Le discours
annuel du président Barack Obama le mardi 20 janvier 2015 devant le Congrès
américain sur l'état de l'Union et les principaux enjeux pour l'année à
venir.
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Etats-Unis: la page de la
récession tournée, Obama veut s'attaquer aux
inégalités
Par
Jérôme CARTILLIER, Ivan
Couronne | AFP – 21
janvier 2015
AFP/AFP - Le président américain Barack Obama, applaudi par le vice-président Joe Biden (g), lors de son
discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, le 20 janvier 2015 à
Washington
"Ce soir, nous tournons la page":
porté par une série de bons indicateurs économiques, Barack Obama a vanté mardi
le début d'une nouvelle ère pour les Etats-Unis, demandant au Congrès réuni au
grand complet de s'attaquer aux inégalités.
Mettant en exergue le chemin
parcouru depuis la "violente récession" qui frappé son pays et le monde, le
président des Etats-Unis, a proposé, lors du traditionnel discours sur l'état de
l'Union, d'augmenter la pression fiscale sur les foyers les plus aisés, une
réforme qui devrait se heurter à la vive opposition des
républicains.
"Accepterons-nous une économie où
seuls quelques uns s'en sortent de manière spectaculaire ?", a lancé M. Obama
dans un discours à la tonalité optimiste, à deux ans jour pour jour de son
départ de la Maison Blanche.
S'appuyant sur une économie en
croissance, des déficits en baisse et une production énergétique "en plein
essor", il a proposé en particulier la suppression d'une niche fiscale sur la
taxation des revenus du capital qui frapperait presque exclusivement 1% des
contribuables les plus riches.
Outre la réforme fiscale, il
aussi proposé la simplification de l'accès à la propriété, la hausse du salaire
minimum, le développement des congés maternité et des congés maladie, ou encore
la gratuité sous conditions des "community colleges" qui offrent des formations
universitaires courtes.
Mais le débat s'annonce déjà
stérile, et les deux camps se renvoient la responsabilité du blocage. "Augmenter
les impôts pour les Américains qui réussissent ne va pas aider ceux qui ont des
difficultés à réussir", a estimé le sénateur républicain Marco Rubio, qui
pourrait se lancer dans la course à la Maison Blanche en
2016.
Rare sujet sur lequel M. Obama
peut espérer un vote favorable de ses adversaires républicains: les accords de
libre-échange avec l'Union européenne et la région Asie-Pacifique. Il a en outre
sollicité auprès du Congrès l'adoption d'une "procédure accélérée" de
négociation, contestée par ses alliés démocrates, qui lui donnerait des pouvoirs
accrus de négociation.
Sur le front international, M.
Obama a affiché la solidarité des Etats-Unis avec toutes les victimes du
terrorisme "d'une école du Pakistan aux rues de Paris". "Nous allons continuer à
chasser les terroristes et à détruire leurs réseaux, et nous nous réservons le
droit d'agir unilatéralement", a-t-il ajouté.
- Lever l'embargo contre Cuba
-
Le 44e président des Etats-Unis a
dénoncé "la résurgence déplorable de l'antisémitisme dans certaines parties du
monde", condamnant par ailleurs "les stéréotypes insultants contre des
musulmans, dont la grande majorité partage notre engagement pour la
paix".
Quelques heures avant la début de
son discours, M. Obama avait appelé mardi son homologue français François
Hollande pour faire en point sur l'enquête en cours après les attaques
meurtrières qui ont frappé Paris début janvier.
Saluant l'impact des sanctions
imposées contre la Russie en réponse à son "agression" contre l'Ukraine, M.
Obama a jugé que cela démontrait la puissance de la diplomatie américaine. "Nous
défendons le principe selon lequel les grandes puissances ne peuvent malmener
les petites", a-t-il martelé sous des applaudissements
nourris.
Le président américain a promis
la victoire face à l'organisation de l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie,
tout en réaffirmant une nouvelle fois que le combat sera long et difficile. "Cet
effort prendra du temps (...) mais nous réussirons", a-t-il lancé à la
tribune.
"Au lieu d'être happé dans une
nouvelle guerre au sol au Moyen-Orient, nous conduisons une large coalition,
comprenant des pays arabes, pour amoindrir et, au bout du compte, détruire ce
groupe terroriste", a-t-il ajouté, jugeant que les Etats-Unis étaient plus forts
lorsqu'ils combinaient "puissance militaire et forte
diplomatie".
Saluant la présence de
l'Américain Alan Gross, libéré en décembre par Cuba après cinq ans de prison, M.
Obama a appelé le Congrès à lever l'embargo économique contre La Havane, dans le
cadre du rapprochement historique entre les deux pays annoncé le 17
décembre.
Les Etats-Unis et Cuba tiendront
mercredi à La Havane une première série d'entretiens officiels de haut niveau
pour concrétiser le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues
depuis 1961.
Dès le matin, des représentants
s’étaient installés dans l’hémicycle de la Chambre des représentants pour
réserver un siège le long de l’allée par laquelle est entré Barack Obama,
annoncé par un huissier peu après 21H00, en plein prime-time.
En surplomb, les tribunes du
public étaient pleines à craquer de plusieurs centaines de personnes, proches
des élus et invités d’honneur. Dans l'hémicycle, une élue démocrate avait
distribué des crayons jaunes qui ont été brièvement brandis pendant le discours
pour rendre hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie
Hebdo
Des élus brandissent des crayons lors du discours
du président américain Barack Obama sur l'Etat de l'Union devant le Congrès, le
mardi 20 janvier 2015 à Washington.
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Discours sur l'état de l'Union :
les 10 enjeux de Barack Obama
Par
Challenges.fr, le 21-01-2015 à
10h22
Le président Barack Obama a prononcé mardi 20 janvier devant le Congrès
américain le discours annuel sur l'état de l'Union, l'occasion de passer en
revue les principaux enjeux pour l'année à venir.
1. Augmenter les impôts des plus
riches
Le président Obama a vanté l'entrée des Etats-Unis dans une
nouvelle ère économique. "Ce soir, nous tournons la page" d'une "violente
récession".
Il a proposé d'augmenter la
pression fiscale sur les foyers les plus aisés, précisant qu'il donnerait des
détails au Congrès dans deux semaines. "Accepterons-nous une économie où seuls
quelques-uns s'en sortent de manière spectaculaire?" Il a proposé en particulier
la suppression d'une niche fiscale sur la taxation des revenus du capital qui
frapperait presque exclusivement 1% des contribuables les plus
riches.
Il a ensuite appelé à faire
avancer les accords de libre-échange avec l'Union européenne et la région
Asie-Pacifique en sollicitant auprès du Congrès l'adoption d'une "procédure
accélérée" de négociation.
2. Doper le budget de la
recherche médicale
Barack Obama a demandé une
augmentation des fonds consacrés à la recherche et au développement notamment
dans la médecine de précision. Il s'agit de fournir aux médecins les outils, le
savoir et des traitements personnalisés, correspondant aux caractéristiques
génétiques de chaque personne.
"Je veux que le pays qui a
éliminé la polio et établi la carte du génome humain ouvre une nouvelle ère en
médecine, une médecine qui fournit le traitement adéquat au bon moment", a
déclaré le président américain.
Des avancées récentes en
génomique et en informatique ont permis la mise au point des traitements ciblés
contre le cancer et d'autres maladies, avait expliqué auparavant la Maison
Blanche.
3. Augmenter le salaire
minimum
S'appuyant sur une économie en
croissance, des déficits en baisse et une production énergétique "en plein
essor", Barack Obama a avancé plusieurs idées comme la
simplification de l'accès à la propriété, la hausse du salaire minimum, le
développement des congés maternité et des congés maladie, ou encore la gratuité
sous conditions des "community colleges" qui offrent des formations
universitaires courtes.
4. Négocier un accord complet
avec l'Iran
De nouvelles sanctions contre
l'Iran "signifieraient l'échec de la diplomatie".
"Notre diplomatie est à l'oeuvre
avec du respect pour l'Iran, où, pour la première fois depuis une décennie, nous
avons stoppé l'avancée du programme nucléaire et réduit le stock de matériel
nucléaire".
"Jusqu'au printemps, nous avons
la chance de pouvoir négocier un accord complet qui empêche que l'Iran ait une
arme nucléaire, qui sécurise l'Amérique et ses alliés, y compris Israël, tout en
évitant un nouveau conflit au Moyen-Orient".
"Il n'y a aucune assurance que
les négociations soient couronnées de succès (...) mais de nouvelles sanctions
vont à coup sûr saper les efforts diplomatiques. Cela n'a pas de sens, c'est
pourquoi j'y opposerai mon veto."
5. "Essayer autre chose" avec
Cuba
"Cette année, le Congrès devrait
commencer le travail pour mettre fin à l'embargo" que Washington impose à La
Havane depuis plus d'un demi-siècle.
"A Cuba, nous mettons fin à une
politique qui a depuis longtemps cessé de fonctionner. Quand ce qu'on fait ne
marche pas depuis 50 ans, il est temps d'essayer autre
chose".
"La main de l'amitié tendue au
peuple cubain" peut "permettre de tourner la page d'un héritage de
défiance".
6. "Agir unilatéralement" contre
le terrorisme si nécessaire
Barack
Obama s'est dit solidaire de toutes les victimes du terrorisme
"d'une école du Pakistan aux rues de Paris".
"Nous allons continuer à chasser
les terroristes et à détruire leurs réseaux, et nous nous réservons le droit
d'agir unilatéralement, comme nous n'avons eu de cesse de le faire depuis que
j'ai été élu pour éliminer des terroristes qui représentent une menace directe
pour nous et nos alliés", a dit le président devant le
Congrès.
7. Vaincre l'organisation
Etat islamique
Dans ce combat contre le
"terrorisme", les Etats-Unis et leurs partenaires vaincront l'organisation Etat
islamique, mais la lutte sera longue, a encore souligné Barack Obama.
"Cet effort prendra du temps. Il
faudra se fixer sur ce point de mire. Mais nous réussirons", a déclaré le
président des Etats-Unis, pays qui pilote une coalition internationale d'une
soixantaine de pays engagés notamment depuis l'été dernier dans des frappes
aériennes contre le groupe islamiste armée EI, lequel contrôle des pans de
territoires en Syrie et en Irak.
"Ce soir, j'appelle le Congrès à
montrer au monde que nous sommes unis dans cette mission, en adoptant une
résolution qui autorise l'usage de la force contre l'EI", a conclu le président
des Etats-Unis, alors que son armée a déjà procédé à près de 2.000 frappes en
Irak et en Syrie
8. Continuer à s'opposer à la
Russie
"Nous défendons le principe selon
lequel les grandes puissances ne peuvent malmener les petites en nous opposant à
l'agression russe, en soutenant la démocratie en Ukraine et en rassurant nos
alliés de l'Otan."
"L'an dernier, alors que nous
effectuions le travail difficile d'imposer des sanctions avec nos alliés,
certains ont suggéré que l'agression (du président russe Vladimir) Poutine
constituait une magistrale démonstration de stratégie et de force", a poursuivi
Barack Obama. "Et bien, aujourd'hui, ce sont
les Etats-Unis
qui se tiennent forts et unis avec leurs alliés, tandis que la Russie est isolée
et que son économie est en lambeaux".
9. Fermer définitivement
Guantanamo
Barack Obama a promis de ne pas relâcher
ses efforts pour fermer la prison située sur la base américaine de Guantanamo à
Cuba, ajoutant qu'il "est temps de finir le travail".
"En tant qu'Américains, nous
sommes profondément engagés envers la justice - donc ça ne fait pas sens de
dépenser trois millions de dollars par prisonnier pour conserver une prison que
le monde condamne et que les terroristes utilisent pour
recruter".
10. Combattre davantage
l'antisémitisme
"Nous respectons la dignité
humaine (...). C'est pour cela que nous nous exprimons contre la résurgence
déplorable de l'antisémitisme dans certaines parties du monde. C'est pourquoi
nous continuons de rejeter les stéréotypes insultants contre des musulmans, dont
la grande majorité partage notre engagement pour la paix."
Challenges.fr avec
l’AFP
http://www.challenges.fr/monde/20150121.CHA2371/discours-sur-l-etat-de-l-union-les-10-enjeux-de-barack-obama.html?xtor=RSS-22