Soudan du Sud: 36 morts
dans le crash d'un avion-cargo Antono pas en état de voler
AFP, 04 novembre 2015
- Au moins 36 personnes ont été tuées mercredi à Juba, la capitale du Soudan du
Sud, dans la chute au décollage d'un avion cargo Antonov vieux de 44 ans et qui,
selon son constructeur, n'était pas en état de voler.
L'Antonov An-12
assemblé en 1971 à l'époque de l'URSS a percuté une petite île du Nil-Blanc,
située à environ deux km en bout de piste, dans une zone de hameaux
agricoles.
"Jusqu'ici, 36 corps
ont été récupérés" par la Croix-Rouge sud-soudanaise, a déclaré à l'AFP Majju
Hillary, responsable de la communication de
l'organisation.
L'avion n'a
miraculeusement pas fait de victime parmi les habitants au sol. Mais le bilan
pourrait s'alourdir "car certains débris sont trop lourds pour être déplacés et
nécessitent des engins" difficiles à acheminer, a poursuivi M.
Hillary.
Deux personnes ont
initialement survécu dont une est ensuite décédée, a-t-il
ajouté.
Le constructeur
ukrainien a déclaré dans un communiqué que l'Antonov "ne devait pas être en
service car les procédures" de rénovation et entretien "prévues par la
réglementation n'avaient pas été suivies (...) y compris celles visant à assurer
la sécurité".
L'avion enregistré au
Tadjikistan avait été assemblé en Ouzbékistan. Son équipage était composé de
ressortissants arméniens et Erevan a confirmé la mort de cinq Arméniens dans
l'accident.
Sur l'île, où ont pu
se rendre des journalistes de l'AFP, seule la queue blanche de l'appareil était
encore en un seul morceau, en lisière d'une zone boisée. Le reste a été
pulvérisé. Des débris - dont une hélice et un morceau du cockpit - tapissaient
le sol parsemé de cadavres gisant au milieu du chargement.
L'épave se trouve à
quelque dizaines de mètres de maisons, intactes, dont celle de Ibrahim Mohamed,
qui vit sur l'île avec ses quatre enfants.
Il se trouvait aux
champs quand il a entendu l'avion tomber.
"J'ai couru chez moi
et, Dieu merci, mes enfants s'étaient enfuis et n'étaient pas blessés", a-t-il
raconté à l'AFP.
"Un des pneus s'est
brisé et a été projeté dans la cour mais n'a blessé personne", a-t-il
ajouté.
Selon des radios
locales, l'avion s'est écrasé alors qu'il venait de décoller à destination de
Paloich, à 600 km plus au nord, dans l'Etat du Haut-Nil, un des principaux
champs de bataille de la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis
décembre 2013.
- Possible surcharge
-
D'après son
immatriculation et son logo, l'avion appartenait à la société Allied Services de
transport routier, fluvial et aérien basée à Juba.
L'An-12 est un
quadrimoteur de transport civil et militaire mis en service à la fin des années
1950. Il peut transporter 18 tonnes de fret et son équipage est composé de cinq
ou six personnes.
Il est commun dans
certaines régions d'Afrique que des avions-cargos volant vers des zones reculées
embarquent des passagers.
Un employé d'une
compagnie sud-soudanaise de fret aérien a confirmé à l'AFP qu'il n'était pas
rare que des passagers ne soient pas inscrits sur le manifeste de vol, estimant
qu'une surcharge pourrait avoir causé l'accident.
"Antonov surveille
l'état de ses avions où qu'ils se trouvent et fournit des recommandations
concernant l'entretien ou les travaux à réaliser afin de prolonger la durée de
leur exploitation", a expliqué à l'AFP une responsable du
constructeur.
Dans ce cas, Antonov
était en contact avec les autorités tadjikes, selon la même source.
Dans son communiqué,
le constructeur précise également que les autorités aériennes ukrainiennes
attendent des informations de la part des autorités du Soudan du Sud et du
Tadjikistan pour décider si Antonov doit participer ou pas à
l'enquête.
L'aéroport de Juba
accueille des vols commerciaux mais aussi un important trafic d'appareils
militaires et d'avions-cargos qui transportent de l'aide à travers le pays, de
la taille de la péninsule ibérique et quasiment dépourvu de routes
asphaltées.
Le Soudan du Sud est
un des pays les moins développés au monde. Ravagé par des décennies de guerre de
sécession contre Khartoum, il a proclamé son indépendance en juillet 2011. Miné
par des antagonismes politico-ethniques, il a replongé depuis fin 2013 dans une
terrible guerre civile.
Un accord de paix a
été conclu fin août mais des combats se poursuivent, essentiellement dans les
Etats septentrionaux d'Unité et du Haut-Nil, à plusieurs centaines de kilomètres
de la capitale.