Le bilan de l'attentat qui a
visé mercredi matin les locaux du magazine satirique Charlie Hebdo ne cesse de
s'alourdir. L'attaque aurait fait au moins douze morts et une vingtaine de
blessés. Parmi les victimes, on dénombre quatre cadres du journal satirique :
Charb, directeur de la publication, ainsi Cabu, Wolinski et
Tignous, plusieurs de ses caricaturistes les plus capés. Un cinquième
dessinateur vedette, Philippe Honoré, connu sous le nom de "Honoré" a
également été tué, a annoncé l'urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à
l'hebdomadaire.
Le dessinateur Riss, directeur
de la rédaction de Charlie Hebdo, le journaliste Philippe Lançon, collaborateur
de Libération et de l'hebdomadaire, ainsi que le journaliste Fabrice Nicolino
ont été blessés dans l'attaque. Leur pronostic vital n'est pas engagé, a précisé
le médecin urgentiste.
Un commando attaque la
rédaction. Un
groupe d'hommes cagoulés a fait irruption mercredi matin dans les locaux de la
direction, dans le XIème arrondissement de Paris, armé d'au moins une
kalachnikov et d'un lance-roquette. Selon des témoins, les agresseurs ont crié
"nous avons vengé le prophète!", a affirmé une source policière. "La France est
aujourd'hui devant un choc, un choc qui est celui d'un attentat terroriste", a
déclaré François Hollande sur place, dénonçant un "acte d'une exceptionnelle
barbarie". Il s'adressera au pays à 20H00 depuis l'Elysée.
Les cadres de la rédaction
décimés. Parmi
les douze victimes, on dénombre plusieurs poids lourds de la rédaction de
Charlie Hebdo : le directeur de la publication, Stéphane Charbonnier alias
Charb, mais aussi Jean Cabu alias Cabu, Georges Wolinski, ainsi que Bernard
Verlhac, alias Tignous. Le dessinateur Honoré a également trouvé la
mort.
Source : europe1.fr - Publié à 14h23, le 07
janvier 2015
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« Deuil national
demain », jeudi 8 janvier 2015
Le président a pris la parole
ce soir dans une allocution en direct de l'Elysée. Il s'est d'abord adressé aux
victimes : "je veux ici dire que le message de la liberté nous continuerons à le
défendre en leur noms".
"Ce sont aujourd'hui nos héros. C'est pourquoi
demain sera une journée de deuil national" a dit le chef de l'Etat. A midi, une
minute de silence sera observée dans toutes les administrations. Les drapeaux
seront en berne pendant 3 jours.
Le chef de l'Etat appelle au rassemblement
de l'ensemble de la nation : "notre meilleure arme, c'est notre unité" a
notamment dit le président. "Aujourd'hui c'est la République tout entière qui a
été agressée (...) La liberté sera toujours plus forte que la
barbarie".
(Source : M6 20h
– 07 janvier 2014)
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Charb, mort dans l'attaque de son journal, Charlie
Hebdo, avait publié un dessin prémonitoire dans l'édition de la
semaine
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La France est malade. Elle n’est pas au bord du
suicide, comme certains veulent bien le faire croire. Tout au plus, elle souffre
d’Alzheimer. Elle ne se reconnaît plus dans le miroir. Elle vit dans la
nostalgie, mais elle en perd des bouts. Malgré tout, elle restait cette bonne
vieille France. Jusqu’à cet attentat du 7 janvier 2015, le
plus meurtrier depuis 180 ans, qui marquera sans aucun doute un tournant. Reste
à voir dans quelle direction.
En ce jour noir, la France saigne. L’attentat
perpétré au sein de la salle de rédaction du journal satirique Charlie
Hebdo
l’a touché dans sa chair : la démocratie et la liberté, en l’occurrence de
presse, de pensée et d’expression. En France, personne n’ignore que la liberté a
un prix. Cet état de conscience a sûrement inspiré le regretté Stéphane
Charbonnier, alias Charb, directeur de la publication de
« Charlie », à
lancer au Monde voilà deux ans : « C’est peut-être un
peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à
genoux. » Au lieu de simplement pleurer les 12 disparus – dont Charb, mais aussi d’autres géants du dessin de presse comme
Cabu, Wolinski et Tignous –, des citoyens ont brandi leur stylo en guise de
soutien, un geste dont la portée est aussi terrifiante que
magnifique.
Source : @i_car
Dans son message de soutien à Charlie Hebdo, Le Monde frappe juste en rappelant qu’il est « plus que jamais
indispensable de rappeler que la liberté de la presse ne se négocie pas ».
Une ligne de conduite que peu de publications ont respecté autant que Charlie Hebdo, et ce,
malgré les menaces constantes et l’incendie volontaire du journal en 2011, à la
suite de la publication de caricatures de Mahomet qui ont valu à Charb de se
coltiner une protection policière de tous les instants (ou presque) depuis
lors.
Rien n’a jamais arrêté la rédaction, ni les
célébrités, ni les politiques et surtout pas le tabou entourant les
pratiques religieuses. Trois rouleaux de papier hygiénique étiquetés
Bible, Coran et Torah et coiffés d’un «Aux chiottes toutes les religions», Jésus
sodomisant Dieu le Père pour évoquer la levée de boucliers de la droite
catholique au sujet du mariage homosexuel… Dans le journal, l’humour ne connaît
pas la frontière de la grossièreté.
Charlie Hebdo n’a pas d’équivalent au Québec. À bien des
égards, il est de toute façon indissociable de la société française.
« Charlie », c’est un cri social et contestataire dans un habit
caustique, frondeur et libre. « Charlie », dont le nom est à la fois
une référence à Charlie Brown et une pichenette à Charles de Gaulle, est le type
de publication qui, peu après la mort à Colombey-les-Deux-Églises de celui que
beaucoup considèrent comme le plus grand Français de tous les temps, s’est
permis de barrer sa une avec ce titre incroyable : « Bal tragique à
Colombey – un mort ». « Charlie », c’est cette voix discordante
que certains pays cherchent à faire taire, mais qui, à l’inverse, nourrit le
débat public dans l’Hexagone. Cette voix, je l’ai entendue pour la première fois
grâce à mon grand frère, qui avait l’habitude d’emballer ses cadeaux de Noël
dans des dessins savamment choisis dans les pages de Charlie Hebdo. Je les ai
gardés précieusement.
Le dernier dessin de Charb était
tristement prémonitoire. « Toujours pas d’attentats en France… “Attendez !
On a jusqu’à la fin janvier pour présenter ses vœux” », y dit un kamikaze.
Ils ont été nombreux à chuchoter, à la vue de cette caricature, que Charlie Hebdo avait
appelé la violence. Cabu n’est plus là pour leur répondre, mais son héritage le
fait pour lui :
Source @DVerloes
Certaines des victimes tombées aujourd’hui sous
les balles des kalachnikovs de leurs assaillants auraient sûrement relevé cette
ironie du sort : lors de sa renaissance, en 1992, Charlie Hebdo était
publié par Les Éditions Kalachnikof… Toujours est-il que l’attentat évoqué par
Charb a finalement eu lieu. Et déjà, la machine politique s’est mise en
marche.
« Incontestablement, après cet acte ayant
traumatisé la nation toute entière, la peur est là. C’est ma responsabilité de
dire que la peur doit être surmontée et de dire que cet attentat doit au
contraire libérer notre parole face au fondamentalisme islamique »,
a
déclaré Marine Le Pen, présidente du Front
national.
Le choix des mots est intéressant tant il s’ancre
dans la nouvelle réalité de la France. Pour le compte de l’édition 2013 de son rapport sur le racisme, l’antisémitisme et
la xénophobie en France, la Commission nationale consultative des droits
de l’homme (CNDH) constatait avec effroi ce que cette parole libérée avait fait
ressurgir de nauséabond.
« En 2013 s’est étalée dans les médias une
curieuse “libération de la parole”, ce racisme “décomplexé”, comme si
l’idéologie raciste, antisémite et xénophobe était toujours là, habitant
trop de Français, mais qu’elle avait enfin pu s’exprimer, se désenfouir.
Curieuse terminologie : les termes de libération comme de décomplexion portent
une connotation positive, la marque d’un progrès, qui témoigne d’une souffrance
d’avoir gardé ces idées par devers soi. »
Le sondage de l’institut BVA qui accompagne le
rapport du CNCDH met des chiffres sur la fracture sociale qui ronge la France.
L’inquiétude à l’égard de l’immigration, qui concerne 16 % des Français
interrogés (échantillon représentatif de 1 026 personnes), atteint son
seuil le plus élevé depuis que le CNCDH a commencé à en prendre la mesure, en
2002. Plus concrètement, ils sont 74 % à être habités par le sentiment qu’il y a
trop d’immigrés en France, soit une progression de 15 points depuis 2011 et de
27 points depuis 2009.
Au travers de ces chiffres transparaît la
dégradation de l’image de la religion des musulmans, « qui sont les plus
considérés comme formant un groupe à part dans la société ». La
« vision atomisée » de la société française décrite par le CNCDH est
alimentée par l’impression que « l’intégration des personnes d’origine
étrangère est en panne », près des deux tiers des Français considérant que
cette dernière fonctionne mal. Ils sont tout autant à juger que les fautifs sont
les étrangers eux-mêmes, accusés de ne pas se donner les moyens de bien
s’intégrer.
Ce qui ressort de ce rapport, c’est que la peur de
se perdre dans l’Autre, cet étranger que l’on ne veut pas connaître et que l’on
repousse, c’est cette peur-là, nourrie par la crise économique, qui met peu à
peu la France à genoux.
Et pourtant, il y a peu, on célébrait la France
« Black, Blanc, Beur », celle-là même qui s’est popularisée loin de
l’arène politique, après la victoire de l’équipe de France de soccer à la Coupe
du monde 1998. C’est fou comme l’origine, la couleur et la religion n’avaient
aucune importance, à l’époque…
Quand on consulte le classement des personnalités préférées des Français, on s’aperçoit que leurs héros modernes
s’appellent Zinedine Zidane, Yannick Noah, Omar Sy… Signe que Nelson Mandela,
que le CNCDH cite en avant-propos de son rapport, n’avait peut-être pas tort
quand il a déclaré :
« Personne n’est né avec de la haine envers
l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion.
Les gens doivent apprendre à se haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, ils
peuvent apprendre à aimer, car l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain
que son opposé. »
La France ne demande qu’à rêver. Mais demain, elle
se réveillera en plein cauchemar.
Source : Joann Sfar
/ Instagram
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Europe 1 Publié à 05h53, le 08 janvier 2015
L’info. Douze personnes ont été
exécutées lors de l’effroyable attentat contre Charlie Hebdo, en pleine
conférence de rédaction, à Paris. Portrait des huit journalistes, un invité,
deux policiers, et un agent d’accueil ont trouvé la mort.
CINQ DESSINATEURS.
Parmi les huit
journalistes et contributeurs de l’hebdomadaire, cinq dessinateurs, cinq piliers
de Charlie Hebdo, sont tombés sous les balles de l’attaque perpétrée dans les
locaux de la rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de
Paris.
Charb. Stéphane Charbonnier, alias
Charb, était devenu directeur de publication de l’hebdomadaire satirique en mai
2009. Né en 1967 à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, il avait
participé à différentes publications, dont L'Echo des
savanes,Télérama, Fluide Glacial ou encore L'Humanité.
Depuis l'incendie criminel en novembre 2011 contre Charlie Hebdo, il se savait
menacé et vivait sous protection policière permanente. Véritable incarnation de
la liberté d’expression et de ton, ce militant de gauche avait déclaré au Monde
en 2012 : "Je n'ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit.
C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir
debout que vivre à genoux."
Cabu. Jean Cabut, dit Cabu, né à Châlons en Champagne
dans la Marne, s’apprêtait à fêter ses 77 ans cette semaine. Dessinateur
incontournable de Charlie Hebdo, il avait publié ses premiers dessins à l’âge de
16 ans dans le quotidien local L’Union de Reims. Il reste pour beaucoup le
créateur du personnage "Mon beauf", qui fit sa première apparition dans le
journal satirique en 1973.
Honoré. C'est l'auteur du dernier dessin publié mercredi
matin, sur le compte Twitter de Charlie Hebdo. Philippe Honoré, dit Honoré,
était âgé de 73 ans. Cet autodidacte, qui usait de ses crayons depuis 1992 pour
Charlie Hebdo, est décédé mercredi soir des suites de ses blessures.
Tignous. Bernard Verlhac, plus connu sous son pseudonyme de
caricaturiste, Tignous, était âgé de 47 ans. Ce collaborateur de Charlie Hebdo,
passé par L'idiot international, dessinait aussi régulièrement pour
l’hebdomadaire Marianne et le magazine de bande dessinée Fluide Glacial. Décrit
à Europe 1 par l'un de ses collaborateurs comme un dessinateur "plein de
pertinence et d'impertinence à la fois", il possédait un trait de crayon "très
simple et très habile" .
Wolinski. Passé par Hara-Kiri où il débuta, le JDD, ou
encore L’Humanité et Le Nouvel Observateur, Georges Wolinski était une figure
incontournable de la caricature. Né à Tunis en 1934, il a vécu jusqu’à ses 13
ans en Tunisie. Il avait rejoint l'hebdomadaire Charlie Hebdo en 1961, dont il
fut rédacteur en chef de 1970 à 1981.
L'économiste Bernard Maris. L’économiste de gauche, qui avait un temps
conseillé l’organisation altermondialiste Attac, était l’un des actionnaires de
Charlie Hebdo et avait été le directeur adjoint du journal jusqu'en 2008. Natif
de Toulouse, cet agrégé d’économie âgé de 68 ans, tenait chronique dans
l’hebdomadaire sous la signature d’Oncle Bernard. Chroniqueur sur France Inter,
il animait notamment tous les vendredis Le débat économique face à Dominique
Seux, économiste à la vision plus libérale.
Elsa Cayat. Seule femme décédée dans l’attentat de mercredi,
cette psychiatre et psychanalyste collaborait deux fois par mois à
l’hebdomadaire avec sa rubrique intitulée « Charlie Divan ». Elle était aussi
l’auteur d’essais Le désir et la putain, publié chez Albin Michel, et
Un homme + une femme = quoi ?, chez Payot.
Mustapha Ourra. Il était correcteur pour l'hebdomadaire Charlie
Hebdo.
Un invité, Michel Renaud. Ce Clermontois, ancien directeur de cabinet du
maire de la ville auvergnate, était l’invité d’honneur de Cabu pour la
conférence de rédaction hebdomadaire durant laquelle s’est déroulée la terrible
attaque. Egalement fondateur du festival « Rendez-vous du carnet de
voyage », ce journaliste de formation, d’après le quotidien La Montagne, avait débuté sa
carrière à Europe 1 et au Figaro. Il était de passage à Paris pour rendre à Cabu
les dessins que ce dernier lui avait prêté à l’occasion de la dernière édition
de son festival. Il était accompagné de Gérard Gaillard, l'un des organisateurs
du festival, mais qui a réussi, lui, à échapper à la fusillade.
DEUX POLICIERS. L’un était chargé de la protection de Charb,
tandis que le second, en mission à l’extérieur, était venu prêter main
forte.
Franck Brinsolaro. Chargé de la protection de Charb, ce Normand
appartenait depuis plusieurs années au service de protection des personnalités.
Agé de 49 ans, ce père de famille de deux enfants, était marié à une
journaliste, la rédactrice en chef du journal L’Eveil Normand, rapporte Paris
Normandie.
Ahmed Merabet. Cet homme de 42 ans était agent de police au
commissariat central du 11e arrondissement de Paris et appartenait à la brigade
VTT du quartier. L'homme, qui était représentant du personnel, « laisse derrière
lui une compagne », selon le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP
Police, Rocco Contento.
Enfin, Frédéric Boisseau, agent de maintenance présent à l'accueil de Charlie Hebdo, a été exécuté dès l'arrivée des hommes armés dans les locaux. D'après FranceTV Info, cet employé de la Sodexo était marié et père de deux enfants.
La fusillade à Charlie Hebdo, qui a fait 12
morts, dont 2 policiers, et 8 blessés, dont 4 "en situation d'urgence
absolue", a été commise par "trois criminels" a précisé le ministre de
l'Intérieur Bernard Cazeneuve, tandis que Manuel Valls est arrivé sur place.
Selon nos informations, le journaliste et dessinateur Charb, directeur de
la publication, ainsi que les dessinateurs Cabu, Wolinski et
Tignous ont été tués. Le journaliste Bernard Maris est lui aussi
décédé et Philippe Lançon figurerait parmi les blessés graves. Dépêche
AFP 07/01/2015
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AFP, 07 Janvier 2015
"Je suis Charlie": dès l'annonce de l'attentat
meurtrier contre Charlie Hebdo aujourd'hui, des milliers d'internautes
ont traduit leur émotion sur la Toile en ces quelques mots, une formule devenue
slogan dans les rassemblements de soutien à l'hebdomadaire
satirique.
Juste après l'attaque contre le journal qui a fait
douze morts mercredi en fin de matinée, le hashtag #jesuischarlie a commencé à
faire tache d'huile sur Twitter, de même qu'un logo sobre et frappant: "Je suis
Charlie", trois mots en blanc et gris sur fond noir, à la typographie semblable
à celle du nom du journal.
L'image a été reprise par l'hebdomadaire lui-même,
dont le site internet se résumait à ce slogan-choc, décliné en plusieurs
langues, dont l'arabe. Et par beaucoup de médias qui l'ont affiché en Une. De
nombreux utilisateurs s'en sont également emparés pour en faire leur photo de
profil, dont l'ambassade des Etats-Unis en France. L'Opéra de Paris a mis le
logo sur son site. - AFP, lefigaro.fr – 07/01/2015
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