Le financement de l’action humanitaire et du développement en Afrique : les organisations internationales en jeu. Le cas de la  "crise oubliée" de la République Centrafricaine (résumé)

par le Dr Thierry BANGUI*

 

(Thème abordé le 12 novembre 2008 dans le cadre du Colloque international : « Les principes de l’action humanitaire international »)

 


 

COLLOQUE INTERNATIONAL

Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (UE), un colloque international est organisé les 12, 13 et 14 novembre 2008 à la Faculté de Droit et de Science Politique de l’Université d’Aix-Marseille III à Aix-en-Provence en France, sur le thème « Les principes de l’action humanitaire international » (sujet brûlant, suite à l’affaire « Arche de Zoé » d’octobre 2007 au Tchad !!).

Présidé par l’Ambassadeur français Jean-Pierre CABOUAT (le modérateur des débats), le colloque a réuni :

- des universitaires venus de plusieurs pays de l’UE (France, Belgique, Pologne, Espagne, Pays Bas,…) ;

- des experts des institutions internationales (Banque mondiale, UE,  Unicef, HCR,…) ;

- des hauts fonctionnaires des Ministères français de l’Intérieur et des Affaires étrangères ;

- des élus : notamment de la Région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)

- etc.

Le Dr Thierry BANGUI*  a fait une communication le 12 novembre 2008 sur le thème : « Le financement de l’action humanitaire et du développement en Afrique : les organisations internationales en jeu. Le cas de la  "crise oubliée" de la République Centrafricaine ».

Pour plus de détails sur les sujets traités et profils des intervenants, consultez le lien suivant : www.europarl.europa.eu/marseille/4/uploads/seminaire_noha_fac_aix_novembre2008.doc; et ci-dessous, le résumé de la communication.

 

RESUME

L’Afrique et l’action humanitaire - L’Afrique est le champ d’application par excellence de l’action humanitaire, et cela pour plusieurs raisons :

-         le continent est le théâtre de conflits armés qui entraînent des déplacements de populations. Les exemples de la Somalie, du Darfour au Soudan, de la R.D.Congo, etc. qui font la Une des médias ces temps-ci en témoignent ;

-         des épidémies (le Sida, le paludisme, la tuberculose,…) causent beaucoup de malheurs ;

-         la famine, la malnutrition,… frappent des dizaines de millions de populations et notamment des enfants dans certaines régions du continent (corne de l’Afrique, le Sahel,…) ;

-         la pauvreté de manière générale frappe la majeure partie de populations.

Pour sauver des vies, atténuer les souffrances et préserver la dignité humaine pendant et après ces crises qui sont soit provoquées par l’homme ou des catastrophes naturelles, la solidarité internationale s’avère indispensable. D’où la justification de l’action humanitaire.

La photographie des crises sur le continent noir, ci-dessus faite, ne laisse pas la communauté internationale indifférent. On assiste régulièrement à la mobilisation de la dite communauté – gouvernements et organisations – qui intervient sous forme d’aides urgences d’une part et pour développement durable d’autre part.

Les organisations internationales actives dans le financement de l’action humanitaire et du développement sur le continent - L’action humanitaire en Afrique, comme ailleurs, bénéficie de deux types traditionnels de financement : les financements publics et les dons privés, provenant globalement de 4 sources :

i)                    les agences gouvernementales : AFD, GTZ, DANIDA,… ;

ii)                   les institutions internationales : HCR, Unicef, PNUD, Union européenne... ;

iii)                 les ONGs internationales : CICR, MSF,… ;

iv)                 les Mécènes et des personnalités : les fondations Bill et Melinda Gates, Clinton ; Unitaid ou « taxe Chirac » (taxe de solidarité internationale sur les billets d’avion),…

Le cas de la République centrafricaine (RCA) : le financement d’une « crise oubliée » - La RCA – pays enclavé, plus vaste que la France (623.000 km2) et peuplé d’environ 4,2 millions d’âmes – est entourée par : le Tchad (au nord), le Soudan (à l’est), la R.D.Congo (au sud), le Congo-Brazzaville (également au sud) et le Cameroun (à l’ouest). Les trois premiers pays frontaliers cités sont en crises, comme la RCA elle-même. Avec l’IDH de 0,384, qui la classe au 171ème rang sur 177 pays classés en 2007, elle figure parmi les pays les plus pauvres de la planète.

L’histoire tumultueuse de la RCA remonte à plus d’une décennie, marquée par des rebellions et des coups d’État. Déjà très appauvri, le pays a vu sa situation se déstabiliser davantage en 2003, lors du conflit naissant au Darfour, puis s’aggraver à partir de 2005 après les élections générales lorsque rebelles et forces gouvernementales s’affrontaient jusqu’à ce jour.

La population concernée par l’insécurité est évaluée par le système des Nations unies à « au moins » un million de personnes sur les 4,2 millions que compte le pays ; soit un quart des habitants. Traumatisées, terrorisées, les familles manquent de presque tout : eau potable, nourriture, médicaments... dans les régions nord, nord-ouest et nord-est du pays, bastion de conflits armés. Les combats dans ces régions ont provoqué la fuite de plus de 300 000 personnes. Si la plupart sont des déplacés internes, vivant parfois dans la brousse, d’autres se sont réfugiés au Soudan, au Tchad (60 000) ou encore au Cameroun (25 000). De nombreux villages dévastés.

La crise centrafricaine est, malheureusement, très peu connue par le grand public au point que les Nations unies ont dû se résoudre à organiser, en août 2008, une visite médiatique dans les camps de réfugiés centrafricains à Goré au sud du Tchad. Les promesses de dons des pays donateurs en faveur de la RCA, et notamment des populations victimes de violences, ne sont guère tenues. Est-ce parce que le pays ne présente pas d’enjeux économiques et géopolitiques ?

Les organisations internationales qui travaillent dans les zones de conflits en Centrafrique sont essentiellement des agences des Nations unies (Unicef, HCR, PNUD, PAM,…). Les ONGs humanitaires qui y travaillent se comptent, quant à elles, sur les doigts d’une main (MSF, CICR...). Par ailleurs, la contribution de l’Union européenne est substantielle à travers le déploiement d’une force militaire (Eufor) dont la mission est d’assurer la sécurité des personnes déplacées et des humanitaires, opération dont le coût annuel est estimé à plus de 500 millions d’euros.

L'aide d'urgence est certes essentielle en cas des conflits armés et/ou catastrophes naturelles – comme l’Afrique en compte, malheureusement, de nombreux –, mais "acheminer simplement des vivres ne suffit pas", déclarait en 2002 Kofi Annan, alors Secrétaire Général de l'ONU : il faut également s'attaquer à la pauvreté. D’où la nécessité de financer massivement le développement. Les pays développés doivent tenir leurs promesses d’aide au continent afin de lui permettre de réaliser les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui, de l’avis des experts, sont loin d’être atteint. Et de leur côté, les gouvernants africains doivent gouvernés avec souci de la répartition équitable de la richesse car il est incompréhensible que les populations voient exploiter ou produire et exporter du pétrole, des minerais, du bois, du cacao, etc. tandis que leur pays manque de presque tout : de routes, d’hôpitaux, d’écoles, d’électricité…

* Dr Thierry BANGUI

    Consultant, Universitaire et essayiste

    Marseille (France)