CONFÉRENCE SUR LA RECONSTITUTION DES FONDS DU PARTENARIAT MONDIAL POUR L'ÉDUCATION

 

DISCOURS DE SON EXCELLENCE

PR. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, CHEF DE L’ETAT

 

DAKAR (SÉNÉGAL), le 02 FÉVRIER 2018

 

• Messieurs les Chefs d’Etat ;
• Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement de la République du Sénégal ;
• Mesdames et Messieurs les experts ; 
• Chères participantes, chers participants ; 
• Mesdames et Messieurs.

À l’entame de mon propos, j’adresse mes sincères remerciements aux autorités sénégalaises qui accueillent cette 3ème conférence sur la Reconstitution des Fonds du Partenariat Mondial pour l’Education.

Je salue la mobilisation remarquable et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé moi-même et à ma délégation. Cela témoigne de l’hospitalité bien connue du peuple sénégalais.

Je salue également la forte participation et la qualité des participants qui traduisent l’intérêt que leurs Excellences Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Emmanuel MACRON, Président de la République Française accordent à la question du financement de l’éducation, une préoccupation majeure de tous les pays et de tous les temps.

Nous espérons que les résultats de nos discussions seront à la hauteur des attentes.

Mesdames et Messieurs 
Le monde est secoué par des conflits armés qui affectent la cohésion sociale et entrainent les déplacements massifs des populations.

La montée et l’expansion de l’insécurité et du terrorisme n’ont jamais été aussi menaçant pour la stabilité du monde et la quiétude des populations.

Dans un contexte marqué par une forte croissance démographique dans les pays en développement, par l’augmentation du chômage des jeunes, surtout diplômés et par l’aggravation des inégalités sociales, nos systèmes éducatifs vivent des moments de graves turbulences. Alors, que faire et comment faire face à tous ces défis ?

Au moment où se déroule cette 3ème conférence, les enseignements ne sont pas dispensés dans certains pays ou à certains endroits de ceux-ci du fait des conflits armés.

De milliers de jeunes des pays en développement mettent en péril leur vie en tentant d’immigrer vers les pays développés.

Le tableau de l’immigration s’est davantage assombri par la récente révélation de la pratique d’esclavage dont sont victimes des jeunes quelque part en Afrique, une grave atteinte à la dignité humaine et aux droits de l’homme et que nous condamnons tous. 
Nous sommes tous interpelés et invités à changer ce monde.

C’est pourquoi nous apprécions fortement ce message du Président Nelson Mandela qui disait: je cite : « l’Education est l’arme la plus puissante que nous pouvons utiliser pour changer le Monde. » Fin de citation. 
Oui, l’Education est à la base de tout développement et du bien – être de chacun.

Tous les pays ont compris que le développement du capital humain est la véritable richesse d’un pays et le moteur de sa croissance et que toute croissance durable et créatrice d’emplois et de richesses a pour socle un secteur d’enseignement et de formation techniques et professionnels structuré, adapté, accessible et de qualité. 
La scolarisation universelle tant souhaitée par tous les pays, est l’un des objectifs du développement durable. 
Elle exige davantage de ressources, de volonté politique et de savoir – faire sur le plan organisationnel. 
L’éducation a toujours été un thème présent dans la pensée économique. 
Elle est un capital au sens économique du terme, selon Pierre GRAVOT.

Elle est un investissement qui nécessite des coûts (coûts directs et coûts d’opportunité), procure des bénéfices (rentabilité monétaire pour l’individu et rentabilité sociale pour la collectivité). 
Investir dans l’éducation est un moyen pour assurer le développement des ressources humaines en vue de leur insertion socio – professionnelle. 
L’éducation est l’un des facteurs de la mobilité sociale avec un effet direct sur la réduction de la pauvreté.

Pourtant le secteur reste encore sous-financé. Le manque de financements équitables et adéquats a été l’une des principales causes de la non – atteinte des objectifs de l’école pour tous (EPT) en 2015 dans beaucoup de pays, selon le rapport mondial de suivi de l’EPT, produit par l’UNESCO.

La Déclaration d’Incheon qui matérialise nos engagements dans le cadre de l’Education 2030, reconnaît que « l’ambition reflétée dans l’ODD4 ne pourra être réalisée sans une augmentation significative, importante et bien ciblée du financement ».

C’est fort de ce constat et défis à relever que nous pensons que cette 3ème Conférence internationale de Reconstitution des Fonds du Partenariat Mondial pour l’Education intervient à point nommé car elle devra nous permettre de trouver des pistes de solutions à la mobilisation des ressources en faveur de l’éducation.
Mesdames et Messieurs,
Pour en venir au cas de mon pays, il faut dire que dès son retour à l’ordre constitutionnel, suite aux élections présidentielle et législative de 2016-2017, la République Centrafricaine a développé et adopté un document cadre de politique nationale, dénommé : « Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique, en abrégé RCPCA ».
L’arrimage de cette stratégie de développement du pays avec les engagements régionaux et internationaux s’est traduit dans trois piliers d’actions, à savoir :

• Soutenir la paix, la sécurité et la réconciliation ; 
• Restaurer le contrat social entre l’Etat et la société ; 
• Assurer le relèvement économique et la relance des secteurs productifs.

La République Centrafricaine se félicite du soutien du Partenariat Mondial pour l’Education à la République Centrafricaine à travers le programme d’appui au secteur de l’Education qui avait amélioré substantiellement la qualité de l’enseignement aux niveaux préscolaire, primaire et au premier cycle secondaire dans le pays mais dont les acquis ont été mis à dures épreuves par les derniers événements que le pays a connus. Le secteur de l’éducation, de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’alphabétisation, constitue toujours « une priorité sécurisée » conformément aux engagements pris à travers l’adhésion de la République Centrafricaine aux traités, conventions et recommandations de différents foras et Agendas internationaux.

En accord avec ces engagements, mon Gouvernement, conscient de la vision de l’Union Africaine, d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, conduite par ses propres citoyens et représentant une force reconnue sur la scène mondiale ; Conscient du rôle des gouvernements et des organisations régionales, intergouvernementales et non gouvernementales, pour mobiliser l’engagement politique en faveur de l’éducation ; Reconnaissant le rôle important de l’éducation, de la formation et des compétences dans la réalisation des objectifs du programme mondial 2030 et des autres objectifs de développement durable (ODD) proposés ; a lancé un vaste programme d’élaboration d’une politique nationale de redynamisation de l’éducation, le Plan Sectoriel de Développement de l’Education et de la Formation en Centrafrique, en abrégé P.S.D.E.F.C. 
Eu égard à ce qui précède, nous réaffirmons la vision que l’éducation reste une priorité forte et sécurisée, et que dans le contexte actuel de mon pays , l'éducation doit contribuer à l’émergence du potentiel et des valeurs dont le citoyen centrafricain est épris, aux fins de promouvoir la paix, la cohésion sociale, l’optimisation des ressources intellectuelles propres, celles de notre environnement socioculturel, ainsi que celles des ressources naturelles de notre pays.

Par ailleurs , Nous nous engageons à pourvoir aux besoins des filles, des jeunes, des enfants les plus démunis, des adultes, des réfugiés, des enfants déplacés, des enfants apatrides, et des enfants dont le droit à l’éducation a été compromis par des situations de guerre et d’insécurité ;
Prenons fermement, à l’occasion de cette 3ème conférence pour la Reconstitution des ressources financières du Partenariat Mondiale pour l’Education, l’engagement de:
- Mieux vulgariser le Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique ;
- Assurer la réalisation de l’ODD 4 ;
- Nous approprier l’Agenda 2063 de l’Afrique et CESA 2016-2030 ;
- Mettre en œuvre, en les intégrant dans les programmes respectifs, les domaines prioritaires pour le développement de nos systèmes éducatifs ;
- Mobiliser les ressources nécessaires pour l’atteinte de ces objectifs. 
- Axer les contributions de la République centrafricaine sur les valeurs cibles des dépenses courantes consacrées à l'éducation pour la période 2018-2020. 
- Consacrer, dans la mesure du possible, d’ici 2020, au moins 15 à 20 % de l’ensemble des dépenses publiques à l’éducation en poursuivant l’allocation d’au moins 45% de ces dépenses publiques à l’éducation à l’enseignement primaire.

Mesdames et Messieurs, 
En terminant mon propos, je voudrais réitérer nos sincères remerciements au Gouvernement Sénégalais pour les efforts déployés pour accueillir cette conférence.

J’exprime de nouveau toutes mes reconnaissances aux Présidents Macky Sall et Emmanuel Macron qui ont bien voulu m’inviter à cette importante rencontre.

Je vous remercie.