AFRIQUE : Le coût humain du
changement climatique
JOHANNESBOURG, 13 juin 2007 (IRIN) -
Si l'on calcule le « coût humain » du réchauffement climatique, les pays se
verront contraints d'écouter et de prendre note, selon un ancien haut
responsable des Nations Unies.
« La plupart des gens ne se sentent
pas concernés par les projections de hausse de températures ou par l'impact des
changements climatiques sur l'économie ; mais si l'on établit un lien entre les
prévisions de réchauffement climatique et des décès potentiels, alors les pays
seront contraints d'envisager des plans de prévention », a observé Yvette
Stevens, ancienne coordinatrice adjointe des secours d'urgence des Nations
Unies.
« Nous avons besoin d'un "rapport
Stern" sur le coût humain ; les gens ne sont pas motivés par l'impact du
réchauffement climatique sur le Produit intérieur brut (PIB) des pays », a
ajouté Mme Stevens, qui a quitté l'ONU récemment pour prendre sa retraite.
Selon le « Rapport Stern sur
l'économie du changement climatique », rédigé en 2006 par l'économiste Nicholas
Stern pour le compte du gouvernement britannique, si les pays ne maîtrisent pas
leurs émissions à effet de serre, le coût global des changements climatiques
équivaudrait à une perte d'au moins cinq pour cent de leur PIB global chaque
année. En
revanche, toujours d'après le
rapport, le coût d'une réduction des émissions en vue d'éviter les effets les
plus graves du réchauffement climatique s'élèverait à un pour cent du PIB global
chaque année.
Jusqu'à présent, les projections et
autres prévisions de réchauffement climatique n'ont pas réussi à inciter une
majorité de pays à élaborer des plans d'action nationaux.
Molly Hellmuth, une scientifique de
l'Institut international de recherche pour le climat et la société, sis aux
Etats-Unis, a observé que seuls 49 des pays les moins avancés (PMA) avaient
élaboré des Programmes d'action en faveur d'une adaptation climatique nationale,
comme requis par
« La plupart des pays les moins
avancés n'ont pas la capacité d'élaborer de tels plans, ils ont d'autres
priorités en matière de développement », a-t-elle noté.
Les pays en voie de développement
ont besoin de fonds pour renforcer leurs capacités. Si l'on calculait les coûts
humains, cela permettrait de récolter ces fonds, selon Mme Stevens, comme ce fut
le cas à la suite du tsunami de 2004, survenu dans l'océan Indien. Plus de 220
000 personnes avaient été emportées par ces vagues colossales, et la somme sans
précédent de 1 000 dollars d'aide par personne sinistrée avait été collectée.
« Les décès incitent les populations
à faire pression sur leurs gouvernements pour les forcer à agir, à organiser ou
à financer des plans d'action », a dit Mme Stevens.
« En nous basant sur de nouvelles
méthodes de calcul des coûts, nous estimons que le coût [du changement
climatique] s'élèvera au moins à 50 milliards de dollars par an, et beaucoup
plus encore si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites
rapidement », peut-on lire dans « L'adaptation au changement climatique : Ce
dont les pays pauvres ont besoin et qui devrait payer », un document
d'information récemment publié par l'agence de développement britannique Oxfam.
Cette somme est bien supérieure aux prévisions de
Malgré tout, peu d'argent a été
versé dans les caisses des pays pauvres, qui ressentent déjà l'impact du
réchauffement climatique. Au Malawi, des pluies erratiques ont forcé les paysans
à vendre leur bétail pour planter des cultures à croissance rapide. Les
villageois du Bangladesh ont créé des potagers flottants afin de préserver leurs
moyens de subsistance ; et les communautés du Vietnam ont planté des mangroves
touffues le long de la côte pour faire barrage aux vagues provoquées par les
tempêtes tropicales, selon Oxfam.
Ne financer que les priorités
d'adaptation les plus urgentes et les plus immédiates des pays les moins
développés pourrait bien coûter entre un et deux milliards de dollars, selon le
document d'Oxfam. « Les donateurs ne semblent pas conscients de l'urgence :
jusqu'à présent, ils n'ont donné que 48 millions de dollars au fonds
international destiné aux pays les moins développés, soit moins de 5 pour cent
des besoins - un montant tout juste suffisant pour couvrir les besoins de Haïti,
Samoa et Kiribati ».
L'agence de développement a appelé à
une initiative équivalente au rapport Stern, mais axée sur l'examen du lien
entre le développement et l'adaptation climatique, et qui recenserait plusieurs
exemples de meilleures pratiques en termes de conception et de financement de
projets, et fournirait des estimations plus précises des coûts et des bénéfices
de l'adaptation climatique.
« Cette approche fournirait aux pays
en développement un fondement plus solide pour intégrer l'adaptation climatique
dans leurs programmes et leurs budgets de développement. Elle fournirait, par
ailleurs, aux pays à revenu élevé et à forte émission de CO2 une estimation plus
précise du financement dont ils sont capables et responsables », a estimé
l'agence.
Santé et
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