Burkina Faso : "espoir brisé" par le coup d’Etat mené par le général Gilbert Diendéré

 

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Coup d'Etat au Burkina Faso

FRANCE 2 / Francetv info - le 17/09/2015 | 21:53

 

Le président de transition, le chef du gouvernement ainsi que deux ministres ont été arrêtés par les militaires.

C'est un véritable coup d'Etat militaire. À moins d'un mois de la présidentielle au Burkina Faso, des membres de la garde présidentielle ont fait irruption, mercredi 16 septembre, en plein conseil des ministres, arrêtant le président de transition, le chef du gouvernement ainsi que deux ministres.

La tension est forte

Onze mois après la chute de Blaise Compaoré, son ex chef d'Etat-major a ainsi pris le pouvoir. Si le nouvel homme fort du pays affirme avoir le soutien de toute l'armée avec lui, la tension est palpable dans ce pays africain. Les 3 500 membres de la communauté française sont d'ailleurs invités à rester chez eux. "On entend simplement quelques bruits de coups de feu, des bruits de kalachnikov mais en tout cas personne n'est inquiet", rapporte Arnaud Vincenti, l'un d'entre eux. Toutefois, un couvre-feu a tout de même été imposé en ville

Le général Gilbert Diendéré, en 2011 à Ouagadougou. Crédits : AHMED OUOBA / AFP

 

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Communiqué de presse de la CNAS-Faso Hèrè sur le putsch militaire contre la Transition démocratique au Burkina Faso

Par Malijet18 septembre 2015 00h 08

 

 

Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) condamne avec la dernière rigueur le coup de force anti-démocratique que tente de perpétrer le RSP (Régiment de Sécurité Présidentielle) contre le régime de transition issu de la Révolution populaire du 31 octobre 2014.

La CNAS-Faso Hèrè exige la libération immédiate et sans conditions des hautes autorités de la Transition et leur maintien dans les hautes fonctions que le Peuple militant du Burkina Faso leur a confiées pour doter le pays des hommes intègres d’institutions solides issues d’élections libres, transparentes et crédibles.

        

Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè invite l’ensemble des forces progressistes, républicaines et démocratiques au Burkina Faso, au Mali et à travers l’Afrique à redoubler de vigilance et de détermination pour faire échec au plan machiavélique de confiscation du pouvoir populaire et de remise en cause des acquis et du programme de la Révolution d’Octobre 2014.

 

    Fait à Bamako, le 17 septembre 2015

     Pour le Bureau Politique National

               Le Secrétaire Général

       L’Ingénieur Soumana Tangara   

Source: Malijet

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Burkina Faso: Y’en a marre demande de la fermeté face aux putschistes

Par RFI Publié le 17-09-2015 Modifié le 17-09-2015 à 22:36

 

Le Sénégalais Fadel Barro (g) de Y'en a marre et le Burkinabè Oscibi Johann (d) du Balai citoyen , avant leur arrestation lors d'une conférence à Kinshasa, en RDC, le 15 mars dernier.Twitter / kamanda wa k. muzembe

Fadel Barro, coordinateur du mouvement Y'en a marre au Sénégal, dont les militants ont travaillé avec ceux du Balai citoyen lors du mouvement qui a conduit à la chute de Blaise Compaoré, dénonce le coup d’Etat au Burkina Faso. Il interpelle le président sénégalais, Macky Sall, également président en exercice de la Cédéao, pour lui demander de se montrer ferme face au général Gilbert Diendéré.

Le mouvement sénégalais Y’en a marre a été un compagnon de route du Balai citoyen, au Burkina Faso, dès les premières heures de la contestation qui a mené à la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014.

Quelques heures après l’annonce du coup d’Etat mené à Ouagadougou, ce jeudi 17 septembre, à Dakar, le coordinateur du mouvement Y’en a marre n’avait pas de mots assez durs pour dire sa « consternation » et sa « révolte » face à la situation. « Nous sommes enragés de voir ce qu’il se passe, et nous avons en même temps de la frustration à ne pas pouvoir y être. Nous avons de la peine de voir les maisons de nos frères saccagées. A subir cette répression qui, en réalité, ressemble à de la vengeance », dénonce Fadel Barro, interrogé par Guillaume Thibault, le correspondant de RFI à Dakar. « A voir tout ce qu’il se passe, c’est comme si Blaise Compaoré était là, et utilisait sa aujourd’hui force contre les forces citoyennes et les forces populaires qui ont déjà dit leur mot. »

« De simples condamnations ne suffisent pas »

Le coordinateur du mouvement Y’en a marre interpelle directement le président sénégalais, qui est également le président en exercice de la Cédéao. « C’est à Macky Sall d’utiliser tous les moyens à sa disposition. On sait que la Cédéao est très pauvre et n’a pas beaucoup de moyens, mais ils ont la possibilité d’appeler le RSP à la raison », juge Fadel Barro. « Il faut que les chefs d’Etat soient plus fermes. Il faut qu’ils tapent sur la table pour parler à leur protégé Blaise Compaoré, pour parler à leur protéger Gilbert Diendéré. De simples condamnations ne suffisent pas. De simples déclarations de principes ne suffisent pas. Il faut qu’ils agissent au plus vite parce que le peuple burkinabè est en train de verser son sang inutilement. »

Un appel lancé quelques heures avant que l’Agence France-Presse n’annonce que Macky Sall doit, justement, se rendre ce vendredi à Ouagadougou

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Le putsch met le Burkina Faso face à ses déchirures

Par Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional) - LE MONDE -  

Des coups de feu ont résonné dans les rues de Ouagadougou, jeudi 17 septembre 2015, au lendemain du putsch qui a renversé le président intérimaire, Michel Kafando. Crédits : AP

Pendant toute une nuit, une fiction rassurante a circulé au sujet du Burkina Faso : les militaires du RSP, le régiment de sécurité présidentielle chargé de la protection de l’ancien président Blaise Compaoré, renversé par la rue en octobre dernier après vingt-sept ans de pouvoir, n’avaient arrêté les responsables des autorités de transition que pour répondre à des préoccupations « corporatistes », par peur de voir leur unité dissoute.

Lire aussi : Au Burkina Faso, les putschistes nomment un proche de l’ex-président Compaoré

Quelques heures plus tôt, peut-être cette crainte a-t-elle joué au sein de cette unité qui avait constitué la garde prétorienne de Blaise Compaoré, demeurée ultra-fidèle à son chef en exil, réfugié en Côte d’Ivoire, puis au Maroc, et qui serait de retour à Abidjan, pays voisin du Burkina Faso. Le RSP résistait ces jours derniers à une ultime tentative de démantèlement, certes, mais à présent, le risque s’est déplacé.

Dans la pire tradition des coups d’état en treillis, un militaire est venu lire à la télévision une déclaration soigneusement embrouillée, dont on retiendra que le président des autorités de transitions, Michel Kafando (qui n’est évidemment pas présent aux côtés du militaire) aurait « démissionné », tandis qu’un Comité national de la démocratie serait formé. On imagine sa composition, qui risque de rassembler de nombreux uniformes.

Gilbert Diendéré, nouvel homme fort

Comme l’avait annoncé Mobutu lors de son coup d’Etat de 1965 à Kinshasa (Congo démocratique) : « Ceci n’est pas un coup d’Etat. » Il avait fini par quitter le pouvoir, chassé par une rébellion. Son propre pays ne s’en est toujours pas complètement remis. Au Burkina Faso, c’est sans doute une ligne rouge de cette nature qui vient d’être franchie. Sauf si les militaires décident de revenir d’eux-mêmes dans leur caserne – ce qui s’est rarement vu –, deux hypothèses majeures se profilent à présent.

Lire aussi : Burkina : 1300 soldats peuvent-ils changer le cours de l’histoire ?

Premier scénario, les éléments fidèles à Blaise Compaoré s’emparent du pouvoir – et c’est d’ailleurs un de ses proches, Gilbert Diendéré, qui vient d’être désigné nouvel homme fort du pays –, pour tenter une « restauration » de l’ex-président, sous une forme ou une autre. Il y a tout à parier dans ce cas qu’ils auront à cœur de faire payer l’humiliation subie en octobre, lorsqu’un soulèvement l’avait chassé du pouvoir. Or ce n’est pas une chose que la partie du Burkina Faso qui était descendue dans la rue avec le sentiment de faire éclater une chape de plomb risque de prendre à la légère. Moins d’un an après ces manifestations, il y a tout lieu de redouter des affrontements.

Inversement, dans un second scénario, si ce projet devait tourner court, il y a de grandes chances que le pays soit déchiré : le parti de l’ex-président conserve des soutiens réels au sein de la population. En cas de déclenchement de violences, des heurts pourraient survenir dans de nombreux points du Burkina Faso.

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Burkina Faso: un CND dit avoir pris le pouvoir

17 sept 2015 - fasozine.com /

 

Un homme portant l’uniforme militaire et un grade d’officier -médecin colonel- a annoncé ce 17 septembre 2015 la dissolution des organes de la Transition et du gouvernement, au nom d’un « Conseil national de la démocratie ».

 

Le Conseil national de la démocratie a décidé de mettre un terme au « régime déviant de la Transition », a-t-il dit. Il a également annoncé la démission du président Michel Kafando, retenu depuis hier avec son Premier ministre, la dissolution. Une large concertation sera entreprise pour aboutir la formation d’un gouvernement qui organisera des élections inclusives, a-t-il dit. il a dénoncé la loi électorale « taillée sur mesure pour des individus », la loi sur la presse « pour militaires » et la loi sur le statut des forces armées.

Une annonce qui intervient sur fonds de tirs sporadiques entendus vers le quartier Ouaga 2000 –où se trouve la présidence du Faso- et le centre ville, vers la Place de la Nation où prévoyaient de se rassembler les manifestants qui réclamait la libération du chef de l’Etat.

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Burkina Faso : cinq questions sur la prise en otage du président et du Premier ministre par des soldats

 

Ce coup de force de la garde présidentielle survient à moins d'un mois d'une élection présidentielle cruciale dans le pays.

Des manifestants protestent contre la garde présidentielle qui détient le président et son Premier ministre à Ouagadougou (Burkina Faso), le 16 septembre 2015. (JOE PENNEY / REUTERS

 

Par Benoît Zagdoun - francetvinfo.fr -  Mis à jour le  ,

Tentative de coup d'Etat ou mutinerie ? A moins d'un mois d'une élection présidentielle cruciale au Burkina Faso, des militaires retiennent en otage le président intérimaire du pays et son Premier ministre, à Ouagadougou. Leur détention a débuté mercredi 16 septembre en début d'après-midi et se poursuit jeudi 17 septembre. 

1 Comment s'est déroulée la prise d'otages ?

La crise s'est nouée, mercredi, lorsque des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont fait "irruption dans la salle du Conseil des ministres à 14h30". Ils "ont pris en otage le président du Faso Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida" et deux ministres, celui de la Fonction publique, Augustin Loada, et celui de l'Urbanisme, René Bagoro, selon le communiqué du président du Conseil national de la transition (l'Assemblée de transition), Cherif Sy.

Le président Michel Kafando (D) et le Premier ministre Isaac Zida (G), le 21 novembre 2014, à Ouagadougou (Burkina Faso). (SIA KAMBOU / AFP)

Des militaires ont également pénétré dans les locaux de la radio privée Oméga, a rapporté le directeur de la station, Alpha Barry, sur France 24. Ils ont menacé de mort les journalistes s'ils poursuivaient leurs programmes, qui ont donc été interrompus par la station. Les émissions de Radio France Internationale (RFI) ont aussi été coupées. La télévision publique burkinabée, en revanche, diffuse son programme normal. Ses bâtiments sont traditionnellement gardés par le RSP, qui y a renforcé ses positions.

2 Quelle est la situation politique au Burkina Faso ?

Depuis la chute de Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir et aujourd'hui exilé en Côte d'Ivoire, le Burkina Faso est dirigé par des autorités intérimaires. A leur tête, le président Michel Kafando, et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida. Elles doivent rendre le pouvoir à l'issue des élections présidentielle et législatives du 11 octobre.

Aucun partisan de l'ancien président Compaoré ne peut se présenter au scrutin, au nom d'une loi électorale très controversée rendant "inéligibles" tous ceux qui ont soutenu un "changement inconstitutionnel". En clair, la tentative de Compaoré de modifier la Constitution pour supprimer la limitation des mandats présidentiels.

"Quand on se comporte de cette manière-là, ces choses [la prise d'otages]arrivent", a estimé sur France 24 Léonce Koné, vice-président du directoire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l'ancien parti au pouvoir pro-Compaoré.

3 Qui sont les preneurs d'otages ?

Ce coup de force est l'œuvre de soldats du Régiment de sécurité présidentielle, la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré. Cette unité de 1 300 hommes est considérée comme la mieux formée de l'armée burkinabée. On ignore toujours les revendications des soldats. Mais des "tentatives de dialogue étaient en cours entre la haute hiérarchie militaire et les éléments du RSP", a assuré le président du Conseil national de la transition.

La garde présidentielle a déjà perturbé la transition politique burkinabée à plusieurs reprises. Fin juin, le RSP avait ainsi exigé la démission du Premier ministre Isaac Zida, également numéro 2 de l'unité. Son tort : avoir demandé publiquement sa dissolution "pure et simple" avant d'y renoncer. Lundi, la Commission nationale de réconciliation et des réformes avait d'ailleurs à son tour recommandé la dissolution du RSP. 

4 Quelle est la réaction des habitants de la capitale ?

L'action du RSP a brusquement plongé dans l'incertitude ce pays sahélien enclavé, où les élections du 11 octobre sont censées mettre un terme à la transition.

Avec des sifflets et des vuvuzelas, plusieurs centaines de personnes ont convergé en début de soirée dans le quartier Ouaga2000, vers le palais présidentiel, aux cris de "Libérez Kosyam", le nom de la résidence du chef de l'Etat, ou "A bas les RSP".

Des manifestants protestent contre la garde présidentielle qui détient le président et son Premier ministre à Ouagadougou (Burkina Faso), le 16 septembre 2015. (JOE PENNEY / REUTERS)

En début de soirée, des soldats ont tiré des coups de feu aux abords du palais présidentiel pour disperser ces manifestants, qui ont reflué vers le centre-ville. Un peu plus tard, le siège du CDP, le parti de Compaoré, a été saccagé. 

Sur les réseaux sociaux, le mouvement "Balai citoyen", qui avait été en pointe dans la contestation contre Blaise Compaoré, a appelé à un nouveau rassemblement jeudi matin pour "dire non au coup d'Etat en cours". Les principaux syndicats du pays, dont la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ont lancé un appel conjoint "à observer une grève générale sur toute l'étendue du territoire national".

5 Comment réagit la communauté internationale ?

L'ONU, l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont, tout comme la France, ancienne puissance coloniale, fermement condamné mercredi cette prise d'otages.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé que le président et son Premier ministre soient "libérés sains et saufs et immédiatement".

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, "scandalisé", a exigé leur "libération immédiate", ajoutant que "les Nations unies soutiennent fermement les autorités de transition et le président Kafando".