Présidentielle
américaine : quatre choses à savoir sur la sénatrice démocrate Kamala Harris,
colistière de Joe Biden
Biographie
saisissante que celle de Kamala Harris, qui pourrait, comme l'écrit
le New
York Times,
apporter à Joe Biden une "identité
familiale et personnelle que beaucoup trouvent inspirantes". Sa
mère, Shyamala Gopalan, est une chercheuse indienne en cancérologie. Son père,
Donald, vient de Jamaïque et enseigne l'économie à l'université de
Stanford.
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Elle sera le donc le
"ticket" de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine : Kamala Harris a été désignée colistière du
candidat démocrate, qui a annoncé son choix mardi 11 août sur
Twitter. L'ex-procureure et sénatrice de 55 ans pourrait donc devenir
vice-présidente des Etats-Unis, un rôle sans pouvoir officiel mais qui est, dans
les faits, le bras droit du président et le second de l'exécutif
américain.
Si Kamala Harris n'est pas
la première femme désignée comme colistière – bien que seules deux
exceptions soient à noter, la démocrate Geraldine Ferraro en 1984, et la
républicaine Sarah Palin en 2008 –, elle est néanmoins la première femme de
couleur à prétendre à la vice-présidence. En plein mouvement antiraciste après la mort de Georges Floyd, les
commentateurs américains s'attendaient à ce que Joe Biden fasse un tel choix, le
candidat ayant annoncé dès le mois de mars que son "ticket" serait
féminin.
L'ex-procureure, diplomée de la Howard University et de l'université de Californie, a ainsi été choisie parmi onze candidates. A moins de trois mois de la présidentielle américaine, franceinfo revient sur ce qu'il faut savoir de Kamala Harris, qui pourrait bien avoir un rôle décisif pour la dernière ligne droite de la campagne.
Biographie saisissante que
celle de Kamala Harris, qui pourrait, comme l'écrit le New York Times, apporter à Joe Biden
une "identité familiale et
personnelle que beaucoup trouvent inspirantes". Sa mère,
Shyamala Gopalan, est une chercheuse indienne en cancérologie. Son père, Donald,
vient de Jamaïque et enseigne l'économie à l'université de
Stanford.
Kamala Harris aime à dire
que ses parents se sont rencontrés à des manifestations de droits
civiques, en Californie, dans les années 1960. Dès l'âge de un an, Kamala Harris
court ainsi les protestations en poussette, raconte le
magazine The
Atlantic. Sa construction identitaire s'empreint aussi
des convictions de ses grands-parents, qu'elle rencontre lors de ses voyages en
Inde : un haut fonctionnaire éminent indépendantiste et une militante
des droits des femmes.
Elevée par sa mère après le
divorce de ses parents, elle revendique sa double origine : "Ma mère comprenait très bien
qu'elle élevait deux filles noires, écrit plus tard Harris dans son autobiographie. Et elle était déterminée à faire en
sorte que nous devenions des femmes noires confiantes et fières."
Pour sa licence, Kamala Harris a ainsi rejoint l'université Howard, considéré
comme "la Black Harvard" de Washington.
There was a
little girl in California who was bussed to school. That little girl was me. #DemDebate pic.twitter.com/XKm2xP1MDH
— Kamala Harris (@KamalaHarris) June 28, 2019
Kamala Harris le
répète : elle veut "réformer le système de
l'intérieur". Dès son entrée en politique, elle se prévaut de sa
longue carrière de magistrate en Californie. Procureure du district de San
Francisco de 2004 à 2011 avant d'être promue procureure général de Californie de
2011 à 2017, Kamala Harris se décrit comme "progressiste". De fait,
elle s'oppose à la peine de mort et a initié un programme offrant aux
primo-délinquants l'abandon des poursuites en échange d'une formation
professionnelle. Son initiative de portail internet de recensement des données
judiciaires dont les violences policières a été salué par les militants des
droits civiques. C'est aussi elle qui a imposé aux forces de l'ordre
californiennes de former leurs agents contre les discriminations et autres
arrestations "au
faciès".
En revanche, l'aile gauche
du parti démocrate lui reproche un bilan un peu tiède comparé aux positions
qu'elle défend. Selon le New York
Times, elle a rarement poursuivi des policiers
responsables de la mort de civils et a refusé d'autoriser des tests ADN avancés
qui auraient pu disculper Kevin Cooper, un Noir condamné à mort. Devant une
proposition de loi qui vise à rendre systématiques les enquêtes indépendantes en
cas d'"usage de la force mortelle" par un policier, elle s'était aussi
abstenue de prendre position. "Kamala Harris avait la réputation
d'une procureure qui attendait plutôt qu'elle ne montrait le chemin, qui ne
bougeait sur les sujets polémiques que lorsqu'elle voyait qu'ils étaient
politiquement viables", résumait le mois dernier le Sacramento
Bee.
Arrivée en politique en
2017, Kamala Harris s'est démarquée par son style incisif qui sera sans doute un
atout de campagne pour "Sleepy Joe", surnom donné par Donald Trump à Joe Biden.
Farouche opposante de l'administration Trump, elle est connue pour ses
interrogatoires musclés du candidat conservateur à la Cour suprême Brett Kavanaugh, en 2018, qu'elle attaque
notamment sur sa proximité avec le président des
Etats-Unis.
Has Supreme
Court nominee Brett Kavanaugh had a conversation about Robert Mueller or his
investigation with anyone at Trump's personal attorney's law firm?
We
don't know. He refused to answer my question. pic.twitter.com/PAKxDGvEtZ
— Kamala Harris (@SenKamalaHarris)
September 6, 2018
L'ex procureur Jeff Sessions, accusé d'interférence avec la
Russie pendant la campagne présidentielle de 2017, a notamment fait les frais du
ton acide de Kamala Harris. Après 3 minutes et demie d'interrogations
persistantes face à la sénatrice, Sessions a perdu ses moyens et
déclaré : "Je ne
peux pas être pressé aussi vite ! Cela me rend
nerveux."
Ses principales soutiens saluent ainsi ses qualités oratoires : "L'argument de son équipe était qu'elle pouvait prendre le contrôle de n'importe quel débat, y compris contre Donald Trump, et qu'elle ne serait pas intimidée par le style de politique du président", décrypte le New York Times.
Kamala Harris s'était
lancée dans la course à la présidentielle en 2019, avant d'abandonner, faute d'argent, à la fin de l'année
dernière. Au début des primaires démocrates, elle était
pourtant considérée comme favorite, forte d'un programme progressiste bien plus
audacieux que ses engagements passés. Elle y suggérait notamment un contrôle
fédéral pour limiter les restrictions d'accès à l'avortement dans certains Etats
américains.
Son débat très tendu avec
Joe Biden en juillet 2019 avait été un des moments forts des
primaires : "Je ne
crois pas que vous soyez raciste", avait lancé Kamala Harris à son
rival pour l'investiture démocrate alors qu'elle était en train
de reprocher à Joe Biden ses prises de position "ségrégationnistes" dans
les années 1970 et son opposition au busing, soit le
transports d'élèves de quartiers défavorisés dans de meilleures écoles pour
favoriser la mixité scolaire et raciale.
La phrase avait conduit Joe
Biden à lâcher, lors du débat suivant "Vas-y doucement avec moi,
petite." La séquence devenue virale n'aura finalement pas porté
préjudice à Kamala Harris, décrite par Joe Biden sur Twitter comme
"une défenseuse courageuse
des petites gens et l'une des plus grands serviteurs de
l'Etat".
Joe Biden
telling Kamala Harris, "Go easy on me, kid" before a Democratic presidential
debate in Detroit last year. pic.twitter.com/jzJfgNz5IV
—
Nate Jones (@natejones808) August 12, 2020