MSF a mis en place des cliniques mobiles dans le nord-ouest
centrafricain pour aller à la rencontre des populations déplacées. (Photo : Carine Frenk) |
Elsa Serfass avait 27 ans. Sa voiture a été prise pour cible dans les environs de Paoua, dans le nord-ouest du pays, à 500 kilomètres de Bangui. MSF s'est déclaré très choqué et a exprimé son «immense tristesse». Le président français, Nicolas Sarkozy, a fait part de sa profonde émotion et il a demandé aux autorités centrafricaines de faire toute la lumière sur les circonstances du drame. Les Nations unies ont décidé de suspendre leurs opérations humanitaires dans cette zone de la République centrafricaine (RCA) |
C'était la première fois qu'Elsa Serfass, ingénieur de formation, s'engageait avec Médecins sans frontières. Spécialiste des questions logistiques, la jeune femme était basée dans la ville de Paoua, dans le Nord-ouest centrafricain, en proie au conflit entre des groupes rebelles et les forces armées centrafricaines. Les actes de banditisme y sont également nombreux.
Le communiqué des MSF rappelle qu’Elsa participait à leur projet d’assistance à une population «victime des violences récurrentes dans cette région du pays. Le nord-ouest de la République centrafricaine est en proie à un conflit entre des groupes rebelles et les forces armées gouvernementales. Les actes de banditisme sont également fréquents, des ‘coupeurs de route’ profitant de l’instabilité». L’organisation humanitaire souligne, également, que «les habitants sont la cible de violences systématiques. De nombreux villages le long des axes routiers ont été attaqués, pillés ou brûlés, forçant leurs habitants à fuir. Ils vivent en brousse dans des conditions extrêmement précaires. Dans cette zone où le système de santé est effondré, l’insécurité accentue encore les difficultés d’accès aux soins de la population».
Pour le moment, les circonstances du drame restent floues. Dans son communiqué, l'organisation humanitaire explique que «suite à l'attaque par la rébellion de la ville de Ngaoundaye et aux représailles très violentes des forces gouvernementales, Médecins sans frontières avait été alerté sur la situation sanitaire catastrophique dans cette zone et avait décidé d'y mener une mission exploratoire».
Opération anti-paludisme organisée par MSF. (Photo : Carine Frenk) |
C'est au cours de cette mission que la voiture aux couleurs de MSF a été
prise pour cible et qu’une balle a atteint mortellement la jeune femme. Médecins
sans frontières affirme que «sa disparition tragique est un grand choc et
nous plonge dans une grande tristesse». Graziella Godain, directrice des
opérations de l’organisation humanitaire va se rendre en RCA pour en savoir plus
sur les circonstances de la mort d’Elsa Serfass et organiser le rapatriement du
corps. La section française de MSF dispose en RCA d'une équipe de dix
volontaires expatriés et d'une cinquantaine d'employés locaux.
À Paris, le président français Nicolas Sarkozy a exprimé lundi sa «profonde émotion» et a demandé aux autorités de Centrafrique «de faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame et de tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ce crime lâche et odieux ne restent pas impunis». Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui est un des fondateurs des Médecins sans frontières en 1971, s’est déclare «particulièrement sensible à cet événement tragique». Les Nations unies ont annoncé mardi la suspension de leurs opérations humanitaires dans le nord-ouest de la RCA, au lendemain de la mort de la jeune logisticienne de MSF. |
Toby Lanzer (Coordonateur humanitaire des Nations unies en République centrafricaine):
«Nous sommes très émus mais en même temps nous sommes motivés pour faire notre travail.»
Avec Carine Frenk
RFI Actualités -[http://www.rfi.fr/actufr/articles/090/article_52719.asp ]