Le
pape dénonce les inégalités et la radicalisation au Kenya
Reuters – ici.radio-canada.ca - vendredi 27 novembre 2015
De
passage au Kenya, le pape François met en garde la jeunesse contre la
radicalisation.
Photo:Stringer/Reuters
Le
pape François, au troisième jour de sa visite en Afrique, a dénoncé vendredi les
« blessures » de la pauvreté et mis en garde la jeunesse kényane
contre les idéologies « fanatiques ».
Arrivé
mercredi au Kenya, première étape d'un voyage de cinq jours en Afrique qui le
conduira également en Ouganda puis en Centrafrique, le chef de l'Église
catholique est allé au contact de la jeunesse au stade Kasarani de Nairobi,
la capitale.
S'écartant
comme à l'accoutumée du texte écrit de son discours, il a plaidé pour le
dialogue entre les religions et souligné que nul ne pouvait invoquer le nom de
Dieu pour justifier la violence.
Le
Kenya, dont l'armée est engagée en Somalie contre les islamistes d'Al Chabaab, a
été le théâtre d'attaques et d'attentats, comme la tuerie sur le campus de
Garissa, en avril, où 148 personnes, des chrétiens pour la plupart, ont été
assassinées par un commando des miliciens islamistes somaliens.
« L'esprit
du mal nous entraîne vers une absence d'unité, vers le tribalisme, la corruption
et les drogues. Il nous entraîne vers la destruction
par fanatisme. » — Le
pape François
« Dieu
est bien plus fort que toutes les campagnes de recrutement », a-t-il
poursuivi, appelant son auditoire à veiller à ceux que le « danger
social » pousse vers la radicalité et à ne pas les laisser seuls, mais au
contraire à les intégrer dans des groupes et, pourquoi pas, les inviter à
« venir au stade et regarder du football ».
« Ne
les laissez pas livrés à eux-mêmes », les a-t-il exhortés.
Les
« blessures » de l'exclusion urbaine
François
s'était auparavant rendu à Kangemi, un bidonville de Nairobi aux ruelles
défoncées, aux égouts à ciel ouvert et aux cabanes de tôle, situées à quelques
centaines de mètres à peine d'élégants complexes résidentiels. Kangemi et les
zones de ce type, a-t-il dit, sont des « blessures infligées » à la
population « par des minorités qui concentrent le pouvoir et
la richesse ».
S'adressant
aux habitants et à des employés d'associations caritatives dans l'église
Saint-Joseph-le-Travailleur, le pape a dénoncé « l'épouvantable injustice
de l'exclusion urbaine ».
« Ce
sont des blessures provoquées par des minorités qui concentrent le pouvoir et la
richesse, qui gaspillent égoïstement pendant qu'une majorité croissante est
obligée de fuir vers les périphéries abandonnées, sales et délabrées »,
a-t-il ajouté.
Le
souverain pontife, qui fait de la lutte contre la pauvreté et les inégalités
sociales un des axes majeurs de son pontificat, a encore critiqué « les
promoteurs privés anonymes qui accaparent des terrains et cherchent même à
s'approprier les cours de récréation de vos écoles ».
Il
a estimé que le manque de ressources de base était un défi essentiel pour
l'humanité. « Notre monde a une grande dette sociale envers les pauvres qui
n'ont pas accès l'eau potable », a-t-il déclaré. « Aucun prétexte
bureaucratique » ne peut justifier de priver une famille d'eau potable
selon lui.
Le
pape a ajouté que l'Afrique n'était pas seule à devoir affronter un
« nouveau colonialisme », un thème qu'il a déjà développé à l'occasion
de précédents voyages à l'étranger en dénonçant notamment les tenants des
programmes d'austérité qui frappent prioritairement les
populations modestes.
Le
chef de l'Église catholique, qui effectue son premier voyage en Afrique depuis
son élection en mars 2013, a ensuite quitté le Kenya pour l'Ouganda, où il a
lancé un appel en faveur des réfugiés.
La
crise migratoire, a-t-il déclaré en présence du président Yoweri Museveni,
« sera un révélateur de notre humanité, de notre respect de la dignité
humaine et, surtout, de notre solidarité à l'égard de nos frères et de nos
soeurs dans le besoin ».
Il
sera dimanche en Centrafrique, dernière étape de cette tournée.