Gironde
(France): au moins 42 morts dans une collision entre un car et un
camion
Par
Régine
LAMOTHE, Jordane BERTRAND
| AFP AFP
AFP/AFP - Des blessés
de la collision qui a eu lieu sur une départementale près de Libourne sont
évacués par des secouristes le 23 octobre 2015
Un accident d'autocar, le plus meurtrier
depuis 33 ans en France, a fait 42 morts vendredi matin, pour la plupart des
personnes âgées, brûlées vives dans une collision entre un autocar et un camion
près de Libourne en Gironde.
"J'ai vu un nuage de fumée",
l'accident s'est produit dans la campagne, "dans un virage", un endroit
"dangereux", a témoigné Yvette Seguy, sur iTÉLÉ, une résidente proche de
Puisseguin, la commune de l'accident.
C'est l'accident de car le plus
meurtrier depuis 1982, date de l'accident de car à Beaune, en Côte d'Or, qui
avait coûté la vie à 53 personnes, en grande majorité des
enfants.
Le président François Hollande
a aussitôt réagi en annonçant que "le gouvernement français est totalement
mobilisé sur cette terrible tragédie" et qu'il se rendrait sur place "le moment
venu".
Le Premier ministre, Manuel
Valls, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le secrétaire d'Etat
aux Transports, Alain Viladies, ainsi que le maire de Bordeaux, Alain Juppé,
sont arrivés sur place et se sont rendus sur le site de l'accident, dont l'accès
a été fermé aux médias, en raison du début de l'enquête.
Celle-ci a été confiée à la
gendarmerie, sous l'autorité du Parquet de Libourne.
La collision s'est produite peu
avant 07H30 sur la commune de Puisseguin, sur la route départementale 17, au
nord de Bordeaux, en plein vignoble de Saint-Emilion. Les deux véhicules se sont
embrasés aussitôt, ont précisé les pompiers.
Il y avait 48 passagers et un
chauffeur à bord du bus. Le chauffeur du camion de transport de bois, circulant
à vide, fait partie des morts, alors que le chauffeur de l'autobus est sorti
indemne de l'accident.
"Le chauffeur du bus est
légèrement blessé. Il a eu le réflexe salutaire d'ouvrir les portes pour
permettre au maximum de passagers de quitter le bus", a déclaré le maire de
Puisseguin, Xavier Sublett, à des journalistes sur place.
"Sous réserve des résultats de
l'enquête, le chauffeur du camion aurait perdu le contrôle de son véhicule. Il
se serait mis en travers de la route. Le chauffeur du bus n'a pas pu éviter
l'accident. Il a percuté le camion qui était en travers de la route", a-t-il
ajouté, évoquant "une route pittoresque, mais très sinueuse" avec "une enfilade
de virages serrés".
- cellule psychologique
-
Huit personnes présentes dans
l'autocar ont réussi à sortir du piège du brasier: quatre d'entre elles sont
dans "un état grave", deux étant grièvement brûlées, deux autres souffrant de
traumatismes crâniens et quatre étant légèrement blessées, a indiqué à la presse
le préfet de la région Aquitaine et préfet de la Gironde, Pierre Dartout. Les
blessés graves ont été transportés à l'hôpital au CHU de Bordeaux par
hélicoptère, d'autres ont été hospitalisés à Libourne.
Le groupe de personnes âgées,
membres du club du troisième âge de la commune girondine de
Petit-Palais-Cornemps (643 habitants), était parti tôt le matin de cette
bourgade pour une excursion dans les Pyrénées-Atlantiques, à Arzac. Selon France
3 Aquitaine, ils se rendaient à Arzac pour aller visiter la Maison du jambon de
Bayonne.
"Ma mère et mon beau-père, le
compagnon de ma mère, étaient dans le bus. Je viens d'arriver, je n'ai pas du
tout de nouvelle pour l'instant, mais j'ai bien peur qu'ils soient dans la liste
des victimes", a déclaré à une journaliste de l'AFP Delphine Guérineau, à son
arrivée à Puisseguin.
"Combien de voitures j'ai vues
tomber dans le fossé, dans les vignes, sur cette route qui est très dangereuse
en bas. J'ai souvent sillonné cette route, je travaillais pour France Telecom,
elles sont très dangereuses ces routes", a témoigné à l'AFP Jacques Deval, dont
le beau-frère, a été grièvement brûlé et dont la belle-soeur est moins gravement
blessée. "On est tous touchés, car tous les gens qui étaient dans le bus,
venaient d'un peu partout des villages du coin", a-t-il
ajouté.
Le préfet Pierre Dartout, qui
s'est immédiatement rendu sur place pour coordonner les secours, la préfecture
ayant mis en place une cellule de crise, avec un numéro vert (0800 009 763), a
également déclenché le Plan Orsec Novi, prévu en cas de nombreuses
victimes.
Une soixantaine de pompiers,
appuyés par une vingtaine de véhicules et des hélicoptères, étaient sur
place.
De plus, une cellule
psychologique a été mise en place pour les familles et les proches à l’école,
place de la mairie à Puisseguin. Une chapelle ardente a été
dressée.
Ce drame a provoqué une vive
émotion, les messages de solidarité affluant, tant du chef de l'Etat allemand,
Joachim Gauck, du chef du gouvernement grec, Alexis Tsipras, du gouvernement
espagnol, que de ministres du gouvernement français, notamment Christiane
Taubira, Marisol Touraine et Laurence Rossignol.
Seul bémol, la polémique provoquée par
le député-maire écologiste de Bègles (Gironde), Noël Mamère, qui a rendu
responsable de l'accident la loi Macron sur la libéralisation du transport par
cars.