Communiqué de Presse

Le 18 septembre 2007

 

Le CRAN exige la mise en place de mesures sanitaires d'urgence dans les DOM-TOM : cancer de la prostate, pesticides « paraquat », « chloredécone »

 

               Les Antilles françaises sont aujourd'hui la deuxième région du monde la plus touchée par le cancer de la prostate. Voilà l'une des conclusions du rapport publié aujourd'hui par le professeur Belpomme. Qu'est-ce qui explique cette prévalence de la maladie ?

 

               C'est apparemment l'utilisation de pesticides comme le paraquat, ou le chloredécone, interdit aux Etats-Unis depuis 1976, interdit en France depuis 1990, mais qui ne le fut aux Antilles que bien plus tard. Or ces produits toxiques qui ont été utilisés en grande quantité dans la culture bananière s'accumulent dans la chaîne alimentaire, restent présents dans les sols pendant des siècles, produisent des malformations congénitales, des cancers et toutes sortes de problèmes sanitaires extrêmement graves.

Aujourd'hui, les sols sont contaminés ; les habitants aussi. Cette situation très grave nécessite des mesures de grande ampleur. Le CRAN demande de toute urgence :

 

                1/ la mise en place d'une commission d'enquête indépendante à caractère scientifique afin de vérifier les travaux du professeur Belpomme ; afin de vérifier qu'il n'y a plus de produits interdits en usage dans les plantations ; afin d'évaluer l'ampleur des dégâts tant sur les habitants que sur les sols et les rivières.

 

               2/ la mise en place d'un plan de dépistage général des pathologies susceptibles d'être causées par ces produits toxiques, afin qu'elles puissent être identifiées et traitées le plus rapidement possible dans les structures adéquates.

 

               3/ la mise en place d'une campagne de sensibilisation à grande échelle afin d'informer les populations concernées sur les aliments contaminés, les pratiques à risques et les consignes de sécurité  pour éviter les effets de la surcontamination.

 

               3/ la mise en place d'une seconde commission d'enquête indépendante, à caractère judiciaire cette fois, afin d'établir la chaîne des responsabilités en la matière ; cette commission devrait rassembler des professionnels de la justice, mais aussi des responsables de tous horizons, y compris dans le domaine associatif, le CRAN étant disposé à contribuer à cet effort ; enfin, elle devrait favoriser, s'il y a lieu, la condamnation des responsables et l'indemnisation des victimes.

 

               En l'occurrence, le premier objectif doit concerner le souci des personnes et la santé publique. Le CRAN demande à l'Etat de prendre toutes les mesures nécessaires, et de le faire en toute transparence, afin que le public puisse être informé de toutes les avancées.

 

               Mais le rapport Belpomme qui intervient quelques mois à peine après l'épidémie de chikungunya révèle une fois de plus les incuries de la gestion sanitaire et sociale dans les DOM-TOM. Ainsi, comment expliquer qu'un produit toxique interdit en métropole soit autorisé dans les Antilles, malgré les risques encourus ? Qui sont les personnes responsables de cette désinvolture criminelle ? Comment éviter à l'avenir des catastrophes de ce genre ?

Louis-Georges Tin

Porte-parole du CRAN

Contact : 06 19 45 45 52

         contact@lecran.org

 


 

Autres articles :

1. Antilles: aucune preuve d'un lien entre l'exposition aux pesticides et les observations sanitaires, selon l'InVS

PARIS, AP, 18 septembre 2007 - L'Institut de veille sanitaire a nuancé mardi les mises en garde alarmistes d'un cancérologue selon qui l'utilisation massive des pesticides dans les bananeraies aux Antilles est à la base d'une "crise sanitaire majeure" en Martinique et en Guadeloupe. "A ce jour, aucun lien n'a été démontré entre l'exposition aux pesticides aux Antilles et les observations sanitaires qui y ont été effectuées", assure l'InVS dans un communiqué.

Auteur d'un rapport présenté ce mardi à l'Assemblée nationale, le Pr Dominique Belpomme avait évoqué lundi un "désastre sanitaire aux Antilles" et parlé d'"un véritable empoisonnement" des deux îles, conduisant les ministres Michel Barnier (Agriculture) et Roselyne Bachelot (Santé) à se faire l'écho de ses inquiétudes.

"La plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l'origine ethnique de la population", explique l'Institut de veille sanitaire. De même, "la diminution du nombre d'enfants par femme est également non spécifique et relève de bien d'autres causes que d'un impact sanitaire sur la biologie de la reproduction", observe-t-il.

Loin de nier "les risques potentiels pour la santé" à long terme des "pesticides de la famille des organochlorés, dont le chlordécone", utilisés jusqu'en 1993 dans la culture de la banane aux Antilles, l'InVS rappelle avoir publié plusieurs études sur le sujet depuis 2004. Par ailleurs, l'Inserm mène actuellement de nouvelles recherches "pour améliorer les connaissances et, le cas échéant, orienter les mesures préventives", précise l'InVS.

De son côté, l'Agence française de sécurité sanitaire et des aliments (AFSSA) délivre une série de recommandations aux Antillais, sur la foi des résultats des travaux effectués par ses scientifiques depuis 2002.

Dans la mesure où, selon l'AFSSA, "le respect d'un seuil maximal de contamination de 50 microgrammes par kilo réduit suffisamment l'exposition chronique au chlordécone pour protéger le consommateur" en ce qui concerne les produits commercialisés, les conseils s'appliquent surtout aux produits de la pêche et légumes racines non commercialisés, issus des jardins familiaux et de la pêche de loisir.

Les aliments incriminés dans ce cadre sont: le dachine (ou madère), la patate douce, l'igname, la carotte, le chou caraïbe (malanga), les produits de la mer, la banane tinain et fruit, les fruits de type corossol et le concombre, précise mardi l'AFSSA dans un communiqué.

En conséquence, l'agence de sécurité sanitaire recommande de "respecter les arrêtés d'interdiction de la pêche actuellement en vigueur" aux Antilles et de "limiter à deux fois par semaine la consommation de légumes racines provenant des jardins en zone contaminée". AP

Sur le Net:

Institut de veille sanitaire: http://www.invs.sante.fr

Agence française de sécurité sanitaire et des aliments: http://www.afssa.fr

 

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2. Pesticides: Roselyne Bachelot, inquiète, invite lesAntillais à la prudence

PARIS, AP, 17 septembre 2007 - Roselyne Bachelot "partage les inquiétudes" du Pr Dominique Belpomme et invite les habitants des Antilles françaises à la prudence après qu'un cancérologue français a mis en lumière les conséquences sanitaires graves de l'utilisation massive de pesticides en Guadeloupe et Martinique.

"Le Pr Belpomme se fait l'écho d'inquiétudes sanitaires que nous avons également", a déclaré la ministre de la Santé sur France-2. Plus tard sur Europe-1, elle annoncé qu'elle se rendrait en visite dans les Antilles, sans préciser la date de sa venue, et qu'elle mettrait en place "un comité d'experts scientifiques". "Bien entendu, en tant que ministre en charge de la Santé, je me rendrai sur place", a-t-elle déclaré.

Dans un rapport présenté à l'Assemblée nationale mardi, le cancérologue établit un lien entre les pesticides employés dans les bananeraies des Antilles françaises et le fort taux de cancers de la prostate, de malformations congénitales et de cas de stérilité.

Roselyne Bachelot a ajouté que la France allait proposer à l'Union européenne d'abaisser les taux maximum de pesticides autorisés dans les aliments et les eaux de consommation.

"C'est au niveau du principe de précaution que la France propose que le règlement européen, qui sera édité sur l'ensemble de l'Union européenne, soit encore plus sévère", a déclaré la ministre de la Santé. Le taux actuel, "qui protège les populations", serait ainsi abaissé de 50 microgrammes de résidus autorisés par kilo d'aliment à 20 microgrammes, a-t-elle précisé.

La ministre a appelé les populations à la prudence en limitant la consommation de produits issus de jardins familiaux et d'eaux de source non-embouteillées à "deux fois par semaine".

Son homologue Michel Barnier a de son côté qualifié la situation de "très grave" lundi sur Europe-1 et annoncé que "la question du chlordécone" serait traitée par le gouvernement "avec la plus grande transparence" et selon "le principe de précaution". Il a souhaité "aller vers la banane pesticides zéro" lors de la reconstruction des bananeraies détruites par le cyclone Dean.

Le Pr Belpomme, cancérologue à l'hôpital Georges-Pompidou, n'hésite pas à parler d'empoisonnement des populations et des terres antillaises dans une interview au "Parisien/Aujourd'hui en France" lundi.

"Je pense que cette affaire (est) beaucoup plus grave que celle du sang contaminé", dénonce le scientifique, constatant que les Antilles se placent "au deuxième rang mondial" en matière de cancer de la prostate et que "le taux de malformations congénitales augmente dans les îles". Le Pr Belpomme y voit l'effet de l'usage de pesticides comme "le chlordécone, le paraquat (interdit très récemment) et plusieurs dizaines d'autres pesticides".

Outre "l'empoisonnement" du sol et de l'eau en Guadeloupe et Martinique, l'expert souligne que "les fruits et les légumes-racines sont contaminés" de même que "certaines viandes". Il précise toutefois que les bananes cultivées sur ces îles ne sont pas toxiques, "la contamination s'arrêt(ant) au niveau de la peau".

Mme Bachelot a rappelé que les "questions" posées dans le rapport de l'expert français devaient encore être "confirmées par des études scientifiques de haute qualité" menées par le ministère de la Santé et attendues d'ici quelques mois. AP

 

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3. Institut de veille anitaire (InVS)

Communiqué de presse

Pesticides organochlorés et santé publique aux Antilles françaises

 

18 septembre 2007

L’utilisation des pesticides de la famille des organochlorés (dont le chlordécone) a été intense aux Antilles françaises, en lien avec la culture de la banane. Les risques potentiels pour la santé de ces produits, ainsi que leur grande rémanence dans l’environnement ont entrainé des restrictions d’emploi à partir de 1969, puis leur retrait définitif. Le chlordécone a été définitivement interdit aux Antilles en septembre 1993 (avec un délai dérogatoire de trois ans après l’interdiction en métropole, suite aux dommages entrainés dans les bananeraies par deux cyclones).

Du fait de leur rémanence, ces produits sont toujours présents dans les sols et les habitants des Antilles peuvent être exposés par voie alimentaire principalement. Ceci a conduit l’Institut de veille sanitaire à s’intéresser à ce problème depuis plusieurs années. Ainsi, un rapport faisant le point des connaissances sur les dangers et les valeurs toxicologiques de référence des insecticides organochlorés utilisés aux Antilles a été publié en 2004. Deux numéros du bulletin d’Alertes et de Surveillance Antilles Guyane (BASAG) ont également été consacrés à cette question en juin 2005 et juillet 2006. Ces documents sont publics et disponibles sur les sites internet de l’InVS www.invs.sante.fr et de la Cire Antilles-Guyane http://www.martinique.sante.gouv.fr/accueil/cire/basag.htm.

Les résultats des recherches effectuées chez l’animal, mais aussi, dans le cas du chlordécone, chez l’homme dans une cohorte de personnes exposées massivement à la suite d’un accident industriel survenu aux Etats-Unis, ont révélé une toxicité principalement hépatique, neurologique et sur la reproduction. Ces effets ont été observés pour des expositions beaucoup plus importantes que celles enregistrées aux Antilles. A ce jour, aucun lien n’a été démontré entre l’exposition aux pesticides aux Antilles et les observations sanitaires qui y ont été effectuées : la plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l’origine ethnique de la population (facteur de risque bien documenté aux Etats-Unis). La diminution du nombre d’enfants par femme est également non spécifique et relève de bien d’autres causes que d’un impact sanitaire sur la biologie de la reproduction.

Toutefois, plusieurs études sont actuellement en cours pour améliorer les connaissances, et, le cas échéant, orienter les mesures préventives. Il s’agit notamment des études Ti Moun et Karuprostate conduites par l’unité 625 de l’Inserm, s’intéressant pour la première aux pathologies de la grossesse, à la croissance intra-utérine, à la fonction thyroïdienne et au développement neurologique, pour la seconde aux facteurs de risque du cancer de la prostate, ainsi qu’une étude de la répartition spatio-temporelle des cancers en Martinique conduite par la Cire Antilles-Guyane et l’association martiniquaise pour la recherche épidémiologique sur le cancer. L’institut de veille sanitaire maintient et renforce la surveillance aux Antilles pour détecter toute conséquence sanitaire potentiellement liée à la présence des pesticides organochlorés.

Contacts presse : Laetitia Gouffé-Benadiba (InVS)
01 41 79 67 08 (l.benadiba@invs.sante.fr)

 

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4. Chlordécone en Guadeloupe

 

A qui profite le crime ?

L'actualité des pesticides aux Antilles explose de titres démonstratifs à vengeurs, de Chronique d'un empoisonnement annoncé à Les agissements criminels de l'Etat français et des béké mis à nu !

Si les faits avaient été simples on n'oserait pas nous divulguer des explications simplistes

Au moment où le tourisme aux Antilles doit redécoller (c'était bien parti avant DEAN...) à cause des ennuis de nos amis Domiens (Chikungunya,  Gamède,...) et grâce à l'investissement de la région Guadeloupe dans une campagne de communication à l'étranger, la presse se déchaine !

Nos ressources agricoles, nos meilleurs produits à l'exportation sont à plats, conséquence des effets du cyclone DEAN, les médias ont décidés que c'était le bon moment pour parler d'un problème de 20 ans, le bon moment pour mettre de l'huile sur le feu !

"...Puisque les cultures sont à plats, les Guadeloupéens devraient ne pas replanter... et diversifier et en profiter pour diversifier...."

Source : http://atout-guadeloupe.com/Chlordecone-en-Guadeloupe_a1097.html

 

Actions humanitaires, santé