RDC,
Félix Tshisekedi requinqué, en visite officielle aux Etats-Unis
By
Aza Boukhris
– mondafrique -
On 4 avril 2019
La
première visite d’État hors d’Afrique du président de la République démocratique
du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, qui est consacrée les 3 et 4 avril aux
Etats-Unis d’Amérique, est pleine d’enseignements.
Lors
de son discours d’investiture du 24 janvier 2019, le président Tshisekedi avait
eu un malaise. Une interruption d’une dizaine de minutes, nécessitant un arrêt
momentané de la retransmission radio télévisée, avait jeté un certain trouble
dans l’assistance et chez les Congolais.
Une
intense activité diplomatique
La
chaleur excessive, l’émotion en pensant à son défunt père, le surmenage d’une
intense campagne électorale, l’anxiété due à la situation du pays et les
contestations émanant de l’intérieur et de l’extérieur ont probablement
provoqué un malaise vagal, toujours impressionnant mais rarement
inquiétant.
Le
président de la République démocratique du Congo semble avoir bien récupéré de
son malaise et a commencé l’immense chantier de la construction d’un État et la
pacification d’un pays qui peine à faire son unité nationale.
Afin
de faire le point avant son important voyage officiel aux Etats-Unis, du 3 au 5
avril 2019, Félix Tshisekedi a effectué un court séjour privé à Rabat du 27 au
30 mars. Il a pu être hospitalisé dans le service de cardiologie très performant
de l’hôpital militaire Mohamed V de Rabat, là même où le président gabonais, Ali
Bongo Ondimba, fut hospitalisé. Les résultats du check up semblent avoir été
probants car le voyage aux États-Unis a été maintenu et le président de la RDC a
pu honorer de sa présence, le 2 avril, l’investiture du président sénégalais
Macky Sall.
En
marge de cette cérémonie, plusieurs entretiens ont eu lieu avec des
personnalités occidentales et avec plusieurs chefs d’État africains dont le
voisin Denis Sassou Nguesso du Congo.
Un
voyage américain décisif
Il
est assez exceptionnel que l’Administration américaine accueille un nouveau chef
d’État africain un peu plus de deux mois après son élection, surtout lorsque
celle-ci est encore sujette à caution.
Cette
visite vient aussi quelques jours après que le Conseil de Sécurité de l’ONU ait
voté la Résolution 2463 du 29 mars 2019 prolongeant de neuf mois la Mission
de l’ONU pour la stabilisation en RDC, la Monusco. Présente en RDC depuis
1999, sous la première appellation de Monuc, on ne peut pas dire que cette
Opération de maintien de la paix soit un succès. Le président Trump en
conviendrait. Dans la Résolution 2463, il est mentionné que cette énième
prolongation constituera le début du désengagement de cette Force onusienne qui
devrait être rapide. Les Congolais le réclament et Félix Tshisekedi milite
également pour une autre utilisation de ce budget Monusco qui s’élève
annuellement à 1,1 milliard de us dollars. Nul doute que le président Trump
prêtera une oreille attentive à cette demande.
Les
immenses richesses minières et les potentialités économiques d’un pays de 81
millions d’habitants ne laissent pas indifférents les business men américains,
d’autant que la RDC n’est pas membre de la zone franc. La coopération entre les
deux pays devrait connaître un essor. Le président Tshisekedi n’oublie pas que
les Etats-Unis n’ont pas eu une réaction de défiance envers son élection comme
l’Union africaine, Paul Kagame ou le ministre francais des affaires étrangères
Jean-Yves Le Drian qui, cocasserie, présidait le Conseil de sécurité lors de la
réunion du 29 mars prolongeant de neuf mois la Monusco et adressant les
félicitations et les encouragements à Felix Tshisekedi…
L’empressement
de recevoir Félix Tshisekedi sur le sol américain est peut-être aussi d’ordre
géostratégique. Avec l’offensive russe en Afrique centrale, il est probablement
opportun pour le Pentagone de commencer à réagir et de s’assurer la possibilité
d’un allié d’une toute autre nature des liens de partenariat civilo-militaire
que les Russes ont noués au Soudan et en Centrafrique.
L’élection
surprise du fils de « Papa Etienne » succédant au fils de « Papa
Laurent-Désiré » pourrait bien réserver d’autres
surprises.