Michaëlle Jean d’origine haïtienne, ancienne gouverneure générale du Canada, désignée le 30 novembre 2014 par consensus à Dakar, Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour 4 ans
Michaëlle Jean, secrétaire
générale de l’Organisation internationale de la Francophonie
(OIF).
–avec Avec RFI/France24 - 30 novembre
2014
Une Canadienne d’origine haïtienne, Michaëlle
Jean, a été désignée par consensus dimanche à Dakar, pour quatre ans, secrétaire
générale de l’Organisation internationale de la Francophonie
(OIF).
À 57 ans, Michaëlle Jean devient la
première femme à être élue à la tête de l’Organisation internationale de la
Francophonie, un poste habituellement réservé à un diplomate africain. Sur son
compte Tweeter, l’OIF a confirmé l’information ce dimanche 30 novembre,
précisant qu’elle prendrait ses fonctions « début janvier
2015?.
L’ancienne gouverneure générale du
Canada succède au Sénégalais Abdou Diouf, qui se retire après trois mandats de
la tête de l’instance internationale. L’OIF compte 77 pays membres, dont 20 ont
le statut d’observateur.
Parmi les autres candidats
figuraient notamment Henri Lopès, ancien Premier ministre de la République du
Congo, l’ancien ministre mauricien Jean-Claude de l’Estrac et Pierre Buyoya,
ancien président du Burundi.
En choisissant Michaëlle Jean à sa
tête, la Francophonie fait un choix inédit à plusieurs titres. D’abord parce que
c’est une femme. Ensuite parce qu’elle vient d’Amérique du Nord. Pour la
première fois, l’OIF ne va pas être dirigée par un Africain. Ancienne
journaliste, canadienne d’origine haïtienne, Michaëlle Jean est âgée de 57 ans.
Beaucoup apprécient son empathie, sa facilité à lier des liens avec les
communautés, comme lorsqu’elle a partagé du phoque cru avec des Inuits alors
qu’elle voyageait dans le nord du Québec.
Fidèle au souhait du président
François Hollande d’en finir avec la « Françafrique », Paris a refusé
de soutenir officiellement un candidat, affirmant jusqu’au bout qu’il se
conformerait au consensus trouvé par les États membres.
« Une pilule peut être
difficile à avaler pour les Africains »
À Dakar, l’envoyé spécial de France
24 Jean-Karim Fall précise que c’est notamment « grâce à la pression du
Premier ministre canadien, qui a spécialement fait le déplacement à Dakar, et de
la diplomatie française, que Michaëlle Jean a été
désignée ».
Officiellement, la désignation de la
Canadienne s’est faite par consensus, rompant avec une tradition « non
écrite » voulant que l’administrateur de l’OIF soit issu d’un pays du Nord
(actuellement le Québécois Clément Duhaime) et son secrétaire général d’un pays
du Sud explique Melissa Bell, spécialiste des questions internationales sur
France 24.
Ce qui a eu également du mal à
passer pour certain, c’était aussi le ton clivant de sa campagne. Michaëlle Jean
le dit elle-même : « Je n’ai
pas de rapport de complaisance avec les chefs d’État ». Elle
veut que la Francophonie soit sur le terrain, qu’elle soit préventive, qu’elle
engage des actions pour éviter les conflits. Sans avoir d’expérience de la
médiation, sans être introduite de longue date auprès des chefs d’État du monde
francophone, elle se sent néanmoins comme une sœur, un produit de l’Afrique de
par ses origines haïtiennes. Et c’est cela qu’on vient de lui
reconnaitre.
« Normalement, le président de
la Francophonie aurait du être Blaise Compaoré, mais les événements au Burkina
Faso sont passés par là » commente Melissa Bell. « On a une petite
idée que la pilule sera peut être difficile à avaler pour les
Africains ».
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La Canadienne Michaëlle Jean,
première femme à la tête de la Francophonie
Par Béatrice LE BOHEC
et Malick Rokhy BA |
AFP – 30 novembre 2014
Les dirigeants de la Francophonie
réunis à Dakar ont désigné dimanche la Canadienne Michaëlle Jean comme nouvelle
secrétaire générale de l'organisation, après de difficiles tractations dues aux
divisions de l'Afrique qui lui ont coûté un poste qu'elle a toujours
détenu.
L'ex-gouverneure générale du Canada
d'origine haïtienne, 57 ans, s'est imposée à la tête de l'Organisation
internationale de la Francophonie (OIF) face à quatre candidats
africains.
"J'ai proposé de nous retrouver à
quelques-uns pour chercher un consensus", a dit le président français François
Hollande. Ce "huis clos", a-t-il précisé, réunissait les représentants de deux
pays présentant des candidats, le Premier ministre canadien Stephen Harper et le
président congolais Denis Sassou Nguessou, ainsi que l'Ivoirien Alassane
Ouattara.
Les dirigeants africains ont
consenti à la nomination de Mme Jean, première femme à ce poste, après avoir
fait le "constat d'une non-candidature unique africaine", a indiqué le président
sénégalais Macky Sall.
Elle a été préférée à l'ex-président
burundais Pierre Buyoya, l'écrivain et diplomate congolais Henri Lopes,
l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de l'Estrac et l'ancien ministre
équato-guinéen Agustin Nze Nfumu.
La cinquantaine de pays membres de
l'OIF ont trouvé ce consensus après des tractations difficiles, qui avaient
laissé planer l'hypothèse inédite d'un vote.
Signe de l'incertitude régnant
jusqu'à la fin des discussions, le chevalet sur le podium où s'est tenue la
conférence de presse finale a été modifié au dernier moment pour féminiser le
titre de "secrétaire générale élue".
Mme Jean a dit vouloir s'appuyer sur
la dimension politique apportée à l'OIF pendant 12 ans par l'ex-président
sénégalais Abdou Diouf pour "faire de cette langue si riche un levier
extraordinaire pour avancer ensemble pour le développement de nos pays, des
économies de nos pays".
Elle a conclu par un vibrant hommage
à son prédécesseur, qui lui passera le relais en janvier: "On ne remplace pas
Abdou Diouf, on lui succède dans la continuité de son
action".
Une source diplomatique française
avait fait état de "discussions intenses entre les chefs d'Etat au dîner" samedi
soir, pour tenter d'obtenir des désistements de candidats africains avant la
réunion de dimanche, en vain.
- 'Renouveau et modernité' -
Une règle non écrite voulait jusqu'à
présent que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud - certains
plaidaient même pour une chasse gardée africaine - et que l'administrateur
vienne du Nord. L'actuel numéro deux, le Québécois Clément Duhaime, devrait donc
être remplacé par un Africain.
"Mme Jean est la personne idéale
pour promouvoir le français ainsi que les valeurs de l'organisation. Elle saura
incarner le renouveau et la modernité dont a besoin la Francophonie du XXIe
siècle", s'est félicité le Premier ministre canadien.
La chute fin octobre du président
burkinabè Blaise Compaoré, que Paris et Abdou Diouf souhaitaient voir hériter du
poste, selon le secrétaire général sortant lui-même, a compliqué les
discussions.
Sur cette question, le président
français a assuré ne pas vouloir "donner de leçons" aux dirigeants africains,
après ses propos la veille aux dirigeants tentés de s'accrocher au pouvoir à
tout prix, qui ont fait grincer des dents au sommet.
"Il ne peut pas être question à la
veille d'un scrutin de changer l'ordre constitutionnel", a-t-il néanmoins
répété, assurant ne viser aucun pays en particulier. "C'est ce qui s'est passé
au Burkina Faso et nous avons vu les réactions que ça a pu provoquer", a-t-il
rappelé.
La ministre rwandaise des Affaires
étrangères Louise Mushikiwabo a jugé qu'il n'était "pas normal" que ce soit le
chef de l'Etat français "qui décide ce qu'il va se passer dans les pays
africains".
Derrière la France, le Canada est le
deuxième bailleur de l'OIF, qui représente 274 millions de locuteurs dans le
monde, dont 54,7% d'Africains. Créé en 1997, le poste de secrétaire général,
avec un mandat de quatre ans, a été successivement occupé par l'Egyptien Boutros
Boutros-Ghali et Abdou Diouf.
L'organisation a indiqué s'être
élargie avec l'entrée de trois nouveaux pays observateurs: le Mexique, le Costa
Rica et le Kosovo. L'OIF représente désormais 80 pays (57 Etats membres et 23
observateurs). Madagascar accueillera le prochain sommet en
2016.
Cette réunion se tenait sous la
menace d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qui a tué près de 7.000 personnes en un
an, et des groupes islamistes armés, en particulier Boko Haram au
Nigeria.
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La Canadienne Michaëlle Jean
prend la tête Francophonie
liberation.fr avec l’AFP 30
novembre 2014 à 17:21
La Canadienne
d'origine haïtienne, Michaëlle Jean, dans son bureau le 29 octobre 2014 à Ottawa
(Photo Cole Burston. AFP)
L’ancienne gouverneure générale
du Canada a été nommée dimanche secrétaire générale de la
Francophonie.
L’ancienne gouverneure générale du Canada Michaëlle
Jean, nommée dimanche secrétaire générale de la Francophonie, première femme et
première personnalité non africaine à ce poste, est une ancienne journaliste,
qui à 10 ans a fui son Haïti natal.
Après une campagne axée sur
l’Afrique, les femmes et la jeunesse et sur un rôle économique accru de
l’organisation, elle succède au Sénégalais Abdou Diouf à un moment où, selon
elle, l’espace francophone vit «un
tournant» avec le décollage économique et démographique de l’Afrique
subsaharienne.
Dans sa première déclaration après
sa désignation, Michaëlle Jean a dit vouloir donner «une nouvelle impulsion à la Francophonie».
«Ensemble, traçons le chemin d’une Francophonie moderne et tournée vers
l’avenir. La Francophonie du XXIe siècle sera au service et à l’écoute des
jeunes et des femmes. Prospère, elle conjuguera l’accroissement des
échanges et le développement humain et durable pour tous», a-t-elle
promis.
Pour se hisser à la tête de l’OIF,
la candidate canadienne a dû lutter contre la tradition voulant que ce poste
revienne à une personnalité de l’hémisphère sud, certains y voyant même une
chasse gardée africaine, ses deux prédécesseurs - l’Egyptien Boutros
Boutros-Ghali et Abdou Diouf - représentant le continent, majoritaire au sein de
la Francophonie.
«Je suis à la fois du Nord et du
Sud, toutes les portes me sont ouvertes, je peux parler à tout le monde, je suis
reçue par tout le monde, comme femme d’Etat, comme quelqu’un qui a de
l’expérience, qui a des idées, qui a une énergie», déclarait-elle en octobre dans son
bureau de l’université d’Ottawa qu’orne une photo la montrant en compagnie de
Barack Obama.
Avec son arrivée à l’OIF, Mme Jean
va quitter son poste d’envoyée spéciale de l’Unesco en Haïti, qui l’amenait à se
rendre dans son île natale plusieurs fois par an pour suivre l’avancée des
travaux de reconstruction consécutifs au terrible séisme de janvier
2010.
Avant d’occuper ce poste
onusien, elle avait été gouverneure générale du Canada -représentante de la
reine Elizabeth, chef d’Etat en titre- entre 2005 et 2010, ce qui lui avait valu
le surnom de «Petite reine». Ancienne présentatrice vedette du groupe
audiovisuel public Radio-Canada, Michaëlle Jean avait fait inscrire «Briser les
solitudes» sur ses armoiries royales qu’encadraient deux sirènes tirées de la
mythologie haïtienne.
Son mandat à la tête de l’Etat
canadien a été marqué par des voyages incessants -une quarantaine de pays
visités, dont dix en Afrique- ainsi que par des prises de position fortes en
symbole, comme en 2009 lorsqu’elle dégusta du phoque cru afin de soutenir
les Inuits après l’embargo européen sur cette viande.
Mère d’une fille de 15 ans adoptée
en Haïti, Marie-Eden, et mariée au cinéaste d’origine française Jean-Daniel
Lafond, elle a dû renoncer à son passeport français en acceptant ses fonctions
royales.
Au moment de sa nomination par le
Premier ministre Paul Martin, Michaëlle Jean avait dû d’ailleurs réaffirmer
son attachement au fédéralisme canadien. Des extraits d’un documentaire tourné
en 1991 portant sur le combat pour l’indépendance, au Québec, en Haïti et en
Martinique, avaient en effet refait surface: elle y déclarait «L’indépendance ça ne se donne pas, ça se
prend». Dès sa nomination, elle a tenu à «remercier tout particulièrement les gouvernements
du Canada, du Québec, du Nouveau-Brunswick et d’Haïti pour leur appui
indéfectible à (sa) candidature».
Lors de sa campagne pour la
direction de l’OIF, elle a dû affronter des critiques sévères provenant
notamment de l’ancien Premier ministre québécois indépendantiste Bernard Landry,
l’accusant de manquer d’expérience.
«Nous vivons au Canada dans un environnement politique où il y a des forces
idéologiques», remarquait-elle, avant de balayer d’un revers de la
main ces attaques: «Je viens d’un pays
où l’on n’abandonne jamais».