manifestation, aussi pacifique soit-elle, de l’opposition ou
des organisations civiles est généralement dispersée à coups de matraque, de
canons à eau, de gaz lacrymogènes et souvent à balles réelles, nos
protestataires d’occasion ont été réunis à la sauvette. Contre quelques pièces
de rechange et la promesse d’un bout de pain accompagné d’une sardine et
éventuellement d’une bière. Ils ont été loués pour quelques heures par les
spécialistes locaux des basses besognes, le temps de proférer des jurons et
slogans anti-francais à la face du monde avant de retourner à leur
misère.
Créatures
monstrueuses
Réplique
sévère, prétend-on, à Emmanuel Macron, copieusement injurié et couvert pour
l’occasion de tous les noms d’oiseau. Accusé d’avoir déshonoré, au milieu des
vaches du Salon de l’agriculture, le 22 février, un satrape de 87 ans, au
pouvoir depuis trente-huit ans.
En
admettant publiquement qu’il était intervenu dans la libération du principal
opposant au régime en place, il aurait foulé aux pieds la souveraineté d’un pays
qui, en soixante ans d’indépendance, n’aura témoigné que mépris et dédain à
l’égard de ceux de ses enfants qui se sacrifièrent autrefois pour sa libération
du joug colonial.
Mais
qu’importent les contradictions, sur fond d’un patriotisme de circonstance.
« Le gamin de l’Elysée » aurait traîné le vieux tyran
« dans la bouse ». Il paiera cet affront de sa personne, en
pleine rue, dans la boue et dans les caniveaux. Sur les écrans aussi, à l’ère
virale du digital.
Lire
aussi Au Cameroun, Yaoundé s’agace de la « pression »
d’Emmanuel Macron sur Paul Biya
Du
coup, sur les réseaux sociaux et dans la presse à charge, trolls,
lumpen-citoyens, griots et opportunistes de tout poil, voire conseillers
spéciaux, directeurs généraux et ministres de la République, bref la cohorte des
pouvoiristes s’en donnent à cœur joie, dans une orgie verbale qui frise le
lynchage numérique. Dans cette phallocratie qui ne s’en cache point, l’épouse du
chef de l’Etat français est à peine épargnée, qui en prend pour son âge, tandis
que le Cameroun est comparé à une jeune fille que chercherait à violer un
soupirant de mauvais aloi.
Ainsi
fonctionnent les Etats voyous d’Afrique centrale, créatures monstrueuses de la
Ve République et derniers avatars de la Francafrique, ce pacte
faustien qui aura lié la France à ses anciennes possessions coloniales depuis
les années 1960, et qui, mine de rien, est devenu un boulet puant pour la
France.
Cohorte
de gérontocrates obséquieux
Le
néolibéralisme mâtiné de tribalisme aidant, ces Etats se sont transformés en
véritables cartels, à la tête desquels se trouvent des tyrans séniles et
jouisseurs. Détenteurs pour la plupart de passeports français, ces derniers ont,
au long des années et sous le regard bienveillant de l’ancienne mère patrie,
inventé des formes d’exercice du pouvoir qui reposent sur le déchaînement le
plus brutal des instincts inférieurs.
Ils
sont entourés d’une cohorte de gérontocrates obséquieux et d’une armée de
courtisans et de sicaires. Pour cette caste de vieillards rompus à la
roublardise et à la duplicité, gouverner, c’est en effet manger, boire, danser
et copuler à longueur d’années, dans la plus totale
imprévoyance.
Le
matin, ils incitent quelques centaines de dévots à hurler contre la France. La
nuit tombée, ils changent de masque, s’adonnent à des danses bachiques et ont
d’effroyables rituels de mystification, ou s’agenouillent devant les autorités
consulaires et sollicitent, qui une carte de séjour pour eux-mêmes ou un membre
éloigné du clan, qui une énième faveur.
Certains
possèdent des appartements luxueux dans les quartiers huppés de Paris. D’autres
détiennent de nombreux biens souvent « mal acquis » sur le territoire
français. Renfloués à coups de racket, de marchés fictifs ou de gré à gré, de
détournements de la fortune publique et du bradage des ressources naturelles,
leurs comptes bancaires sont logés dans des institutions françaises, lorsque
d’innombrables liasses de devises étrangères ne sont pas purement et simplement
entassées dans des sacs.
Lire
aussi Quand Emmanuel Macron met les pieds dans le plat de la politique
camerounaise
Leurs
enfants sont scolarisés dans des lycées français. Une partie de leurs nombreuses
familles, voire de leurs concubines se trouvent sur le territoire français. A la
moindre alerte, ils sont évacués vers des hôpitaux français. Aux frais du Trésor
public.
Il
n’est pas rare que les balles, les fusils, les gaz lacrymogènes et les véhicules
militaires qu’ils utilisent pour mater leur peuple soient d’origine française.
Il en est de même des engins équipés de mitrailleuses qu’ils font défiler sur le
boulevard principal de la capitale à l’occasion de la fête
nationale.
La
plupart des contrats d’exploitation des gisements miniers sont signés avec des
compagnies françaises. La surveillance de l’espace aérien, la gestion des ports,
des aéroports, des chemins de fer et la destruction des immenses forêts
n’échappent guère à la règle. Il n’y a pas jusqu’aux uniformes de l’armée, aux
chaussures et bérets des soldats, aux cartes d’identité, aux passeports, à la
monnaie nationale et aux boîtes d’allumettes qui ne soient fabriqués par des
entreprises françaises ou leurs succursales.
Satrapes
africains
Surtout
lorsqu’elle est activement recherchée, une dépendance aussi systémique et
multiforme met à mal les cyniques proclamations de souveraineté généralement
proférées sur le dos de l’ancienne puissance tutrice.
Pour
le reste, les satrapes africains seront intervenus dans la politique intérieure
française des années durant. Ils auront, à titre d’exemple, contribué au
financement occulte des partis politiques de tout bord. Ils auront, par
ailleurs, généreusement arrosé divers candidats aux élections
présidentielles.
L’osmose
entre cette caste de prédateurs, certains cercles dirigeants français, certains
milieux d’affaires, des milieux militaires et du renseignement aura été telle
qu’aux yeux de beaucoup d’Africains, le nom de la France a fini par être
étroitement associé à la réalité de la tyrannie, de la corruption et de la
brutalité sur le continent.
Article
réservé à nos abonnés Lire aussi Au Cameroun, la mort au bout de la piste
Au
demeurant, tyrannie et corruption ont fini par octroyer aux formes
postcoloniales du brutalisme et de la prédation un caractère létal et corrosif.
Tel étant le cas, il n’est guère surprenant que les nouvelles générations qui
n’ont pas connu la colonisation, mais qui sont nées et ont grandi dans le
chaudron de la tyrannie, soient les plus réceptives à la propagande
anti-francaise des régimes africains et de leurs
opposants.
Aux
yeux de beaucoup en effet, la France ayant été si profondément impliquée dans la
consolidation de la tyrannie en Afrique, que l’avènement de la démocratie, la
jouissance des libertés fondamentales et la réalisation du rêve panafricaniste
ne seront possibles qu’au prix d’une rupture radicale des liens avec l’ancienne
puissance coloniale.
Kleptocratie
à bout de souffle
C’est
en particulier le cas au Cameroun, où une kleptocratie à bout de souffle
s’efforce activement d’instrumentaliser le ressentiment anti-francais dans le
but de réengranger un minimum de légitimité et de conforter son impunité. Ici,
en effet, tous les indicateurs ont viré au rouge.
Maintes
demandes, doléances et plaidoyers adressés au gouvernement par diverses forces
sociales auraient pu être traités par la négociation. Au contraire, ces forces
ont été, de façon routinière, réprimées. De paisibles citoyens dont les droits
fondamentaux sont quotidiennement lésés ont été violentés et parfois blessés
sans raison. Très souvent, du sang a été versé.
Les
prisons sont surpeuplées. La torture est pratiquée en plein jour dans des
centres de détention, y compris informels. Passeports et autres documents
d’identité des dissidents ne sont guère renouvelés. Des milliers de jeunes ont
rejoint la cohorte des migrants illégaux qui s’efforcent de traverser la
Méditerrannée. Une partie de la mobilisation protestataire, aussi bien
anglophone que francophone, s’est délocalisée dans la diaspora. Sur place, les
antagonismes tribaux ont atteint un point tel que, à tout moment, tout risque de
dégénérer en conflit armé.
Lire
aussi Cameroun anglophone : l’armée accusée d’une tuerie par Human
Rights Watch
En
attendant, massacres et atrocités se succèdent dans les régions anglophones ou
militaires et bandes armées s’affrontent sur le dos des populations civiles. De
nombreux villages ont été rasés et des maisons incendiées. Bétail et récoltes
sont régulièrement confisqués. Pillages, expéditions punitives et ponctions de
toutes sortes ont précédé ou accompagné de grotesques
tueries.
A
ce jour, plus de 3 000 personnes ont perdu la vie. Les organisations
internationales font état de plus de 500 000 personnes déplacées à
l’intérieur du pays. Il convient d’y ajouter 60 000 autres, réfugiés
au Nigeria voisin. Près d’un million d’enfants sont privés de scolarisation et
exposés à l’errance et à la malnutrition.
Brutalisation
de la société
Comme
si cette catastrophe humanitaire ne suffisait point, peu de signes démontrent
que le régime est disposé à sortir de l’enlisement politique par un véritable
dialogue. Objets d’un enlèvement au Nigeria il y a plus d’une année, les leaders
sécessionnistes languissent dans l’une des principales geôles du pays. Sans
l’intervention d’Emmanuel Macron, les principaux responsables de l’opposition
légale, à l’exemple du juriste Maurice Kamto, n’auraient pas été
libérés.
Au
demeurant, déférés devant le tribunal militaire, plusieurs autres, à l’instar de
Mamadou Mota, restent détenus dans des conditions foncièrement dégradantes. Du
reste, toutes les voies en vue d’une alternance pacifique ont été méthodiquement
obstruées. La corruption électorale est administrée par la bureaucratie, les
préfets, sous-préfets, gouverneurs, policiers, soldats et gendarmes, tous
porteurs de la carte du parti au pouvoir.
Chaque
élection est émaillée d’innombrables irrégularités : intimidation des
opposants, y compris sur les lieux de vote ; bourrage des urnes ;
distribution de fausses cartes ; et diverses autres manipulations. A
l’allure où vont les choses, seule la mort biologique du satrape est de nature à
donner répit à un peuple profondément meurtri par de longues années de
brutalisation.
Lire
aussi Au Cameroun, une école primaire clandestine éduque les enfants
« traumatisés par la guerre »
C’est
dans ce contexte de caporalisation et de brutalisation de la société qu’il faut
comprendre les accusations portées contre Emmanuel Macron. Car que lui
reproche-t-on sinon d’avoir dérogé à l’ethos gérontocratique et d’avoir
refusé de faire preuve d’obséquiosité à l’égard d’un tyran féru de duplicité, et
qui ne respecte que la ruse et la force ? En effet, rien de ce qu’a déclaré
le chef d’Etat français n’est faux.
Si
reproche on peut lui adresser, ce n’est pas d’avoir fait entorse à la
vérité.
C’est
plutôt de n’avoir pas tout dit, c’est-à-dire de tarder à fixer clairement la
ligne rouge. Car s’agissant du Cameroun, la seule et unique question qui vaille
désormais la peine, pour la France comme pour ses alliés occidentaux, est de
savoir quand, comment et dans quelles conditions atterrir, c’est-à-dire comment
organiser urgemment et en bon ordre la succession afin que ce pays puisse
recommencer sur des bases entièrement nouvelles.
Des
efforts dans cette direction sont d’ores et déjà en cours aux Etats-Unis et au
niveau de l’Union européenne notamment. Aussi bien le Sénat américain que la
Chambre des représentants et l’Union européenne ont adopté diverses résolutions
condamnant les atrocités et autres violations répétées des droits humains et
appelant à un dialogue digne de ce nom.
Sanctions
ciblées
De
tels gestes ne suffisent cependant plus. Il est temps de prendre appui sur
d’autres instruments de politique étrangère si l’on doit effectivement prévenir
le carnage, soutenir les efforts de paix, et obtenir du régime camerounais le
respect des droits humains et l’adhésion aux principes
démocratiques.
De
tels instruments incluent les sanctions ciblées. Celles-ci doivent viser trois
objectifs, à savoir la fin de la guerre dans les deux provinces anglophones, la
réforme de l’Etat dans le sens d’une fédération, et la refonte du système
électoral.
Ces
sanctions devraient viser non seulement le gouvernement, mais aussi les groupes
armés responsables des atrocités commises à l’encontre des civils. D’ores et
déjà, suite à la décision du président Donald Trump, le Cameroun n’est plus
bénéficiaire de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en
Afrique (AGOA). Mais, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les
Etats-Unis maintiennent leur coopération militaire avec le régime en
place.
Lire
aussi D’Alger à Yaoundé, le retour au pays de Rodrigue
Peut-être
le moment est-il venu de mettre davantage de pression, en particulier sur le
gouvernement, afin qu’il applique scrupuleusement les termes des conventions
internationales dont il est signataire. La mise en place par les Nations unies
d’une commission d’enquête internationale sur le Cameroun constituerait, de ce
point de vue, un premier pas dans la bonne direction.
D’autres
sanctions devraient, dans ce contexte, cibler les fonctionnaires et hauts
responsables impliqués dans les innombrables cas de violation des droits
fondamentaux, ou dans d’autres cas de corruption liés à l’extraction et à la
braderie des ressources naturelles, à des crimes horribles et à des trafics
divers.
De
telles sanctions pourraient inclure le gel des avoirs détenus dans les banques
étrangères, le retrait ou le refus d’octroyer des visas et, éventuellement, le
recours au Tribunal pénal international (TPI).
Dépendance
structurelle et presque psychique
On
peut comprendre que la France ne veuille point ajouter au chaos en posant des
actes qui déstabiliseraient davantage une région d’ores et déjà en proie à
l’instabilité.
On
peut comprendre qu’elle rechigne à se faire manipuler par différents
protagonistes locaux et à se laisser entraîner dans des conflits sanglants, au
risque de répéter ici des tragédies vécues ailleurs ou de s’embourber dans
d’interminables luttes tribales. On comprend qu’elle ait peur de se faire damer
le pion par les Russes, les Américains, les Chinois et autres
Turcs.
Encore
faut-il rappeler qu’elle n’est pas neutre. Qu’elle le veuille ou non, sur les
plans militaire, économique, financier et culturel, elle est impliquée de
fait.
Que
l’on s’en désole ou non, la très grande majorité des Africains, à commencer par
leurs dirigeants, est profondément convaincue que nul ne peut exercer le pouvoir
en Afrique francophone sans l’aval de la France.
On
a beau faire valoir le contraire, beaucoup pensent qu’en fin de compte, le sort
de leur pays dépend du bon vouloir de Paris.
Article
réservé à nos abonnés Lire aussi Achille Mbembe, l’universel africain
Dans
ces conditions, un nouveau réalisme s’impose. La véritable question n’est pas de
savoir s’il faut s’engager et courir le risque d’être accusé d’ingérence, ou
s’il faut rester silencieux et courir le risque d’être accusé de complicité. Il
s’agit d’une fausse alternative.
Le
nouveau réalisme commande que l’on prenne acte de la dépendance structurelle et
presque psychique des régimes et des sociétés postcoloniaux à l’égard de la
France et que l’on procède à une refonte historique profonde des rapports entre
celle-ci et ses anciennes colonies d’Afrique, faute de quoi, de part et d’autre,
l’on subira les grands bouleversements déjà en cours au lieu de les
conduire.
En
effet, les régimes d’Afrique centrale représentent une grave menace pour leurs
peuples, pour la sécurité internationale et pour les intérêts à long terme de la
France sur le continent.
Afin
de préserver la paix et la sécurité en Afrique d’expression française, il est
désormais nécessaire d’adopter une perspective historique de longue
durée.
A
l’exemple du général de Gaulle en 1944, il s’agit d’organiser une nouvelle
« grande transition ».
Plaie
béante
Tout,
en effet, y pousse : l’enkystement de régimes corrompus et incitateurs
d’éventuelles guerres fratricides ; les transformations de la donne
géopolitique ; l’arrivée de nouveaux acteurs extérieurs ; la double
crise écologique et sanitaire ; et les défections de masse que constituent
les migrations.
Cette
« grande transition » ne se limitera pas uniquement à des
gestes symboliques, aussi forts soient-ils. Le retournement des symboles n’aura
de sens que s’il est mis au service d’une rétrocession de grande
ampleur.
Restitution
et rétrocession vont en effet de pair. Elles ne sont l’équivalent ni de la
capitulation, ni de la démission. La rétrocession renvoie à une autre forme de
présence et à une relation durable parce que mutuellement
négociée.
-------------------------------------------------------------------------------
By Nicolas Beau
- 6 mars
2020
https://mondafrique.com/lafrique-centrale-ultime-avatar-de-la-francafrique/
Le Camerounais Achille Mbembe est probablement un des universitaires qui porte un jugement parmi les plus éclairés sur le post-colonialisme.
Achille Mbembe, professeur à Witwatersrand de
Johannesbourg souvent invité par les universités occidentales les plus
prestigieuses et notamment aux Etats-unis d’Amérique, vient de commettre dans le
Monde un article fort pertinent sur les Etats voyous d’Afrique centrale livrés à
quelques régimes prédateurs et autoritaires (voir le texte ci
dessous).
Etats
voyous
Mondafrique partage largement ses analyses et a souvent stigmatisé les Etats voyous d’Afrique centrale. Les citoyens de ces pays n’en peuvent plus des démocratures du Cameroun ( Biya , 86 ans et 38 ans de pouvoir), du Congo ( Sassou Nguesso 76 ans et 22 ans de pouvoir), du Tchad ( Idriss Deby Itno, 67 ans et 29 ans de pouvoir), de Centrafrique ( Touadera , 61 ans au pouvoir depuis 2016 après 5 ans de primature).
Sans parler des dynasties régnantes au Gabon depuis 1968, en Guinée Équatoriale depuis 1979 et des pouvoirs transmis en héritage en RDC et en Angola.
Une communauté
internationale impuissante
Que font les organisations internationales comme l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, les institutions de Bretton Woods et les anciennes puissances qui les avaient colonisés ? Leur logiciel obsolète maintient confortablement au pouvoir ces despotes et leurs obligés pour le plus grand malheur de millions de citoyens? Lesquels n’ont plus le choix qu’entre la fuite vers l’Occident ou la lutte armée.
Achille Mbembe nous fait part, avec talent, de ces voyoucraties et des complicités qui ajoutent le cynisme à la lâcheté.