Attaque jihadiste au
Burkina Faso : 29
personnes ont été tuées dans un hôtel et un restaurant de la
capitale
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Attaque jihadiste au Burkina: Ouagadougou sous le choc craint pour
l'avenir
Par
Patrick
FORT, Romaric Ollo HIEN
-
AFP
17
janvier 2016
Le Burkina Faso
était sous le choc dimanche au lendemain de la première attaque jihadiste contre
sa capitale Ouagadougou - 29 morts, dont de nombreux étrangers -, où les forces
de sécurité poursuivaient des opérations de ratissage à la recherche d'éventuels
jihadistes en fuite.
"On a peur. Celui
qui n'a pas peur n'est pas normal. Ce sont des gens avec des armes", affirme
Souleymane Ouedraogo, qui habite près de la zone où a eu lieu l'attaque. "Ici,
il y a l'armée, mais ailleurs..."
"Les opérations de
ratissage se poursuivent", a indiqué samedi soir le ministre de l'Intérieur
Simon Compaoré. Les forces de l'ordre étaient en action dimanche matin dans
toute la capitale burkinabè et la sécurité et le contrôle des hôtels ont été
renforcés.
Les corps de trois
jihadistes ont été identifiés, tous des hommes, selon le ministre Simon
Compaoré. De nombreux témoignages font état de plus de trois assaillants et les
enquêteurs cherchent à vérifier ces affirmations.
Plusieurs témoins
aussi évoqué la présence de deux femmes, alors que les autorités ont réfuté
cette thèse pour le moment.
Sur les lieux de
l'attaque, le périmètre de sécurité a été élargi et la zone n'était pas
accessible.
Des enquêteurs avec
des gants blancs en plastique étaient visibles dans les rues autour de l'hôtel
Splendid et du café-restaurant Cappuccino, principales cibles des jihadistes, a
constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Vingt-neuf
personnes, dont au moins quatorze étrangers, ont été tuées et une trentaine
blessées dans l'attaque du commando, selon le bilan donné par le gouvernement.
Selon le décompte
fait par le ministre de l'Intérieur burkinabè Simon Compaoré, 8 Burkinabé, 4
Canadiens, 3 Ukrainiens, 2 Français, 2 Portugais, 2 Suisses et un Néerlandais
ont été tués. Sept corps restaient encore "non-identifiés".
La plupart des tués
sont des Blancs, a indiqué une source proche du parquet, selon laquelle au moins
cinq Burkinabè figurent aussi parmi les victimes. Six Canadiens, deux Français,
deux Suisses, un Américain, un Portugais et un Néerlandais ont été identifiés
parmi les étrangers décédés.
Militaires et
gendarmes tenaient à distance des groupes de badauds venus sur les lieux pour
"pleurer nos morts et comprendre ce qui s'est passé", selon Jean Compaoré, un
chrétien venu sur les lieux du massacre.
A ses côtés, Lamnine
Thietambo, un musulman. "Nous mangeons dans le même plat", dit Jean Compaoré:
"Au Burkina, nous n'avons pas problème religieux. On vit ensemble. On n'a pas de
problème ethnique. Il y a 63 ethnies qui vivent ensemble. Les jihadistes
viennent d'ailleurs".
Son compagnon
musulman confirme: "On est amis. Les jihadistes, ce n'est pas la religion. Ce ne
sont pas des croyants. Ils tuent tout le monde, des innocents. Ce ne sont pas
des musulmans".
- Moderniser l'armée
-
"Nous serons plus
vigilants, mais ça ne peut pas nous empêcher de vivre avec nos autres frères
ailleurs, que tu sois noir ou blanc, que tu sois chrétien ou musulman.", assure
Daouda Moumoula.
Les badauds clament
aussi leur colère. "On dit qu'ils viennent du Niger. Normalement les frontières
sont contrôlées. Comment ça a pu arriver ?", interroge Jean
Compaoré.
"Il n'y pas une
attaque sans complicités", réagit un badaud.
Plus loin, d'autres
critiquent les forces de l'ordre. "Ils ont tardé pour arriver", dit un homme
sous couvert d'anonymat alors que militaires burkinabè ont mis plusieurs heures
pour s'organiser, selon des témoignages concordants.
La nuit de
l'attaque, les premiers membres de forces de l'ordre arrivés sur place -
certains par conscience, sans y avoir été envoyés par leur hiérarchie -
n'avaient pas d'armes ou seulement des armes de
poing.
Un homme souligne
que "les armes des militaires sont moins bonnes que celles des jihadistes. Il
faut moderniser l'armée".
- 'On va prendre un
coup' -
Beaucoup craignent
aussi l'impact économique des attentats. "Les touristes étaient nos amis. C'est
triste tous ces morts. Ça va être dur pour nous maintenant", affirme Souleymane
Soro, vendeur de rue, qui se trouvait sur l'avenue N'Krumah théâtre de l'attaque
vendredi soir. "Quand ça a commencé à tirer, on a fui. C'était dangereux".
Dans un autre
quartier, Lassané Kabré estime: "Sur le plan économique, on va prendre un coup.
C'est le mauvais moment, parce qu'on sort d'une crise qui nous a franchement
affaibli sur tous les plans.", regrette-t-il.
Fin 2014, un
soulèvement populaire a chassé Blaise Compaoré du pouvoir et conduit à une année
de transition politique difficile sur le plan économique et émaillée par une
tentative de putsch dans ce pays sahélien très pauvre de 18 millions
d'habitants.
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Qui
sont les victimes de l'attaque de Ouagadougou ?
Publié le 17-01-2016 à 15h59 - tempsreel.nouvelobs.com
29
personnes ont été tuées dans l'attaque d'un hôtel et d'un restaurant de la
capitale du Burkina Faso par des djihadistes.
L'attaque djhadiste contre un hôtel et un restaurant de
Ouagadougou vendredi soir a fait 29 morts, selon le dernier bilan communiqué par les autorités burkinabè. Les deux établissements
touchés, l'hôtel Splendid et le café-restaurant Capuccino, étaient tous deux
prisés de la communauté expatriée.
Au moins 14 étrangers figurent parmi les victimes, tandis que sept
corps n'ont pas été identifiés, a indiqué ce dimanche à l'AFP le ministre
de l'Intérieur burkinabè Simon Compaoré.
Selon le décompte du ministre, 8 Burkinabé, 4 Canadiens, 3
Ukrainiens, 2 Français, 2 Portugais, 2 Suisses et un Néerlandais ont été
tués.
Les médias américains indiquent aussi qu'un missionnaire américain
qui travaillait dans un orphelinat de la ville de Yako, Michael James
Riddering, figure parmi les
victimes.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait affirmé que 6
Canadiens avaient été tués, mais il possible que parmi ces 6 morts certains
figurent parmi les non-identifiés ou aient une double nationalité. Il s'agirait
de six travailleurs humanitaires de la région de Québec, selon
Radio-Canada.
Selon le ministre néerlandais des Affaires
étrangères Bert Koenders, le Néerlandais tué durant l'attaque est un humanitaire de 67
ans.
Quant aux deux victimes suisses, Jean-Noël
Rey et Georgie
Lamon, ils étaient respectivement un ancien
collaborateur politique et ancien président de la Poste, et un ancien député,
selon la presse
suisse.
Trois employés d'une société
française
Trois employés d'une société de transports du
Val-d'Oise, Scales, ont été tués alors qu'ils dînaient au Capuccino. Deux
d'entre eux, Arnaud Cazier et Eddie Touati, étaient de nationalité française
tandis qu'Oliveira Basto était Portugais. Tous les trois "en mission au
Burkina Faso pour le compte de [l']entreprise" basée à
Saint-Ouen-l'Aumône, a précisé Thierry Costard, le président de
Scales, a déclaré dans un communiqué. Il ajoute :
Toutes nos pensées leur sont évidemment destinées, ainsi qu'à
leurs familles dont nous partageons l'immense tristesse et que nous soutiendrons
tous ensemble dans cette terrible épreuve."
Eddie Touati, 54 ans, était responsable d'équipe, chauffeur poids lourd et
conducteur d'engins de travaux. Il était aussi passionné de motocross. "On
n'arrivait pas à le joindre alors que c'est quelqu'un qui communiquait beaucoup
sur Facebook et Twitter. Il voyageait beaucoup pour son travail et nous faisait
partager ce qu'il voyait", raconte son beau-frère sur Europe
1. Eddie Touati avait une fille de 22 ans
et un fils de 26 ans.
Sans nouvelle de son père samedi, soir, sa fille avait partagé sur
Twitter un appel à témoin.
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Le Burkina Faso frappé au cœur par les jihadistes
Ouagadougou,
seule capitale du Sahel à avoir échappé jusque-là aux attentats terroristes, a
été la cible vendredi soir d’une attaque d’une grande ampleur au cours de
laquelle 26 personnes de 18 nationalités ont été tuées et une centaine d’autres
blessées.
Des
sources françaises parlent, quant elles, de 27 morts, dont deux Français. Dans
un communiqué rendu public hier, le ministère algérien des Affaires étrangères a
signalé pour sa part «qu’aucun ressortissant algérien ne figure pour le moment
parmi les victimes». Des sources indépendantes ont toutefois fait état de
victimes algériennes.
Au
moment où nous mettons sous presse, nous n’avons pas pu savoir s’il s’agissait
de morts ou de blessés. Devant l’étendue du drame, le gouvernement burkinabé a
décrété un deuil national de 72 heures en hommage aux
victimes.
L’incursion
terroriste, menée vers 19h30 par un commando constitué tout au plus de cinq
éléments et revendiquée par Al Mourabitoune du sinistre Mokhtar Belmokhtar, a
visé l’hôtel Splendide et un café-restaurant, Le Cappuccino. Se faisant
pratiquement face, les deux établissements sont situés sur la très fréquentée
avenue Nkrumah. Ils accueillent souvent une clientèle étrangère et
aisée.
Les
assaillants, selon des témoignages de confrères burkinabés qui se trouvaient sur
place au moment de l’attaque, ont ouvert le feu sans discernement sur la façade
vitrée du Cappuccino et mis le feu à des véhicules avant de se retrancher dans
l’hôtel Splendide qui affiche généralement plein en cette saison. Il aura fallu
toute la nuit aux éléments des forces d’intervention burkinabés, appuyés par des
militaires français, pour neutraliser le commando terroriste et libérer les
otages.
Ce
n’est qu’hier vers 10h que l’armée burkinabé a annoncé la fin de
l’assaut.
4
terroristes, dont deux femmes, ont été abattus au cours de
l’opération.
L’avenue Nkrumah, habituellement grouillante de monde, offrait
hier matin un spectacle de désolation. Des carcasses de voitures auxquelles les
terroristes avaient mis le feu lors de leur attaque sanglante continuaient à se
consumer et les façades de plusieurs magasins portaient de nombreux impacts de
balles. Peu habitués à vivre de telles scènes de terreur et de guerre, les
Ouagalais étaient groggys et traumatisés. Il y a de quoi.
Le raid
des éléments du groupe de Mokhtar Belmokhtar s’est produit quelques heures
seulement après une attaque dans le nord du pays, près de la frontière malienne,
au cours de laquelle un gendarme et un civil ont été tués. Presque en même temps
a eu lieu aussi l’enlèvement de deux ressortissants australiens à Baraboulé,
dans le nord du Burkina Faso. Aucune information n’a filtrée sur un possible
lien avec l’attentat terroriste perpétré vendredi soir à
Ouagadougou.
Il faut
dire que la région a connu plusieurs attaques de ce type ces derniers
mois.
En avril dernier, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse
de Tambao, dans le nord du pays, avait été enlevé par des assaillants. Le rapt
avait été revendiqué aussi par Al Mourabitoune.
La
décision d’Al Qaîda en Afrique de l’Ouest (c’est l’appellation que s’est donné
en août dernier le groupe terroriste dirigé par Mokhtar Belmokhtar) de frapper
au cœur de Ouagadougou peut être interprétée d’abord comme un défi lancé au
gouvernement français, dont l’armée dispose d’une base de troupes spéciales dans
la banlieue même de la capitale Burkinabé et est, par ailleurs, engagée depuis
janvier 2013 dans la lutte contre le terrorisme au Sahel avec d’importants
moyens humains et matériels.
Dans le
pays, les Etats-Unis ont également sous la main un petit contingent de
militaires. L’attaque terroriste est aussi une sorte de pied de nez à tous les
pays de la région impliqués dans la traque des éléments d’AQMI et de Boko
Haram.
Pourquoi
maintenant et pourquoi spécialement Ouagadougou ? Il faudrait peut-être lier
l’attaque de vendredi soir au départ de Blaise Compaoré qui, selon certains
spécialistes du terrorisme au Sahel, entretenait des rapports «ambigus» avec la
nébuleuse terroriste de la région. L’un de ses anciens protégés, Mustapha
Chaffi, avait d’ailleurs participé à la libération de plusieurs otages
occidentaux.
C’est
probablement ce rôle de «médiateur» qui a permis à l’ancien chef de l’Etat
burkinabé de faire en sorte que le Burkina ne soit pas dans le viseur d’AQMI ou
du Mujao durant toutes ces années. Le général Diendéré, qui est actuellement en
prison, connaît assurément très bien le dossier. Maintenant que le président
Blaise n’est plus là, les règles du jeu ont forcément
changé..
L’Algérie
condamne avec «la plus grande vigueur»
L’Algérie
condamne avec la «plus grande vigueur» les attaques terroristes perpétrées
vendredi et hier dans la capitale burkinabé, Ouagadougou, a indiqué hier le
ministère des Affaires étrangères dans un
communiqué.
«L’Algérie
condamne avec la plus grande vigueur les attaques terroristes qui ont ciblé
vendredi et hier certains lieux dans la capitale burkinabé, Ouagadougou, et
exprime sa solidarité avec les familles des victimes, le gouvernement et le
peuple burkinabés», a précisé la même source.
L’Algérie
réitère «sa conviction que le terrorisme représente une menace globale et réelle
pour la paix et la sécurité internationales et que seules une mobilisation
collective de la communauté internationale et une fédération de l’ensemble de
ses efforts sont à même de lui faire face», a ajouté le
communiqué.
elwatan.com - le 17.01.16 | 10h00