Présidentielle
en Guinée: la Céni confirme la victoire d'Alpha Condé élu dès le premier
tour.
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RFI Publié le 18-10-2015 Modifié le 18-10-2015 à 10:39
La
Céni a confirmé les résultats de l'élection présidentielle, dont le président
Alpha Condé est sorti vainqueur avec 57,85% des voix.AFP/CELLOU
BINANI
Le
président Alpha Condé est officiellement vainqueur de l’élection présidentielle
dès le premier tour. Un résultat déjà connu, mais que la Commission électorale
nationale indépendante a officialisé samedi soir. Ces résultats provisoires, qui
doivent encore être confirmés par la Cour constitutionnelle, sont clairs :
Alpha Condé obtient 57,85 % des suffrages, soit la majorité absolue. Il
rempile pour cinq ans. La cérémonie de la Céni s’est tenue au palais du Peuple
de Conakry, sans l'opposition qui rejette l'issue du scrutin. Retour sur la
longue soirée de Conakry.
Quelques
heures avant la cérémonie de proclamation des résultats provisoires, Conakry
tourne au ralenti. Les rues de la capitale de Guinée sont désertes, les
boutiques sont fermées. Tous les yeux sont rivés vers le palais du Peuple, où
l'assistance écoute de la musique et la télévision nationale en attendant
l'arrivée du maître de cérémonie, Bakary Fofana, président de la Commission
électorale nationale indépendante (Céni).
Le
moment est historique, fait remarquer le présentateur à la télévision. Et
l'arrivée de Bakary Fofana est mouvementée, car les militaires sont nombreux.
Devant un parterre de diplomates, d'observateurs et de membres du gouvernement,
il tente dans un premier temps de calmer la presse, elle aussi représentée
massivement : « S’il vous plaît, messieurs les journalistes, si
vous barrez la vue aux autres, je ne pense pas qu’on va cohabiter
facilement ! »
Le
président de la Céni entame alors un discours de 15 minutes, dans lequel il
dédouane son institution de toute faute durant
le processus électoral. Avant de faire l’annonce que tout le monde connait déjà,
mais que tout le monde attend : « Citoyennes et citoyens de Guinée,
ont obtenu, professeur Alpha
Condé : 2 285 827 soit 57,85 %. Cellou Dalein
Diallo : 1 243 362 soit 31,44 % »,
détaille Bakary Fofana.
Et
de préciser : « Conformément à l’article 32 de la Constitution qui
stipule : " Est élu le candidat qui a obtenu la majorité absolue des
suffrages exprimés ", en attendant la proclamation définitive de ces
résultats par la Cour constitutionnelle, la Céni proclame le professeur Alpha
Condé élu dès le premier tour de l’élection présidentielle du 11 octobre 2015.
Que le Bon Dieu répande sa miséricorde sur la Guinée. Je vous
remercie. »
Applaudissements
nourris d’une salle où aucune personnalité de l’opposition n’est cependant
présente. Celou Dalein Diallo, leader de l'UFDG, conteste la validité de
l'élection et s'est retiré du processus électoral. Un peu plus tôt dans la
journée, il a appelé ses militants au calme, sans pour autant exclure
d'organiser des manifestations. Les candidats perdants à la présidence ont huit
jours pour déposer des recours devant la Cour constitutionnelle, chargée de
proclamer les résultats officiels du scrutin. Mais M. Diallo a pour
l'instant rejeté cette idée.
Absence
de l’opposition
S'il
n'y a pas de recours, la Cour constitutionnelle pourra officialiser la
réélection d’Alpha Condé. Mais au sein de l'opposition, tous n'ont pas prévu de
rejeter de faire appel à la cour suprême. Papa Koly Kourouma, par exemple,
prévoit de passer par cette voie légale plutôt que d'appeler à des
manifestations. « Nous sommes dans le processus, nous avons
des griefs et nous allons les porter au niveau de la Cour constitutionnelle et
nous allons attendre sa réponse. Il lui appartiendra de nous donner raison ou de
nous donner tort. C'est ça, la justice »,
confie-t-il.
Parmi
les autres absents de la cérémonie de samedi soir, il y a aussi le candidat de
l'UFR, Sidya Touré, qui s'est également retiré du processus électoral et ne se
dit pas étonné du tout par les annonces de la Céni, qu'il avait
anticipées : « Cela est conforme à notre conférence de presse du
lundi 12 (lendemain du scrutin, NDLR), pendant laquelle nous avons
annoncé que les résultats qui se préparaient, nous n’allions pas les
reconnaître », martèle-t-il.
il
rappelle les raisons de son boycott du scrutin : « Depuis le
départ, nous nous sommes tout simplement retirés du processus de centralisation
des votes puisque les résultats qui arrivaient n’étaient pas conformes à la
réalité des votes dans les bureaux dont on avait les résultats. Quelle que soit
notre préparation, il était impossible de contrer cette fraude qui a été mise en
place avec une ampleur jamais égalée dans ce
pays. »
Une
position que critique Albert Damatang Camara, porte-parole du gouvernement. S'il
se dit bien évidemment satisfait des résultats de la Céni, il regrette la posture de
l'opposition : « Nous pensions que d’une
manière loyale - je ne veux pas dire fairplay mais c’est presque ça -,
on serait allés jusqu’au bout, tous ensemble, de ce processus que nous avons
commencé ensemble et pour lequel nous avons fait beaucoup de concessions pour
permettre à l’opposition de continuer à être présente, de participer »,
avance-t-il.
M. Camara
estime que la décision de l'opposition ne sert pas la démocratie
guinéenne : « Au dernier moment, ils ont décidé de se retirer
justement pour décrédibiliser ce scrutin. Les institutions que nous avons sont
les nôtres, il aurait été élégant et républicain de continuer à aller jusqu’au
bout de cette logique et d’utiliser les autres voies de recours dont nous
disposons. Nous souhaitons que l’opposition ne mette pas en œuvre sa menace de
faire descendre des gens dans la rue. Ce serait rendre un bien mauvais service à
notre démocratie. »
Conakry
est calme
Présent
dans l'assistance en soirée, Mathieu Mérino, chef adjoint de la mission
d'observation de l'Union européenne, réagit au déroulé du fragile processus
électoral en cours : « On avait fait des recommandations très
fortes pour la mise en place d'une institution républicaine comme la Cour
constitutionnelle en 2010 et 2013. Aujourd’hui, elle existe. Ne préjugeons pas
de son travail. »
Son
message : privilégier la voie légale, la Cour constitutionnelle, à la rue
et au rejet du processus électoral : « Nous serons très heureux de
suivre les travaux (de la Cour), on espère qu’ils seront le plus public possible
à tous niveaux. Simplement, je dirais une chose : on invite tout le monde à
contester les résultats, s’ils doivent le faire, par les voies légales.
Aujourd’hui, il existe la Cour constitutionnelle, autant en
profiter. »
Pour l'heure, Conakry
est calme. Dans les rues de Mafanco, ce samedi soir, de nombreuses forces de
sécurité - gendarmes ou policiers - patrouillaient dans le quartier.
Peu après l’annonce des résultats : quelques coups de klaxons, et quelques
militants scandant les slogans de campagne du gagnant. Les effusions de joie
sont modérées, car l’on s’attendait à la réélection d’Alpha
Condé.
C'est ce qu'explique un
homme à RFI : « Les
gens écoutaient les résultats à la radio, on savait que compte tenu des
résultats, le président Alpha était devant. » « Bien sûr, surenchérit un
autre homme, on savait déjà
qu’Alpha Condé serait réélu. Les gens ont su la victoire 24
heures avant. L’effet de surprise a moins joué son rôle.
Mais cela n’empêche que les gens sont
contents. »
Un peu plus loin,
casquettes jaunes du RPG vissées sur la tête, on célèbre même un mariage :
« Nous sommes en train de
faire le thé avec les amis et la vie continue ! » Les manifestations
préélectorales de la semaine dernière, qui se sont déroulées
dans le quartier voisin, ont laissé quelques traces, ajoute un quatrième Guinéen
croisé en ville : « La programmation des résultats a été un
" ouf " de soulagement pour nous, parce que cela s’est passé dans de
très bonnes conditions. C’est calme, et c’est bon comme ça. C’est vraiment bien
comme ça. »
Source:
http://www.rfi.fr/afrique/20151018-presidentielle-guinee-ceni-annonce-resultats-victoire-alpha-conde