ledevoir.com/international - 29
novembre 2014 11h51. Lisa-Marie Gervais - à Dakar
Photo:
Thony Belizaire Agence France-Presse L'ex-gouverneure
générale du Canada Michaëlle Jean
Les
appuis à la candidature de Michaëlle Jean seraient de plus en plus nombreux,
même si les discussions se poursuivent et que rien n’est joué. Le fait que le
Canada ait décidé récemment de ne pas délivrer de visas aux ressortissants des
pays d’Afrique aux prises avec l’Ebola n’aurait pas saboté ses chances de
diriger l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), croit la
ministre québécoise Christine St-Pierre.
«Ce n’est pas crédible»,
comme hypothèse, a-t-elle déclaré, lors d’un point de presse samedi matin au
Centre international des conférences de Dakar, où s’ouvre le sommet de l’OIF.
«Je pense que des choses peuvent se dire
dans les médias, mais à l’intérieur, on travaille très fort»,
a-t-elle ajouté.
Cette
semaine, une rencontre sur la question de l’Ebola a eu lieu à la résidence de
l’ambassadeur du Canada à Dakar à laquelle ont participé des représentants de la
Guinée, du Mali, la ministre de la Santé du Sénégal et des ONG. «Ils ont senti que le gouvernement du Canada
voulait travailler très très fort et on voit aussi que [le
Canada] a travaillé très fort à l’appui
de la candidature de Mme Jean», a indiqué Mme St-Pierre,
ministre des Relations internationales et de la
Francophonie.
Les
ministres des Affaires étrangères des pays de l’OIF présenteront neuf projets de
résolution, dont qui demande aux divers pays de lever les restrictions de
voyages et d’ouvrir les frontières. Avec l’Australie, le Canada est l’un des
pays qui ont imposé ces restrictions à la fin du mois d’octobre, ce qui avait
été critiqué par l’Organisation mondiale de la Santé. Le Sierra Leone ne s’est
pas gêné pour dénoncer ce qu’il a qualifié ce type de mesures jugées
«discriminatoires» et certains observateurs croient que les dirigeants africains
pourraient être froissés que des pays comme le Canada exigent une telle chose.
«Il ne s’agit pas de critiquer un
pays», a indiqué cette semaine un haut-fonctionnaire au Devoir. «Mais nous, on veut montrer qu’il faut faire le
contraire. La France n’impose aucune restriction de
visa.»
Dans
son allocution d’ouverture, le premier ministre canadien Stephen Harper a
rappelé que la propagation du virus de l’Ebola «demeure préoccupante» dans certains
pays de l’Afrique de l’Ouest. «Le Canada
a réagi rapidement à cette menace en appuyant les pays touchés et leurs
voisins», a-t-il soutenu. Le pays contribuera à l’effort
d’immunisation en investissant 500 millions notamment en vaccins
expérimentaux.
Hollande
a de bons mots pour Jean
En
entrevue à des télévisions françaises, le président de la France, François
Hollande, a loué les qualités de l'ex-gouverneur générale du Canada pour
succéder à Abdou Diouf à la tête de l’OIF. Au-delà du fait qu’elle est une
femme, haïtienne et qu’elle s’est engagée dans nombre de combats, «il y a effectivement des réussites incontestables
qui s’attachent à cette candidature», a-t-il dit dans les quelques
heures précédant le sommet de l’OIF qui s’ouvre aujourd’hui samedi.
De la
musique aux oreilles de la ministre St-Pierre qui interprète ces déclarations
comme un appui à Michaëlle Jean. «Oui, [c’est un appui]. Chaque mot est important dans ce qu’on fait ici.
Le fait que la France avance d’un pas de cette manière-là, ça veut dire qu’elle
a cheminé et on souhaite qu’elle soit prête à le dire carrément et
clairement», a-t-elle dit lors d’un point de presse au Centre
international des conférences de Dimnadio, à Dakar.
Samedi
matin, des chefs d’État de la francophonie feront des allocutions d'ouverture, y
compris la premier ministre canadien Stephen Harper, arrivé au Sénégal il y a
deux jours. Dans la nuit de samedi à dimanche, les tractations auront libres
cours entre dirigeants des pays pour arriver à un consensus sur l’une des
candidatures à la succession de M. Diouf. Le résultat devrait être
annoncé dès dimanche matin.