Le Nigeria réclame 7 milliards de
dommages et intérêts à Pfizer pour avoir utilisés des enfants malades. Les parents de "victimes" réclament
justice
A Kano, au Nigeria, les
parents de "victimes" de Pfizer réclament justice
Kano (AFP) - "Je suis vraiment très
heureux que finalement le gouvernement attaque ces +vampires+ de Pfizer qui ont
bousillé nos enfants", affirme Mohammed Mustapha, un habitant de Kano, dans le
grand nord nigérian.
Comme ce quadragénaire, plusieurs
parents de "victimes" d'un médicament de Pfizer, testé sur des enfants lors
d'une grande épidémie de méningite en 1996, ne cachaient pas leur satisfaction
mardi après la décision du gouvernement fédéral nigérian d'attaquer en justice
le géant pharmaceutique américain.
Le gouvernement nigérian, qui affirme
que 11 des 200 enfants qui ont pris la trovafloxacine sont morts et que de
nombreux autres souffrent de diverses affections (surdité, paralysie, troubles
de la parole, lésions cérébrales) réclame 7 milliards de dollars à Pfizer.
La société américaine dément de son côté toute manipulation ou
manquement à l'éthique. Les premières audiences ont été fixées au 26 juin.
Procès ou pas procès, Mohammed, 45 ans, a déjà rendu son verdict: le
coupable des troubles nerveux de son fils Anas, aujourd'hui âgé de 14 ans, a un
nom: Pfizer.
Assis devant sa maison de boue séchée dans le quartier
Bachirawa de Kano, l'homme montre à un journaliste de l'AFP une carte
d'admission de l'hôpital jaunie portant l'inscription "Etude Pfizer sur la
méningite 154-159" et un badge d'identification en plastique blanc pour son
fils.
Le 3 avril 1996, Anas, alors âgé de 3 ans, est admis à l'hôpital
des maladies infectieuses (IDH) de la ville. On diagnostique une méningite.
"Pendant trois jours, les médecins ont prescrit des médicaments qu'on a
achetés à la pharmacie, et les choses ont commencé à s'améliorer", se souvient
Mohammed.
"Le quatrième jour, on a vu arriver une équipe de trois blancs
et un noir qui ont commencé à faire des piqûres à notre enfant. Ils ne disaient
rien et on n'a rien demandé, persuadés qu'ils venaient sauver notre gosse".
De toute façon avec un salaire mensuel de 1.500 naira (12 dollars), le
père ne pouvait pas se permettre de refuser le traitement, gratuit.
Mais
trois jours plus tard, se souvient-il, l'état du bébé a commencé à se
détériorer. "Anas a perdu l'usage de ses jambes et il n'arrivait plus à
coordonner ses gestes. On nous a dirigés vers l'hôpital général, et depuis on
n'arrête pas d'y aller", raconte Mustapha.
Anas a retrouvé l'usage de
ses jambes, selon Mustapha, mais onze ans plus tard il souffre toujours de
désordre nerveux, de fièvres, de douleurs articulaires qui le contraignent
parfois à garder le lit des jours entiers.
"Pfizer doit payer pour
toutes les souffrances qu'il nous a causées", lance Mustapha.
Umma
Hassan, une femme dont la fille de 14 ans, Hajara, est sourde "à cause du
Trovan", se dit également "ravie" de la décision du gouvernement.
Son
récit est pratiquement identique à celui de Mohammed: la fillette, alors âgée de
trois ans entre à l'IDH avant de suivre un traitement gratuit fourni par des
médecins blancs.
"Après chaque piqûre, elle s'évanouissait et avait des
convulsions", affirme cette femme voilée d'une trentaine d'années, habitant le
quartier Kurna de Kano.
"On a tout dépensé pour qu'elle puisse
remarcher, mais pour l'ouïe on a abandonné", dit-elle amèrement. Tandis qu'elle
parle, sa fille la regarde silencieusement.
"Il y a onze ans, on a été
traités comme des animaux par Pfizer, maintenant on sait que notre gouvernement
se préoccupe de nous et nous considère comme des êtres humains", lâche la jeune
femme.
Source : Atlas Vista / AFP URL de cet article:
http://www.avmaroc.com/actualite/kano-nigeria-a84909.html - Publié le:
05/06/2007 à 16:03:05 GMT
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Le Nigeria demande 7 milliards à Pfizer pour avoir
utilisé des enfants malades
7 milliards de dollars de dommages
et intérêts, c’est la somme que demande le gouvernement nigérian au groupe
pharmaceutique Pfizer, accusé d’avoir utilisé des enfants comme cobayes. Le
contentieux porte sur les conditions d’essais cliniques sur un médicament contre
la méningite, pratiqués en 1996 par le laboratoire, à la suite desquels
plusieurs enfants sont morts et d’autres sont handicapés. Une procédure est en
cours aux Etats-Unis et la plainte déposée auprès de la cour suprême du Nigeria
fait suite à celle de l’état de Kano où se sont déroulées les
expériences.
Comportement anti-éthique, comportement
délictueux, complot, dissimulation et mort de victimes innocentes » comptent
parmi les 29 chefs d’accusation retenus par la justice nigériane contre Pfizer.
L’Etat de Kano (au nord du Nigeria) a porté plainte, en mai 2007, contre le plus
grand groupe pharmaceutique du monde pour avoir, en 1996, « secrètement utilisé
des enfants comme cobayes dans les tests d’un médicament sous le prétexte de
l’aide humanitaire ». Il a réclamé 2,75 milliards de dollars d’indemnités à
l’inventeur du Viagra. Le gouvernement nigerian a pris le relai le 4 juin en
déposant plainte auprès de la cour suprême du pays. Il demande pour sa part 7
milliards de dommages et intérêts au laboratoire.
Selon l’accusation, Pfizer a
effectué, en 1996, de façon illégale l’essai clinique d’un médicament appelé
Trovan Floxacine sur 200 enfants atteints de méningite à méningocoque. 99
d’entre eux l’ont reçu pendant que 101 autres ont pris le Ceftriaxone, le
médicament standard le plus utilisé dans le traitement de la méningite. A
l’issue du processus, 11 enfants sont morts (5 ont pris le premier produit, 6 le
second) et de nombreux autres ont subi des séquelles : surdité, paralysie,
lésions cérébrales ou cécité. Pfizer était intervenue alors que le Nigeria
connaissait la plus terrible épidémie de méningite de son histoire, qui avait
fait près de 16 000 morts.
« L’exploitation de l’ignorance
»
Après que le Washington Post a révélé, fin 2000, les circonstances
troubles dans lesquelles les essais auraient été effectués, les parents des
victimes ont attaqué la firme en justice, à Kano et à New York. Ils l’accusaient
de ne pas les avoir clairement informés de la nature de l’expérimentation
démarrée avec leurs enfants et des risques qui y étaient liés, ni de leur droit
de la refuser au bénéfice d'un autre traitement déjà usité. Les procédures n’ont
jamais abouti.
L’affaire a rebondi, le 6 mai 2006, lorsque le Washington Post
a exhumé le rapport d’un comité d’experts nigérians vieux de cinq ans, jamais
rendu public et sur lequel les avocats new-yorkais n’avaient jamais pu mettre la
main. Le comité dénonçait « l’exemple clair de l’exploitation de
l’ignorance » dans cet « essai illégal d’un médicament non enregistré
» et qui n’avait jamais été testé sur des enfants atteints de méningite. Il
recommandait que Pfizer soit « sanctionné de manière appropriée », fasse
des « excuses sans réserve », paye des indemnités et que l’Etat nigérian
engage des réformes afin que de telles pratiques ne se reproduisent plus.
Le
panel de scientifiques faisait remarquer qu’il n’existait aucun document
indiquant que les parents des enfants avaient été informés de l’expérience à
laquelle leurs enfants prenaient part, pas plus qu’il n’y avait de trace
indiquant le feu vert du gouvernement pour son lancement. Selon leurs
conclusions, Pfizer a violé la loi nigériane, la déclaration internationale
d’Helsinki qui régit l’éthique des recherches médicales et la Convention des
Nations Unies sur les droits des enfants.
L’expérience « a sauvé des
vies »
En réponse, le géant pharmaceutique a publié un communiqué
dans lequel il « s’insurge contre [les] allégations récemment publiées ».
Il indique que le médicament testé en était à sa « dernière phase de
développement clinique » et qu’il « avait déjà été évalué chez 5 000
patients » - sans préciser leur âge. Il assure également que « le
protocole de recherche clinique [établi était] conforme aux standards
internationaux ainsi qu’à la réglementation nigériane ». Pfizer insiste sur
le fait que l’opération a sauvé des vies – le communiqué en anglais est intitulé
Study saved lives… - et que le rapport était favorable au nouveau produit :
94,4% des enfants qui l’ont reçu ont survécu, contre 93,8% de ceux qui ont été
traités avec le produit de référence.
L’entreprise admet par ailleurs n’avoir
communiqué les informations sur l’expérimentation qu’à l’oral, en anglais et en
haoussa, et souligne que celle-ci a été conduite par un médecin nigérian. Le
problème est que ce médecin, Abdulhamid Isa Dutse, « n’était le principal
responsable de l’étude que par le nom », selon le comité de spécialistes
nigérians. Lui-même a affirmé à ces derniers qu’il n’était pas tenu au courant
de toutes les conclusions et que des données ont été communiquées par l’équipe
de chercheurs américains qui lui étaient subordonnés sans lui avoir été
présentées. Par ailleurs, Pfizer s’est longtemps appuyé sur l’accord du comité
éthique de l’hôpital de Kano pour signifier avoir eu le feu vert des autorités.
Le groupe pharmaceutique n’a reconnu qu’en 2006 qu’il s’agissait d’un document
antidaté.
Saïd Aït-Hatrit
(Afrik.com)
Mis en ligne le : http://www.novethic.fr/
05/06/2007
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Pfizer réfute tout manquement à l'éthique au
Nigeria
PARIS (AFP), mardi 5 juin 2007 -
L'étude clinique d'un médicament Pfizer lors d'une épidémie de méningite au
Nigeria en 1996 a été "réalisée de manière éthique et responsable et a permis de
sauver des vies", indique un communiqué du groupe américain, après la plainte
déposée lundi par le gouvernement nigérian.
Ce dernier réclame sept milliards de
dollars de dommages pour des essais d'un antibiotique de Pfizer, la
trovafloxacine, lors d'une épidémie de méningite à méningocoque dans l'Etat de
Kano. Le médicament aurait entraîné diverses affections, notamment de surdité,
de paralysie, de troubles de la parole, de lésions cérébrales ou de cécité,
ainsi que le décès de onze enfants, selon la justice nigériane.
Le groupe est accusé d'avoir utilisé
ce médicament sans autorisation des autorités régulatrices du Nigeria.
"Pfizer réfute fermement toute
allégation à de quelconques manquements à l'éthique", indique le groupe, qui
réitère dans un communiqué diffusé mardi sa position déjà exprimée dans cette
affaire.
"A cette époque, la trovafloxacine
était en dernière phase de son développement clinique" et "avait été évalué chez
5.000 patients", poursuit le groupe pharmaceutique.
Pfizer affirme avoir disposé
"d'éléments scientifiques suggérant un rapport bénéfice/risque favorable dans le
traitement de la méningite à méningocoque".
Le groupe assure "avoir porté
l'étude à la connaissance des autorités sanitaires locales". Les parents des
jeunes patients avaient donné leur accord, après une information dans deux
langues (anglais et haussa), affirme le communiqué.
Les autorités de Kano ont intenté en
mai un premier procès contre Pfizer devant la Haute Cour de l'Etat, réclamant
2,75 milliards de dollars d'indemnités à la société pharmaceutique pour avoir
"secrètement utilisé des enfants comme cobayes dans les tests d'un médicament
sous le prétexte d'apporter une aide humanitaire".
Selon Pfizer, "il s'est avéré que la
trovafloxacine a permis de sauver des vies". "Sous traitement, le taux de survie
des patients a été de 94,4% alors qu'il atteignait 93,8% chez les patients ayant
reçu le traitement de référence. Les patients qui étaient traités à l'hôpital,
en dehors de l'essai clinique Pfizer, présentaient un taux de survie de 89,9%",
assure le groupe
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Le Nigeria
accuse Pfizer d’avoir utilisé des enfants malades comme cobayes
Le géant
pharmaceutique intervenait en 1996 en pleine épidémie de
méningite
L’Etat nigérian
de Kano a porté plainte la semaine dernière contre l’entreprise pharmaceutique
Pfizer pour avoir, en 1996, « secrètement utilisé des enfants comme cobayes
dans les tests d’un médicament ». Il réclame 2,75 milliards de dollars
d’indemnités à l’entreprise américaine, qui a déjà rejeté, en 2006, les
accusations dont elle était l’objet.
« Comportement anti-éthique,
comportement délictueux, complot, dissimulation et mort de victimes
innocentes » comptent parmi les 29 chefs d’accusation retenus par la
justice nigériane contre Pfizer. L’Etat de Kano (nord) a porté plainte la
semaine dernière contre le plus grand groupe pharmaceutique du monde pour avoir
en 1996 « secrètement utilisé des enfants comme cobayes dans les tests d’un
médicament sous le prétexte de l’aide humanitaire ». Il a réclamé 2,75
milliards de dollars d’indemnités à l’inventeur du Viagra. Les premières
auditions ont été fixées au 4 juin prochain.
Selon l’accusation, Pfizer a effectué en 1996 de façon illégale l’essai clinique
d’un médicament appelé Trovan Floxacine sur 200 enfants atteints de méningite à
méningocoque. 99 d’entre eux l’ont reçu pendant que 101 autres ont pris le
ceftriaxone, le médicament standard le plus utilisé dans le traitement de la
méningite. A l’issue du processus, 11 enfants sont morts (5 ont pris le premier
produit, 6 le second) et de nombreux autres ont subi des séquelles :
surdité, paralysie, lésions cérébrales ou cécité. Pfizer était intervenue alors
que le Nigeria connaissait la plus terrible épidémie de méningite de son
histoire, qui avait fait près de 16 000 morts.
« L’exploitation de
l’ignorance »
Après que le Washington Post
a révélé fin 2000 les circonstances troubles dans lesquelles les essais auraient
été effectués, les parents des victimes ont attaqué la firme en justice à Kano
et à New York. Ils l’accusaient de ne pas les avoir clairement informés de la
nature de l’expérimentation démarrée avec leurs enfants et des risques qui y
étaient liés, ni de leur droit de la refuser pour un autre traitement déjà
usité. Mais les procédures n’ont jamais abouti.
L’affaire a rebondi le 6 mai 2006
lorsque le Washington Post a exhumé le rapport d’un comité d’experts
nigérians vieux de cinq ans, jamais rendu public et sur lequel les avocats
new-yorkais n’avaient jamais pu mettre la main. Le comité dénonçait
« l’exemple clair de l’exploitation de l’ignorance » dans cet
« essai illégal d’un médicament non enregistré » et qui n’avait jamais
été testé sur des enfants atteints de méningite. Il recommandait que Pfizer soit
« sanctionné de manière appropriée », fasse des « excuses sans
réserve », paye des indemnités et que l’Etat nigérian engage des réformes
afin que de tels pratiques ne se reproduisent plus.
Le panel de scientifiques faisait
remarquer qu’il n’existait aucun document indiquant que les parents des enfants
avaient été informés de l’expérience à laquelle leurs enfants prenaient part,
pas plus qu’il n’y avait de trace indiquant le feu vert du gouvernement pour son
lancement. Selon leurs conclusions, Pfizer a violé la loi nigériane, la
déclaration internationale d’Helsinki qui régit l’éthique des recherches
médicales et la Convention des Nations Unies sur les droits des
enfants.
L’expérience « a sauvé des
vies »
En réponse, le géant pharmaceutique
a publié dans la foulée un communiqué dans lequel il « s’insurge contre
[les] allégations récemment publiées ». Il indique que le médicament testé
en était à sa « dernière phase de développement clinique » et qu’il
« avait déjà été évalué chez 5 000 patients » - sans préciser leur
âge. Il assure également que « le protocole de recherche clinique [établi
était] conforme aux standards internationaux ainsi qu’à la réglementation
nigériane ». Pfizer insiste sur le fait que l’opération a sauvé des vies –
le communiqué en anglais est intitulé Study saved lives… - et que le
rapport était favorable au nouveau produit : 94,4% des enfants qui l’ont
reçu ont survécu, contre 93,8% de ceux qui ont été traités avec le produit de
référence.
L’entreprise admet par ailleurs
n’avoir communiqué les informations sur l’expérimentation qu’à l’oral, en
anglais et en haoussa, et souligne que celle-ci a été conduite par un médecin
nigérian. Le problème est que ce médecin, Abdulhamid Isa Dutse, « n’était
le principal responsable de l’étude que par le nom », selon le comité de
spécialistes nigérians. Lui-même a affirmé à ces derniers qu’il n’était pas tenu
au courant de toutes les conclusions et que des données ont été communiquées par
l’équipe de chercheurs américains qui lui étaient subordonnés sans lui avoir été
présentées. Par ailleurs, Pfizer s’est longtemps appuyé sur l’accord du comité
éthique de l’hopital de Kano pour signifier avoir eu le feu vert des autorités.
Le groupe pharmaceutique n’a reconnu qu’en 2006 qu’il s’agissait d’un document
antidaté.
Source :
http://www.afrik.com/article11776.html [lundi 21 mai 2007, par Saïd
Aït-Hatrit]