L'ancien
vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, le 29 septembre 2015 à la CPI à La
Haye, aux Pays-Bas
Photo PETER DEJONG. AFP
La
Cour pénale internationale (CPI) a reconnu lundi l’ancien vice-président
congolais Jean-Pierre Bemba coupable de crimes contre l’humanité pour des
meurtres et des viols commis par sa milice en Centrafrique en 2002-2003, un
jugement «historique» pour le procureur et des ONG.
«La
chambre déclare Jean-Pierre Bemba coupable en tant que personne faisant
effectivement fonction de chef militaire», a affirmé la juge Sylvia Steiner,
expliquant qu’il «agissait de fait en tant que commandant militaire et avait le
contrôle effectif de ses troupes».
Ancien
chef rebelle du nord de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba
était en effet poursuivi, non en tant qu’auteur ou co-auteur mais en vertu du
principe de la «responsabilité du commandant».
Il
s’agit du premier jugement condamnant un commandant militaire et le premier de
la CPI à condamner l’utilisation de viols et violences sexuelles en tant que
crimes de guerre.
La
sentence sera prononcée à une date ultérieure. Il risque jusqu’à 30 ans de
détention ou la prison à perpétuité, si les juges estiment que l'«extrême
gravité du crime» le justifie.
«Je
crois que c’est un jour très important pour la justice pénale internationale
surtout en ce qui concerne les crimes sexuels», a affirmé à l’AFP Fatou
Bensouda, ajoutant que ce jour était «historique».
Agé
de 53 ans, l’ancien homme d’affaires, vêtu d’un costume sombre et d’une cravate
lie-de-vin, semblait tendu en écoutant le prononcé du jugement.
«Je
pense qu’il était déçu», a affirmé à l’AFP son avocat, Peter Haynes.«Je dois
lire le jugement et voir s’il peut être critiqué et si c’est le cas, nous nous
retrouverons devant la chambre d’appel assez rapidement».
A
Kinshasa, des militants de son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC)
se sont dits «tristes» de ce verdict, certains affirmant «douter de la
crédibilité de la CPI» qui «s’acharne contre les Africains, particulièrement les
Congolais».
Jean-Pierre
Bemba avait plaidé non coupable lors de l’ouverture de son procès en novembre
2010, deux ans après son arrestation à Bruxelles, en vertu d’un mandat d’arrêt
de la CPI. Il était accusé de trois crimes de guerre et de deux crimes contre
l’humanité: meurtres, viols et pillages.
Quelque
1.500 hommes en armes de l’ancien chef rebelle s’étaient rendus en Centrafrique
en octobre 2002 pour soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d’une
tentative de coup d’Etat menée par le général François
Bozizé.
Là,
ils ont violé, pillé et tué, a assuré la juge, égrenant une longue liste de
viols, souvent accompagnés d’autres violences, commis par les troupes de
Jean-Pierre Bemba.
-
«L’important besoin de justice» -
Ce
jugement «est un rappel vibrant aux supérieurs – militaires et civils – qu’ils
ont la responsabilité d’éviter et de faire cesser les attaques commises par
leurs soldats sur des civils», a assuré Géraldine Mattioli-Zeltner, de
l’organisation Human Rights Watch.
«Ce
premier verdict coupable à la CPI pour violences sexuelles met en lumière
l’utilisation du viol comme arme de guerre», a-t-elle ajouté, évoquant
«l’important besoin de justice» pour ces crimes en République démocratique du
Congo, d’où Jean-Pierre Bemba est originaire.
Pour
Amnesty International, le jugement est également «historique». «Le jugement est
un message clair que l’impunité pour des violences sexuelles en tant qu’outil de
guerre ne sera pas tolérée», a affirmé Samira Daoud dans un
communiqué.
Selon
la défense, il n’y avait «aucune preuve d’un ordre venant de M. Bemba vers ses
troupes en Centrafrique» mais les juges ont estimé que par téléphone, radios ou
téléphone satellite, Jean-Pierre Bemba était en «contact constant» avec ses
troupes.
«Il
avait une ligne directe de communication, il pouvait émettre des ordres et c’est
ce qu’il a fait», a affirmé la juge Steiner.
Plus
de 5.200 victimes ont été reconnues dans cet affaire, le plus grand groupe dans
l’histoire de la CPI.
François
Bozizé avait finalement renversé Ange-Félix Patassé en 2003 avant d’être
lui-même renversé en mars 2013 par la rébellion à dominante musulmane de la
Séléka, ce qui a précipité la Centrafrique dans un cycle de violences
intercommunautaires.
Elles
ont culminé fin 2013 par des massacres à grande échelle et le déplacement forcé
de centaines de milliers de personnes.
Le
procès a été entaché d’accusations de subornation de témoins, menant même à
l’arrestation de plusieurs proches de M. Bemba.
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Jean
Pierre Bemba enfin condamné
amnesty.fr -
22/03/2016
Jean Pierre Bemba - VOAnews.com - Public
Domain
C'est
une victoire historique pour les victimes de violence sexuelles. Jean-Pierre
Bemba utilisait le viol comme arme de guerre en RDC.
CONDAMNER
LES VIOLENCES SEXUELLES : UNE PREMIERE POUR LA CPI
Le
verdict de culpabilité rendu à l'unanimité par la Cour pénale internationale
(CPI) lundi 21 mars contre Jean-Pierre Bemba est un tournant historique dans la
lutte en faveur de la justice et de l'obligation de rendre des comptes pour les
victimes de violences sexuelles en République centrafricaine et dans le
monde.
C'est
la première fois que la CPI condamne quelqu'un pour le viol utilisé comme arme
de guerre, et la première fois qu'elle prononce une condamnation fondée sur le
principe de la responsabilité du commandant.
Cette décision de
justice adresse un message clair : l'impunité
pour violences sexuelles en tant qu'arme de guerre ne sera pas tolérée. Elle
souligne également que les commandants militaires et les responsables politiques
doivent prendre toutes les mesures nécessaires afin d’empêcher leurs subordonnés
de commettre des actes odieux et qu’ils seront tenus de rendre des comptes s'ils
ne le font pas.
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La
Prospérité: « CPI : Bemba reste en prison ! »
radiookapi.net
- Publié le mar, 22/03/2016 - 10:53
Le
verdict du procès de Jean-Pierre Bemba à la Cour pénale internationale est le
sujet largement commenté par la presse kinoise ce matin.
La
Cour pénale internationale (CPI) a déclaré Jean‑Pierre Bemba Gombo coupable
au‑delà de tout doute raisonnable de deux chefs de crimes contre l'humanité
(meurtre et viol) et de trois chefs de crimes de guerre (meurtre, viol et
pillage), rapporte La
Prospérité qui relaie un communiqué de la CPI publié lundi 21
mars à la suite du verdict de l’affaire opposant le procureur de la CPI contre
Jean‑Pierre Bemba.
Ces
crimes ont été commis lors de l'opération menée en République centrafricaine
(RCA) du 26 octobre 2002 ou vers cette date jusqu'au 15 mars 2003 par un
contingent du Mouvement de Libération du Congo (MLC), renseigne le quotidien,
précisant que selon l’entendement des juges de la Chambre de première instance
III de la CPI, Jean‑Pierre Bemba faisait effectivement fonction de chef
militaire exerçant une autorité et un contrôle effectif sur les forces qui ont
commis ces crimes. Ces forces, ajoute le quotidien, sont celles de l’Armée de
Libération du Congo (ALC), celle-là même que Bemba avait, sur demande
d’Ange-Félix Patassé, dépêchée à Bangui, en République Centrafricaine, du
26 octobre 2002 au 15 mars 2003.
De
l’avis de Forum des
AS, Jean-Pierre Bemba n’a mené aucune action pour empêcher ses
forces de commettre des bévues, alors qu’il savait que ces dernières allaient en
commettre. Raison pour laquelle la Chambre de la CPI ne s’est faite aucun doute
pour reconnaitre sa culpabilité, fait remarquer le
quotidien.
Le
Phare de son côté estime que la mauvaise tournure prise lundi par le dossier
judiciaire du leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) vient de signer
sa mort politique. A en croire le quotidien, dès que les juges de la Chambre
Préliminaire III auront indiqué la durée de sa peine et ses annexes, le Sénat
congolais, dont il est encore membre depuis son élection dans son fief de Gemena
en 2006, devrait enclencher la procédure de l’invalidation de son
mandat.
De
l’avis du quotidien, avec un casier judiciaire désormais lourdement chargé,
Jean-Pierre Bemba devrait disparaître à jamais des écrans des candidats aux
mandats électifs en République Démocratique du Congo. Il ne pourrait plus,
logiquement, postuler ni pour la présidence de la République, ni pour la
députation nationale, ni pour les élections sénatoriales, provinciales ou
locales, fait-il remarquer, concluant que politiquement, il est
fini.
Réagissant
au verdict de la Cour pénale internationale (CPI), l’honorable Eve Bazaiba,
Secrétaire générale du Mouvement de Libération du Congo (MLC) s’est dit
satisfaite de la décision de la cour qui, précise-t-elle, a confirmé que
Jean-Pierre Bemba avait agi, mais les mesures n’étaient pas suffisantes,
rapporte de son côté L’Avenir,
qui relaie la réaction du secrétaire générale du MLC après l’énoncé du
verdict de la CPI. Pour elle, renseigne le quotidien, il faut voir dans cette
décision de la CPI « le verre à moitié plein et non moitié
vide ».
Eve
Bazaiba estime que les véritables responsables sur pied de l’article 28 n’ont
pas été appelés tout le long de ce procès. A son avis, c’est un procès
incomplet, rapporte le quotidien.
Le
processus électoral en cours a également intéressé la presse parue ce
mardi.
Le
président de la Ceni Corneille Nangaa a annoncé vendredi son intention de
déposer une requête à la Cour constitutionnelle pour demander un report des
élections au-delà des délais constitutionnels.
En
réaction, le G7 estime que cette requête envisagée en direction de la cour
constitutionnelle n’a qu’un seul objectif, le glissement que la famille
politique de Joseph Kabila tient à imposer, rapporte La tempête Des
Tropiques, faisant échos du communiqué publié lundi 21 mars par cette
plate-forme politique en rapport avec ce sujet.
Le
G7 appelle donc le président de la Ceni Corneille Nangaa à éviter le glissement
qu’il compte solliciter auprès de la cour constitutionnelle, estimant qu’il
s’agit d’une démarche dangereuse à plus d’un titre, notamment du fait des
conséquences qu’elle risque d’entrainer à travers le pays, souligne le
communiqué du G7. Pour le quotidien, ce communiqué est une véritable alerte sur
le danger qui guette le pays.
Dans
un autre registre, Le Potentiel nous apprend que le G7 sera en conclave
du 28 au 30 mars à Kinshasa. L’essentiel de ce conclave consistera à affiner sa
vision et ses stratégies pour mieux se positionner comme l’une des principales
forces de l’opposition, au regard de l’imminence des élections, écrit le
quotidien dans ses colonnes. Ce sera également, ajoute-t-il, l’occasion de
réfléchir sur une candidature unique de la plateforme à la prochaine
présidentielle.
Le
Journal note qu’entre le dernier gouverneur de l’ex-Katanga, Moise Katumbi et le
G7, il y a bel et bien une convergence de vues. Le quotidien rappelle à cet
effet la rencontre qui a eu lieu entre Moise Katumbi et les principaux ténors du
G7 à Lubumbashi avant la convocation de ce conclave. On ne tardera pas à savoir
le terme du nouveau deal entre le G7 et l’ex-gouverneur du Katanga dans ce
conclave, promet le quotidien.